[2,2] II.
Πρῶτον δὴ τοῦτο ἀποδεξώμεθα; Θῶμεν παιδείαν εἶναι πρώτην διὰ Μουσῶν τε
καὶ Ἀπόλλωνος, ἢ πῶς;
(Κλεινίας)
Οὕτως.
(Ἀθηναῖος)
Οὐκοῦν ὁ μὲν ἀπαίδευτος ἀχόρευτος ἡμῖν ἔσται, τὸν (654b) δὲ πεπαιδευμένον
ἱκανῶς κεχορευκότα θετέον;
(Κλεινίας)
Τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
Χορεία γε μὴν ὄρχησίς τε καὶ ᾠδὴ τὸ σύνολόν ἐστιν.
(Κλεινίας)
Ἀναγκαῖον.
(Ἀθηναῖος)
Ὁ καλῶς ἄρα πεπαιδευμένος ᾄδειν τε καὶ ὀρχεῖσθαι δυνατὸς ἂν εἴη καλῶς.
(Κλεινίας)
Ἔοικεν.
(Ἀθηναῖος)
Ἴδωμεν δὴ τί ποτ' ἐστὶ τὸ νῦν αὖ λεγόμενον.
(Κλεινίας)
Τὸ ποῖον δή;
(Ἀθηναῖος)
“Καλῶς ᾄδει,” φαμέν, “καὶ καλῶς ὀρχεῖται”· πότερον (654c) “εἰ καὶ καλὰ ᾄδει καὶ
καλὰ ὀρχεῖται” προσθῶμεν ἢ μή;
(Κλεινίας)
Προσθῶμεν.
(Ἀθηναῖος)
Τί δ' ἂν τὰ καλά τε ἡγούμενος εἶναι καλὰ καὶ τὰ αἰσχρὰ αἰσχρὰ οὕτως αὐτοῖς
χρῆται; βέλτιον ὁ τοιοῦτος πεπαιδευμένος ἡμῖν ἔσται τὴν χορείαν τε καὶ
μουσικὴν ἢ ὃς ἂν τῷ μὲν σώματι καὶ τῇ φωνῇ τὸ διανοηθὲν εἶναι καλὸν ἱκανῶς
ὑπηρετεῖν δυνηθῇ ἑκάστοτε, χαίρῃ δὲ μὴ τοῖς καλοῖς μηδὲ μισῇ τὰ μὴ καλά; ἢ
'κεῖνος ὃς ἂν τῇ μὲν φωνῇ καὶ (654d) τῷ σώματι μὴ πάνυ δυνατὸς ᾖ κατορθοῦν, ἢ
διανοεῖσθαι, τῇ δὲ ἡδονῇ καὶ λύπῃ κατορθοῖ, τὰ μὲν ἀσπαζόμενος, ὅσα καλά, τὰ
δὲ δυσχεραίνων, ὁπόσα μὴ καλά;
(Κλεινίας)
Πολὺ τὸ διαφέρον, ὦ ξένε, λέγεις τῆς παιδείας.
(Ἀθηναῖος)
Οὐκοῦν εἰ μὲν τὸ καλὸν ᾠδῆς τε καὶ ὀρχήσεως πέρι γιγνώσκομεν τρεῖς ὄντες,
ἴσμεν καὶ τὸν πεπαιδευμένον τε καὶ ἀπαίδευτον ὀρθῶς· εἰ δὲ ἀγνοοῦμέν γε τοῦτο,
οὐδ' εἴ τις παιδείας ἐστὶν φυλακὴ καὶ ὅπου διαγιγνώσκειν ἄν ποτε (654e)
δυναίμεθα. Ἆρ' οὐχ οὕτως;
(Κλεινίας)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
Ταῦτ' ἄρα μετὰ τοῦθ' ἡμῖν αὖ καθάπερ κυσὶν ἰχνευούσαις διερευνητέον, σχῆμά
τε καλὸν καὶ μέλος καὶ ᾠδὴν καὶ ὄρχησιν· εἰ δὲ ταῦθ' ἡμᾶς διαφυγόντα οἰχήσεται,
μάταιος ὁ μετὰ ταῦθ' ἡμῖν περὶ παιδείας ὀρθῆς εἴθ' Ἑλληνικῆς εἴτε βαρβαρικῆς
λόγος ἂν εἴη.
(Κλεινίας)
Ναί.
(Ἀθηναῖος)
Εἶεν· τί δὲ δὴ τὸ καλὸν χρὴ φάναι σχῆμα ἢ μέλος εἶναί ποτε; Φέρε, ἀνδρικῆς
ψυχῆς ἐν πόνοις ἐχομένης καὶ (655a) δειλῆς ἐν τοῖς αὐτοῖς τε καὶ ἴσοις ἆρ' ὅμοια
τά τε σχήματα καὶ τὰ φθέγματα συμβαίνει γίγνεσθαι;
(Κλεινίας)
Καὶ πῶς, ὅτε γε μηδὲ τὰ χρώματα;
(Ἀθηναῖος)
Καλῶς γε, ὦ ἑταῖρε. Ἀλλ' ἐν γὰρ μουσικῇ καὶ σχήματα μὲν καὶ μέλη ἔνεστιν, περὶ
ῥυθμὸν καὶ ἁρμονίαν οὔσης τῆς μουσικῆς, ὥστε εὔρυθμον μὲν καὶ εὐάρμοστον,
εὔχρων δὲ μέλος ἢ σχῆμα οὐκ ἔστιν ἀπεικάσαντα, ὥσπερ οἱ χοροδιδάσκαλοι
ἀπεικάζουσιν, ὀρθῶς φθέγγεσθαι· τὸ δὲ τοῦ δειλοῦ τε καὶ ἀνδρείου σχῆμα ἢ
μέλος ἔστιν τε, καὶ (655b) ὀρθῶς προσαγορεύειν ἔχει τὰ μὲν τῶν ἀνδρείων καλά,
τὰ τῶν δειλῶν δὲ αἰσχρά. Καὶ ἵνα δὴ μὴ μακρολογία πολλή τις γίγνηται περὶ
ταῦθ' ἡμῖν ἅπαντα, ἁπλῶς ἔστω τὰ μὲν ἀρετῆς ἐχόμενα ψυχῆς ἢ σώματος, εἴτε
αὐτῆς εἴτε τινὸς εἰκόνος, σύμπαντα σχήματά τε καὶ μέλη καλά, τὰ δὲ κακίας αὖ,
τοὐναντίον ἅπαν.
(Κλεινίας)
Ὀρθῶς τε προκαλῇ καὶ ταῦθ' ἡμῖν οὕτως ἔχειν ἀποκεκρίσθω τὰ νῦν.
(Ἀθηναῖος)
Ἔτι δὴ τόδε· πότερον ἅπαντες πάσαις χορείαις (655c) ὁμοίως χαίρομεν, ἢ πολλοῦ
δεῖ;
(Κλεινίας)
Τοῦ παντὸς μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
Τί ποτ' ἂν οὖν λέγομεν τὸ πεπλανηκὸς ἡμᾶς εἶναι; Πότερον οὐ ταὐτά ἐστι καλὰ
ἡμῖν πᾶσιν, ἢ τὰ μὲν αὐτά, ἀλλ' οὐ δοκεῖ ταὐτὰ εἶναι; Οὐ γάρ που ἐρεῖ γέ τις ὥς
ποτε τὰ τῆς κακίας ἢ ἀρετῆς καλλίονα χορεύματα, οὐδ' ὡς αὐτὸς μὲν χαίρει τοῖς
τῆς μοχθηρίας σχήμασιν, οἱ δ' ἄλλοι ἐναντίᾳ ταύτης Μούσῃ τινί· καίτοι λέγουσίν
γε οἱ πλεῖστοι μουσικῆς (655d) ὀρθότητα εἶναι τὴν ἡδονὴν ταῖς ψυχαῖς
πορίζουσαν δύναμιν. Ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὔτε ἀνεκτὸν οὔτε ὅσιον τὸ παράπαν
φθέγγεσθαι, τόδε δὲ μᾶλλον εἰκὸς πλανᾶν ἡμᾶς.
| [2,2] II. (654a)
D'abord approuvons-nous cela ? Admettons-nous que la première éducation nous
vient par les Muses et par Apollon ? ou de quelle manière nous vient-elle ?
(CLINIAS)
Elle nous vient comme tu l'as dit.
(L'ATHÉNIEN)
Il nous faut donc admettre que l'on est mal éduqué, si l'on n'a pas été initié à
l'art de la danse, et qu'on l'est bien, si on l'a suffisamment pratiqué.
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN)
Mais l'art des chœurs embrasse à la fois la danse et le chant.
(CLINIAS)
Nécessairement.
(L'ATHÉNIEN)
L'homme bien élevé sera donc capable de bien chanter et danser ?
(CLINIAS)
Il semble.
(L'ATHÉNIEN)
Voyons donc ce que signifient ces derniers mots.
(CLINIAS)
Quels mots ?
(L'ATHÉNIEN)
L'homme qui a été bien élevé chante bien, disons-nous, et il danse bien. Faut-il
ou non ajouter : s'il chante de belles choses, s'il exécute de belles danses ?
(CLINIAS)
Ajoutons-le.
(L'ATHÉNIEN)
Mais celui qui, sachant reconnaître la beauté des belles choses et la laideur
des laides, en use en conséquence, ne nous paraîtra-t-il pas mieux élevé dans
l'art de la danse et dans la musique que celui qui est capable de rendre
exactement par la danse ou le chant tout ce qu'il conçoit comme beau, mais qui
ne se complaît pas aux belles choses et n'a pas d'aversion pour les laides, ou
encore que celui qui, hors d'état d'exécuter et de concevoir les mouvements,
soit de corps, soit de la voix, n'en ressent pas moins de la joie ou de la
peine, parce qu'il embrasse tout ce qui est beau et déteste ce qui est laid ?
(CLINIAS)
Ils sont, étranger, très différents au point de vue de l'instruction.
(L'ATHÉNIEN)
Et maintenant, si nous nous connaissons tous trois à la beauté du chant et de la
danse, nous savons aussi distinguer correctement l'homme éduqué de celui qui ne
l'est pas. Si, au contraire, nous n'y entendons rien, nous ne saurons pas non
plus si l'on observe les prescriptions de l'éducation et en quoi. N'est-ce pas vrai ?
(CLINIAS)
Certainement si.
(L'ATHÉNIEN)
Il nous faut donc ensuite chercher, comme des chiens sur la piste, quels sont
les figures, les mélodies, le chant et la danse où l'on trouve de la beauté. Si
cela nous échappe, ce que nous pourrons dire ensuite sur la bonne éducation,
soit grecque, soit barbare, n'aboutira à rien.
(CLINIAS)
C'est vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Voilà un point résolu. Et maintenant, en quoi dirons-nous que consiste la beauté
d'une figure ou d'une mélodie ? Dis-moi : l'attitude et les paroles d'un homme
de cœur qui affronte les travaux ressemblent-elles à celles d'un homme lâche en
butte aux mêmes peines et d des périls égaux ?
(CLINIAS)
Comment se ressembleraient-elles, alors qu'elles n'ont même pas les mêmes
couleurs ?
(L'ATHÉNIEN)
Belle réponse, camarade. Mais dans la musique il y a place pour les figures et
les mélodies, parce qu'elle roule sur le rythme et l'harmonie ; aussi peut-on
assimiler la beauté d'une mélodie ou d'une figure à celle du rythme et de
l'harmonie, mais on ne peut pas assimiler la mélodie ni le geste à une belle
couleur, comme le font les maîtres de chœur. Pour les gestes et les chants
du lâche et de l'homme de cœur, on peut avec raison qualifier de beaux ceux de
ce dernier et de laids ceux du premier. Pour ne pas trop nous étendre sur toutes
ces matières, disons simplement que tous les gestes et les chants qui tiennent à
la vertu de l'âme, soit elle-même, soit ses images, sont beaux, et que ceux qui
tiennent à la lâcheté sont tout le contraire.
(CLINIAS)
Tu fais bien de nous engager à le dire : aussi répondons-nous qu'il en est comme
tu dis.
(L'ATHÉNIEN)
Dis-moi encore : prenons-nous tous un égal plaisir, à tous les chœurs, ou s'en
faut-il de beaucoup ?
(CLINIAS)
Il s'en faut du tout au tout.
(L'ATHÉNIEN)
A quoi donc attribuerons-nous nos erreurs à cet égard ? Les mêmes choses ne
sont-elles pas belles pour tout le monde, ou, bien qu'elles soient les mêmes, ne
paraissent-elles pas l'être ? De fait, personne n'osera dire que les rondes du
vice sont plus belles que celles de la vertu, ni que lui-même se complaît aux
figures qui expriment la méchanceté, et les autres à la Muse contraire. Il est
vrai que la plupart des gens disent que l'essence véritable de la musique, c'est
le pouvoir qu'elle a de réjouir nos âmes ; mais ce langage n'est pas
supportable, et c'est une impiété de le tenir. Il est plus vraisemblable que la
source de nos erreurs est la suivante.
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