[2,1] I. (652a) (Ἀθηναῖος)
Τὸ δὴ μετὰ τοῦτο, ὡς ἔοικε, σκεπτέον ἐκεῖνο περὶ αὐτῶν, πότερα τοῦτο μόνον
ἀγαθὸν ἔχει, τὸ κατιδεῖν πῶς ἔχομεν τὰς φύσεις, ἢ καί τι μέγεθος ὠφελίας ἄξιον
πολλῆς σπουδῆς ἔνεστ' ἐν τῇ κατ' ὀρθὸν χρείᾳ τῆς ἐν οἴνῳ συνουσίας. Τί οὖν δὴ
λέγομεν; ἔνεσθ', ὡς ὁ λόγος ἔοικεν βούλεσθαι σημαίνειν· ὅπῃ δὲ καὶ ὅπως,
ἀκούωμεν προσέχοντες (652b) τὸν νοῦν, μή πῃ παραποδισθῶμεν ὑπ' αὐτοῦ.
(Κλεινίας)
Λέγ' οὖν.
(Ἀθηναῖος)
Ἀναμνησθῆναι τοίνυν ἔγωγε πάλιν ἐπιθυμῶ τί ποτε (653a) λέγομεν ἡμῖν εἶναι
τὴν ὀρθὴν παιδείαν. Τούτου γάρ, ὥς γε ἐγὼ τοπάζω τὰ νῦν, ἔστιν ἐν τῷ
ἐπιτηδεύματι τούτῳ καλῶς κατορθουμένῳ σωτηρία.
(Κλεινίας)
Μέγα λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
Λέγω τοίνυν τῶν παίδων παιδικὴν εἶναι πρώτην αἴσθησιν ἡδονὴν καὶ λύπην, καὶ
ἐν οἷς ἀρετὴ ψυχῇ καὶ κακία παραγίγνεται πρῶτον, ταῦτ' εἶναι, φρόνησιν δὲ καὶ
ἀληθεῖς δόξας βεβαίους εὐτυχὲς ὅτῳ καὶ πρὸς τὸ γῆρας παρεγένετο· τέλεος δ'
οὖν ἔστ' ἄνθρωπος ταῦτα καὶ τὰ ἐν (653b) τούτοις πάντα κεκτημένος ἀγαθά.
Παιδείαν δὴ λέγω τὴν παραγιγνομένην πρῶτον παισὶν ἀρετήν· ἡδονὴ δὴ καὶ
φιλία καὶ λύπη καὶ μῖσος ἂν ὀρθῶς ἐν ψυχαῖς ἐγγίγνωνται μήπω δυναμένων
λόγῳ λαμβάνειν, λαβόντων δὲ τὸν λόγον, συμφωνήσωσι τῷ λόγῳ ὀρθῶς
εἰθίσθαι ὑπὸ τῶν προσηκόντων ἐθῶν, αὕτη 'σθ' ἡ συμφωνία σύμπασα μὲν ἀρετή,
τὸ δὲ περὶ τὰς ἡδονὰς καὶ λύπας τεθραμμένον αὐτῆς ὀρθῶς ὥστε (653c) μισεῖν
μὲν ἃ χρὴ μισεῖν εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς μέχρι τέλους, στέργειν δὲ ἃ χρὴ στέργειν, τοῦτ'
αὐτὸ ἀποτεμὼν τῷ λόγῳ καὶ παιδείαν προσαγορεύων, κατά γε τὴν ἐμὴν ὀρθῶς
ἂν προσαγορεύοις.
(Κλεινίας)
Καὶ γάρ, ὦ ξένε, ἡμῖν καὶ τὰ πρότερον ὀρθῶς σοι παιδείας πέρι καὶ τὰ νῦν
εἰρῆσθαι δοκεῖ.
(Ἀθηναῖος)
Καλῶς τοίνυν. Τούτων γὰρ δὴ τῶν ὀρθῶς τεθραμμένων ἡδονῶν καὶ λυπῶν
παιδειῶν οὐσῶν χαλᾶται τοῖς ἀνθρώποις καὶ διαφθείρεται κατὰ πολλὰ ἐν τῷ
βίῳ, θεοὶ (653d) δὲ οἰκτίραντες τὸ τῶν ἀνθρώπων ἐπίπονον πεφυκὸς γένος,
ἀναπαύλας τε αὐτοῖς τῶν πόνων ἐτάξαντο τὰς τῶν ἑορτῶν ἀμοιβὰς τοῖς θεοῖς,
καὶ μούσας Ἀπόλλωνά τε μουσηγέτην καὶ Διόνυσον συνεορταστὰς ἔδοσαν, ἵν'
ἐπανορθῶνται, τάς τε τροφὰς γενομένας ἐν ταῖς ἑορταῖς μετὰ θεῶν. Ὁρᾶν ἃ χρὴ
πότερον ἀληθὴς ἡμῖν κατὰ φύσιν ὁ λόγος ὑμνεῖται τὰ νῦν, ἢ πῶς. Φησὶν δὲ τὸ
νέον ἅπαν ὡς ἔπος εἰπεῖν τοῖς τε σώμασι καὶ ταῖς φωναῖς ἡσυχίαν ἄγειν οὐ
δύνασθαι, (653e) κινεῖσθαι δὲ ἀεὶ ζητεῖν καὶ φθέγγεσθαι, τὰ μὲν ἁλλόμενα καὶ
σκιρτῶντα, οἷον ὀρχούμενα μεθ' ἡδονῆς καὶ προσπαίζοντα, τὰ δὲ φθεγγόμενα
πάσας φωνάς. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα ζῷα οὐκ ἔχειν αἴσθησιν τῶν ἐν ταῖς κινήσεσιν
τάξεων οὐδὲ ἀταξιῶν, οἷς δὴ ῥυθμὸς ὄνομα καὶ ἁρμονία· ἡμῖν δὲ οὓς (654a)
εἴπομεν τοὺς θεοὺς συγχορευτὰς δεδόσθαι, τούτους εἶναι καὶ τοὺς δεδωκότας τὴν
ἔνρυθμόν τε καὶ ἐναρμόνιον αἴσθησιν μεθ' ἡδονῆς, ᾗ δὴ κινεῖν τε ἡμᾶς καὶ
χορηγεῖν ἡμῶν τούτους, ᾠδαῖς τε καὶ ὀρχήσεσιν ἀλλήλοις συνείροντας, χορούς τε
ὠνομακέναι παρὰ τὸ τῆς χαρᾶς ἔμφυτον ὄνομα.
| [2,1] I. (652a)
(L'ATHÉNIEN)
Après cela, il faut, ce me semble, examiner au sujet des banquets le point que
voici. N'offrent-ils pas d'autre avantage que de nous faire connaître les
différents caractères qui nous distinguent, ou peut-on retirer encore de l'usage
bien réglé des banquets quelque profit notable qui vaille la peine d'être
recherché ? Qu'en dirons-nous ? On l'y trouve, en effet, comme semblent bien
l'indiquer les discours que nous en avons tenus ; mais par quelle raison et
comment ? écoutons-le et appliquons-nous, de peur de nous laisser induire en
erreur.
(CLINIAS)
Parle donc.
(L'ATHÉNIEN)
Je veux d'abord vous rappeler comment nous avons défini la bonne éducation ;
car, autant que j'en puis juger dès à présent, l'institution des banquets bien
dirigés peut seule la préserver.
(CLINIAS)
Tu t'avances beaucoup.
(L'ATHÉNIEN)
Je dis donc que les premiers sentiments des enfants sont ceux du plaisir et de
la douleur et que c'est par ces sentiments que la vertu et le vice se présentent
d'abord à leur esprit. Pour ce qui est de la sagesse et des opinions vraies et
fermes, heureux celui qui y parvient même dans son âge avancé ! Pour être
parfait, il faut posséder ces biens et tous ceux qu'ils renferment. J'appelle
éducation la vertu qui se montre d'abord chez les enfants, soit que le plaisir,
l'amitié, le chagrin et la haine s'élèvent dans leur âme conformément à l'ordre,
avant qu'ils puissent déjà s'en rendre compte, soit que, la raison venue, ils
s'accordent avec elle sur les bonnes habitudes auxquelles on les a formés. C'est
clans cet accord complet que consiste la vertu. Quant à cette partie de la vertu
qui consiste à bien dresser les enfants en ce qui concerne le plaisir et la
douleur et leur apprend à haïr du commencement de la vie jusqu'à la fin de qu'il
faut haïr et aimer ce qu'il faut aimer, je la sépare du reste par la pensée, et
je ne crois pas qu'on se trompe en lui donnant le nom d'éducation.
(CLINIAS)
Pour notre compte, étranger, nous approuvons et ce que tu as dit auparavant et
ce que tu dis à présent touchant l'éducation.
(L'ATHÉNIEN)
C'est bien. Cette direction des sentiments de plaisir et de douleur qui
constitue l'éducation se relâche et se corrompt en bien dos points dans le cours
de la vie. Heureusement les dieux, prenant en pitié le genre humain condamné au
travail, nous ont ménagé des repos dans la succession des fêtes instituées en
leur honneur, et ils nous ont donné les Muses, Apollon leur chef et Dionysos
pour s'associer à nos fêtes, afin qu'avec l'aide des dieux nous réparions
pendant ces fêtes les manques de notre éducation. Voyons donc si ce que je
proclame à présent est vrai et conforme à la nature, ou s'il en est autrement.
Je dis qu'il n'est guère d'animal qui, lorsqu'il est jeune, puisse tenir son
corps ou sa langue en repos et ne cherche toujours à remuer et a crier ; les uns
sautent et bondissent, comme s'ils dansaient de plaisir et folâtraient, les
autres poussent toutes sortes de cris. Mais les animaux n'ont pas le sens de
l'ordre ni du désordre dans les mouvements, que nous appelons rythme et
harmonie, tandis que les dieux qui, comme nous l'avons dit, nous ont été donnés
pour associés à nos fêtes nous ont donné aussi le sentiment du rythme et de
l'harmonie avec celui du plaisir. C'est par ce sentiment qu'ils nous font
mouvoir et dirigent nos chœurs et nous font former la chaîne en chantant et en
dansant, ce qu'ils ont appelé chœur, mot dérivé naturellement du mot joie.
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