HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les Lois, livre II

Chapitre 12

  Chapitre 12

[2,12] XII. (Ἀθηναῖος)
Τοῦτ' οὖν, ὡς ἔοικεν, ἀνευρίσκομεν αὖ τὰ νῦν, ὅτι τοῖς ᾠδοῖς ἡμῖν, οὓς νῦν
παρακαλοῦμεν καὶ ἑκόντας τινὰ (670d) τρόπον ἀναγκάζομεν ᾄδειν, μέχρι γε
τοσούτου πεπαιδεῦσθαι σχεδὸν ἀναγκαῖον, μέχρι τοῦ δυνατὸν εἶναι
συνακολουθεῖν ἕκαστον ταῖς τε βάσεσιν τῶν ῥυθμῶν καὶ ταῖς χορδαῖς ταῖς τῶν
μελῶν, ἵνα καθορῶντες τάς τε ἁρμονίας καὶ τοὺς ῥυθμούς, ἐκλέγεσθαί τε τὰ
προσήκοντα οἷοί τ' ὦσιν τοῖς τηλικούτοις τε καὶ τοιούτοις ᾄδειν πρέπον, καὶ
οὕτως ᾄδωσιν, καὶ ᾄδοντες αὐτοί τε ἡδονὰς τὸ παραχρῆμα ἀσινεῖς ἥδωνται καὶ
τοῖς νεωτέροις (670e) ἡγεμόνες ἠθῶν χρηστῶν ἀσπασμοῦ προσήκοντος
γίγνωνται· μέχρι δὲ τοσούτου παιδευθέντες ἀκριβεστέραν ἂν παιδείαν τῆς ἐπὶ τὸ
πλῆθος φερούσης εἶεν μετακεχειρισμένοι καὶ τῆς περὶ τοὺς ποιητὰς αὐτούς. Τὸ
γὰρ τρίτον οὐδεμία ἀνάγκη ποιητῇ γιγνώσκειν, εἴτε καλὸν εἴτε μὴ καλὸν τὸ
μίμημα, τὸ δὲ ἁρμονίας καὶ ῥυθμοῦ σχεδὸν ἀνάγκη, τοῖς δὲ πάντα τὰ τρία τῆς
ἐκλογῆς ἕνεκα τοῦ καλλίστου καὶ δευτέρου, (671a) μηδέποτε ἱκανὸν ἐπῳδὸν
γίγνεσθαι νέοις πρὸς ἀρετήν. Καὶ ὅπερ λόγος ἐν ἀρχαῖς ἐβουλήθη, τὴν τῷ τοῦ
Διονύσου χορῷ βοήθειαν ἐπιδεῖξαι καλῶς λεγομένην, εἰς δύναμιν εἴρηκεν·
σκοπώμεθα δὴ εἰ τοῦθ' οὕτω γέγονεν. Θορυβώδης μέν που σύλλογος τοιοῦτος
ἐξ ἀνάγκης προϊούσης τῆς πόσεως ἐπὶ μᾶλλον ἀεὶ συμβαίνει γιγνόμενος, ὅπερ
ὑπεθέμεθα κατ' ἀρχὰς ἀναγκαῖον εἶναι γίγνεσθαι περὶ τῶν νῦν (671b)
λεγομένων.
(Κλεινίας)
Ἀνάγκη.
(Ἀθηναῖος)
Πᾶς δέ γε αὐτὸς αὑτοῦ κουφότερος αἴρεται καὶ γέγηθέν τε καὶ παρρησίας
ἐμπίμπλαται καὶ ἀνηκουστίας ἐν τῷ τοιούτῳ τῶν πέλας, ἄρχων δ' ἱκανὸς ἀξιοῖ
ἑαυτοῦ τε καὶ τῶν ἄλλων γεγονέναι.
(Κλεινίας)
Τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
Οὐκοῦν ἔφαμεν, ὅταν γίγνηται ταῦτα, καθάπερ τινὰ σίδηρον τὰς ψυχὰς τῶν
πινόντων διαπύρους γιγνομένας μαλθακωτέρας γίγνεσθαι καὶ νεωτέρας, ὥστε
εὐαγώγους (671c) συμβαίνειν τῷ δυναμένῳ τε καὶ ἐπισταμένῳ παιδεύειν τε καὶ
πλάττειν, καθάπερ ὅτ' ἦσαν νέαι; Τοῦτον δ' εἶναι τὸν πλάστην τὸν αὐτὸν ὥσπερ
τότε, τὸν ἀγαθὸν νομοθέτην, οὗ νόμους εἶναι δεῖ συμποτικούς, δυναμένους τὸν
εὔελπιν καὶ θαρραλέον ἐκεῖνον γιγνόμενον καὶ ἀναισχυντότερον τοῦ δέοντος,
καὶ οὐκ ἐθέλοντα τάξιν καὶ τὸ κατὰ μέρος σιγῆς καὶ λόγου καὶ πόσεως καὶ
μούσης ὑπομένειν, ἐθέλειν ποιεῖν πάντα τούτοις τἀναντία, καὶ εἰσιόντι τῷ μὴ
καλῷ θάρρει (671d) τὸν κάλλιστον διαμαχόμενον φόβον εἰσπέμπειν οἵους τ' εἶναι
μετὰ δίκης, ὃν αἰδῶ τε καὶ αἰσχύνην θεῖον φόβον ὠνομάκαμεν;
(Κλεινίας)
Ἔστιν ταῦτα.
(Ἀθηναῖος)
Τούτων δέ γε τῶν νόμων εἶναι νομοφύλακας καὶ συνδημιουργοὺς αὐτοῖς τοὺς
ἀθορύβους καὶ νήφοντας τῶν μὴ νηφόντων στρατηγούς, ὧν δὴ χωρὶς μέθῃ
διαμάχεσθαι δεινότερον πολεμίοις εἶναι μὴ μετὰ ἀρχόντων ἀθορύβων, καὶ τὸν
αὖ μὴ δυνάμενον ἐθέλειν πείθεσθαι τούτοις καὶ τοῖς (671e) ἡγεμόσιν τοῖς τοῦ
Διονύσου, τοῖς ὑπὲρ ἑξήκοντα ἔτη γεγονόσιν, ἴσην καὶ μείζω τὴν αἰσχύνην
φέρειν τὸν τοῖς τοῦ Ἄρεως ἀπειθοῦντα ἄρχουσιν.
(Κλεινίας)
Ὀρθῶς.
(Ἀθηναῖος)
Οὐκοῦν εἴ γε εἴη τοιαύτη μὲν μέθη, τοιαύτη δὲ παιδιά, μῶν οὐκ ὠφεληθέντες ἂν
οἱ τοιοῦτοι συμπόται καὶ μᾶλλον φίλοι πρότερον ἀπαλλάττοιντο ἀλλήλων,
ἀλλ' οὐχ (672a) ὥσπερ τὰ νῦν ἐχθροί, κατὰ νόμους δὲ πᾶσαν τὴν συνουσίαν
συγγενόμενοι καὶ ἀκολουθήσαντες, ὁπότε ἀφηγοῖντο οἱ νήφοντες τοῖς μὴ
νήφουσιν;
(Κλεινίας)
Ὀρθῶς, εἴ γε δὴ εἴη τοιαύτη οἵαν νῦν λέγεις.
[2,12] XII. (670c)
(L'ATHÉNIEN)
Nous découvrons donc encore à présent, ce semble, que nos chanteurs, que nous
appelons et forçons en quelque sorte à chanter de bonne grâce, doivent
nécessairement être assez instruits pour être à même de suivre la marche des
rythmes et les tons des mélodies, afin que, connaissant les harmonies et les
rythmes, ils soient en état de choisir ceux qui conviennent à des gens de leur
âge et de leur caractère, qu'ils les chantent ensuite et qu'en les chantant, ils
goûtent dès ce moment un plaisir innocent, et apprennent à la jeunesse à
embrasser comme il convient les bonnes mœurs. Ainsi instruits, ils disposeraient
de connaissances plus complètes que celles de la foule et des poètes eux-mêmes.
Car il n'y a aucune nécessité que le poète connaisse si son imitation est belle
ou non, ce qui est le troisième point ; mais il est à peu près indispensable
qu'il connaisse ce qui concerne l'harmonie et le rythme, tandis que nos
vieillards doivent connaître les trois points, pour choisir ce qu'il y a de plus
beau ou ce qui en approche le plus ; autrement ils ne seront jamais des
enchanteurs capables d'inspirer la vertu à la jeunesse. Nous avons expliqué du
mieux que nous avons pu ce que nous voulions en entamant cette discussion, c'est
à savoir d'aider à l'action du chœur de Dionysos. Voyons si nous y avons réussi.
C'est une nécessité qu'une telle assemblée soit tumultueuse, et qu'elle le
devienne toujours davantage à mesure qu'on continue à boire ; c'est une chose
que nous avons posée comme nécessaire au début, en parlant des assemblées telles
qu'elles se pratiquent maintenant.
(CLINIAS)
Nécessaire en effet.
(L'ATHÉNIEN)
On s'exalte, on se trouve plus léger qu'à l'ordinaire, on s'abandonne à la joie,
on est plein de franchise et dans cet état, on n'écoute pas ses voisins, et l'on
prétend qu'on est capable de se gouverner soi-même et les autres,
(CLINIAS)
Sans aucun doute.
(L'ATHÉNIEN)
Nous avons dit, n'est-ce pas ? que, dans ces dispositions, les âmes des buveurs,
échauffées comme le fer, deviennent plus molles et plus jeunes, de sorte
qu'elles seraient faciles à conduire à celui qui pourrait et saurait les dresser
et les former, comme quand elles étaient jeunes. Or ce modeleur est le même dont
nous parlions alors, c'est le bon législateur, qui doit imposer aux banquets des
lois capables de faire passer à des dispositions opposées cet homme gonflé
d'espérances et d'audace, qui pousse l'impudence au-delà des bornes, incapable
de s'assujettir à l'ordre, de parler, de se taire, de boire et de chanter à son
rang ; il faut, pour que cet homme repousse l'impudence qui l'envahit, qu'elles
lui inspirent, avec la justice, la plus belle des craintes, cette crainte divine
que nous avons appelée honte et pudeur.
(CLINIAS)
Cela est vrai.
(L'ATHÉNIEN)
II faut encore que ces lois soient gardées et secondées par des hommes rassis et
sobres qui commandent les buveurs, parce qu'à défaut de tels chefs, il est plus
malaisé de combattre l'ivresse que l'ennemi avec des généraux qui manquent de
sang-froid. Il faut enfin que ceux qui ne peuvent se résoudre à obéir à ces
chefs et à ceux qui dirigent les chœurs de Dionysos, c'est-à-dire aux vieillards
au-dessus de cinquante ans, encourent le même déshonneur, un déshonneur plus
grand même que ceux qui désobéissent aux commandants d'Arès.
(CLINIAS)
C'est juste.
(L'ATHÉNIEN)
Si l'ivresse était ainsi réprimée et le divertissement surveillé, n'est-il pas
vrai que les buveurs en retireraient de grands avantages et se quitteraient
meilleurs amis qu'auparavant, et non en ennemis, comme ils le font à présent ?
Mais il faudrait pour cela que les réunions se fissent en conformité avec les
lois et que ceux qui ne sont pas sobres obéissent à ceux qui le sont.
(CLINIAS)
Tu as raison, si les réunions se passaient comme tu viens de le dire.


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Dernière mise à jour : 13/06/2006