HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Premier Alcibiade

Page 131

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[131] (131a) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔοικεν. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὅστις ἄρα τῶν τοῦ σώματός τι γιγνώσκει, τὰ αὑτοῦ ἀλλ´ οὐχ αὑτὸν ἔγνωκεν. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὕτως. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐδεὶς ἄρα τῶν ἰατρῶν ἑαυτὸν γιγνώσκει, καθ´ ὅσον ἰατρός, οὐδὲ τῶν παιδοτριβῶν, καθ´ ὅσον παιδοτρίβης. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐκ ἔοικεν. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Πολλοῦ ἄρα δέουσιν οἱ γεωργοὶ καὶ οἱ ἄλλοι δημιουργοὶ γιγνώσκειν ἑαυτούς. οὐδὲ γὰρ τὰ ἑαυτῶν οὗτοί γε, ὡς ἔοικεν, ἀλλ´ ἔτι πορρωτέρω τῶν ἑαυτῶν κατά γε τὰς (131b) τέχνας ἃς ἔχουσιν· τὰ γὰρ τοῦ σώματος γιγνώσκουσιν, οἷς τοῦτο θεραπεύεται. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ λέγεις. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Εἰ ἄρα σωφροσύνη ἐστὶ τὸ ἑαυτὸν γιγνώσκειν, οὐδεὶς τούτων σώφρων κατὰ τὴν τέχνην. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὔ μοι δοκεῖ. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Διὰ ταῦτα δὴ καὶ βάναυσοι αὗται αἱ τέχναι δοκοῦσιν εἶναι καὶ οὐκ ἀνδρὸς ἀγαθοῦ μαθήματα. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πάνυ μὲν οὖν. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν πάλιν ὅστις αὖ σῶμα θεραπεύει, τὰ ἑαυτοῦ ἀλλ´ οὐχ αὑτὸν θεραπεύει; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Κινδυνεύει. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὅστις δέ γε τὰ χρήματα, οὔθ´ ἑαυτὸν οὔτε τὰ (131c) ἑαυτοῦ, ἀλλ´ ἔτι πορρωτέρω τῶν ἑαυτοῦ; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐ τὰ αὑτοῦ ἄρα ἔτι πράττει χρηματιστής. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ὀρθῶς. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Εἰ ἄρα τις γέγονεν ἐραστὴς τοῦ Ἀλκιβιάδου σώματος, οὐκ Ἀλκιβιάδου ἄρα ἠράσθη ἀλλά τινος τῶν Ἀλκιβιάδου. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ λέγεις. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὅστις δέ σου τῆς ψυχῆς ἐρᾷ; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀνάγκη φαίνεται ἐκ τοῦ λόγου. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν μὲν τοῦ σώματός σου ἐρῶν, ἐπειδὴ λήγει ἀνθοῦν, ἀπιὼν οἴχεται; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φαίνεται. (131d) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) δέ γε τῆς ψυχῆς ἐρῶν οὐκ ἄπεισιν, ἕως ἂν ἐπὶ τὸ βέλτιον ἴῃ; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εἰκός γε. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν ἐγώ εἰμι οὐκ ἀπιὼν ἀλλὰ παραμένων λήγοντος τοῦ σώματος, τῶν ἄλλων ἀπεληλυθότων. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εὖ γε ποιῶν, Σώκρατες· καὶ μηδὲ ἀπέλθοις. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Προθυμοῦ τοίνυν ὅτι κάλλιστος εἶναι. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀλλὰ προθυμήσομαι. (131e) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ὡς οὕτω γέ σοι ἔχει· οὔτ´ ἐγένεθ´, ὡς ἔοικεν, Ἀλκιβιάδῃ τῷ Κλεινίου ἐραστὴς οὔτ´ ἔστιν ἀλλ´ εἷς μόνος, καὶ οὗτος ἀγαπητός, Σωκράτης Σωφρονίσκου καὶ Φαιναρέτης. (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀληθῆ. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν ἔφησθα σμικρὸν φθῆναί με προσελθόντα σοι, ἐπεὶ πρότερος ἄν μοι προσελθεῖν, βουλόμενος πυθέσθαι δι´ ὅτι μόνος οὐκ ἀπέρχομαι; (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἦν γὰρ οὕτω. (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τοῦτο τοίνυν αἴτιον, ὅτι μόνος ἐραστὴς ἦν σός, οἱ δ´ ἄλλοι τῶν σῶν· τὰ δὲ σὰ λήγει ὥρας, σὺ δ´ ἄρχῃ ἀνθεῖν. [131] (ALCIBIADE) Il le semble. (SOCRATE) Donc celui qui connaît quelque partie de son corps, connaît ce qui est à lui, mais pas lui-même. (ALCIBIADE) C’est exact. (SOCRATE) Par conséquent aucun médecin ne se connaît lui-même, en tant que médecin, ni aucun maître de palestre, en tant que maître de palestre ? (ALCIBIADE) Non, ce me semble. (SOCRATE) Il s’en faut donc de beaucoup que les laboureurs et les autres artisans se connaissent eux-mêmes ; car ils ne connaissent même pas, semble-t-il, ce qui est à eux, mais, du fait de leur profession, des choses encore plus étrangères à celles qui leur appartiennent, puisqu’en ce qui regarde le corps, ils ne connaissent que ce qui sert à l’entretenir. (ALCIBIADE) Tu dis vrai. (SOCRATE) Si donc la sagesse consiste à se connaître soi-même, aucun d’eux n’est sage du fait de sa profession. (ALCIBIADE) Il me semble que non. (SOCRATE) Voilà pourquoi ces arts passent pour vulgaires et indignes de l’étude d’un honnête homme. (ALCIBIADE) C’est tout à fait juste. (SOCRATE) Donc, encore une fois, quiconque soigne son corps, soigne ce qui est à lui, et non lui-même. (ALCIBIADE) On peut le croire. (SOCRATE) Celui qui prend soin de sa fortune ne prend soin ni de lui-même, ni de ce qui est à lui, mais de choses encore plus étrangères à celles qui sont à lui. (ALCIBIADE) Je le crois. (SOCRATE) Donc le banquier ne fait pas encore ses propres affaires. (ALCIBIADE) C’est juste. (SOCRATE) Dès là, si quelqu’un a été amoureux du corps d’Alcibiade, ce n’était pas d’Alcibiade qu’il était épris, mais d’une chose appartenant à Alcibiade. (ALCIBIADE) Tu dis vrai. (SOCRATE) Celui qui t’aime est celui qui aime ton âme. (ALCIBIADE) C’est la conséquence évidente de ce qui a été dit. (SOCRATE) Aussi celui qui aime ton corps, quand ce corps a perdu sa fleur de jeunesse, s’éloigne et te quitte. (ALCIBIADE) Evidemment. (SOCRATE) Mais celui qui aime ton âme ne s’en ira pas, tant qu’elle marchera vers la perfection. (ALCIBIADE) C’est vraisemblable. (SOCRATE) Eh bien, moi je suis celui qui ne s’en va pas, mais qui demeure, quand le corps perd sa fleur et que les autres se sont retirés. (ALCIBIADE) Tu fais bien, Socrate ; puisses-tu ne pas me quitter ! (SOCRATE) Fais donc effort pour être le plus beau possible. (ALCIBIADE) J’y tâcherai. (SOCRATE) CHAPITRE XXVII. — Car voici ce qui en est à ton égard : il n’y a point eu, à ce que nous avons vu, et il n’y a point d’amoureux d’Alcibiade, fils de Clinias, à l’exception d’un seul qui est, celui-là, digne d’être aimé : c’est Socrate, fils de Sophronisque et de Phénarète. (ALCIBIADE) C’est vrai. (SOCRATE) Ne disais-tu pas que je t’avais prévenu de peu en t’abordant, puisque tu pensais à venir à moi le premier pour savoir par quel motif je suis le seul qui ne te quitte pas ? (ALCIBIADE) J’y pensais effectivement. (SOCRATE) Eh bien, ce motif, c’est que j’étais seul amoureux de toi, tandis que les autres l’étaient de ce qui est à toi. Or ce qui est à toi perd sa fleur, mais toi, tu commences à fleurir.


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Dernière mise à jour : 19/04/2007