[113] (113a) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Περὶ δὴ τούτων μῶν ἐγὼ φαίνομαι λέγων ὁ ἐρωτῶν,
ἢ σὺ ὁ ἀποκρινόμενος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐγώ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί δ´ ἂν ἐγὼ μὲν ἔρωμαι ποῖα γράμματα Σωκράτους,
σὺ δ´ εἴπῃς, πότερος ὁ λέγων;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἐγώ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἴθι δή, ἑνὶ λόγῳ εἰπέ· ὅταν ἐρώτησίς τε καὶ
ἀπόκρισις γίγνηται, πότερος ὁ λέγων, ὁ ἐρωτῶν ἢ ὁ ἀποκρινόμενος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ὁ ἀποκρινόμενος, ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Σώκρατες.
(113b) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν ἄρτι διὰ παντὸς ἐγὼ μὲν ἦ ὁ ἐρωτῶν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Σὺ δ´ ὁ ἀποκρινόμενος;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πάνυ γε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί οὖν; τὰ λεχθέντα πότερος ἡμῶν εἴρηκεν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φαίνομαι μέν, ὦ Σώκρατες, ἐκ τῶν ὡμολογημένων ἐγώ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν ἐλέχθη περὶ δικαίων καὶ ἀδίκων ὅτι Ἀλκιβιάδης
ὁ καλὸς ὁ Κλεινίου οὐκ ἐπίσταιτο, οἴοιτο δέ, καὶ
μέλλοι εἰς ἐκκλησίαν ἐλθὼν συμβουλεύσειν Ἀθηναίοις περὶ
ὧν οὐδὲν οἶδεν; οὐ ταῦτ´ ἦν;
(113c) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φαίνεται.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τὸ τοῦ Εὐριπίδου ἄρα συμβαίνει, ὦ Ἀλκιβιάδη·
σοῦ τάδε κινδυνεύεις, οὐκ ἐμοῦ ἀκηκοέναι, οὐδ´ ἐγώ εἰμι ὁ
ταῦτα λέγων, ἀλλὰ σύ, ἐμὲ δὲ αἰτιᾷ μάτην. καὶ μέντοι
καὶ εὖ λέγεις. μανικὸν γὰρ ἐν νῷ ἔχεις ἐπιχείρημα ἐπιχειρεῖν,
ὦ βέλτιστε, διδάσκειν ἃ οὐκ οἶσθα, ἀμελήσας
μανθάνειν.
(113d) (ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οἶμαι μέν, ὦ Σώκρατες, ὀλιγάκις Ἀθηναίους
βουλεύεσθαι καὶ τοὺς ἄλλους Ἕλληνας πότερα δικαιότερα
ἢ ἀδικώτερα· τὰ μὲν γὰρ τοιαῦτα ἡγοῦνται δῆλα εἶναι,
ἐάσαντες οὖν περὶ αὐτῶν σκοποῦσιν ὁπότερα συνοίσει
πράξασιν. οὐ γὰρ ταὐτὰ οἶμαι ἐστὶν τά τε δίκαια καὶ τὰ
συμφέροντα, ἀλλὰ πολλοῖς δὴ ἐλυσιτέλησεν ἀδικήσασι μεγάλα
ἀδικήματα, καὶ ἑτέροις γε οἶμαι δίκαια ἐργασαμένοις οὐ συνήνεγκεν.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί οὖν; εἰ ὅτι μάλιστα ἕτερα μὲν τὰ δίκαια
(113e) τυγχάνει ὄντα, ἕτερα δὲ τὰ συμφέροντα, οὔ τί που αὖ σὺ
οἴει ταῦτ´ εἰδέναι ἃ συμφέρει τοῖς ἀνθρώποις, καὶ δι´ ὅτι;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Τί γὰρ κωλύει, ὦ Σώκρατες; εἰ μή με αὖ ἐρήσῃ
παρ´ ὅτου ἔμαθον ἢ ὅπως αὐτὸς ηὗρον.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οἷον τοῦτο ποιεῖς. εἴ τι μὴ ὀρθῶς λέγεις, τυγχάνει
δὲ δυνατὸν ὂν ἀποδεῖξαι δι´ οὗπερ καὶ τὸ πρότερον λόγου,
οἴει δὴ καινὰ ἄττα δεῖν ἀκούειν ἀποδείξεις τε ἑτέρας, ὡς
τῶν προτέρων οἷον σκευαρίων κατατετριμμένων, καὶ οὐκέτ´
ἂν σὺ αὐτὰ ἀμπίσχοιο,
| [113] (SOCRATE)
Ainsi, sur ce sujet, qui est-ce qui manifestement dit les choses, moi qui
questionne, ou toi qui réponds ?
(ALCIBIADE)
C’est moi.
(SOCRATE)
Et si je te demandais de quelles lettres se compose le nom de Socrate et que tu
le dises, qui de nous deux dirait la chose ?
(ALCIBIADE)
Moi.
(SOCRATE)
Eh bien, allons, fais-moi une réponse générale. Quand il y a échange de
questions et de réponses, lequel des deux dit les choses, celui qui questionne,
ou celui qui répond ?
(ALCIBIADE)
Celui qui répond, Socrate, à ce qu’il me semble.
(SOCRATE)
Or tout à l’heure, durant tout notre entretien, n’est-ce pas moi qui questionnais ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et toi qui répondais ?
(ALCIBIADE)
Parfaitement.
(SOCRATE)
Et alors ce qui a été dit, qui de nous deux l’a dit ?
(ALCIBIADE)
C’est moi, Socrate, évidemment, d’après ce que j’ai accordé.
(SOCRATE)
N’a-t-il pas été dit, au sujet du juste et de l’injuste, que le bel Alcibiade,
fils de Clinias, ne les connaissait pas, bien qu’il crût les connaître, et qu’il
devait aller à l’assemblée donner des conseils aux Athéniens sur des questions
où il n’entendait rien ? N’était-ce pas cela ?
(ALCIBIADE)
Il est manifeste que si.
(SOCRATE)
Alors, c’est ici comme chez Euripide, Alcibiade : « C’est de ta bouche et non de
la mienne » que tu pourrais bien avoir entendu ces paroles, et ce n’est pas
moi qui les dis, c’est toi, et tu as tort de me les imputer. Et tu as
grand-raison de le dire ; car c’est une folle entreprise que tu t’es mise en
tête, de vouloir enseigner ce que tu ne sais pas, ayant négligé de t’en instruire.
(ALCIBIADE)
CHAPITRE X. — A vrai dire, Socrate, les Athéniens et les autres Grecs ne délibèrent
que rarement sur ce qui est juste ou injuste, car ils pensent que ces sortes de
choses sont évidentes. Aussi les laissent-ils de côté et ils examinent ce qui
est utile à faire. Car le juste et l’utile ne sont pas la même chose, et l’on a
vu beaucoup de gens qui se sont bien trouvés d’avoir commis de grandes
injustices et d’autres, je pense, qui, ayant agi selon la justice, n’y ont pas
trouvé leur profit.
(SOCRATE)
Eh bien, à supposer que le juste et l’utile soient aussi différents que
possible, tu ne crois pas non plus, je pense, connaître ce qui est utile aux
hommes et pour quelle raison ?
(ALCIBIADE)
Pourquoi pas, Socrate, à moins que tu ne me demandes encore de qui je l’ai
appris ou comment je l’ai trouvé moi-même ?
(SOCRATE)
Que prétends-tu par là ? Si tu émets une opinion erronée et qu’il soit possible
de le démontrer par le raisonnement qui nous a déjà servi, tu crois qu’il faut
te fournir du nouveau, d’autres démonstrations, comme si les précédentes étaient
usées, ainsi que de vieux habits que tu ne voudrais plus mettre,
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