[9,38] (1) Ὀρχομενίοις δὲ πεποίηται καὶ Διονύσου, τὸ δὲ ἀρχαιότατον Χαρίτων ἐστὶν
ἱερόν. τὰς μὲν δὴ πέτρας σέβουσί τε μάλιστα καὶ τῷ Ἐτεοκλεῖ αὐτὰς πεσεῖν ἐκ τοῦ
οὐρανοῦ φασιν· τὰ δὲ ἀγάλματα τὰ σὺν κόσμῳ πεποιημένα ἀνετέθη μὲν ἐπ´ ἐμοῦ, λίθου
δέ ἐστι καὶ ταῦτα. (2) ἔστι δέ σφισι καὶ κρήνη θέας ἀξία· καταβαίνουσι δὲ ἐς αὐτὴν
ὕδωρ οἴσοντες. θησαυρὸς δὲ ὁ Μινύου, θαῦμα ὂν τῶν ἐν Ἑλλάδι αὐτῇ καὶ τῶν ἑτέρωθι
οὐδενὸς ὕστερον, πεποίηται τρόπον τοιόνδε· λίθου μὲν εἴργασται, σχῆμα δὲ περιφερές
ἐστιν αὐτῷ, κορυφὴ δὲ οὐκ ἐς ἄγαν ὀξὺ ἀνηγμένη· τὸν δὲ ἀνωτάτω τῶν λίθων φασὶν
ἁρμονίαν παντὶ εἶναι τῷ οἰκοδομήματι. (3) τάφοι δὲ Μινύου τε καὶ Ἡσιόδου·
καταδέξασθαι δέ φασιν οὕτω τοῦ Ἡσιόδου τὰ ὀστᾶ. νόσου καταλαμβανούσης λοιμώδους
καὶ ἀνθρώπους καὶ τὰ βοσκήματα ἀποστέλλουσι θεωροὺς παρὰ τὸν θεόν· τούτοις δὲ
ἀποκρίνασθαι λέγουσι τὴν Πυθίαν, Ἡσιόδου τὰ ὀστᾶ ἐκ τῆς Ναυπακτίας ἀγαγοῦσιν ἐς τὴν
Ὀρχομενίαν, ἄλλο δὲ εἶναί σφισιν οὐδὲν ἴαμα. τότε δὲ ἐπερέσθαι δεύτερα, ὅπου τῆς
Ναυπακτίας αὐτὰ ἐξευρήσουσι· καὶ αὖθις τὴν Πυθίαν εἰπεῖν ὡς μηνύσοι κορώνη σφίσιν.
(4) οὕτω τοῖς θεοπρόποις ἀποβᾶσιν ἐς τὴν γῆν πέτραν τε οὐ πόρρω τῆς ὁδοῦ καὶ τὴν
ὄρνιθα ἐπὶ τῇ πέτρᾳ φασὶν ὀφθῆναι· καὶ τοῦ Ἡσιόδου δὲ τὰ ὀστᾶ εὗρον ἐν χηραμῷ τῆς
πέτρας. καὶ ἐλεγεῖα ἐπὶ τῷ μνήματι ἐπεγέγραπτο· «Ἄσκρη μὲν πατρὶς πολυλήιος, ἀλλὰ
θανόντος / ὀστέα πληξίππων γῆ Μινυῶν κατέχει / Ἡσιόδου, τοῦ πλεῖστον ἐν Ἑλλάδι
κῦδος ὀρεῖται / ἀνδρῶν κρινομένων ἐν βασάνῳ σοφίης». (5) περὶ δὲ Ἀκταίωνος λεγόμενα
ἦν Ὀρχομενίοις λυμαίνεσθαι τὴν γῆν πέτρας ἔχον εἴδωλον· ὡς δὲ ἐχρῶντο ἐν Δελφοῖς,
κελεύει σφίσιν ὁ θεὸς ἀνευρόντας εἴ τι ἦν Ἀκταίωνος λοιπὸν κρύψαι γῇ, κελεύει δὲ
καὶ τοῦ εἰδώλου χαλκῆν ποιησαμένους εἰκόνα πρὸς πέτρᾳ σιδήρῳ δῆσαι. τοῦτο καὶ αὐτὸς
δεδεμένον τὸ ἄγαλμα εἶδον· καὶ τῷ Ἀκταίωνι ἐναγίζουσιν ἀνὰ πᾶν ἔτος. (6) σταδίους δὲ
ἀφέστηκεν ἑπτὰ Ὀρχομενοῦ ναός τε Ἡρακλέους καὶ ἄγαλμα οὐ μέγα. ἐνταῦθα τοῦ ποταμοῦ
τοῦ Μέλανός εἰσιν αἱ πηγαί, καὶ ὁ Μέλας ἐς λίμνην καὶ οὗτος τὴν Κηφισίδα ἐκδίδωσιν.
ἐπέχει μὲν δὴ καὶ ἄλλως τῆς Ὀρχομενίας τὸ πολὺ ἡ λίμνη, χειμῶνος δὲ ὥρᾳ νότου τὰ
πλείω πνεύσαντος ἔπεισιν ἐπὶ πλέον τῆς χώρας τὸ ὕδωρ. (7) Θηβαῖοι δὲ τὸν ποταμὸν
τὸν Κηφισόν φασιν ὑπὸ Ἡρακλέους ἐς τὸ πεδίον ἀποστραφῆναι τὸ Ὀρχομένιον· τέως δὲ
αὐτὸν ὑπὸ τὸ ὄρος ἐς θάλασσαν ἐξιέναι, πρὶν ἢ τὸν Ἡρακλέα τὸ χάσμα ἐμφράξαι τὸ διὰ
τοῦ ὄρους. ἐπίσταται μὲν οὖν καὶ Ὅμηρος λίμνην ἄλλως τὴν Κηφισίδα οὖσαν καὶ οὐχ ὑπὸ
Ἡρακλέους πεποιημένην, καὶ ἐπὶ τῷδε εἴρηκε «λίμνῃ κεκλιμένος Κηφισίδι»· (8) ἔχει δὲ
οὐδὲ εἰκότα λόγον τοὺς Ὀρχομενίους μὴ καὶ τὸ χάσμα ἐξευρεῖν καὶ τοῦ Ἡρακλέους
ἀναρρήξαντας τὸ ἔργον ἀποδοῦναι τὴν διέξοδον τῷ Κηφισῷ τὴν ἀρχαίαν, ἐπεὶ μηδὲ ἄχρι
τῶν Τρωικῶν χρήμασιν ἀδυνάτως εἶχον. μαρτυρεῖ δέ μοι καὶ Ὅμηρος ἐν Ἀχιλλέως
ἀποκρίσει πρὸς τοὺς παρὰ Ἀγαμέμνονος πρέσβεις· «οὐδ´ ὅς´ ἐς Ὀρχομενὸν
ποτινίσσεται», δῆλα δήπουθεν ὡς καὶ τότε προσιόντων τοῖς Ὀρχομενίοις χρημάτων
πολλῶν. (9) Ἀσπληδόνα δὲ ἐκλιπεῖν τοὺς οἰκήτοράς φασιν ὕδατος σπανίζοντος·
γενέσθαι δὲ τὸ ὄνομα ἀπὸ Ἀσπληδόνος τῇ πόλει, τοῦτον δὲ εἶναι νύμφης τε Μιδείας καὶ
Ποσειδῶνος. ὁμολογεῖ δὲ καὶ ἔπη σφίσιν ἃ ἐποίησε Χερσίας, ἀνὴρ Ὀρχομένιος· «ἐκ δὲ
Ποσειδάωνος ἀγακλειτῆς τε Μιδείης / Ἀσπληδὼν γένεθ´ υἱὸς ἀν´ εὐρύχορον
πτολίεθρον». (10) τοῦδε τοῦ Χερσίου τῶν ἐπῶν οὐδεμία ἦν ἔτι κατ´ ἐμὲ μνήμη, ἀλλὰ
καὶ τάδε ἐπηγάγετο ὁ Κάλλιππος ἐς τὸν αὐτὸν λόγον τὸν ἔχοντα ἐς Ὀρχομενίους·
τούτου δὲ τοῦ Χερσίου καὶ ἐπίγραμμα οἱ Ὀρχομένιοι τὸ ἐπὶ τῷ Ἡσιόδου τάφῳ
μνημονεύουσιν.
| [9,38] (1) Ces peuples ont un temple de Bacchus, et un autre fort ancien,
consacré aux Grâces. Ils conservent avec beaucoup de religion, je ne sais
quelles pierres qu'ils disent être tombées du ciel, et avoir été ramassées par
Étéocle. Car pour les statues de marbre que l'on y voit, elles y ont été mises
de mon temps. (2) Ils ont aussi une très belle fontaine où il faut descendre
pour puiser de l'eau. Quant au trésor de Minyas, c'est une des merveilles de la
Grèce, et un édifice aussi superbe qu'il y en ait dans tout le reste du monde.
Il est tout de marbre; c'est une espèce de rotonde dont la voûte se termine
insensiblement en pointe, et l'on dit que la pierre la plus exhaussée de
l'édifice, est celle qui en règle toute la symétrie et la proportion. (3) On
voit aussi à Orchomène le tombeau de Minyas, et celui d'Hésiode, dont ces
peuples ont recueilli les cendres par ordre de l'oracle. Car la peste ayant
causé dans leur pays une grande mortalité parmi les hommes et parmi les
bestiaux, ils envoyèrent consulter l'oracle par des gens de confiance, à qui la
Pythie répondit que le seul remède à leurs maux, était de transporter chez eux
les os d'Hésiode, qui étaient sans honneur dans un coin de terre près de
Naupacte, qu'ils eussent donc à les chercher, et qu'une corneille leur
indiquerait l'endroit où ils étaient. (4) Ces envoyés étant allés du côté de
Naupacte, ils aperçurent assez près du grand chemin une corneille sur une roche;
ne doutant pas que ce ne fût le lieu de la sépulture d'Hésiode, ils creusèrent
la terre sous cette roche, et trouvèrent en effet les os d'Hésiode, qu'ils
apportèrent à Orchomène, où ils furent mis dans un tombeau et honorés d'une
épitaphe dont voici le sens: "la fertile Ascra fut la patrie d'Hésiode, et les
braves Orchoméniens sont ceux qui ont recueilli ses cendres. Quiconque a du
discernement et du goût connaît le mérite de ce poète, dont le nom est célèbre
dans toute la Grèce". (5) Si nous en croyons les Orchoméniens, on voyait
autrefois le fantôme d'Actéon sur une roche, et ce spectre causait beaucoup de
mal et d'effroi dans le pays. Pour en être délivrés, ils consultèrent l'oracle
de Delphes, qui leur conseilla de chercher quelque reste de la dépouille
mortelle d'Actéon et de le couvrir de terre. Il leur conseilla aussi de faire
faire en bronze l'image de ce spectre, et de l'attacher à la roche avec des
liens de fer. Ils suivirent ce conseil, et j'ai vu cette statue qui représente
le spectre d'Actéon, attaché à une grosse roche. (6) Sept stades au-delà
d'Orchomène, on voit un temple d'Hercule, où il y a une statue de grandeur
médiocre. La rivière de Mélas a sa source en ce lieu-là; cette rivière se jette
dans le lac Céphise, qui couvre une grande étendue de pays, et qui même l'hiver,
surtout par le vent du midi, inonde toute la campagne. (7) Les Thébains disent
qu'autrefois le fleuve Céphise allait tomber dans la mer par des routes
souterraines qu'il s'était faites sous les montagnes; ils ajoutent qu'Hercule
boucha ces conduits, ce qui fit refluer le fleuve dans le pays des Orchoméniens.
Mais Homère connaissait un lac Céphise, qui ne pouvait être l'ouvrage d'Hercule
quand il parle des Orchoméniens, c'est, dit-il, un peuple qui habite aux
environs du lac Céphise. (8) D'ailleurs, quelle apparence que les Orchoméniens
eussent laissé subsister un ouvrage qui leur était si préjudiciable, et que ne
pouvant faire reprendre au fleuve Céphise son premier cours, ils ne l'eussent
pas fait? Car dès le temps de la guerre de Troie, ils étaient assez puissants
pour venir à bout de cette entreprise. Nous en avons une preuve dans la réponse
d'Achille aux députés d'Agamemnon, lorsqu'il leur dit: "Non, quand vous
m'offririez tout ce qui s'apporte de richesses à Orchomène". D'où l'on peut
juger que ces peuples ne manquaient pas d'argent. (9) Asplédon était une autre
ville du pays; on dit qu'elle fut abandonnée par ses habitants à cause de la
disette d'eau; elle était ainsi appelée du nom d'Asplédon, fils de Neptune et de
la nymphe Midée, comme le témoigne Chersias, poète, natif d'Orchomène. (10) Il y
a longtemps que les poésies de Chersias ne subsistent plus; mais Callippos, dans
son histoire des Orchoméniens, nous a conservé quelques-uns de ses vers, qui
confirment ce que je dis. On lui attribue aussi l'épitaphe qui est sur le
tombeau d'Hésiode.
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