[9,31] (1) Καὶ Ἀρσινόης ἐστὶν ἐν Ἑλικῶνι εἰκών, ἣν Πτολεμαῖος ἔγημεν ἀδελφὸς ὤν.
τὴν δὲ Ἀρσινόην στρουθὸς φέρει χαλκῆ τῶν ἀπτήνων· πτερὰ μέν γε καὶ αὗται κατὰ
ταὐτὰ ταῖς ἄλλαις φύουσιν, ὑπὸ δὲ βάρους καὶ διὰ μέγεθος οὐχ οἷά τέ ἐστιν ἀνέχειν
σφᾶς ἐς τὸν ἀέρα τὰ πτερά. (2) ἐνταῦθα καὶ Τηλέφῳ τῷ Ἡρακλέους γάλα ἐστὶν ἔλαφος
παιδὶ μικρῷ διδοῦσα καὶ βοῦς τε παρ´ αὐτὸν καὶ ἄγαλμα Πριάπου θέας ἄξιον. τούτῳ
τιμαὶ τῷ θεῷ δέδονται μὲν καὶ ἄλλως, ἔνθα εἰσὶν αἰγῶν νομαὶ καὶ προβάτων ἢ καὶ ἑσμοὶ
μελισσῶν· Λαμψακηνοὶ δὲ ἐς πλέον ἢ θεοὺς τοὺς ἄλλους νομίζουσι, Διονύσου τε αὐτὸν
παῖδα εἶναι καὶ Ἀφροδίτης λέγοντες. (3) ἐν δὲ τῷ Ἑλικῶνι καὶ ἄλλοι τρίποδες κεῖνται
καὶ ἀρχαιότατος, ὃν ἐν Χαλκίδι λαβεῖν τῇ ἐπ´ Εὐρίπῳ λέγουσιν Ἡσίοδον νικήσαντα ᾠδῇ.
περιοικοῦσι δὲ καὶ ἄνδρες τὸ ἄλσος, καὶ ἑορτήν τε ἐνταῦθα οἱ Θεσπιεῖς καὶ ἀγῶνα
ἄγουσι Μουσεῖα· ἄγουσι δὲ καὶ τῷ Ἔρωτι, ἆθλα οὐ μουσικῆς μόνον ἀλλὰ καὶ ἀθληταῖς
τιθέντες. ἐπαναβάντι δὲ στάδια ἀπὸ τοῦ ἄλσους τούτου ὡς εἴκοσιν ἔστιν ἡ τοῦ Ἵππου
καλουμένη κρήνη· ταύτην τὸν Βελλεροφόντου ποιῆσαί φασιν ἵππον ἐπιψαύσαντα ὁπλῇ τῆς
γῆς. (4) Βοιωτῶν δὲ οἱ περὶ τὸν Ἑλικῶνα οἰκοῦντες παρειλημμένα δόξῃ λέγουσιν ὡς
ἄλλο Ἡσίοδος ποιήσειεν οὐδὲν ἢ τὰ Ἔργα· καὶ τούτων δὲ τὸ ἐς τὰς Μούσας ἀφαιροῦσι
προοίμιον, ἀρχὴν τῆς ποιήσεως εἶναι τὸ ἐς τὰς Ἔριδας λέγοντες· καί μοι μόλυβδον
ἐδείκνυσαν, ἔνθα ἡ πηγή, τὰ πολλὰ ὑπὸ τοῦ χρόνου λελυμασμένον· ἐγγέγραπται δὲ αὐτῷ
τὰ Ἔργα. (5) ἔστι δὲ καὶ ἑτέρα κεχωρισμένη τῆς προτέρας, ὡς πολύν τινα ἐπῶν ὁ
Ἡσίοδος ἀριθμὸν ποιήσειεν, ἐς γυναῖκάς τε ᾀδόμενα καὶ ἃς μεγάλας ἐπονομάζουσιν
Ἠοίας, καὶ Θεογονίαν τε καὶ ἐς τὸν μάντιν Μελάμποδα, καὶ ὡς Θησεὺς ἐς τὸν Ἅιδην
ὁμοῦ Πειρίθῳ καταβαίη παραινέσεις τε Χίρωνος ἐπὶ διδασκαλίᾳ δὴ τῇ Ἀχιλλέως, καὶ ὅσα
ἐπὶ Ἔργοις τε καὶ Ἡμέραις. οἱ δὲ αὐτοὶ οὗτοι λέγουσι καὶ ὡς μαντικὴν Ἡσίοδος
διδαχθείη παρὰ Ἀκαρνάνων· καὶ ἔστιν ἔπη Μαντικά, ὁπόσα τε ἐπελεξάμεθα καὶ ἡμεῖς, καὶ
ἐξηγήσεις ἐπὶ τέρασιν. (6) ἐναντία δὲ καὶ ἐς τοῦ Ἡσιόδου τὴν τελευτήν ἐστιν
εἰρημένα. ὅτι μὲν γὰρ οἱ παῖδες τοῦ Γανύκτορος Κτίμενος καὶ Ἄντιφος ἔφυγον ἐς
Μολυκρίαν ἐκ Ναυπάκτου διὰ τοῦ Ἡσιόδου τὸν φόνον καὶ αὐτόθι ἀσεβήσασιν ἐς
Ποσειδῶνα ἐγένετο ἐν τῇ Μολυκρίᾳ σφίσιν ἡ δίκη, τάδε μὲν καὶ οἱ πάντες κατὰ ταὐτὰ
εἰρήκασι· τὴν δὲ ἀδελφὴν τῶν νεανίσκων οἱ μὲν ἄλλου τού φασιν αἰσχύναντος Ἡσίοδον
λαβεῖν οὐκ ἀληθῆ τὴν τοῦ ἀδικήματος δόξαν, οἱ δὲ ἐκείνου γενέσθαι τὸ ἔργον. τὰ μὲν
δὴ ἐς Ἡσίοδον καὶ αὐτὸν καὶ ἐς τὰ ἔπη διάφορα ἐπὶ τοσοῦτο εἴρηται· (7) ἐπὶ δὲ ἄκρᾳ τῇ
κορυφῇ τοῦ Ἑλικῶνος ποταμὸς οὐ μέγας ἐστὶν ὁ Λάμος. Θεσπιέων δὲ ἐν τῇ γῇ Δονακών
ἐστιν ὀνομαζόμενος· ἐνταῦθά ἐστι Ναρκίσσου πηγή, καὶ τὸν Νάρκισσον ἰδεῖν ἐς τοῦτο τὸ
ὕδωρ φασίν, οὐ συνέντα δὲ ὅτι ἑώρα σκιὰν τὴν ἑαυτοῦ λαθεῖν τε αὐτὸν ἐρασθέντα αὑτοῦ
καὶ ὑπὸ τοῦ ἔρωτος ἐπὶ τῇ πηγῇ οἱ συμβῆναι τὴν τελευτήν. τοῦτο μὲν δὴ παντάπασιν
εὔηθες, ἡλικίας ἤδη τινὰ ἐς τοσοῦτο ἥκοντα ὡς ὑπὸ ἔρωτος ἁλίσκεσθαι μηδὲ ὁποῖόν τι
ἄνθρωπος καὶ ὁποῖόν τι ἀνθρώπου σκιὰ διαγνῶναι· (8) ἔχει δὲ καὶ ἕτερος ἐς αὐτὸν
λόγος, ἧσσον μὲν τοῦ προτέρου γνώριμος, λεγόμενος δὲ καὶ οὗτος, ἀδελφὴν γενέσθαι
Ναρκίσσῳ δίδυμον, τά τε ἄλλα ἐς ἅπαν ὅμοιον τὸ εἶδος καὶ ἀμφοτέροις ὡσαύτως κόμην
εἶναι καὶ ἐσθῆτα ἐοικυῖαν αὐτοὺς ἐνδύεσθαι καὶ δὴ καὶ ἐπὶ θήραν ἰέναι μετὰ ἀλλήλων·
Νάρκισσον δὲ ἐρασθῆναι τῆς ἀδελφῆς, καὶ ὡς ἀπέθανεν ἡ παῖς, φοιτῶντα ἐπὶ τὴν πηγὴν
συνιέναι μὲν ὅτι τὴν ἑαυτοῦ σκιὰν ἑώρα, εἶναι δέ οἱ καὶ συνιέντι ῥᾳστώνην τοῦ
ἔρωτος ἅτε οὐχ ἑαυτοῦ σκιὰν δοξάζοντι ἀλλὰ εἰκόνα ὁρᾶν τῆς ἀδελφῆς. (9) νάρκισσον
δὲ ἄνθος ἡ γῆ καὶ πρότερον ἔφυεν ἐμοὶ δοκεῖν, εἰ τοῖς Πάμφω τεκμαίρεσθαι χρή τι ἡμᾶς
ἔπεσι· γεγονὼς γὰρ πολλοῖς πρότερον ἔτεσιν ἢ Νάρκισσος ὁ Θεσπιεὺς Κόρην τὴν
Δήμητρός φησιν ἁρπασθῆναι παίζουσαν καὶ ἄνθη συλλέγουσαν, ἁρπασθῆναι δὲ οὐκ ἴοις
ἀπατηθεῖσαν ἀλλὰ ναρκίσσοις.
| [9,31] (1) Revenons encore un fois au mont Hélicon. Vous y verrez la statue de
cette Arsinoé que Ptolémée épousa, quoiqu'il fût son propre frère. Elle est à
cheval sur une autruche de bronze; c'est une espèce d'oiseau qui a des ailes,
mais qui ne vole point, parce qu'il est si gros qu'il ne peut s'élever en l'air.
(2) On voit au même lieu une biche qui allaite le petit Téléphus, fils
d'Hercule; ensuite un bœuf, et un peu plus loin une statue de Priape, qui mérite
l'attention des curieux. Ce dieu est particulièrement honoré de ceux qui
nourrissent des troupeaux de chèvres, ou de brebis, ou de mouches à miel; mais
le peuple de Lampsaque lui est plus dévot qu'à pas une autre divinité, et le
croit fils de Bacchus et de Vénus. (3) On vous montrera aussi plusieurs
trépieds, parmi lesquels il y en a un fort ancien, qu'Hésiode, dit-on, remporta,
pour prix de poésie, à Chalcis sur l'Euripe. Tous les environs du bois sacré
sont habités. Les Thespiens y célèbrent chaque année une fête en l'honneur des
Muses, et une autre en l'honneur de Cupidon. Dans ces fêtes il y a des prix, non
seulement pour les musiciens, mais aussi pour les athlètes qui se distinguent le
plus. Vingt stades au-dessus du bois on trouve la fontaine du cheval, ou
l'Hippocrène, ainsi appelée parce que le cheval de Bellérophon la fit sortir en
frappant du pied contre terre. (4) Les Béotiens, qui ont leur demeure autour du
mot Hélicon, disent que c'est une ancienne tradition parmi eux, qu'Hésiode n'a
fait d'autre ouvrage que celui qui a pour titre, les œuvres et les jours; encore
en retranchent-ils l'exorde ou l'invocation aux Muses; prétendant que ce poème
commence à l'endroit où il est parlé des différentes sortes d'ambition qui
travaillent les hommes. Ils me montrèrent même près de la fontaine un rouleau de
plomb, où tout l'ouvrage est écrit, mais en caractères que le temps a effacés
pour la plupart. (5) Ce sentiment est bien différent de celui qui attribue à
Hésiode un si grand nombre d'ouvrages, comme un poème sur les femmes en général,
un autre sur les femmes illustres de l'Orient, un autre en l'honneur du devin
Mélampus, un autre dont le sujet est la descente de Thésée et de Pirithoüs aux
enfers, la Théogonie, une exhortation à Achille sous le nom de Chiron, son
gouverneur, enfin les œuvres et les jours. Les mêmes Béotiens ajoutent
qu'Hésiode apprit des Acarnaniens l'art des devins, et l'on cite en effet comme
de lui sur la divination, des vers que j'ai lus, avec une explication de
plusieurs prodiges qui y sont racontés. (6) On n'est pas d'accord sur les
circonstances de la mort de ce poète; car on convient bien que les fils de
Ganyctor, Ctimène et Antiphus, pour avoir tué Hésiode, furent obligés de
s'enfuir de Naupacte à Molycria, et que là, ayant violé la sainteté du temple de
Neptune, ils payèrent la peine due à leur impiété; mais les uns disent que la
sœur de ces deux jeunes hommes ayant été déshonorée, on en soupçonna injustement
Hésiode; et les autres disent qu'effectivement il en était coupable. Ainsi les
sentiments ont toujours été fort partagés et sur sa personne et sur ses
ouvrages. (7) Le Lamos, fleuve peu considérable, a sa source au haut du mont
Hélicon; et du côté de Thespies, il y a un lieu nommé Donacon, où l'on voit la
fontaine de Narcisse, célèbre par une aventure fort extraordinaire. Ce Narcisse,
à ce que l'on dit, se mirait sans cesse dedans, et ne comprenant pas que ce
qu'il voyait n'était autre chose que son ombre, devenu amoureux de sa propre
personne sans le savoir, il se laissa consumer d'amour et de désirs sur le bord
de cette fontaine. Mais c'est un conte qui me paraît peu vraisemblable. Quelle
apparence qu'un homme soit assez privé de sens pour être épris de lui-même,
comme on l'est d'un autre, et qu'il ne sache pas distinguer l'ombre d'avec le
corps? (8) Aussi y a-t-il une autre tradition, moins connue à la vérité, mais
qui a pourtant ses partisans et ses auteurs. On dit que Narcisse avait une sœur
jumelle qui lui ressemblait parfaitement; c'était même air de visage, même
chevelure, souvent même ils s'habillaient l'un comme l'autre, et chassaient
ensemble. Narcisse devint amoureux de sa sœur, mais il eut le malheur de la
perdre. Après ce douloureux événement, livré à la mélancolie, il venait sur le
bord d'une fontaine, dont l'eau était comme un miroir, où il prenait plaisir à
se contempler, non qu'il ne sût bien que c'était son ombre qu'il voyait, mais en
la voyant il croyait voir sa sœur, et c'était une consolation pour lui. Voilà
comme le fait est raconté par d'autres. (9) Quant à ces fleurs, que l'on appelle
des narcisses, si l'on en croit Pamphus, elles sont plus anciennes que cette
aventure: car longtemps avant que Narcisse le Thespien fût né, ce poète a écrit
que la fille de Cérès cueillait des fleurs dans une prairie, lorsqu'elle fut
enlevée par Pluton; et selon Pamphus, les fleurs qu'elle cueillait, et dont
Pluton se servit pour la tromper, c'était des narcisses et non des violettes.
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