[9,15] (1) Μετὰ δὲ ταῦτα ἐν Θεσσαλίᾳ δυναστεύων Ἀλέξανδρος Πελοπίδαν ἐλθόντα -
ἀφίκετο δὲ ὡς παρὰ ἄνδρα ἰδίᾳ τε εὔνουν αὑτῷ καὶ Θηβαίων φίλον τῷ κοινῷ -
παραγενόμενον δὴ τὸν Πελοπίδαν ὁ Ἀλέξανδρος δήσας εἶχεν ὑπὸ ἀπιστίας τε καὶ ὕβρεως·
Θηβαῖοι δὲ ἐπεξιέναι παραυτίκα ἐπὶ τὸν Ἀλέξανδρον ὥρμηντο. ἡγεμόνας μὲν οὖν τῆς
ἐξόδου Κλεομένην καὶ Ὕπατον ἐποιήσαντο βοιωταρχοῦντας ἐν τῷ τότε· Ἐπαμινώνδᾳ δὲ
συνέβαινεν ἐν τοῖς στρατευομένοις τετάχθαι. (2) γεγονυίας δὲ ἐκτὸς Πυλῶν οἱ τῆς
δυνάμεως ἐπιτίθεταί σφισιν ἐν δυσχωρίαις λοχήσας ὁ Ἀλέξανδρος· ὡς δὲ ἐφαίνετο ἄπορα
εἶναι τὰ τῆς σωτηρίας, οὕτω δὴ ὅ τε λοιπὸς στρατὸς ἡγεμόνα ποιοῦνται τὸν
Ἐπαμινώνδαν καὶ οἱ Βοιωτάρχαι παραχωροῦσιν ἑκουσίως τῆς ἀρχῆς· Ἀλέξανδρος δὲ οὔτε
ἔτι ἐθάρρει τὸν πόλεμον στρατηγοῦντα ὁρῶν τοῖς ἐναντίοις Ἐπαμινώνδαν καὶ ἑκὼν
Πελοπίδαν ἀφίησιν. (3) ἐν ὅσῳ δὲ ἀπῆν ὁ Ἐπαμινώνδας, Ὀρχομενίους Θηβαῖοι ποιοῦσιν
ἀναστάτους ἐκ τῆς χώρας· συμφορὰν δὲ τὴν ἀνάστασιν τὴν Ὀρχομενίων ἐνόμιζεν ὁ
Ἐπαμινώνδας καὶ οὔ ποτ´ ἂν ἐξεργασθῆναι τόλμημα τοιοῦτον αὐτοῦ γε παρόντος
ἔφασκεν ὑπὸ Θηβαίων. (4) ὡς δὲ βοιωταρχεῖν αὖθις ᾕρητο καὶ στρατῷ Βοιωτῶν ἀφίκετο
αὖθις ἐς Πελοπόννησον, ἐκράτησε μὲν περὶ Λέχαιον Λακεδαιμονίους μάχῃ, σὺν δέ
σφισιν Ἀχαιῶν Πελληνέας καὶ Ἀθηναίων οὓς Χαβρίας ἦγεν ἐξ Ἀθηνῶν. Θηβαίοις δὲ ἦν
καθεστηκὸς τοὺς μὲν ἄλλους, ὁπόσους αἰχμαλώτους ἕλοιεν, ἀφιέναι χρημάτων, τοὺς δὲ
ἐκ Βοιωτῶν φεύγοντας ζημιοῦν θανάτῳ· πόλισμα οὖν ἑλὼν Σικυωνίων Φοιβίαν, ἔνθα
ἦσαν τὸ πολὺ οἱ Βοιώτιοι φυγάδες συνηγμένοι, ἀφίησι τοὺς ἐγκαταληφθέντας, ἄλλην
σφίσιν ἣν ἔτυχε πατρίδα ἐπονομάζων ἑκάστῳ. (5) ὡς δὲ ἀφίκετο πρὸς Μαντίνειαν τῇ
στρατιᾷ, νικῶν καὶ τότε ὑπὸ ἀνδρὸς ἀπέθανεν Ἀθηναίου· καὶ Ἀθήνῃσιν ἐν ἱππέων μάχῃ
τὸν Ἐπαμινώνδαν ὁ ἀνὴρ οὗτος γέγραπται φονεύων Γρύλος ὁ Ξενοφῶντος, Ξενοφῶντος
δὴ τοῦ Κύρῳ ὁδοῦ μετασχόντος ἐπὶ βασιλέα Ἀρταξέρξην καὶ ὀπίσω τοῖς Ἕλλησιν ἐπὶ
θάλασσαν ἡγησαμένου. (6) τῷ δὲ ἀνδριάντι τοῦ Ἐπαμινώνδου καὶ ἐλεγεῖα ἔπεστιν ἄλλα
τε ἐς αὐτὸν λέγοντα καὶ ὅτι Μεσσήνης γένοιτο οἰκιστὴς καὶ τοῖς Ἕλλησιν ὑπάρξειεν
ἐλευθερία δι´ αὐτοῦ. καὶ οὕτως ἔχει τὰ ἐλεγεῖα· «ἡμετέραις βουλαῖς Σπάρτη μὲν
ἐκείρατο δόξαν, / Μεσσήνη δ´ ἱερὴ τέκνα χρόνῳ δέχεται· / Θήβης δ´ ὅπλοισιν Μεγάλη
πόλις ἐστεφάνωται, αὐτόνομος δ´ Ἑλλὰς πᾶς´ ἐν ἐλευθερίῃ».
| [9,15] (1) Quelque temps après, Alexandre, tyran de Thessalie, ayant, sous ombre
d'amitié et comme allié des Thébains, attiré chez lui Pélopidas, eut la
hardiesse et la mauvaise foi de le retenir prisonnier. Les Thébains, pour venger
cet affront, mirent sur pied une armée dont ils donnèrent la conduite à
Cléomène, et ils voulurent que le préteur de Béotie fût soumis aux ordres de ce
général. Épaminondas n'était donc que simple volontaire en cette armée. (2)
Quand on fut arrivé au pas des Thermopyles, voilà Alexandre qui sort tout à coup
d'un lieu où il s'était embusqué, et qui fait mine de vouloir attaquer les
Thébains. Alors toute l'armée se croyant perdue, déféra le commandement à
Épaminondas, et les officiers-généraux furent les premiers à le prier de
l'accepter. Alexandre voyant qu'Épaminondas se mettait à la tête des troupes,
n'osa pas hasarder une bataille, et rabattant de son audace, il renvoya
Pélopidas. (3) Cependant les Thébains, en l'absence d'Épaminondas, avaient
chassé les Orchoméniens de leurs demeures; il en eut un extrême déplaisir quand
il l'apprit, jugeant cette hostilité très contraire au bien de l'état, et il ne
put s'empêcher de dire que s'il avait été présent, il n'aurait jamais souffert
que les Thébains fissent une si grande faute. (4) Comme son successeur n'était
point encore nommé, il mena une seconde fois son armée dans le Péloponnèse, et
tailla en pièces les Lacédémoniens au Léchaion, quoiqu'ils eussent reçu un
renfort d'Achéens de la ville de Pellène, et un corps de troupes athéniennes,
commandées par Chabrias. Lorsque les Thébains faisaient des prisonniers de
guerre, c'était leur coutume de les renvoyer moyennant une rançon; mais si parmi
ces prisonniers il se trouvait des déserteurs béotiens, on ne leur faisait point
de quartier, ils étaient condamnés à mort. Épaminondas ayant pris Phoibie,
petite ville appartenant aux Sicyoniens, et pleine de transfuges de la Béotie,
il ne crut pas devoir user de cette sévérité; dans le dénombrement qu'il fit de
ces transfuges, il affecta de ne les pas reconnaître pour Béotiens, et lui-même,
à mesure qu'ils passaient en revue devant lui, il les disait de quelque autre
pays. (5) Enfin, cet illustre Thébain remporta encore une victoire à Mantinée;
mais cette victoire coûta cher à ses concitoyens, car ils l'achetèrent par la
perte de leur général, qui fut tué de la main d'un Athénien. Dans ce combat de
cavalerie qui est représenté à Athènes, on voit Grylos portant un coup mortel à
Épaminondas. Grylos était fils de Xénophon, celui-là même qui accompagna Cyrus
dans son expédition contre Artaxerxès, et qui du fond de l'Asie, ramena les
Grecs jusqu'à la mer. (6) Au bas de la statue d'Épaminondas, il y a une
inscription en vers élégiaques, dont voici à peu près le sens: "Dans ses chers
citoyens Messène renaissante, / De Sparte au désespoir la fierté gémissante, /
Dans Mégalopolis vingt bataillons armés, / Tout prêts à secourir les Thébains
alarmés, / De puissants alliés Thèbes à jamais pourvue, / Aux Grecs assujettis
la liberté rendue, / Sont d'Épaminondas les exploits immortels, / Qui pourraient
lui valoir un culte et des autels."
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