[9,14] (1) Τὸ μὲν δὴ παραυτίκα ὁ Ἐπαμινώνδας μετὰ τὴν μάχην Πελοποννησίων τοῖς
λοιποῖς ἀπιέναι προειπὼν ἐπὶ τὰ οἰκεῖα Λακεδαιμονίους ἐν τοῖς Λεύκτροις εἶχεν
ἀπειλημμένους· ὡς δὲ ἤκουε τοὺς ἐκ τῆς πόλεως Σπαρτιάτας βοηθήσοντας τοῖς
σφετέροις ἐς Λεῦκτρα ἰέναι πανδημεί, δίδωσιν οὕτω τοῖς ἀνδράσιν ἀπελθεῖν ὑποσπόνδους
ἔφη τε ἄμεινον ἔσεσθαι τὸν πόλεμόν σφισιν ἐκ Βοιωτῶν ἐς τὴν Λακεδαίμονα
ἀπώσασθαι. (2) Θεσπιεῦσι δέ, ὑφορωμένοις τήν τε ἐξ ἀρχῆς ἐκ τῶν Θηβαίων
δυσμένειαν καὶ τὴν ἐν τῷ παρόντι αὐτῶν τύχην, τὴν μὲν πόλιν ἔδοξεν ἐκλιπεῖν,
ἀναφεύγειν δὲ ἐς Κερησσόν. ἔστι δὲ ἐχυρὸν χωρίον ὁ Κερησσὸς ἐν τῇ Θεσπιέων, ἐς ὃ
καὶ πάλαι ποτὲ ἀνεσκευάσαντο κατὰ τὴν ἐπιστρατείαν τὴν Θεσσαλῶν· οἱ Θεσσαλοὶ δὲ
τότε, ὡς ἑλεῖν τὸν Κερησσόν σφισι πειρωμένοις ἐφαίνετο ἐλπίδος κρεῖσσον, ἀφίκοντο ἐς
Δελφοὺς παρὰ τὸν θεόν, καὶ αὐτοῖς γίνεται μάντευμα τοιόνδε· (3) «Λεῦκτρά τέ μοι
σκιόεντα μέλει καὶ Ἀλήσιον οὖδας, / καί μοι τὼ Σκεδάσου μέλετον δυσπενθέε κούρα. /
ἔνθα μάχη πολύδακρυς ἐπέρχεται· οὐδέ τις αὐτήν / φράσσεται ἀνθρώπων, πρὶν κούριον
ἀγλαὸν ἥβην / Δωριέες ὀλέσως´, ὅταν αἴσιμον ἦμαρ ἐπέλθῃ. / τουτάκι δ´ ἔστι
Κερησσὸς ἁλώσιμος, ἄλλοτε δ´ οὐχί.» (4) τότε δὲ ὁ Ἐπαμινώνδας ὡς τοὺς Θεσπιεῖς
καταφεύγοντας ἐς τὸν Κερησσὸν ἐξεῖλε, πρὸς τὰ ἐν Πελοποννήσῳ παραυτίκα ἔσπευδεν
ἅτε καὶ τῶν Ἀρκάδων προθύμως μεταπεμπομένων. ἐλθὼν δὲ Ἀργείους μὲν προσελάβετο
ἑκουσίους συμμάχους, Μαντινέας δὲ κατὰ κώμας ὑπὸ Ἀγησιπόλιδος διῳκισμένους ἐς τὴν
ἀρχαίαν συνήγαγεν αὖθις πόλιν· τὰ δὲ πολίσματα τὰ Ἀρκάδων ὁπόσα εἶχεν ἀσθενῶς
καταλῦσαι πείσας τοὺς Ἀρκάδας, πατρίδα ἐν κοινῷ σφισιν ᾤκισεν, ἣ Μεγάλη καὶ ἐς
ἡμᾶς ἔτι καλεῖται πόλις. (5) ὁ μὲν δὴ χρόνος βοιωταρχοῦντι Ἐπαμινώνδᾳ διήνυστο,
τεθνάναι δὲ ἐτέτακτο ἐπιλαβόντα ἄνδρα τῆς ἀρχῆς· ὁ οὖν Ἐπαμινώνδας ὑπεριδὼν ὡς
οὐκ ὄντα ἐν καιρῷ τὸν νόμον ἐβοιωτάρχει καὶ ἀφικόμενος τῷ στρατῷ πρὸς τὴν
Σπάρτην, ὡς οὐκ ἀντεπῆγεν Ἀγησίλαος μαχούμενος, οὕτω πρὸς τὸν οἰκισμὸν τρέπεται
Μεσσήνης. καὶ οἰκιστὴς Μεσσηνίοις τοῖς νῦν ἐστιν Ἐπαμινώνδας· καί μοι τὰ ἐς τὸν
οἰκισμὸν ἐδήλωσε τὰ ἐς αὐτοὺς ἔχοντα Μεσσηνίους. (6) ἐν τούτῳ δὲ οἱ τῶν Θηβαίων
σύμμαχοι κατέτρεχον διασκεδασθέντες χώραν τὴν Λακωνικὴν καὶ ἥρπαζον τὰ ἐξ αὐτῆς·
τοῦτο Ἐπαμινώνδᾳ παρέστησεν ὀπίσω Θηβαίους ἐς Βοιωτίαν ἀπαγαγεῖν. καὶ ὡς προϊὼν τῷ
στρατῷ κατὰ Λέχαιον ἐγίνετο καὶ διεξιέναι τῆς ὁδοῦ τὰ στενὰ καὶ δύσβατα ἔμελλεν,
Ἰφικράτης ὁ Τιμοθέου πελταστὰς καὶ ἄλλην Ἀθηναίων ἔχων δύναμιν ἐπιχειρεῖ τοῖς
Θηβαίοις. (7) Ἐπαμινώνδας δὲ τοὺς ἐπιθεμένους τρέπεται καὶ πρὸς αὐτὸ ἀφικόμενος
Ἀθηναίων τὸ ἄστυ, ὡς ἐπεξιέναι μαχουμένους τοὺς Ἀθηναίους ἐκώλυεν Ἰφικράτης, ὁ δὲ
αὖθις ἐς τὰς Θήβας ἀπήλαυνε. καὶ δίκην μὲν ἔφυγεν ὑπὲρ θανάτου, διότι ἐβοιωτάρχησεν
ἐξήκοντος ἤδη τοῦ χρόνου· λέγονται δὲ οἱ δικάζειν λαχόντες οὐδὲ ἀρχὴν περὶ αὐτοῦ
θέσθαι τὴν ψῆφον.
| [9,14] (1) Après le combat Épaminondas ordonna que toutes les troupes du
Péloponnèse s'en retournassent en leur pays, à la réserve des Lacédémoniens,
qu'il tint enfermés dans Leuctres. Mais ayant appris que les Spartiates
accouraient en foule au secours de leurs concitoyens, il laissa aller ceux-ci
sous certaines conditions qu'il leur imposa; et voulant bien rendre compte de sa
conduite aux siens, il leur dit qu'il valait mieux éloigner la guerre de leurs
frontières, et la porter dans le centre de la Laconie. (2) Cependant les
Thespiens qui craignaient également et la haine invétérée des Thébains et leur
fortune présente, jugèrent à propos d'abandonner leur ville et de se retirer à
Ceresse. C'est un très fort château dans le territoire de Thespies, où,
longtemps auparavant ils s'étaient défendus contre une armée de Thessaliens, qui
étaient venus envahir leur pays. Ces Thessaliens, après un long siège,
désespérant de les forcer, envoyèrent consulter l'oracle de Delphes, (3) dont la
réponse fut telle: "Leuctres et Alésium sont des lieux que j'aime; les filles
infortunées de Scédasos, qui habitent cet agréable canton, sont aussi sous ma
protection: quelque jour il se donnera là un combat qui vous coûtera bien des
larmes. Nul n'en aura connaissance qu'après que les Doriens auront perdu la
fleur de leur jeunesse, et que le moment fatal sera venu. Alors, je ne réponds
plus du fort de Céresse, mais jusque-là en vain l'attaquera-t-on". (4)
Épaminondas, après avoir pris Céresse et en avoir chassé les Thespiens, ne
songea plus qu'à aller mettre ordre aux affaires du Péloponnèse, et parce que
les Arcadiens souhaitaient sa présence, il se transporta d'abord chez eux. À son
arrivée, il accepta les offres que lui firent les Argiens, d'embrasser
l'alliance des Thébains. Agésipolis avait dispersé les Mantinéens en plusieurs
villages, Épaminondas les rassembla dans leur ancienne ville, et il conseilla
aux Arcadiens d'abandonner un grand nombre de bicoques qui ne se pouvaient
défendre par elles-mêmes, pour se réunir tous dans une même ville qu'il leur fit
bâtir, et que l'on appelle encore aujourd'hui Mégalopolis ou la grande ville.
(5) Sur ces entrefaites, sa préture vint à expirer; c'était un crime capital
chez les Thébains que de la prolonger au-delà du terme. Mais Épaminondas croyant
devoir passer par-dessus la loi dans une conjoncture où il s'agissait de
l'intérêt de l'état, continua d'exercer son autorité. S'étant donc mis en marche
avec ses troupes, il s'avança jusqu'aux portes de Sparte; mais voyant
qu'Aségilas se tenait renfermé, et qu'il évitait le combat, il tourna toutes ses
pensées au rétablissement de Messène. Car c'est Épaminondas que les Messéniens
d'aujourd'hui regardent comme leur restaurateur, et il le fut en effet, ainsi
que je l'ai suffisamment expliqué dans l'histoire de la Messénie. (6) Pendant
qu'il était tout occupé de cette entreprise, ses troupes s'étant débandées,
firent des courses dans la Laconie, et ravagèrent toute la campagne; ce qui
obligea Épaminondas de rassembler son armée et de la reporter en Béotie. Il
avait déjà gagné le Léchée, et il allait passer les défilés qui sont de ce côté-
là, lorsque Iphicrate, à la tête de quelque infanterie légère et d'autres
troupes athéniennes, lui tomba sur les bras. (7) Épaminondas le mit en fuite, et
l'ayant poursuivi jusqu'aux portes d'Athènes, demeura là quelque temps pour le
défier au combat. Mais Iphicrate s'étant toujours tenu sur la défensive,
Épaminondas reprit le chemin de Thèbes. Il n'y fut pas plutôt arrivé, qu'il se
vit citer en justice pour avoir retenu le commandement de l'armée au-delà du
temps marqué par la loi; cependant il évita la mort, aucun de ses juges n'ayant
osé le condamner.
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