[8,20] (1) προελθόντων δὲ σταδίους ὡς πεντήκοντα ἐκ Λυκουρίας, ἐπὶ τοῦ Λάδωνος ἀφίξῃ τὰς
πηγάς· ἤκουσα δὲ ὡς τὸ ὕδωρ τὸ λιμνάζον ἐν τῇ Φενεατικῇ, κατερχόμενον ἐς τὰ βάραθρα τὰ ἐν
τοῖς ὄρεσιν, ἄνεισιν ἐνταῦθα καὶ ποιεῖ τῷ Λάδωνι τὰς πηγάς. τοῦτο μὲν δὴ οὐκ ἔχω
σαφῶς εἰπεῖν, εἴτε οὕτως εἴτε ἄλλως ἐστὶν ἔχον· ὁ δὲ Λάδων ποταμῶν τῶν ἐν Ἑλλάδι
ὕδωρ παρέχεται κάλλιστον, ἔχει δὲ καὶ ἄλλως ἐς ἀνθρώπους φήμην Δάφνης τε εἵνεκα
καὶ τὰ ᾀδόμενα ἐς τὴν Δάφνην. (2) τοῦ λόγου δὲ τοῦ ἐς Δάφνην τὰ μὲν Σύροις τοῖς
οἰκοῦσιν ἐπὶ Ὀρόντῃ ποταμῷ παρίημι, λέγεται δὲ καὶ ἄλλα τοιάδε ὑπὸ Ἀρκάδων καὶ
Ἠλείων. Οἰνομάῳ τῷ δυναστεύσαντι ἐν Πίσῃ Λεύκιππος ἦν υἱός. οὗτος ἐρασθεὶς
Δάφνης ὁ Λεύκιππος ἐκ μὲν τοῦ εὐθέος μνώμενος γυναῖκα ἕξειν ἀπεγίνωσκεν αὐτὴν
ἅτε ἅπαν τὸ ἄρσεν γένος φεύγουσαν· παρέστη δέ οἱ τοιόνδε ἐς αὐτὴν σόφισμα.
(3) ἔτρεφεν ὁ Λεύκιππος κόμην τῷ Ἀλφειῷ· ταύτην οἷα δὴ παρθένος πλεξάμενος τὴν κόμην
καὶ ἐσθῆτα ἐνδὺς γυναικείαν ἀφίκετο ὡς τὴν Δάφνην, ἐλθὼν δὲ Οἰνομάου τε ἔλεγεν
εἶναι θυγάτηρ καὶ ὡς συνθηρᾶν ἐθέλοι τῇ Δάφνῃ. ἅτε δὲ εἶναι παρθένος
νομιζόμενος, καὶ τὰς ἄλλας ὑπερβεβλημένος παρθένους γένους τε ἀξιώματι καὶ σοφίᾳ
τῇ ἐς τὰ κυνηγέσια, πρὸς δὲ καὶ τῇ θεραπείᾳ περισσῇ χρώμενος, ἐς φιλίαν ἰσχυρὰν
ἐπάγεται τὴν Δάφνην. (4) οἱ δὲ τὸν Ἀπόλλωνος ἔρωτα ἐς αὐτὴν ᾄδοντες καὶ τάδε
ἐπιλέγουσιν, Ἀπόλλωνα Λευκίππῳ νεμεσῆσαι τῆς ἐς τὸν ἔρωτα εὐδαιμονίας. αὐτίκα δὲ
ἐπεθύμησεν ἐν τῷ Λάδωνι ἡ Δάφνη καὶ αἱ λοιπαὶ παρθένοι νήχεσθαι, καὶ τὸν
Λεύκιππον ἀποδύουσιν ἄκοντα· ἰδοῦσαι δὲ οὐ παρθένον τοῖς τε ἀκοντίοις αὐτὸν καὶ
ἐγχειριδίοις τύπτουσαι διέφθειραν.
| [8,20] (1) Cinquante stades plus loin ce sont les sources du Ladon; j'ai ouï dire que les eaux qui font
une espèce de marais sur le territoire de Phénéos, après s'être engouffrées sous les montagnes dont
le pays est environné, ressurgissent ici et donnent les sources du Ladon. Ce qui en est exactement,
je ne le sais pas: mais je sais que dans toute la Grèce il n'y a pas un autre fleuve qui soit comparable
au Ladon pour la beauté de ses eaux. Les aventures de Daphné et les chants qui la concernent
ont aussi contribué à rendre ce fleuve célèbre.
(2) Je ne m'arrête point à raconter ce que les Syriens qui habitent les bords de l'Oronte débitent
au sujet de Daphné; les Arcadiens et les Éléens ont une autre tradition qui est bien différente.
Selon eux Leukippos était fils d'Oinomaos, roi de Pisa; le jeune prince, passionnément amoureux
de Daphné, comprit que s'il la recherchait ouvertement en mariage il s'exposerait à un refus,
parce qu'elle avait de l'aversion généralement pour tous les hommes: voici donc le stratagème
dont il s'avisa.
(3) Il laissa croître ses cheveux pour en faire, disait-il, un sacrifice au fleuve Alphée; après les avoir
noués à la manière des jeunes filles il prit un habit de femme et alla voir Daphné; il se présenta à elle
sous le nom de la fille d'Oinomaos, et lui dit avoir grande envie de faire une partie de chasse
avec elle. Daphné fut trompée par l'habit, et Leukippos passa pour une fille. Comme d'ailleurs sa
naissance et son adresse lui donnaient un grand avantage sur toutes les compagnes de Daphné, et
qu'il n'oubliait rien pour lui plaire, il eut bientôt gagné ses bonnes grâces.
(4) Ceux qui mêlent les amours d'Apollon avec cette aventure ajoutent que le dieu, piqué de voir
Leukippos plus heureux que lui, inspira à Daphné et à ses compagnes l'envie de se baigner dans le
Ladon; que Leukippos fut contraint de quitter ses habits comme les autres, et qu'ayant été reconnu
pour ce qu'il était, il fut tué à coups de javelines et de poignards.
|