[7,43] Ἀλλὰ καὶ λέγων ὁ Πλάτων ὅτι τὸν «εὑρόντα ἀδύνατόν»
ἐστιν «εἰς πάντας λέγειν» «τὸν ποιητὴν καὶ πατέρα
τοῦ παντός», ἄρρητον μὲν καὶ ἀκατονόμαστον οὔ φησιν
αὐτὸν εἶναι ῥητὸν δ´ ὄντα εἰς ὀλίγους δύνασθαι λέγεσθαι.
Εἶθ´ ὥσπερ ἐπιλαθόμενος ὧν παρέθετο Πλάτωνος λέξεων
ὁ Κέλσος φησὶν ἀκατονόμαστον εἶναι θεὸν τούτοις· ἐπειδὴ
δὲ τούτου χάριν ἐξηύρηται σοφοῖς ἀνδράσιν, ὡς ἂν τοῦ
ἀκατονομάστου καὶ πρώτου λάβοιμέν τινα ἐπίνοιαν. Ἡμεῖς
δὲ οὐ μόνον τὸν θεὸν ἄρρητον εἶναί φαμεν ἀλλὰ καὶ ἕτερα
τῶν μετ´ αὐτόν· ἅπερ βιασάμενος ὁ Παῦλος σημῆναί φησι
τό· «Ἤκουσεν ἄρρητα ῥήματα, ἃ οὐκ ἐξὸν ἀνθρώπῳ
λαλῆσαι», τῷ «ἤκουσεν» ἀντὶ τοῦ συνῆκε χρησάμενος
ἀνάλογον τῷ «Ὁ ἔχων ὦτα ἀκούειν ἀκουέτω».
«Τὸν ποιητὴν» δὴ «καὶ πατέρα τοῦ παντὸς» ἡμεῖς
φαμεν ἰδεῖν «ἔργον». Βλέπεται δὲ οὐ μόνον κατὰ τὸ
«Μακάριοι οἱ καθαροὶ τῇ καρδίᾳ, ὅτι αὐτοὶ τὸν θεὸν
ὄψονται», ἀλλὰ καὶ κατὰ τὸ λεγόμενον ὑπὸ τῆς εἰκόνος
«τοῦ ἀοράτου θεοῦ» ἐν τῷ «Ὁ ἑωρακὼς ἐμὲ ἑώρακε τὸν
πατέρα τὸν πέμψαντά με». Ἐν τούτοις γὰρ οὐδεὶς ἂν
νοῦν ἔχων φήσειεν ὅτι ἀναφέρων ταῦτα ὁ Ἰησοῦς ἐπὶ τὸ
αἰσθητὸν αὐτοῦ καὶ βλεπόμενον τοῖς ἀνθρώποις σῶμα εἶπε
τό· «Ὁ ἑωρακὼς ἐμὲ ἑώρακε τὸν πατέρα τὸν πέμψαντά
με»· ἔσονται γὰρ κατὰ τοῦτο ἑωρακότες τὸν πατέρα θεὸν
καὶ πάντες οἱ λέγοντες· «Σταύρου σταύρου αὐτὸν» καὶ ὁ
ἐξουσίαν κατὰ τοῦ ἀνθρωπίνου αὐτοῦ Πιλᾶτος λαβών, ὅπερ
ἐστὶν ἄτοπον. Ὅτι δὲ τὸ «Ὁ ἑωρακὼς ἐμὲ ἑώρακε τὸν
πατέρα τὸν πέμψαντά με» οὐκ ἐπὶ τὴν κοινοτέραν ἐκδοχὴν
ἀναφέρεται, δῆλον ἐκ τοῦ εἰρῆσθαι τῷ Φιλίππῳ· «Τοσούτῳ
χρόνῳ μεθ´ ὑμῶν εἰμι, καὶ οὐκ ἔγνωκάς με, Φίλιππε;»
Τοῦτο δ´ εἴρηκεν αὐτῷ ἀξιώσαντι καὶ λέγοντι· «Δεῖξον
ἡμῖν τὸν πατέρα, καὶ ἀρκεῖ ἡμῖν.» Νοήσας τις οὖν πῶς
δεῖ ἀκούειν περὶ μονογενοῦς θεοῦ υἱοῦ τοῦ θεοῦ, τοῦ πρωτοτόκου
«πάσης κτίσεως», καθότι «ὁ λόγος» γέγονε
«σάρξ», ὄψεται πῶς ἰδών τις τὴν εἰκόνα «τοῦ ἀοράτου
θεοῦ» γνώσεται «τὸν πατέρα καὶ ποιητὴν τοῦδε τοῦ παντός».
| [7,43] Remarquez que quand Platon dit : Qu'après avoir trouvé le
Créateur et le Père de cet univers, il est impossible de le découvrir à
tout le monde, il ne le suppose pas ineffable et au-dessus de toute
expression. Il prétend au contraire qu'il peut être exprimé et
découvert à un petit nombre de personnes choisies. Mais Celse,
comme s'il avait oublié ce qu'il vient d'alléguer de Platon, donne
aussitôt à Dieu le nom d'ineffable. Puisque les sages, dit-il, n'ont
trouvé cette voie, qu'afin de nous pouvoir donner quelqu'idée du
premier Être qui est ineffable. Pour nous, nous ne croyons pas
seulement que Dieu est ineffable, nous croyons encore qu'il y a
d'autres choses qui le sont, bien qu'elles lui soient inférieures. Ce
sont ces choses que saint Paul s'efforce de désigner, lorsqu'il dit :
J'ai entendu des paroles ineffables, qu'il n'est permis à un homme
de rapporter (II Cor XII, 4), ici entendre est la même chose que
comprendre; comme en cet autre passage : Que celui-là l'entende,
qui a des oreilles pour entendre (Matth., XI, 15). Nous croyons
aussi qu'il est extrêmement difficile de voir le Créateur et le Père de
l'univers: mais qu'il se peut voir pourtant, non seulement selon ce
que nous lisons que : Bienheureux soient ceux qui ont le cœur pur,
parce qu'ils verront Dieu (Matth., V, 8); mais encore selon ce qui
est dit par celui qui est l'image du Dieu invisible (Col., I, 15) : Celui
qui m'a vu, a vu mon Père qui m'a envoyé (Jean, XÍV, 9). Il n'y a
point d'homme de bon sens qui puisse croire que ce que Jésus dit là
: Celui qui m'a vu, a vu mon Père qui m'a envoyé (Luc, XXIII, 2l), il
le dise à l'égard de son corps sensible, et exposé aux yeux de
chacun. Autrement, et tous ceux qui crièrent : Crucifiez-le,
crucifiez-le (Jean, XIX, 11); et Pilate qui avait pouvoir sur ce qu'il y
avait d'humain en Jésus, seraient du nombre de ceux qui ont vu
Dieu le Père, ce qui est absurde. Que ces paroles : Celui qui m'a vu,
a vu mon Père, qui m'a envoyé, ne doivent pas être prises dans un
sens grossier et charnel, c'est ce qui parait encore de la réponse qui
fut faite à Philippe : Il y a déjà si longtemps que je suis avec vous,
et tu ne me connais pas, Philippe (Jean, XIV, 9) ? Après qu'il eut
demandé : Montre-nous ton Père, et cela nous suffit ( Ibid., 8).
Celui donc qui pourra comprendre comment ces paroles, Le Verbe a
été fait chair (lbid., I, 14), doivent s'expliquer du Fils unique de
Dieu, qui est Dieu lui-même, le premier-né de toutes les créatures
(Col., I, 15); il comprendra aussi, comment en voyant l'image du
Dieu invisible, on voit le Créateur et le Père de cet univers.
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