[7,44] Κέλσος μὲν οὖν ἤτοι τῇ συνθέσει τῇ ἐπὶ τὰ ἄλλα
ἀνάλογον τῇ παρὰ τοῖς γεωμέτραις καλουμένῃ συνθέσει ἢ
τῇ ἀπὸ τῶν ἄλλων ἀναλύσει ἢ καὶ ἀναλογίᾳ ἀνάλογον τῇ
παρὰ τοῖς αὐτοῖς ἀναλογίᾳ οἴεται γινώσκεσθαι τὸν θεόν, ἐπὶ
τὰ πρόθυρα εἰ ἄρα τοῦ ἀγαθοῦ δυναμένου τινὸς οὕτως
ἐλθεῖν· ὁ δὲ τοῦ θεοῦ λόγος εἰπών· «Οὐδεὶς ἔγνω τὸν
πατέρα εἰ μὴ ὁ υἱὸς καὶ ᾧ ἂν ὁ υἱὸς ἀποκαλύψῃ» θείᾳ τινὶ
χάριτι, οὐκ ἀθεεὶ ἐγγινομένῃ τῇ ψυχῇ ἀλλὰ μετά τινος
ἐνθουσιασμοῦ, ἀποφαίνεται γινώσκεσθαι τὸν θεόν. Καὶ γὰρ
εἰκὸς μείζονα μὲν ἢ κατὰ τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν εἶναι τὴν
γνῶσιν τοῦ θεοῦ—διὸ καὶ τὰ τοσαῦτα παρ´ ἀνθρώποις ἐστὶ
περὶ θεοῦ σφάλματα—χρηστότητι δὲ καὶ φιλανθρωπίᾳ τοῦ
θεοῦ καὶ παραδόξῳ καὶ θειοτέρᾳ χάριτι φθάνειν τὴν τοῦ
θεοῦ γνῶσιν ἐπὶ τοὺς προγνώσει τοῦ θεοῦ προκαταληφθέντας
ὅτι ἀξίως βιώσουσι τοῦ ἐγνωσμένου, οὐδαμῶς παραχαράττοντες
τὴν εἰς αὐτὸν εὐσέβειαν, οὔτε ἂν ὑπὸ τῶν ἀγνοούντων
ὅ τι ποτέ ἐστιν εὐσέβεια καὶ πᾶν ὅ τι ποτ´ οὖν μᾶλλον
ἀναπλαττόντων εἶναι τὴν εὐσέβειαν ἢ ὅπερ ἐστὶν ἡ εὐσέβεια
τὴν ἐπὶ θανάτῳ ἀπάγωνται, οὔτε ἂν καταγελαστότατοι εἶναι
νομίζωνται.
Ὁρῶν δ´ οἶμαι ὁ θεὸς καὶ τὴν ἀλαζονείαν ἢ τὴν πρὸς τοὺς
ἄλλους ὑπεροψίαν τῶν μεγάλα μὲν φρονούντων ἐπὶ τῷ
ἐγνωκέναι τὸν θεὸν καὶ ἀπὸ φιλοσοφίας τὰ θεῖα μεμαθηκέναι
παραπλησίως δὲ τοῖς ἀπαιδευτοτάτοις ἐπὶ τὰ ἀγάλματα καὶ
τοὺς νεὼς αὐτῶν καὶ τὰ θρυλούμενα μυστήρια ἀγόντων
«ἐξελέξατο» «τὰ μωρὰ τοῦ κόσμου», τοὺς ἐν Χριστιανοῖς
ἁπλουστάτους καὶ πολλῶν φιλοσόφων μετριώτερον καὶ
καθαρώτερον βιοῦντας, «ἵνα καταισχύνῃ τοὺς σοφούς»,
οὐκ αἰδουμένους ἐν τῷ τοῖς ἀψύχοις προσομιλεῖν ὡς θεοῖς
ἢ θεῶν εἰκόσιν.
Τίς γὰρ νοῦν ἔχων οὐ καταγελάσεται τοῦ μετὰ τοὺς
τηλικούτους καὶ τοσούτους ἐν φιλοσοφίᾳ περὶ θεοῦ ἢ θεῶν
λόγους ἐνορῶντος τοῖς ἀγάλμασιν καὶ ἤτοι αὐτοῖς ἀναπέμποντος
τὴν εὐχὴν ἢ διὰ τῆς τούτων ὄψεως ἐφ´ ὃν φαντάζεται
δεῖν ἀναβαίνειν ἀπὸ τοῦ βλεπομένου καὶ συμβόλου ὄντος
ἀναφέροντός γε ἐπὶ τὸν νοούμενον; Χριστιανὸς δὲ καὶ ὁ
ἰδιώτης πάντα μὲν τόπον τοῦ κόσμου πέπεισται εἶναι μέρος
τοῦ ὅλου, ναοῦ τοῦ θεοῦ ὄντος τοῦ παντὸς κόσμου· «ἐν
παντὶ» δὲ «τόπῳ» εὐχόμενος, μύσας τοὺς τῆς αἰσθήσεως
ὀφθαλμοὺς καὶ ἐγείρας τοὺς τῆς ψυχῆς, ὑπεραναβαίνει τὸν
ὅλον κόσμον. Καὶ οὐδ´ ἐπὶ τὴν ἁψῖδα ἵσταται τοῦ οὐρανοῦ,
ἀλλ´ εἰς τὸν ὑπερουράνιον γενόμενος τῇ διανοίᾳ τόπον,
ὁδηγούμενος ὑπὸ τοῦ θείου πνεύματος καὶ ὡσπερεὶ ἔξω τοῦ
κόσμου τυγχάνων ἀναπέμπει οὐ περὶ τῶν τυχόντων τὴν
εὐχὴν τῷ θεῷ· ἔμαθε γὰρ ἀπὸ τοῦ Ἰησοῦ μηδὲν μικρόν,
τουτέστιν αἰσθητόν, ζητεῖν ἀλλὰ μόνα τὰ μεγάλα καὶ
ἀληθῶς θεῖα, ὅσα συμβάλλεται διδόμενα ὑπὸ τοῦ θεοῦ πρὸς
τὸ ὁδεῦσαι ἐπὶ τὴν παρ´ αὐτῷ διὰ τοῦ υἱοῦ αὐτοῦ λόγου
ὄντος θεοῦ μακαριότητα.
| [7,44] Celse
s'imagine qu'on peut connaître Dieu, soit enjoignant et rassemblant,
soit en réparant et rejetant les idées qu'on a d'ailleurs, à peu près
comme font les géomètres, dans la méthode qu'ils appellent de
composition, et dans celle de l'analyse; soit encore, en suivant les
lois de l'analogie, comme font aussi les mêmes, et que de cette
sorte on peut parvenir, pour ainsi dire, jusqu'aux premiers degrés
et à l'entrée du vrai bien ; mais quand la parole de Dieu nous dit
que nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils l'aura
révélé (Matth., XI, 27), elle nous déclare que Dieu ne peut être
connu qu'avec le secours de la grâce d'en haut, qui est
communiquée à l'âme par une faveur singulière de Dieu, et comme
par une espèce d'inspiration. Il ne se peut, en effet, que la
connaissance de Dieu ne passe de bien loin la portée de la nature
humaine : et de là vient qu'il y a tant d'erreurs parmi les hommes
sur le fait de la Divinité. C'est donc par un effet de la bonté et de
l'amour de Dieu pour les hommes, c'est par une grâce surnaturelle
et toute divine, qu'il accorde sa connaissance à ceux qu'il a prévu
dans sa prescience, qui vivraient d'une manière digne de celui qui
se ferait connaître à eux ; à ceux, dis-je, qu'il a su qui auraient pour
lui une piété sincère, sans l'altérer ni la démentir jamais, quand ils
devraient être condamnés au dernier supplice; par ceux qui ne
sachant ce que c'est que la piété, veulent faire passer pour piété ce
qui n'est rien moins que pitié ; et quand on les devrait estimer les
plus ridicules de tous les hommes. Dieu, sans doute a vu aussi
l'orgueil de ces gens qui méprisent tous les autres et qui font tant
les fiers de connaître Dieu et les choses divines par l'étude qu'ils ont
faite de la philosophie : mais qui courent cependant comme les plus
grossiers, aux simulacres, à leurs temples et à leurs fameux
mystères. C'est pour cela qu'il a choisi ce qu'il y a de moins sage
selon le monde (I Cor., I, 27 ), les plus simples d'entre les
chrétiens, qui vivent pourtant avec plus de retenue et de pureté,
que ne font plusieurs philosophes ; c'est pour cela, dis-je, qu'il a
fait un tel choix, afin de confondre ces sages, qui n'ont point honte
de s'adresser à des choses inanimées, comme si c'étaient des dieux
ou des représentations de dieux. Car peut-on avoir du sens et ne se
pas moquer d'un homme qui, après tous ces beaux et sublimes
raisonnements que la philosophie lui a enseigné à faire sur le sujet
de Dieu ou des dieux, se tourne vers une statue, soit pour lui
présenter ses prières, soit pour s'élever par cet objet corporel
jusqu'à l'objet de l'entendement auquel il croit qu'il faut porter son
esprit, par le moyen de cette chose visible qui en est le symbole?
Pour ce qui est du chrétien, même d'entre le simple peuple, il est
persuadé que tous les endroits du monde sont des parties de
l'univers, et que l'univers entier est le temple de Dieu. En quelque
lieu donc du monde qu'il se trouve, il y prie; mais il pousse ses
prières au delà du monde, fermant ses yeux sensuels, et n'ouvrant
que ceux de son âme. Il ne s'arrête pas même sur la voûte du ciel ;
il s'élève de la pensée au-dessus des cieux, guidé par l'esprit de
Dieu : et comme s'il avait franchi les bornes du monde, il adresse
ses prières à Dieu, mais non pas pour des choses de peu
d'importance (Matth.,Vl, 33). Car il a appris de Jésus a ne chercher
rien de bas, ni rien d'abject, c'est-à-dire, rien de ce qui regarde les
sens, mais à chercher seulement les choses hautes et relevées, les
choses véritablement divines, que Dieu nous accorde, pour nous
mettre et pour nous conduire dans la voie de la félicité, de cette
félicité qu'on trouve auprès de lui, par son Fils, le Verbe de Dieu.
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