[7,45] Ἴδωμεν δὲ καὶ ἅ φησιν ἡμᾶς διδάξειν, εἰ ἄρα ἀκολουθῆσαι
αὐτοῖς δυνησόμεθα, ἐν οἷς λέγει ἡμᾶς παντελῶς
ἐνδεδέσθαι τῇ σαρκί, τούς, ἐὰν βιῶμεν ὀρθῶς καὶ κατὰ τὸν
Ἰησοῦ λόγον, ἀκούοντας τὸ «Ὑμεῖς οὐκ ἐστὲ ἐν σαρκὶ
ἀλλ´ ἐν πνεύματι, εἴπερ πνεῦμα θεοῦ οἰκεῖ ἐν ὑμῖν».
Φησὶ δ´ ἡμᾶς καὶ μηδὲν καθαρὸν βλέπειν, τοὺς πειρωμένους
μηδὲ μέχρι τῶν λογισμῶν ὑπὸ τῶν ἐνθυμημάτων τῆς κακίας
μολύνεσθαι καὶ ἐν τῇ εὐχῇ λέγοντας· «Καρδίαν καθαρὰν
κτίσον ἐν ἐμοὶ ὁ θεὸς καὶ πνεῦμα εὐθὲς ἐγκαίνισον ἐν τοῖς
ἐγκάτοις μου», ἵνα τῇ μόνῃ πεφυκυίᾳ βλέπειν θεὸν «καρδίᾳ
καθαρᾷ» θεασώμεθα αὐτόν.
Ἃ δὲ λέγει, τοιαῦτά ἐστιν· Οὐσία καὶ γένεσις νοητόν,
ὁρατόν· μετὰ οὐσίας μὲν ἀλήθεια, μετὰ δὲ γενέσεως πλάνη.
Περὶ ἀλήθειαν μὲν οὖν ἐπιστήμη, περὶ δὲ θάτερον δόξα·
καὶ νοητοῦ μέν ἐστι νόησις, ὁρατοῦ δὲ ὄψις. Γινώσκει δὲ
νοητὸν μὲν νοῦς, ὁρατὸν δὲ ὀφθαλμός. Ὅπερ οὖν ἐν τοῖς
ὁρατοῖς ἥλιος, οὔτ´ ὀφθαλμὸς ὢν οὔτ´ ὄψις ἀλλ´ ὀφθαλμῷ τε
τοῦ ὁρᾶν αἴτιος καὶ ὄψει τοῦ δι´ αὐτὸν συνίστασθαι καὶ
ὁρατοῖς τοῦ ὁρᾶσθαι, πᾶσιν αἰσθητοῖς τοῦ γίνεσθαι, καὶ
μὴν αὐτὸς αὑτῷ τοῦ βλέπεσθαι, τοῦτο ἐν τοῖς νοητοῖς
ἐκεῖνος, ὅσπερ οὔτε νοῦς οὔτε νόησις οὔτ´ ἐπιστήμη, ἀλλὰ
νῷ τε τοῦ νοεῖν αἴτιος καὶ νοήσει τοῦ δι´ αὐτὸν εἶναι καὶ
ἐπιστήμῃ τοῦ δι´ αὐτὸν γινώσκειν καὶ νοητοῖς ἅπασι καὶ
αὐτῇ ἀληθείᾳ καὶ αὐτῇ οὐσίᾳ τοῦ εἶναι, πάντων ἐπέκεινα
ὤν, ἀρρήτῳ τινὶ δυνάμει νοητός.
Ταῦτ´ εἴρηται μὲν ἀνθρώποις νοῦν ἔχουσιν· εἰ δέ τι
αὐτῶν καὶ ὑμεῖς συνίετε, εὖ ὑμῖν ἔχει. Καὶ πνεῦμα εἴ τι
οἴεσθε κατιὸν ἐκ θεοῦ προαγγέλλειν τὰ θεῖα, τοῦτ´ ἂν εἴη τὸ
πνεῦμα τὸ ταῦτα κηρύττον, οὗ δὴ πλησθέντες ἄνδρες παλαιοὶ
πολλὰ κἀγαθὰ ἤγγειλαν· ὧν εἰ μὴ δύνασθε ἐπαΐειν, σιωπᾶτε
καὶ τὴν ἑαυτῶν ἀμαθίαν ἐγκαλύπτετε καὶ μὴ λέγετε τυφλώττειν
τοὺς βλέποντας καὶ χωλοὺς εἶναι τοὺς τρέχοντας,
αὐτοὶ πάντῃ τὰς ψυχὰς ἀποκεχωλευμένοι καὶ ἠκρωτηριασμένοι
καὶ τῷ σώματι ζῶντες, τουτέστι τῷ νεκρῷ.
| [7,45] Mais voyons enfin ce que Celse promet de nous enseigner, et
tâchons, s'il se peut, de le comprendre, nous qu'il traite, au même
endroit, de gens tout attachés à la chair, bien que, si nous vivons
comme il faut et conformément aux préceptes de Jésus, nous
puissions nous assurer d'être dégagés de ces liens, suivant ce qui
nous est dit: Vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l'esprit, si
au moins l'Esprit de Dieu habite en vous (Rom., VIII, 9) . Il nous
accuse encore de n'avoir d'yeux que pour des choses impures, nous
qui nous efforçons de conserver jusqu'à nos pensées, exemptes des
impuretés qui naissent de la suggestion des vices; nous qui, pour
pouvoir contempler Dieu avec un cœur pur, qui seul est capable de
le voir (Matth., V, 8), lui adressons celle prière : Mon Dieu, crée en
moi un cœur pur, et renouvelle l'esprit de justice au-dedans de moi
(Ps. L ou LI, 12). Voici donc ce qu'il dit : Il y a des objets
intelligibles qu'on nomme substances : il y en a de visibles, produits
par la génération. Les premiers ont la vérité avec eux : les autres
ont l'erreur. La vérité forme la science, la vérité et l'erreur forment
l'opinion. L'objet intelligible se connaît par l'entendement, l'objet
visible par les yeux : l'action de l'entendement se nomme
intelligence, celle des yeux, vue. Comme donc, parmi les choses
visibles, le soleil n'est ni l'oeil ni la vue, mais c'est lui qui est cause
que l'œil aperçoit, et que la vue se fait, et que les objets visibles se
voient, et que toutes les choses sensibles existent, et que lui-même
peut être vu : ainsi, parmi les choses intelligibles, celui qui n'est ni
l'entendement, ni l'intelligence, ni la science, est pourtant la cause
qui fait que l'entendement connaît, que l'intelligence en résulte, que
la science s'en forme, que tous les objets intelligibles, la vérité
même et les substances ont leur être : étant lui-même intelligible
d'une manière ineffable, par où il est infiniment au-dessus de tout
cela. Ces réflexions sont pour les personnes intelligentes; mais si
vous pouvez, vous aussi, y comprendre quelque chose, ce n'est pas
un petit avantage, et si vous avez cette pensée, que quelqu' Esprit
soit descendu, de la part de Dieu, pour déclarer aux hommes les
choses divines, c'est sans doute l'Esprit qui a révélé ces vérités ;
c'est de ce même esprit que les anciens ont été remplis, pour
publier tant de belles et de bonnes choses. Peut-être qu'elles
passent votre portée; mais en ce cas, vous devez vous taire, et
cacher votre ignorance, sans aller dire que ceux qui voient clair sont
aveugles, et que ceux qui courent sont boiteux : pendant que vous-mêmes
êtes boiteux et entièrement estropiés, à l'égard de votre
âme, n'ayant de vie qu'à l'égard de votre corps, c'est-à-dire de la
partie de votre être qui est morte.
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