[7,46] Πρὸς ταῦτα δ´ ἡμεῖς φήσομεν, {οἱ μελετήσαντες μηδενὶ
ἀπεχθάνεσθαι τῶν καλῶς λεγομένων, κἂν οἱ ἔξω τῆς πίστεως
λέγωσι καλῶς, μὴ προσφιλονεικεῖν αὐτοῖς μηδὲ ζητεῖν
ἀνατρέπειν τὰ ὑγιῶς ἔχοντα}, ὅτι οἱ μὲν διαλοιδορούμενοι
τοῖς κατὰ δύναμιν εἰς τὸν τῶν ὅλων θεὸν εὐσεβεῖν θέλουσιν,
ἀποδεχόμενον ἰδιωτῶν τὴν εἰς αὐτὸν πίστιν καὶ συνετωτέρων
τὴν μετὰ λόγου εἰς αὐτὸν εὐσέβειαν, μετ´ εὐχαριστίας
ἐναπεμπόντων εὐχὰς τῷ δημιουργῷ τοῦ παντὸς καὶ ἀναπεμπόντων
αὐτὰς ὡς δι´ ἀρχιερέως τοῦ τὴν εἰλικρινῆ θεοσέβειαν
ἀνθρώποις παραστήσαντος, καὶ καλοῦντες αὐτοὺς κεχωλευμένους
τὰς ψυχὰς καὶ ἠκρωτηριασμένους λέγοντες δὲ καὶ
σώματι ζῶντας τῷ νεκρῷ τοὺς μελετῶντας ἀπὸ διαθέσεως
λέγειν τό· «Ἐν σαρκὶ γὰρ ζῶντες οὐ κατὰ σάρκα στρατευόμεθα,
τὰ γὰρ ὅπλα τῆς στρατείας ἡμῶν οὐ σαρκικὰ
ἀλλὰ δυνατὰ τῷ θεῷ» ὁράτωσαν μὴ κατ´ αὐτὸ τοῦτο τὸ
λέγειν κακῶς ἀνθρώπους, εὐχομένους εἶναι θεοῦ, τὰς ψυχὰς
ἑαυτῶν χωλὰς κατασκευάζωσι καὶ «τὸν ἔσω» ἑαυτῶν
«ἄνθρωπον» ἀκρωτηριάζωσιν, ἀποκόπτοντες αὐτοῦ διὰ
τῶν εἰς ἑτέρους δυσφημιῶν, τοὺς καλῶς βιοῦν ἐθέλοντας, τὸ
ἐπιεικὲς καὶ τὸ εὐσταθές, ἐνεσπαρμένα φυσικῶς ὑπὸ τοῦ
δημιουργοῦ τῇ λογικῇ φύσει. Οἱ δὲ πρὸς ἑτέροις μαθόντες
ἀπὸ τοῦ θείου λόγου καὶ ποιοῦντες καὶ τὸ «λοιδορούμενοι»
εὐλογεῖν, «διωκόμενοι» ἀνέχεσθαι, «δυσφημούμενοι»
παρακαλεῖν, οὗτοι ἂν εἶεν οἱ τὰς τῆς ψυχῆς βάσεις
ὀρθώσαντες καὶ ὅλην τὴν ψυχὴν καθαίροντες καὶ εὐτρεπίζοντες·
οὐχ ἵνα λέξεσι μόναις οὐσίαν ἀπὸ γενέσεως χωρίζωσι
καὶ νοητὸν ἀπὸ ὁρατοῦ, καὶ τὴν μὲν ἀλήθειαν τῇ οὐσίᾳ
συνάπτωσι τὴν δὲ μετὰ γενέσεως πλάνην παντὶ τρόπῳ
φεύγωσι, σκοποῦντες, ὡς ἔμαθον, οὐ τὰ γενέσεως, ἅπερ ἐστὶ
«βλεπόμενα» καὶ διὰ τοῦτο «πρόσκαιρα», ἀλλὰ τὰ
κρείττονα, εἴτ´ οὐσίαν αὐτά τις βούλεται καλεῖν εἴτε διὰ τὸ
νοητὰ τυγχάνειν «ἀόρατα» εἴτε διὰ τὸ ἔξω αἰσθήσεως
εἶναι αὐτῶν τὴν φύσιν «μὴ βλεπόμενα».
Οὕτω δὲ καὶ τοῖς γενέσεως ἐνορῶσιν οἱ τοῦ Ἰησοῦ
μαθηταί, ὥστε οἱονεὶ ἐπιβάθρᾳ χρῆσθαι αὐτοῖς πρὸς τὴν
κατανόησιν τῆς τῶν νοητῶν φύσεως· «Τὰ γὰρ ἀόρατα»
τοῦ θεοῦ «ἀπὸ κτίσεως κόσμου», τουτέστι τὰ νοητά,
«τοῖς ποιήμασι νοούμενα» ἐν τῷ νοεῖσθαι «καθορᾶται».
Καὶ οὐχ ἵστανταί γε ἀναβάντες ἀπὸ τῶν τοῦ κόσμου κτισμάτων
ἐν τοῖς ἀοράτοις τοῦ θεοῦ· ἀλλὰ γὰρ ἱκανῶς ἐκείνοις
ἐγγυμνασάμενοι καὶ συνιέντες αὐτὰ ἀναβαίνουσιν ἐπὶ τὴν
ἀΐδιον δύναμιν τοῦ θεοῦ καὶ ἁπαξαπλῶς τὴν θεότητα αὐτοῦ,
ἐπιστάμενοι ὅτι ὁ μὲν φιλάνθρωπος θεὸς «τὴν ἀλήθειαν»
καὶ «τὸ» ἑαυτοῦ «γνωστὸν» «ἐφανέρωσεν» οὐ μόνον
τοῖς ἀνακειμένοις αὐτῷ ἀλλὰ καί τισι τῶν ἔξω τῆς εἰλικρινοῦς
θεοσεβείας καὶ εἰς αὐτὸν εὐσεβείας· τινὲς δὲ τῶν θεοῦ
προνοίᾳ ἀναβεβηκότων ἐπὶ τὴν τῶν τηλικούτων γνῶσιν οὐκ
ἄξια τῆς γνώσεως δρῶντες ἀσεβοῦσι καὶ «τὴν ἀλήθειαν ἐν
ἀδικίᾳ» κατέχουσιν, οὐδ´ ἀπολογίας ἔτι χώραν ἐπὶ τῇ
γνώσει τῶν τηλικούτων ἔχειν δυνάμενοι παρὰ τῷ θεῷ.
| [7,46] Nous prenons à tâche de ne
combattre jamais ce qui est bien dit, et quoique ceux qui le disent
ne soient pas de notre créance, nous ne voulons point les contredire
ni chercher à détruire ce qu'ils avancent de conforme à la raison.
Mais ici, nous devons répondre aux injures que l'on dit à des
hommes qui font leurs efforts pour vivre dans la piété qu'ils doivent
au Dieu de l'univers, ce Dieu qui agrée la foi que les simples ont en
lui, aussi bien que la dévotion raisonnée de ceux qui ont plus de
connaissance (Phil., IV, 6), puisque tant les uns que les autres
adressent au Créateur du monde leurs prières et leurs actions de
grâces, comme ils savent qu'il faut les lui adresser, par le grand
sacrificateur qui a enseigné aux hommes la manière de servir Dieu
purement. Nous disons donc que ces boiteux et ces estropiés à
l'égard de l'âme, qui n'ont de vie qu'à l'égard du corps, la partie de
leur être qui est morte, ne se proposent pourtant autre chose, que
de pouvoir dire avec sincérité : Encore que nous vivions dans la
chair, nous ne combattons pas selon la chair : car les armes de
notre milice ne sont point charnelles, mais elles sont
accompagnées de la vertu de Dieu (II Cor., X, 3 et 4). C'est à ceux
qui disent des injures à des personnes qui n'ont d'autre désir que
d'être a Dieu, à prendre garde que, par cela même, ils ne se
rendent boiteux a l'égard de l'âme, et n'estropient leur homme
intérieur, lui arrachant, par les calomnies dont ils chargent les
autres, qui s'étudient à bien vivre, cette équité et cette modération,
dont le Créateur avait mis des semences naturelles dans les êtres à
qui il avait donné de la raison. Pour ceux qui, parmi les autres
leçons que donne la parole de Dieu, ont appris et pratiquent celle-ci
: Quand on nous maudit, nous bénissons; quand on nous persécute,
nous le souffrons; quand on nous dit des injures, nous répondons
par des prières (I Cor., IV, 12 et 13); ceux-là peuvent dire qu'ils ont
une âme qui marche droit, une âme toute pure et bien disposée. Ce
n'est pas seulement en paroles, qu'ils distinguent la substance
d'avec la génération, et les objets intelligibles d'avec les visibles,
qu'ils attachent la vérité à la substance, et qu'ils fuient de tout leur
pouvoir l'erreur jointe à la génération. Ils regardent, selon les
enseignements qu'ils ont reçus, non les choses produites par la
génération, qui étant visibles, ne peuvent être que pour un temps,
mais de bien meilleures choses, soit qu'on veuille les appeler
substance, soit qu'on les nomme spirituelles, parce que elles ne se
connaissent que par l'entendement, soit qu'on leur donne le nom
d'invisibles, parce qu'elles ne tombent pas sous les sens (II Cor.,
IV, 18]. Si les disciples de Jésus jettent les yeux sur les choses qui
sont produites par la génération, ce n'est qu'afin de s'en servir
comme de degrés, pour s'élever à la connaissance des objets
intelligibles. Car les choses divines, qui sont invisibles dans la
création du monde, c'est-à-dire, les êtres intelligibles, se
connaissent par la voie de la contemplation, quand on les considère
dans les ouvrages visibles (Rom.. I, 20). Lorsque les chrétiens se
sont ainsi élevés, par le moyen des créatures de ce monde, à ces
choses divines qui sont invisibles, ils ne s'y arrêtent pas; mais après
s'y être suffisamment exercés et en avoir compris la nature, ils
montent jusqu'à la puissance éternelle de Dieu, en un mot, à sa
Divinité. Ils savent que ce Dieu, plein de bonté pour les hommes, a
voulu que sa vérité et ce qui peut le faire connaître (Ibid.,10) fût
clairement découvert, non seulement à ceux qui se consacrent à lui,
mais à quelques-uns, même de ceux qui sont éloignés de la solide
piété et du pur service qu'il demande. Que cependant, plusieurs de
ceux qui, par la Providence de Dieu, étaient parvenus à la
connaissance de ces choses si élevées, sont des impies qui, ne
faisant rien de digne de leur connaissance, retiennent la vérité dans
l'injustice (Ibid., 18), et qui ne sauraient plus y trouver d'excuse
(Ibid., 20) auprès de Dieu, après les sublimes connaissances qu'il
leur a données.
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