[5,65] Ἐπεὶ δέ φησιν ὅτι πάντων ἀκούσει τῶν ἐπὶ τοσοῦτον
διεστηκότων λεγόντων τό· «Ἐμοὶ κόσμος ἐσταύρωται,
κἀγὼ κόσμῳ», καὶ τοῦτο ψεῦδος διελέγξομεν. Εἰσὶ γάρ
τινες αἱρέσεις τὰς Παύλου ἐπιστολὰς τοῦ ἀποστόλου μὴ
προσιέμεναι, ὥσπερ Ἐβιωναῖοι ἀμφότεροι καὶ οἱ καλούμενοι
Ἐγκρατηταί. Οὐκ ἂν οὖν οἱ μὴ χρώμενοι τῷ ἀποστόλῳ ὡς
μακαρίῳ τινὶ καὶ σοφῷ λέγοιεν τό· «Ἐμοὶ κόσμος ἐσταύρωται,
κἀγὼ κόσμῳ»· διὸ καὶ ἐν τούτῳ ὁ Κέλσος ψεύδεται.
Καὶ ἐπιδιατρίβει γε κατηγορῶν τῆς ἐν ταῖς αἱρέσεσι διαφορᾶς·
οὐ πάνυ δέ μοι δοκεῖ διαρθροῦν ἃ λέγει οὐδ´ ἐπιμελῶς
αὐτὰ τεθεωρηκέναι οὐδὲ κατανενοηκέναι, πῶς πλεῖον
Ἰουδαίων ἐπίστασθαι λέγουσιν ἑαυτοὺς οἱ ἐν τοῖς λόγοις
διαβεβηκότες Χριστιανοί, καὶ πότερον τοῖς μὲν βιβλίοις
συγκατατιθέμενοι τὸν δὲ νοῦν ἀντεξηγούμενοι, ἢ οὐδὲ
συγκατατιθέμενοι τοῖς ἐκείνων γράμμασιν· ἑκάτερα γὰρ
εὕροιμεν ἂν ἐν ταῖς αἱρέσεσι.
Μετὰ ταῦτά φησι· Φέρ´ οὖν, εἰ καὶ μηδεμίαν ἀρχὴν τοῦ
δόγματος ἔχουσιν, αὐτὸν ἐξετάσωμεν τὸν λόγον· πρότερον
δὲ ὅσα παρακηκοότες ὑπ´ ἀγνοίας διαφθείρουσιν, οὐκ
ἐμμελῶς ἐν ἀρχαῖς εὐθὺς ἀπαυθαδιαζόμενοι περὶ ὧν οὐκ
ἴσασι, λεκτέον· ἔστιν δὲ τάδε. Καὶ εὐθέως λέξεσί τισι, τοῖς
πιστεύουσι τῷ Χριστιανῶν λόγῳ συνεχῶς ὀνομαζομέναις,
ἀντιπαρατίθησιν ἀπὸ τῶν φιλοσόφων, βουλόμενος τὰ καλὰ
τῶν νομιζομένων Κέλσῳ παρὰ Χριστιανοῖς λέγεσθαι καὶ
βέλτιον καὶ τρανότερον εἰρῆσθαι παρὰ τοῖς φιλοσοφοῦσιν,
ἵνα περισπάσῃ ἐπὶ φιλοσοφίαν τοὺς ἁλισκομένους ὑπὸ τῶν
αὐτόθεν ἐμφαινόντων δογμάτων τὸ καλὸν καὶ τὸ εὐσεβές.
Καὶ τὸν πέμπτον δὴ τόμον αὐτόθι καταπαύσαντες ἀρξώμεθα
τοῦ ἕκτου ἀπὸ τῶν ἑξῆς.
| [5,65] Mais
puisqu'il dit des chrétiens en général, que quoiqu'ils aient de telles
disputes entr'eux, on les entend dire tous : "Le monde est crucifié pour
moi, et je le suis pour le monde" ; il faut lui montrer que cela même est
faux. En effet, il y a des hérétiques qui ne reçoivent pas les Épîtres de
saint Paul, tels que sont les ébionites tant de l'une que de l'autre
espèce, et ceux qu'on appelle encratites. Des personnes qui ne
reconnaissent pas l'Apôtre pour un homme saint et bienheureux n'ont gardé
de dire avec lui : "Le monde est crucifié pour moi, et je le suis pour le
monde". Celse se trompe donc en cela ; il insiste fort longtemps sur
l'accusation qu'il tire de cette diversité de sectes, mais il me paraît
peu exact à débrouiller et à éclaircir les choses. Il n'a pas assez
soigneusement considéré, ni assez nettement compris comment les chrétiens
avancés en connaissance se vantent d'en savoir plus que les Juifs; si
c'est en recevant les mêmes livres que les Juifs reçoivent., mais en leur
donnant un autre sens, ou si c'est en rejetant ces livres ; car de ces
deux partis, il y a des sectes qui prennent l'un, et d'autres qui prennent
l'autre. Il dit ensuite : Voyons donc et quoique leurs dogmes n'aient rien
dans leur origine qui puisse les autoriser, examinons la doctrine en
elle-même. Il faut premièrement faire voir combien ils prennent mal les
choses, gâtant par leur ignorance tout ce qui leur passe par les mains, et
parlant avec une fierté mal fondée de ce dont ils ne savent pas même les
premiers principes. Voici que c'est. Après quoi, il oppose a quelques
maximes que les chrétiens ont continuellement à la bouche, d'autres
maximes des philosophes, voulant que ce qu'il y a de plus beau dans ce
qu'il attribue aux chrétiens, soit dit par les philosophes avec plus de
force et de clarté, et tâchant ainsi d'entraîner vers la philosophie ceux
qui s'étaient rendus aux beautés du christianisme, où la piété paraît dès
le premier abord dans tout son éclat ; mas finissons ce cinquième livre,
et passons au sixième.
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