[5,36] Οἷος δὲ καὶ ὁ τοῦ Ἡροδότου ἐστὶν Ἄμμων, οὗ τὰς
λέξεις ὁ Κέλσος παρείληφεν, ὡς εἰς ἀπόδειξιν περὶ τοῦ δεῖν
ἕκαστον τὰ πάτρια τηρεῖν; Ὁ γὰρ Ἄμμων αὐτῶν τοῖς τῶν
ἀπὸ Μαρέης πόλεως καὶ Ἄπιος οἰκοῦσι τὰ πρόσουρα τῇ
Λιβύῃ οὐκ ἐᾷ ἀδιαφορεῖν πρὸς τὴν χρῆσιν τῶν θηλέων
βοῶν· ὅπερ πρᾶγμα οὐ μόνον τῇ φύσει ἑαυτοῦ ἀδιάφορόν
ἐστιν, ἀλλὰ καὶ οὐ κωλύει καλὸν καὶ ἀγαθὸν εἶναί τινα.
Καὶ εἰ μὲν ὁ Ἄμμων αὐτῶν ἀπηγόρευε τὴν χρῆσιν τῶν
θηλειῶν βοῶν διὰ τὸ εἰς γεωργίαν τοῦ ζῴου χρήσιμον καὶ
πρὸς τούτῳ διὰ τὸ διὰ τῶν θηλέων μάλιστα αὔξειν τὸ γένος
αὐτῶν, τάχα ἂν εἶχε πιθανότητα ὁ λόγος· νυνὶ δὲ ἅπαξ
βούλεται αὐτοὺς ὡς ἐμπίνοντας τοῦ Νείλου δεῖν τηρεῖν τοὺς
Αἰγυπτίων περὶ θηλειῶν βοῶν νόμους. Καὶ ἐπὶ τούτῳ γε
τωθάζων ὁ Κέλσος τοὺς παρὰ Ἰουδαίοις ἀγγέλους πρεσβεύοντας
τὰ τοῦ θεοῦ οὐ κακίονα ἔφησεν εἶναι τὸν Ἄμμωνα
πρὸς τὸ διαπρεσβεῦσαι τὰ δαιμόνια ἢ οἱ Ἰουδαίων ἄγγελοι·
ὧν οὐκ ἐξήτασε τοὺς λόγους καὶ τὰς ἐπιφανείας, τί βούλονται.
Ἑωράκει γὰρ ἂν ὅτι οὐ «τῶν βοῶν μέλει τῷ θεῷ», ἔνθα
καὶ δοκεῖ περὶ βοῶν ἢ ἀλόγων ζῴων νομοθετεῖν, ἀλλὰ τὰ
δι´ ἀνθρώπους γραφέντα ἐν προσχήματι τῷ περὶ ἀλόγων
ζῴων φυσιολογίαν τινὰ περιέχει.
Κέλσος μὲν οὖν οὐδὲν ἄδικόν φησι ποιεῖν ἕκαστον, τὰ
σφέτερα νόμιμα θρησκεύειν ἐθέλοντα· καὶ ἀκολουθεῖ
κατ´ αὐτὸν μηδὲν ἄδικον ποιεῖν Σκύθας, ἐπεὶ κατὰ τὰ
πάτρια δαίνυνται ἀνθρώπους. Καὶ Ἰνδῶν δὲ οἱ τοὺς πατέρας
ἐσθίοντες ὅσια δρᾶν νομίζουσι, καὶ κατὰ τὸν Κέλσον, ἢ οὐκ
ἄδικά γε. Ἐκτίθεται γοῦν Ἡροδότου λέξιν συναγορεύουσαν
τὸ ἕκαστον τοῖς πατρίοις νόμοις καθηκόντως χρῆσθαι, καὶ
ἔοικεν ἀποδεχομένῳ τοὺς ἐπὶ Δαρείου Καλλατίας καλουμένους
Ἰνδοὺς τοὺς γονεῖς κατεσθίοντας, ἐπεὶ πρὸς τὸν
Δαρεῖον πυνθανόμενον, ἐπὶ πόσῳ χρήματι ἀποθέσθαι τοῦτον
τὸν νόμον βούλονται, ἀναβοήσαντες μέγα εὐφημεῖν αὐτὸν
ἐκέλευον.
| [5,36] C'est où nous conduit ce Jupiter Ammon
dont parle Hérodote, dans les paroles que Celse a citées, comme pour
prouver démonstrativement que chacun doit suivre les coutumes de son pays;
car leur Ammon ne souffre pas que les habitants de la ville de Marée, et
de celle d'Apis, situées sur les frontières de la Libye, tiennent l'usage
de la chair de vache pour une chose indifférente, ce qui néanmoins est si
indifférent de soi-même, qu'il n'empêche point qu'un homme ne soit
vertueux. Encore si Ammon avait défendu de manger de ces animaux parce
qu'ils sont utiles pour l'agriculture, et que d'ailleurs, ce sont les
femelles qui contribuent le plus à la multiplication de l'espèce, cela
aurait peut-être quelque couleur : mais il veut uniquement qu'à cause que
les habitants de ces villes boivent des eaux du Nil, ils soient obligés
d'observer les coutumes des Égyptiens touchant les vaches. Celse prend
même de là occasion d'insulter aux anges des Juifs, aux ministres de Dieu,
en disant qu'Ammon ne mérite pas moins qu'on lui défère sur le sujet des
choses divines que ces anges (I Cor., IX, 9 ). Mais s'il avait bien
examiné le but de leurs apparitions, et le sens de leurs discours, il
aurait compris que Dieu se met peu en peine de ce qui regarde les boeufs,
lors même qu'il semble faire des lois pour eux ou pour les autres animaux
sans raison ; et il aurait vu que cela est écrit pour les hommes, à qui
des certaines vérités naturelles sont représentées sous l'image de ces
animaux. Il prétend qu'il n'y ait point d'injustice que chacun observe ses
propres cérémonies. D'où il suit que, selon lui, les Scythes ne font rien
d'injuste, lorsqu'ils mangent des hommes, suivant la coutume de leur pays
; et que ces peuples des Indes, qui se font un devoir de piété de manger
leurs pères, sont bien fondés aussi, ou que du moins ils ne font point
d'injustice. En effet, il rapporte un passage d'Hérodote pour faire voir
que chacun fait bien de suivre les lois de son pays, et il donne lieu de
croire qu'il approuve le sentiment de ces Indiens Callaties qui mangent
leurs pères, et qui, lorsque Darius leur demanda pour combien ils
voudraient renoncer à cette coutume, se récrièrent, le priant de ne leur
point faire une telle proposition.
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