[5,29] Δοκεῖ δή μοι παρακηκοέναι τινῶν ὁ Κέλσος περὶ τῆς
διανεμήσεως τῶν ἐπὶ γῆς μυστικωτέρων λόγων, ὧν ἐφάπτεται
μέν πως καὶ ἡ ἑλληνικὴ ἱστορία, εἰσαγαγοῦσά τινας τῶν
νομιζομένων θεῶν περὶ τῆς Ἀττικῆς πρὸς ἀλλήλους ἡμιλλῆσθαι,
ποιοῦσα δὲ παρὰ τοῖς ποιηταῖς τινας τῶν λεγομένων
θεῶν ὁμολογεῖν τινας τόπους οἰκειοτέρους αὐτοῖς. Καὶ ἡ
βαρβαρικὴ δὲ ἱστορία καὶ μάλιστα ἡ Αἰγυπτίων τοιαῦτά
τινα ἐμφαίνει περὶ τοῦ μερισμοῦ τῶν τῆς Αἰγύπτου καλουμένων
νομῶν, λέγουσα ὅτι ἡ λαχοῦσα τὴν Σάϊν Ἀθηνᾶ ἡ
αὐτὴ ἔχει καὶ τὴν Ἀττικήν. Αἰγυπτίων δὲ οἱ λόγιοι μυρία
ὅσα τοιαῦτα φήσουσιν, οὐκ οἶδα δ´ εἰ καὶ Ἰουδαίους συμπαραλαμβάνοντες
καὶ τὴν χώραν αὐτῶν τῇ πρός τινα διανεμήσει.
Ἀλλὰ περὶ μὲν τῶν ἔξω τοῦ θείου λόγου λεγομένων εἰς
ταῦτα ἅλις ἐπὶ τοῦ παρόντος.
Φαμὲν δ´ ὅτι ὁ καθ´ ἡμᾶς προφήτης τοῦ θεοῦ καὶ γνήσιος
θεράπων αὐτοῦ Μωϋσῆς ἐν τῇ τοῦ Δευτερονομίου ᾠδῇ
ἐκτίθεται περὶ τοῦ μερισμοῦ τῶν ἐπὶ γῆς τοιαῦτα λέγων·
«Ὅτε διεμέριζεν ὁ ὕψιστος ἔθνη, ὡς διέσπειρεν υἱοὺς
Ἀδάμ, ἔστησεν ὅρια ἐθνῶν κατὰ ἀριθμὸν ἀγγέλων θεοῦ, καὶ
ἐγενήθη μερὶς κυρίου λαὸς αὐτοῦ Ἰακώβ, σχοίνισμα κληρονομίας
αὐτοῦ Ἰσραήλ.» Τὰ δὲ περὶ τῆς διανεμήσεως τῶν
ἐθνῶν ὁ αὐτὸς Μωϋσῆς ἐν τῷ ἐπιγεγραμμένῳ βιβλίῳ Γένεσις
ἐν ἱστορίας τρόπῳ φησὶν οὕτως· «Καὶ ἦν πᾶσα ἡ γῆ
χεῖλος ἕν, καὶ φωνὴ μία πᾶσι. Καὶ ἐγένετο ἐν τῷ κινῆσαι
αὐτοὺς ἀπ´ ἀνατολῶν εὗρον πεδίον ἐν γῇ Σενναάρ, καὶ
κατῴκησαν ἐκεῖ»· καὶ μετ´ ὀλίγα· «Κατέβη, φησί,
κύριος ἰδεῖν τὴν πόλιν καὶ τὸν πύργον, ὃν ᾠκοδόμησαν οἱ
υἱοὶ τῶν ἀνθρώπων. Καὶ εἶπε κύριος· Ἰδοὺ γένος ἓν καὶ
χεῖλος ἓν πάντων· καὶ τοῦτο ἤρξαντο ποιῆσαι, καὶ νῦν οὐκ
ἐκλείψει ἀπ´ αὐτῶν πάντα, ὅσα ἂν ἐπιθῶνται ποιεῖν· δεῦτε
καὶ καταβάντες συγχέωμεν ἐκεῖ τὴν γλῶσσαν αὐτῶν, ἵνα
μὴ ἀκούσωσιν ἕκαστος τὴν φωνὴν τοῦ πλησίον αὐτοῦ. Καὶ
διέσπειρεν αὐτοὺς κύριος ἐκεῖθεν ἐπὶ πρόσωπον πάσης τῆς
γῆς, καὶ ἐπαύσαντο οἰκοδομοῦντες τὴν πόλιν καὶ τὸν πύργον.
Διὰ τοῦτο ἐκλήθη τὸ ὄνομα αὐτῆς Σύγχυσις, ὅτι ἐκεῖ
συνέχεε κύριος ὁ θεὸς τὰ χείλη πάσης τῆς γῆς, κἀκεῖθεν
διέσπειρεν αὐτοὺς κύριος ὁ θεὸς ἐπὶ πρόσωπον πάσης τῆς
γῆς.» Καὶ ἐν τῇ ἐπιγεγραμμένῃ δὲ Σολομῶντος Σοφίᾳ
περὶ τῆς σοφίας καὶ τῶν κατὰ τὴν σύγχυσιν τῶν διαλέκτων,
ἐν ᾗ γεγένηται ὁ μερισμὸς τῶν ἐπὶ τῆς γῆς, τοιαῦτα περὶ
τῆς σοφίας εἴρηται· «Αὕτη καὶ ἐν ὁμονοίᾳ πονηρίας ἐθνῶν
συγχυθέντων ἔγνω τὸν δίκαιον, καὶ ἐφύλαξεν αὐτὸν ἄμεμπτον
τῷ θεῷ καὶ ἐπὶ τέκνου σπλάγχνοις ἰσχυρὸν ἐφύλαξε.»
Πολὺς δ´ ὁ λόγος καὶ μυστικὸς ὁ περὶ τούτων, ᾧ ἁρμόζει
τό· «Μυστήριον βασιλέως κρύπτειν καλόν»· ἵνα μὴ εἰς
τὰς τυχούσας ἀκοὰς ὁ περὶ ψυχῶν οὐκ ἐκ μετενσωματώσεως
εἰς σῶμα ἐνδουμένων λόγος ῥιπτῆται, μηδὲ τὰ ἅγια διδῶται
«τοῖς κυσί», μηδ´ οἱ μαργαρῖται παραβάλλωνται χοίροις.
Ἀσεβὲς γὰρ τὸ τοιοῦτο, προδοσίαν περιέχον τῶν ἀπορρήτων
τῆς τοῦ θεοῦ σοφίας λογίων, περὶ ἧς καλῶς γέγραπται·
«Εἰς κακότεχνον ψυχὴν οὐκ εἰσελεύσεται σοφία οὐδὲ
κατοικήσει ἐν σώματι κατάχρεῳ ἁμαρτίας.» Ἀρκεῖ δὲ τὰ
κεκρυμμένως ὡς ἐν ἱστορίας τρόπῳ εἰρημένα κατὰ τὸν τῆς
ἱστορίας παραστῆσαι τρόπον, ἵν´ οἱ δυνάμενοι ἑαυτοῖς
ἐπεξεργάσωνται τὰ κατὰ τὸν τόπον.
| [5,29] Il semble
qu'il ait entendu parler confusément de cette division de la terre, qui
est un mystère peu connu, bien que les Grecs ne l'aient pas entièrement
ignoré, puisque leur histoire nous représente quelques-uns de leurs dieux
qui disputant pour la possession de l'Attique ; et que dans leurs poètes,
il y a de ces fausses divinités qui témoignent une affection particulière
pour certains lieux. L'histoire barbare même, et entre autres celle
d'Égypte, marque quelque chose de pareil sur la distribution des provinces
de ce pays-là, disant que la province de Saïs est échue à Minerve aussi
bien que le pays d'Attique. Les savants d'entre les Égyptiens disent une
infinité de choses semblables touchant cette division ; et je ne sais
s'ils n'y comprennent pas même les Juifs et leur pays. Mais pour cette
heure, c'est assez parlé de ce qui n'est pas fondé sur la révélation
divine. Voyons ce que Moïse, qui a été, selon nous, un prophète de Dieu et
un de ses vrais serviteurs, dit là-dessus dans le cantique du Deutéronome
; car nous croyons que c'est du partage de la terre qu'il faut entendre
ces paroles : "Quand le Dieu Très-Haut partagea les nations et qu'il sépara
les enfants d'Adam les uns d'avec les autres, il établit les bornes des
peuples selon le nombre des anges de Dieu; mais la portion du Seigneur, ce
fut Jacob, son peuple, et le lot de son partage, ce fut Israël" (Deuter.,
XXXII, 8, 9). Le même Moïse nous représente sous le voile d'une narration
historique, dans son livre appelé la Genèse, de quelle manière les peuples
furent divisés. Alors, dit-il, toute la terre avait une même langue et les
hommes s'entendaient tous; mais quand ils partirent d'Orient ils
trouvèrent une campagne au pays de Sennaar où ils s'arrêtèrent (Gen., II,
1,2 ). Et un peu après: Le Seigneur descendit pour voir la ville et la
tour que bâtissaient les enfants des hommes : et le Seigneur dit : Ce
n'est ici qu'un même peuple, ils parlent tous une même langue ; voici le
commencement de leurs entreprises, et désormais tout ce qu'ils
entreprendront ils en viendront à bout. Venez, descendons et confondons
ici leur langue, afin qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres.
Ainsi le Seigneur les dispersa de là sur toute la terre ; et ils
commencèrent à bâtir la ville et la tour. C'est pourquoi elle fut nommée
Confusion ; parce que le Seigneur confondit là la langue de tous les
hommes et qu'il les dispersa de là sur toute la terre (Ibid. 5 etc.). Et
dans le livre appelé la Sagesse de Salomon, voici comment il parle de la
sagesse et de cette confusion des langues, qui fut suivie du partage de la
terre : Quand les nations furent confuses dans leur méchante conspiration,
la sagesse connut le juste, elle le consacra irrépréhensible devant Dieu,
et l'aimant tendrement comme son fils, elle fit qu'il demeura plein de
force (Sag., X, 5). Il y aurait ici à faire beaucoup de considérations
très profondes; mais on y peut appliquer ce mot : Qu'il est bon de cacher le
secret du roi ; de peur que, versant dans les oreilles profanes la
doctrine qui nous enseigne de quelle manière différente de la
transmigration les âmes viennent animer les corps, l'on ne donne les
choses saintes aux chiens, et l'on ne jette les perles devant les
pourceaux (Tob., XII, 7; Matth., VII, 6 ). Car ce serait être impie que de
trahir ainsi les secrets de la sagesse de Dieu, et d'en divulguer mal à
propos les mystères, puisqu'il a été fort bien dit que la sagesse n'entre
point dans une âme maligne, et qu elle n'habite point dans un corps
assujetti au péché (Sag., l, 4). Il suffit de proposer, en forme
d'histoire, ce qui a été caché sous le voile des expressions historiques :
les personnes intelligentes sauront bien pénétrer plus avant.
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