[5,24] Ἅπαξ δ´ εἰπόντες ὅτι οὐδὲν μὴ πρέπον ἑαυτῷ ὁ θεὸς
βούλεται, ἀναιρετικὸν τυγχάνον τοῦ εἶναι αὐτὸν θεόν,
φήσομεν ὅτι, ἐάν τι κατὰ τὴν μοχθηρίαν ἑαυτοῦ ἄνθρωπος
βδελυρὸν βούληται, τοῦτο οὐ δυνήσεται ὁ θεός. Οὕτω δὲ οὐκ
ἐσμὲν φιλόνεικοι πρὸς τὰ ὑπὸ Κέλσου λεγόμενα, ἀλλὰ
φιλαλήθως αὐτὰ ἐξετάζοντες συμφήσομεν ὅτι οὐκ ἔστι τῆς
πλημμελοῦς ὀρέξεως οὐδὲ τῆς πεπλανημένης ἀκοσμίας ἀλλὰ
τῆς ὀρθῆς καὶ δικαίας φύσεως ὁ θεὸς ἀρχηγέτης, ἅτε
ἀρχηγέτης τυγχάνων παντὸς καλοῦ· καὶ ἄλλο ὅτι ψυχῆς
αἰώνιον βιοτὴν δύναται παρασχεῖν ὁμολογοῦμεν, καὶ οὐ
μόνον δύναται ἀλλὰ καὶ παρέχει. Οὐδὲν δὲ μάλιστα διὰ τὰ
προειρημένα λυπεῖ ἡμᾶς οὐδὲ τὸ ὑπὸ Ἡρακλείτου λεγόμενον,
ὅπερ Κέλσος παρείληφεν, ὅτι «νέκυές εἰσι κοπρίων ἐκβλητότεροι»·
καίτοι γε εἴποι τις ἂν καὶ περὶ τούτου ὅτι τὰ
μὲν κόπρια ἐκβλητά ἐστιν, οἱ δ´ ἐξ ἀνθρώπου νέκυες διὰ τὴν
ἐνοικήσασαν ψυχήν, καὶ μάλιστα ἐὰν ᾖ ἀστειοτέρα, οὐκ
ἐκβλητοί. Κατὰ γὰρ τοὺς ἀστειοτέρους τῶν νόμων μετὰ τῆς
ἐνδεχομένης ὡς πρὸς τὰ τοιαῦτα τιμῆς ταφῆς ἀξιοῦνται·
ἵνα μὴ ὑβρίζωμεν τῇ δυνάμει τὴν ἐνοικήσασαν ψυχήν,
ἀπορριπτοῦντες μετὰ τὸ ἐξελθεῖν ἐκείνην τὸ σῶμα ὡς καὶ
τὰ τῶν κτηνῶν σώματα. Μὴ βουλέσθω οὖν ὁ θεὸς παραλόγως
αἰώνιον ἀποφῆναι μήτε τὸν τοῦ «σίτου» «κόκκον» ἀλλ´ εἰ
ἄρα τὸν ἐξ αὐτοῦ στάχυν, μηδὲ τὸ σπειρόμενον «ἐν φθορᾷ»
ἀλλὰ τὸ ἀπ´ αὐτοῦ ἐγειρόμενον «ἐν ἀφθαρσίᾳ». Ἀλλὰ καὶ
ὁ τῶν πάντων λόγος ἐστὶ κατὰ μὲν Κέλσον αὐτὸς ὁ θεός,
κατὰ δὲ ἡμᾶς ὁ υἱὸς αὐτοῦ· περὶ οὗ φιλοσοφοῦντες λέγομεν
τό· «Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν,
καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος.» Ἀλλὰ καὶ καθ´ ἡμᾶς οὐδὲν οἷός τε
παράλογον οὐδὲ παρ´ ἑαυτὸν ἐργάσασθαί ἐστιν ὁ θεός.
| [5,24] Ayant une fois posé que Dieu ne veut rien qui lui soit mal convenable, ni
d'où il suive qu'il ne serait plus Dieu, nous sommes prêts à avouer aussi
que s'il y a quelqu'un à qui ses désirs déréglés aient mis dans l'esprit
une chose digne d'horreur, ce n'est pas à dire que Dieu la puisse faire,
car ce n'est point par un esprit de dispute, mais pour le seul intérêt de
la vérité, que nous examinons l'écrit de Celse, et nous reconnaissons avec
lui que Dieu, qui est le principe de tout bien, n'est point l'exécuteur de
nos fantaisies criminelles, ni l'auteur de l'impureté et du désordre, mais
qu'il est le directeur de la nature où il n'y a rien que de droit et de
juste. Nous confessons encore, comme l'on sait, que Dieu peut donner une
vie immortelle à l'âme, et que non seulement il le peut, mais qu'il le
fait même. Après ce que nous avons dit, il n'y a rien qui doive nous faire
de la peine dans le mot d'Héraclite que Celse rapporte, qu'il faut faire
moins d'état d'un corps mort que si c'était du fumier. Cependant on
pourrait bien dire que le fumier n'est bon qu'à être jeté dehors, mais
que, pour le corps mort d'un homme, on ne le doit pas traiter de même, à
cause de l'âme qu'il a logée, principalement si elle a été vertueuse.
Aussi les nations les mieux policées le font-elles ensevelir avec
l'honneur qui est convenable en de telles occasions, de peur que, le
jetant là comme les corps des bêtes, nous ne fassions, autant qu'il dépend
de nous, injure à l'âme qui en est sortie. Qu'il soit donc contre toute
raison d'immortaliser le grain de blé ou ce qui est mis en terre dans un
état de corruption, nous y consentons volontiers; mais nous disons que
c'est, par manière de parler, l'épi qui doit sortir de ce grain, que c'est
ce qui doit ressusciter incorruptible, que Dieu veut rendre immortel.
Selon Celse, c'est Dieu lui-même qui est la souveraine raison de tous les
êtres ; mais, selon nous, c'est son Fils de qui nos philosophes disent :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe
était Dieu. Ce qui dans le fond n'empêche pas que nous n'avouions avec
Celse que Dieu ne saurait rien faire contre la raison qu'il ne le fît
contre lui-même.
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