[3,7] Καίτοι γε βαθύτερον ἐξετάζοντα τὰ πράγματα ἔστιν
εἰπεῖν περὶ μὲν τῶν ἐξεληλυθότων ἐκ γῆς Αἰγύπτου ὅτι
παραδόξως ὁ πᾶς λεὼς οἱονεὶ θεοδώρητον διάλεκτον ἀθρόως
ἀνείληφε τὴν καλουμένην ἑβραίαν· ὡς καὶ τῶν παρ´ αὐτοῖς
τις εἶπε προφητῶν ὅτι «ἐν τῷ ἐξελθεῖν αὐτοὺς ἐκ γῆς Αἰγύπτου
γλῶσσαν, ἣν οὐκ ἔγνω, ἤκουσεν». Καὶ οὕτω δὲ
κατασκευαστέον ὅτι οὐκ Αἰγύπτιοι ἦσαν οἱ ἐξεληλυθότες
μετὰ Μωϋσέως τὴν Αἴγυπτον· εἰ μὲν Αἰγύπτιοι ἦσαν,
ἐχρῆν αὐτῶν τὰ ὀνόματα εἶναι αἰγύπτια, ὡς ἑκάστῃ διαλέκτῳ
συγγενεῖς εἰσιν αἱ προσηγορίαι· εἰ δ´ ἐκ τῶν ὀνομάτων
ἑβραϊκῶν ὄντων σαφὲς ὅτι οὐκ Αἰγύπτιοι ἦσαν—πλήρης
γὰρ ἡ γραφὴ τῶν ἑβραϊκῶν ὀνομάτων καὶ τῶν ἐν Αἰγύπτῳ
τοιαῦτα θεμένων τοῖς υἱοῖς—, δῆλον ὅτι ψεῦδος τὸ λεγόμενον
ὑπὸ τῶν Αἰγυπτίων, ὅτι Αἰγύπτιοι ὄντες ἀπηλάθησαν μετὰ
Μωϋσέως ἀπὸ τῆς Αἰγύπτου· καὶ σαφῶς ἐναργές ἐστιν ὅτι
ἐκ προγόνων ἑβραίων κατὰ τὴν παρὰ Μωϋσεῖ ἀναγραφεῖσαν
ἱστορίαν τὸ γένος ἔχοντες ἰδίᾳ διαλέκτῳ ἐχρῶντο, ἀφ´
ἧς καὶ τὰ ὀνόματα τοῖς υἱοῖς ἐτίθεντο.
| [3,7] Mais s'il est faux que les Hébreux soient originairement des Égyptiens,
unis ensemble par la révolte, il n'est pas plus vrai que ce soit l'esprit
de sédition qui, du temps des Juifs, ait porté une partie des Juifs à se
séparer des autres pour le suivre ; car ni Celse, ni ses partisans, ne
sauraient rien faire voir parmi les chrétiens qui sente la sédition. Et si
leur société devait leur naissance à un soulèvement, s'étant ainsi formée
au milieu du peuple juif, qui ne se fait pas scrupule de prendre les armes
pour repousser ses ennemis, il n'est nullement croyable que leur
législateur leur eût absolument défendu d'ôter la vie à qui que ce soit
(Matth. XXVI, 52). Cependant il a déclaré que ses disciples, quelque
injuste qu'un homme pût être, ne pouvaient jamais avec justice rien
entreprendre contre lui : et il n'a pas cru que des lois divines comme les
siennes dussent en aucune façon permettre le meurtre. Il n'y a pas plus
d'apparence que les chrétiens, s'étant établis par la sédition, eussent
voulu recevoir des lois si ennemies de la violence, qu'elles les obligent
à se laisser égorger comme des brebis, sans leur donner la liberté de se
défendre le moins du monde contre ceux qui les persécutent (Rom. VIII, 35
ou 36). Qui voudrait au reste approfondir les choses, pourrait dire, sur
le sujet de ceux qui sortirent hors d'Égypte, qu'il y eut du miracle dans
la manière dont tout ce peuple reprit en un instant l'usage de la langue
hébraïque, comme si elle lui eût été inspirée de Dieu : et c'est ce que
veut signifier un de leurs prophètes, lorsqu'il dit, que quand ils
sortirent d'Égypte, ils ouïrent un langage qu'ils n'entendaient point (Ps.
LXXX ou LXXXI, 6). L'on peut encore faire ce raisonnement pour prouver que
ceux qui sortirent d'Égypte avec Moïse n'étaient pas Égyptiens; c'est que
s'ils avaient été Égyptiens, leurs noms l'auraient aussi été, comme on
voit que ceux de chaque peuple sont tirés de la langue de son pays. Mais
les noms d'origine hébraïque qu'ils donnaient à leurs enfants dans
l'Égypte même, comme il y en a une infinité d'exemples dans l'Écriture,
font bien voir qu'ils y demeuraient en qualité d'étrangers, et par
conséquent qu'il est faux, qu'étant originaires d'Égypte, ils en aient été
chassés avec Moïse, comme les Égyptiens le soutiennent. On connaît par-là
évidemment, au contraire, la vérité de ce que Moïse écrit dans son
histoire, qu'ils étaient descendus d'ancêtres hébreux, puisqu'ils en
conservaient la langue jusque dans les noms de leurs enfants.
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