| [3,38] Περὶ μὲν οὖν τοῦ Ἀντινόου ἤ τινος ἄλλου τοιούτου,
εἴτε παρ´ Αἰγυπτίοις εἴτε παρ´ Ἕλλησι, πίστις ἐστίν, ἵν´
οὕτως ὀνομάσω, ἀτυχής· περὶ δὲ τοῦ Ἰησοῦ ἤτοι δόξασα
ἂν εἶναι εὐτυχὴς ἢ καὶ βεβασανισμένως ἐξητασμένη, δοκοῦσα
μὲν εὐτυχὴς παρὰ τοῖς πολλοῖς βεβασανισμένως δὲ ἐξητασμένη 
παρὰ πάνυ ὀλιγωτάτοις. Κἂν λέγω δέ τινα πίστιν
εἶναι, ὡς ἂν οἱ πολλοὶ ὀνομάσαιεν, εὐτυχῆ, καὶ περὶ ταύτης
ἀναφέρω τὸν λόγον ἐπὶ τὸν εἰδότα θεὸν τὰς αἰτίας τῶν
ἑκάστῳ μεμερισμένων ἐπιδημοῦντι τῷ βίῳ τῶν ἀνθρώπων.
Καὶ Ἕλληνες δὲ φήσουσι καὶ ἐν τοῖς νομιζομένοις εἶναι
σοφωτάτοις κατὰ πολλὰ τὴν εὐτυχίαν εἶναι αἰτίαν, οἷον
περὶ διδασκάλων τοιῶνδε καὶ τοῦ περιπεσεῖν τοῖς κρείττοσιν,
ὄντων καὶ τῶν τὰς ἐναντίας αἱρέσεις διδασκόντων, καὶ περὶ
ἀνατροφῆς τῆς ἐν βελτίοσι. Πολλοῖς γὰρ καὶ τὰ τῆς ἀνατροφῆς
ἐν τοιούτοις γεγένηται, ὡς μηδὲ φαντασίαν ἐπιτραπῆναι
τῶν κρειττόνων λαβεῖν ἀλλ´ ἀεὶ καὶ ἐκ πρώτης ἡλικίας ἤτοι
ἐν παιδικοῖς εἶναι ἀκολάστων ἀνδρῶν ἢ δεσποτῶν ἢ ἐν
ἄλλῃ τινὶ κωλυούσῃ ἀναβλέπειν τὴν ψυχὴν κακοδαιμονίᾳ.
Τὰς δὲ περὶ τούτων αἰτίας πάντως μὲν εἰκὸς εἶναι ἐν τοῖς
τῆς προνοίας λόγοις, πίπτειν δὲ αὐτὰς εἰς ἀνθρώπους οὐκ
εὐχερές. Ἔδοξε δέ μοι ταῦτα διὰ μέσου ἐν παρεκβάσει
εἰρηκέναι διὰ τὸ τοσοῦτόν τι ποιεῖ πίστις ὁποία δὴ προκατασχοῦσα. 
Ἐχρῆν γὰρ διὰ τὰς διαφόρους ἀνατροφὰς εἰπεῖν
διαφορὰς τῶν ἐν ἀνθρώποις πίστεων, εὐτυχέστερον ἢ
ἀτυχέστερον πιστεύουσι· καὶ ἐκ τούτου ἀναβῆναι ὅτι 
δόξαι ἂν καὶ τοῖς ἐντρεχεστέροις εἰς αὐτὸ τὸ δοκεῖν εἶναι
λογικωτέροις καὶ λογικώτερον προστίθεσθαι τὰ πολλὰ
δόγμασιν ἡ ὀνομαζομένη εὐτυχία καὶ ἡ λεγομένη ἀτυχία
συνεργεῖν. Ἀλλὰ γὰρ περὶ τούτων ἅλις.
 | [3,38] Pour ce qui est donc d'Antinoüs et de ces autres qu'on adore ou en Égypte 
ou en Grèce, la foi que l'on a pour eux est, s'il faut ainsi dire, 
malheureuse ; mais celle que l'on a pour Jésus doit passer et pour 
heureuse et pour bien fondée, pour heureuse, à l'égard du commun de ceux 
qui l'embrassent ; pour bien fondée à l'égard du petit nombre de ceux qui 
l'examinent avec soin; car je ne crains pas de dire qu'à parler comme on 
parle ordinairement, il y a une sorte de foi que l'on peut nommer 
heureuse, de laquelle Dieu a les raisons par devers lui, puisque ce n'est 
point sans cause qu'il partage si diversement ses faveurs à tous les 
hommes qui viennent au monde. Et les Grecs eux-mêmes avoueront que le 
bonheur a beaucoup de part à ce qui forme ceux qu'on estime les plus sages 
; qu'il lui faut attribuer, par exemple, l'occasion de se faire instruire 
par un tel ou par un tel docteur ; la rencontre d'un maître qui suive de 
bons principes, y en ayant d'autres qui en suivent de tout contraires ; et 
l'éducation avec des personnes vertueuses. En effet on en voit plusieurs 
qui sont nourris de telle manière, qu'il ne leur est pas même permis de se 
faire aucune idée des véritables biens, et qui, dès leur enfance servent 
aux passions brutales de quelques infâmes débauchés, ou se trouvent 
réduits à être esclaves, ou tombent dans quelque pareille infortune qui 
empêche l'âme de s'élever. Il ne faut pas douter que la Providence n'ait 
de bonnes raisons de ce qu'elle fait en tout cela ; mais il est difficile 
que les hommes les découvrent. J'ai cru devoir faire cette espèce de 
digression pour répondre à ce reproche : Que peut-on attendre d'une foi 
qui embrasse le premier objet qui se présente ? Il fallait bien par la 
différence de l'éducation des hommes, montrer la différence de leur foi à 
l'égard de laquelle les uns sont plus heureux ou plus malheureux que les 
autres, et passer de là à faire voir qu'il semble que ce qu'on nomme 
bonheur ou malheur contribue, dans les plus habiles même, à produire ce 
qui leur donne tant de réputation, et à les mettre dans les sentiments 
qu'on dirait pour l'ordinaire que la raison seule leur inspire. 
Mais en voilà assez sur cette matière. 
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