[26,1] Βούλομαι καθ´ Ὅμηρον αὐτὸν παρακαλέσαι ἐπὶ τὸν
λόγον, τίνα μέντοι θεῶν, ἢ τὴν αὐτὴν ἐκείνῳ, τὴν Καλλιόπην;
ἄνδρά μοι ἔννεπε, Μοῦσα, πολύτροπον, ὃς μάλα πολλὰ
πλάγχθη·
οὐ γῆν ἄξενον ἐπιπορευόμενος, οὐδὲ θάλατταν χαλεπὴν
περαιούμενος, οὐδὲ ἀνθρώποις ἀγρίοις συμφερόμενος·
ἀλλὰ ταῦτα μὲν αὐτῷ οἱ μῦθοι ἔχουσιν· αὐτὸς δὲ τῇ
ψυχῇ, κούφῳ χρήματι καὶ πολυπλανεστέρῳ τῶν σωμάτων,
πανταχοῦ περιεφέρετο, πάντα ἐπεσκόπει, ὅσα οὐρανοῦ
κινήματα, ὅσα γῆς παθήματα, θεῶν βουλάς,
ἀνθρώπων φύσεις, ἡλίου φῶς, ἄστρων χορόν, γενέσεις
ζῴων, ἀναχύσεις θαλάττης, ποταμῶν ἐκβολάς, ἀέρων
μεταβολάς, τὰ πολιτικά, τὰ οἰκονομικά, τὰ πολεμικά,
τὰ εἰρηνικά, τὰ γαμήλια, τὰ γεωργικά, τὰ ἱππικά, τὰ
ναυτικά, τέχνας παντοίας, φωνὰς ποικίλας, εἴδη παντοδαπά,
ὀλοφυρομένους, ἡδομένους, πενθοῦντας, γελῶντας,
πολεμοῦντας, ὀργιζομένους, εὐωχουμένους,
πλέοντας· ὥστε ἔγωγε εἰς τὰς Ὁμήρου φωνὰς ἐμπεσὼν
οὐκ ἔχω παρ´ ἐμαυτοῦ τὸν ἄνδρα ἐπαινέσαι, ἀλλὰ κἀνταῦθα
δεήσομαι αὐτοῦ ἐπιδοῦναί μοι τῶν ἐπῶν, ἵνα
μὴ διαφθείρω τὸν ἔπαινον ψιλῷ λόγῳ·
ἔξοχα δή σε βροτῶν, ὦ Ὅμηρε, αἰνίζομαι πάντων,
ἢ σέ γε μοῦσα δίδαξε Διὸς παῖς, ἢ σέ γ´Ἀπόλλων.
Τὰ δὲ Μουσῶν καὶ Ἀπόλλωνος διδάγματα οὐδὲ τὴν
ἀρχὴν θέμις ἄλλό τι ὑπολαβεῖν, ἢ ἀφ´ ὧν ψυχὴ εἰς
κόσμον καθίσταται. Τοῦτο δὲ τί ἂν εἴη ἄλλο ἢ φιλοσοφία;
ταύτην δὲ τί ἄλλο ὑποληψόμεθα ἢ ἐπιστήμην
ἀκριβῆ θείων τε πέρι κἀνθρωπίνων, χορηγὸν ἀρετῆς
καὶ λογισμῶν καλῶν καὶ ἁρμονίας βίου καὶ ἐπιτηδευμάτων δεξιῶν;
| [26,1] I. A l'instar d'Homère, je veux invoquer dans ce discours quelqu'un des
Dieux, ou cette Calliope qu'il invoque lui-même : « Muse, parle-moi de cet
homme plein de sagesse qui parcourut beaucoup de régions». Non pas
d'un homme qui ait abordé à une terre inhospitalière, qui ait navigué sur
une mer orageuse, qui ait été jeté chez des peuples barbares, (car telles
sont les fables que l'on trouve dans ses poèmes); mais de cet homme dont
l'âme, substance agile, et qui voyage bien plus facilement que le corps,
se soit portée de toutes parts, ait tout contemplé, les mouvements du
ciel, les événements de la terre, les résolutions des Dieux, les
affections naturelles des hommes, la lumière du soleil, le concert des
astres, les générations des animaux, le reflux de la mer, les fleuves à
leur embouchure, les vicissitudes de l'atmosphère, la politique,
l'économie domestique, la guerre, la paix, le mariage, l'agriculture,
l'équitation, la marine, les arts divers, les divers langages, les formes
de tout genre, les hommes dans leurs situations variées, de douleur, de
volupté, de deuil, d'allégresse, de querelle, de colère, de festins, et de
navigation. Empruntons ici les propres termes d'Homère, faute d'avoir des
expressions de mon chef, pour le louer comme il le mérite ; ayons recours
à quelqu'un de ses vers, afin de ne point dégrader son éloge : « O Homère,
j'ai pour toi plus de vénération que pour nul autre des mortels ! Certes,
c'est, ou une Muse, fille de Jupiter, ou Apollon lui-même, qui t'ont formé
à leur école» ! Or, les leçons des Muses et d'Apollon, il n'est pas
le moins du monde permis de penser qu'elles consistent dans des choses
autres que celles qui sont l'ornement de l'âme. Eh! que seraient ces
choses-là, sinon la philosophie? Eh ! la philosophie elle-même, que
penserons-nous qu'elle soit, sinon la pleine science des choses divines et
humaines, laquelle nous conduit à la vertu, à là justesse du
raisonnement, à une vie bien réglée, et aux bonnes mœurs?
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