[14,3] Καὶ ὁ μὲν μῦθος ὡδὶ τελευτᾷ· μεταλαβὼν δὲ ὁ
λόγος πρὸς αὑτὸν σκοπείτω ἄν, τίσι διακρίναι τὸν
κόλακα τοῦ φίλου. Τὸν μὲν γὰρ χρυσὸν βασανίζει
λίθος, προστριβόμενον αὐτῇ· φιλίας δὲ δὴ καὶ κολακείας
τίς ἔσται βάσανος; ἆρα τὸ ἐξ ἑκατέρου τέλος;
ἀλλ´ εἰ ἀναμενοῦμεν τὸ τέλος, ἄλλη βλάβη φθήσεται
τὴν γνῶσιν· δεῖ δὲ κρῖναι, πρὶν ἄρξασθαι χρῆσθαι·
ἐὰν δὲ ὑστερῇ τῆς χρήσεως ἡ κρίσις, ὁ χρήσασθαι
φθάσας καὶ μεταγνοὺς εἰς οὐδὲν δέον τὴν κρίσιν
κατατίθεται. Βούλει τοίνυν ἡδονῇ καὶ λύπῃ κρινοῦμεν
τὸν φίλον καὶ τὸν κόλακα; Καὶ μὴν καὶ ὁ κόλαξ ὑπερβολὴν
λαβὼν ἀνιαρότατον καὶ ἐπαχθέστατον, καὶ ὁ
φίλος ἥδιστον εὐτυχίαν προσλαβών. ’Μήποτε οὖν βλάβῃ
καὶ ὠφελείᾳ τοὺς ἄνδρας κριτέον.‘ Ἀμφισβητήσιμον
καὶ τοῦτο λέγεις. Ὁ μὲν γὰρ κόλαξ, κἂν βλάψῃ, ἢ εἰς
χρήματα ἐζημίωσεν, ἢ εἰς ἡδονὴν ἐξέχεεν· ὧν τὸ μὲν
εἰς χρήματα κουφότατον, τὸ δὲ εἰς ἡδονὴν τερπνότατον·
διὰ δὲ φιλίας πολλοὶ ἤδη καὶ φυγῆς ἐκοινώνησαν, καὶ
ἀτιμίας συναπέλαυσαν, καὶ θανάτῳ περιέπεσον.
| [14,3] III. Là, se termine l'apologue. Tournons-nous à présent du côté de la
raison, et cherchons, avec elle, à quel signe l'ami peut être distingué du
flatteur. La pierre-de-touche fait connaître l'or, par le frottement.
Quelle sera notre pierre-de-touche pour la flatterie et pour l'amitié?
Sera-ce ce qui est le terme de l'une et de l'autre ? Mais, si nous
attendons jusque-là, cette marche sera sujette à un autre inconvénient.
Car, l'épreuve doit avoir lieu avant toute oeuvre. Si on n'y songe
qu'après qu'on est engagé, celui qui a commis cette imprudence, ne peut
plus, lorsqu'il se ravise, examiner et discerner comme il convient.
Veut-on donc que le flatteur et l'ami soient mis dans le creuset de la douleur
et de la volupté? Mais la flatterie, livrée à l'exagération et à
l'hyperbole, est la chose du monde la plus fâcheuse et la plus accablante ;
au lieu que l'amitié est la chose du monde la plus agréable,
lorsqu'elle prend bien son temps. Ne jugeons donc point des hommes, ni par
le bien, ni par le mal qu'ils font. Il y aurait encore ici de
l'équivoque. Car tout le tort que peut nous causer un flatteur, c'est, ou
de nous faire dévorer notre fortune, ou de nous plonger dans la volupté.
Or, la première de ces deux choses est une bagatelle. La seconde, est le
comble des plaisirs; au lieu que l'amitié a fait plusieurs fois partager
l'exil, l'opprobre, la mort.
|