[11,9] Εἰ δὲ βούλει, τῇδε εἴκαζέ μοι τὸ λεγόμενον· τὸν
μὲν θεῖον νοῦν τῷ ὁρᾶν, τὸν δὲ ἀνθρώπινον τῷ λέγειν·
ὀφθαλμοῦ μὲν γὰρ βολὴ ὀξύτατον, ἀθρόως σπῶσα
τὴν αἴσθησιν τοῦ ὁρωμένου· λόγου δὲ ἐνέργεια ἔοικεν
σχολαίῳ βαδίσματι. Μᾶλλον δὲ ταύτῃ εἰκαζέσθω· ὁ
μὲν θεῖος νοῦς κατὰ τὴν περιβολὴν τοῦ ἡλίου πάντα
ἐφορᾷ τὸν ἐν γῇ τόπον ἀθρόως, ὁ δὲ ἀνθρώπινος κατὰ
τὴν πορείαν αὐτοῦ, ἄλλοτε ἄλλα μέρη τοῦ ὅλου ἐπιπορευομένου.
Τοῦτον μὲν δὴ ὁ ἐξ Ἀκαδημίας ἡμῖν
ἄγγελος δίδωσιν πατέρα καὶ γεννητὴν τοῦ ξύμπαντος·
τούτου ὄνομα μὲν οὐ λέγει, οὐ γὰρ οἶδεν· οὐδὲ χρόαν
λέγει, οὐ γὰρ εἶδεν· οὐδὲ μέγεθος λέγει, οὐ γὰρ ἥψατο·
φύσεις αὗται, σαρκῶν καὶ ὀφθαλμῶν συνέσεις. Τὸ δὲ
θεῖον αὐτὸ ἀόρατον ὀφθαλμοῖς, ἄρρητον φωνῇ, ἀναφὲς
σαρκί, ἀπευθὲς ἀκοῇ, μόνῳ δὲ τῷ τῆς ψυχῆς καλλίστῳ
καὶ καθαρωτάτῳ καὶ νοερωτάτῳ καὶ κουφοτάτῳ καὶ
πρεσβυτάτῳ ὁρατὸν δι´ ὁμοιότητα, καὶ ἀκουστὸν διὰ
συγγένειαν, ὅλον ἀθρόον ἀθρόᾳ συνέσει παραγινόμενον.
Ὥσπερ οὖν εἴ τις ἐπιθυμεῖ ἰδεῖν τὸν ἥλιον, οὐχὶ ταῖς
ἀκοαῖς θηρᾶται αὐτοῦ τὴν σύνεσιν· οὐδὲ εἴ τις τῆς
ἐν φωναῖς ἁρμονίας ἐρᾷ, τοῖς ὀφθαλμοῖς αὐτὴν μεταδιώκει·
ἀλλ´ ὄψις μὲν ἐρᾷ χρωμάτων, ἀκοὴ δὲ ἀκουστῶν·
οὕτω καὶ νοῦς νοητὰ ὁρᾷ, καὶ νοητῶν ἀκούει.
Τοῦτ´ ἔστιν ἀμέλει τὸ τοῦ Συρακοσίου αἴνιγμα
νοῦς ὁρῇ καὶ νοῦς ἀκούει.
| [11,9] IX. Pour nous faire mieux entendre, employons une analogie. Comparons
l'intelligence divine à la vue, et l'entendement humain à la parole. L'action de l'oeil est
infiniment subtile et rapide. Il reçoit tout d'un coup le faisceau d'impressions des objets
qui s'offrent à lui. Au lieu que la parole ne va que très lentement, et comme pas à pas.
Encore une comparaison plus juste. Il en est de l'intelligence divine comme de la
lumière du soleil, qui se répand à la fois sur tous les lieux de la terre. Au lieu que
l'entendement humain, dans sa marche lente et progressive, ne parcourt et ne
découvre les objets que l'un après l'autre. Cet Athénien de l'Académie, à qui nous
devons ces révélations, nous apprend encore que cet Être est le père et le créateur de
l'univers. À la vérité, il ne dit pas son nom; c'est qu'il ne l'a pas su. Il ne dépeint point
sa couleur, c'est qu'il ne l'a jamais vu. Il ne parle pas de sa taille, parce qu'il n'en a
jamais pris la mesure. Les yeux et les autres organes nous donnent la perception de
toutes les substances; au lieu que la substance divine est invisible à l'oeil, ineffable à
la voix, impalpable aux membres du corps, insensible à l'oreille. Il n'y a que cette partie
de notre âme, la plus belle, la plus pure, la plus intelligente, la plus subtile et la
plus ancienne, qui puisse voir et comprendre l'essence divine, à cause de son
homogénéité, de sa syngénésie, et saisir dans son ensemble l'idée de cet
immense tout. De même donc que, lorsqu'on veut voir le soleil, on ne consulte pas ses
oreilles ; que, lorsqu'on veut apprécier de la musique, on ne s'adresse point à ses
yeux; mais qu'on laisse la vue juger des couleurs, et l'oreille de l'harmonie; de même,
l'entendement contemple les choses intelligibles, et entend les choses intelligibles.
Voilà, sans doute, le mot de l'énigme de ce poète de Syracuse, l'Esprit voit et
l'Esprit entend.
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