[11,10] Πῶς οὖν ὁρᾷ νοῦς; καὶ πῶς ἀκούει; Ὀρθῇ τῇ ψυχῇ
καὶ ἐρρωμένῃ, πρὸς τὸ ἀκήρατον ἐκεῖνο φῶς ἀντιβλέπων,
καὶ μὴ σκοτοδινιῶν, μηδὲ εἰς γῆν καταφερόμενος·
ἀλλὰ ἀποφράττων μὲν καὶ τὰ ὦτα, ἀποστρέφων
δὲ τὰς ὄψεις καὶ τὰς ἄλλας αἰσθήσεις ἔμπαλιν πρὸς
ἑαυτόν· καὶ ἐκλαθόμενος μὲν τῶν κάτω οἰμωγῶν καὶ
στόνων καὶ ἡδονῶν καὶ δοξῶν καὶ τιμῆς καὶ ἀτιμίας,
ἐπιτρέψας δὲ τὴν ἡγεμονίαν αὐτοῦ λόγῳ ἀληθεῖ καὶ
ἔρωτι ἐρρωμένῳ· τῷ μὲν λόγῳ φράζοντι ᾗ χρὴ
ἰέναι· τῷ δὲ ἔρωτι ἐπισταμένῳ, καὶ τοὺς πόνους τῆς
πορείας πειθοῖ καὶ χάρισιν ἐπελαφρύνοντι· ἰόντι δὲ
ἐκεῖσε, καὶ ἀφισταμένῳ τῶν κάτω, ἀεὶ τὰ πρόσθεν
σαφῆ καὶ εὐλαμπέστατα καὶ τὴν τοῦ θεοῦ φύσιν προοιμιαζόμενα·
καὶ πορευόμενος μὲν ἀκούει τὴν φύσιν
τοῦ θεοῦ, ἀνελθὼν δὲ ὁρᾷ. Τέλος δὲ τῆς ὁδοῦ οὐχ
ὁ οὐρανός, οὐδὲ τὰ ἐν τῷ οὐρανῷ σώματα· καλὰ μὲν
γὰρ ταῦτα καὶ θεσπέσια, ἅτε ἐκείνου ἔγγονα ἀκριβῆ
καὶ γνήσια, καὶ πρὸς τὸ κάλλιστον ἡρμοσμένα· ἀλλὰ
καὶ τούτων ἐπέκεινα ἐλθεῖν δεῖ, καὶ ὑπερκύψαι τοῦ
οὐρανοῦ ἐπὶ τὸν ἀληθῆ τόπον καὶ τὴν ἐκεῖ γαλήνην,
ἔνθ´ οὐκ ἔστ´ - - - οὔτ´ ἂρ χειμὼν πολύς,
οὐδέ ποτ´ ὄμβρῳ,
δεύεται, - - - ἀλλὰ μάλ´ αἴθρη
πέπταται ἀννέφελος, λευκὴ δ´ ἐπιδέδρομεν αἴγλη·
μηδενὸς ἐνοχλοῦντος τὴν θέαν πάθους σαρκίνου, οἷα
δεῦρο ἐνοχλεῖ τὴν δειλαίαν ψυχήν, ὅσον αὐτῇ τοῦ
φρονεῖν ἔνεστιν, ὑπὸ τοῦ κυκηθμοῦ καὶ τοῦ θορύβου
καταβάλλοντα. Πῶς γὰρ ἄν τις συνίῃ θεὸν ὑπὸ πλήθους
ἐπιθυμιῶν καὶ λογισμῶν ἀλλοκότων ταραττομένων;
οὐ μᾶλλον ἐν δημοκρατίᾳ πολυφώνῳ καὶ συντεταραγμένῃ
συνίῃ ἄν τις νόμου καὶ ἄρχοντος·
ἀνδρῶν δὲ ἐν πολλῷ ὁμάδῳ πῶς κέν τις ἀκούσῃ;
Καταπεσοῦσα γὰρ ἡ ψυχὴ εἰς τουτονὶ τὸν θόρυβον,
καὶ δοῦσα ἑαυτὴν ἐπ´ ἀμηχάνου φορεῖσθαι κύματος,
νήχεται δυσέκνευστον πέλαγος· ἐστ´ ἂν αὐτὴ φιλοσοφία
ὑποδέξηται ὑπολαβοῦσα τοὺς ἑαυτῆς λογισμούς,
ὥσπερ τὸ κρήδεμνον τῷ Ὀδυσσεῖ ἡ Λευκοθέα.
| [11,10] Mais comment l'Esprit voit-il? comment l'Esprit entend-il ? Par la force,
par la rectitude de l'âme, qui contemple cette lumière pure, sans éblouissement, sans
ténèbres, sans tourbillonner vers la terre, c'est-à-dire, qu'il bouche les oreilles, et qu'il
dirige ensuite la vue et les autres sens du corps vers lui-même; et, s'élevant au-dessus
de toutes les passions, de toutes les affections de chagrin, de douleur, de plaisir, de
gloire, d'honneur, d'infamie, il se laisse aller et s'abandonne à la saine raison et à un
ardent amour pour la vérité ; à la saine raison, qui lui montre où il faut aller ; à l'amour
de la vérité, qui lui aide à supporter les fatigues de ses recherches, et qui les allège
par des agréments. Or, à mesure que l'on s'avance dans cette carrière, et que l'on
s'éloigne des choses d'ici-bas, celles qui se présentent deviennent successivement
plus claires, plus resplendissantes, et offrent les notions préliminaires de l'essence de
DIEU : pendant qu'on arrive, on apprend définitivement ce qu'elle est; et lorsqu'on est
arrivé, on la contemple. Car le but d'un pareil voyage n'est pas de voir les cieux, et les
corps qui y sont renfermés, quoique ce magnifique spectacle soit le propre ouvrage de
DIEU, et que, dans son harmonique structure, il présente le tableau du beau suprême.
Il faut aller encore au-delà : il faut s'élever au-dessus des cieux, et pousser jusqu'à
cette sublime région, séjour du calme et de la vérité, « inaccessible », selon
l'expression d'un poète, « aux orages et aux tempêtes, et où brillent sans cesse, au
contraire, un jour sans nuage et une lumière éclatante ». Là, dans sa
contemplation, l'âme n'est agitée par aucune de ces perturbations corporelles, qui se
jouent ici bas de sa faiblesse, et qui l'empêchent, au milieu du tumulte, du tourbillon,
où elles la tiennent continuellement plongée, de déployer sa faculté intelligible. En
effet, est-il possible de connaître la nature de DIEU, tandis qu'on roule dans le chaos
des passions, et des illusions absurdes qu'elles produisent; non, pas plus que de
distinguer, au milieu des vociférations et de la polyphonie d'une assemblée populaire,
la voix de l'Archonte et de l'organe de la loi. « Comment entendre celui qui parle au
milieu d'un énorme tumulte »? L'âme, en effet, enveloppée dans ce tourbillon, est
comme ballottée par une tourmente impossible à maîtriser. Ce sont des flots agités,
d'où elle ne peut se sauver à la nage, jusqu'à ce que la philosophie lui jette ses
cordons, comme la Nymphe Leucothoë jeta son ruban de tête à Ulysse.
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