[11,6] Τούτους μὲν οὖν ἐῶμεν χαίρειν, εἰ δυναμένους
ἐπαύρασθαι τοῦ ἀληθοῦς ὅλου καὶ ἀρτίου, ἰόντας δὲ
ἐπ´ αὐτὸ ἀσαφεῖς ὁδοὺς καὶ πεπλανημένας· αὐτοῖς δὲ
δὴ τί δράσωμεν, ἢ ἔπιμεν, ἐκ τοῦ Λοξίου δὲ ἴχνη
αὐτοῦ σκεψάμενοι, οὐδὲ ὅσον εἰδώλοις ἐντυχόντες;
ἀλλ´ ὁ μὲν Ὀδυσσεὺς προσχὼν τῇ ξένῃ, εἰς περιωπὴν
ἀνελθών, ἐσκέπτετο τέχνῃ τῶν ἐχόντων,
ἦ ῥ´ οἵγ´ ὑβρισταί τε καὶ ἄγριοι, οὐδὲ δίκαιοι,
ἠὲ φιλόξενοι, καί σφιν νόος ἐστὶ θεουδής·
ἡμεῖς δὲ ἆρα οὐ τολμήσομεν ἀναβιβασάμενοι τὸν λογισμὸν
εἴς τινα περιωπὴν ἄνω τῆς ψυχῆς περισκέψασθαι
τὰ τοῦ θεοῦ ἴχνη, τίνα χώραν ἔχει, τίνα φύσιν· ἀγαπήσομεν
δὲ ἀμυδρῶς ἰδόντες; εἴθέ μοι μαντεῖον ἦν
ἓν Διός, ἢ Ἀπόλλωνος, οὐ λοξὰ χρησμῳδοῦν οὐδὲ ἀμφίβολα·
ἠρόμην ἂν τὸν θεόν, οὐ τὸν Κροίσου λέβητα,
τοῦ βασιλέων ἀνοητοτάτου καὶ μαγείρων δυστυχεστάτου,
ἀλλ´ οὐδὲ θαλάττης μέτρα, οὐδὲ ἀριθμὸν ψάμμου·
ἠμέλησα δ´ ἂν καὶ τῶν σεμνῶν τούτων ἐρωτημάτων·
’ἐπίασιν Μῆδοι, πῶς φυλάξομαι;‘ κἂν ὁ θεὸς μὴ
συμβουλεύῃ, τὰς τριήρεις ἔχω· ’ἐπιθυμῶ Σικελίας, πῶς
λάβω;‘ κἂν γὰρ ὁ θεὸς μὴ κωλύῃ, ἡ Σικελία πολλή·
ἐμοὶ δὲ σαφῶς ὁ Ἀπόλλων ἐκ Δελφῶν περὶ τοῦ Διὸς
ἀποκρινάσθω, ἢ ὁ Ζεὺς αὐτός· ὑπὲρ αὐτοῦ τίς; ἐξ
Ἀκαδημίας ὑποφήτης τοῦ θεοῦ, ἀνὴρ Ἀττικός, μαντικός·
ἀποκρίνεται δὲ ὧδε.
| [11,6] VI. Laissons tous ces hommes, incapables de saisir la vérité dans son intégrité,
dans sa perfection, parce qu'ils ne prennent, pour aller à elle, que le chemin du
mensonge et de l'erreur. Mais que ferons-nous, que dirons-nous, nous-mêmes, qui
n'en voyons les vestiges qu'obliquement, et qui apercevons à peine son ombre ?
Ulysse, ayant pris terre à un rivage inconnu, monta sur une hauteur, et promena ses
regards sur la contrée, pour découvrir si « les peuples qui l'habitaient étaient féroces,
sauvages, sans lois; ou bien s'ils avaient l'amour de l'hospitalité et la connaissance
des Dieux ». Et nous, nous n'oserions élever notre raison, dans quelque
belvédère au-dessus de l'âme, pour nous livrer à la recherche de la Divinité, de la
région qu'elle habite, de ce qui fait son essence. Nous nous contenterions de l'aimer
sans la connaître ! Que n'y a-t-il un oracle de Jupiter, ou d'Apollon, dont les réponses
ne fussent ni obliques ni ambiguës. Je lui parlerais clairement de DIEU, et non du vase
de Crésus, le plus insensé des Princes, le plus malheureux des cuisiniers;
non des dimensions de la mer, et du nombre des grains de sable. Je dédaignerais
même de lui faire de sérieuses questions telles que celles-ci : « Les Mèdes me
menacent d'une invasion; quel parti prendre pour ma défense? Si les Dieux ne
viennent à mon secours, j'ai la ressource de mes vaisseaux. J'ai le projet de me rendre
maître de la Sicile, comment réussir ? Si les Dieux ne sont contre moi, la Sicile est
accessible par bien des côtés». Qu'Apollon me dise donc, à Delphes, la vérité
ouvertement sur le compte de Jupiter; ou bien, que Jupiter me la dise lui-même, ou, à
son défaut, que je l'apprenne de quelque Athénien de l'Académie, divinement
inspiré. Voici sa réponse.
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