[11,5] Ἐν τοσούτῳ δὴ πολέμῳ καὶ στάσει καὶ διαφωνίᾳ
ἕνα ἴδοις ἂν ἐν πάσῃ γῇ ὁμόφωνον νόμον καὶ λόγον,
ὅτι θεὸς εἷς πάντων βασιλεύς, καὶ πατήρ, καὶ θεοὶ
πολλοί, θεοῦ παῖδες, συνάρχοντες θεοῦ. Ταῦτα καὶ
ὁ Ἕλλην λέγει, καὶ ὁ βάρβαρος λέγει, καὶ ὁ ἠπειρώτης,
καὶ ὁ θαλάττιος, καὶ ὁ σοφὸς καὶ ὁ ἄσοφος· κἂν
ἐπὶ τοῦ ὠκεανοῦ ἔλθῃς τὰς ἠϊόνας, κἀκεῖ θεοί, τοῖς
μὲν ἀνίσχοντες ἀγχοῦ μάλα, τοῖς δὲ καταδυόμενοι. Εἰ
δή, τούτοις Πλάτωνα ἀντιχειροτονεῖν καὶ ἀντινομοθετεῖν
ἄλλα, οὐχ ὁμόφωνον εἶναι καὶ ὁμοπαθῆ καλλίστης
φωνῆς καὶ ἀληθεστάτου πάθους; Τί τοῦτο; ἥλιος,
ὀφθαλμὸς λέγει· τί τοῦτο; βρονταί, ἀκοὴ λέγει· τί
ταῦτα ὡραῖα καὶ καλά, καὶ περίοδοι, καὶ μεταβολαί,
καὶ κράσεις ἀέρων, καὶ ζώων γενέσεις, καὶ καρπῶν
φύσεις; θεοῦ πάντα ἔργα, ἡ ψυχὴ λέγει, καὶ τὸν τεχνίτην
ποθεῖ, καὶ καταμαντεύεται τῆς τέχνης. Εἰ δὲ ἐξεγένοντο
ἐν τῷ ξύμπαντι αἰῶνι δύο που καὶ τρεῖς, ἄθεον
καὶ ταπεινὸν καὶ ἀναισθὲς γένος, καὶ πεπλανημένον
μὲν τοῖς ὀφθαλμοῖς, ἐξηπατημένον δὲ ταῖς ἀκοαῖς,
ἐκτετμημένον δὲ τὴν ψυχήν, ἄλογον καὶ ἄγονον καὶ
ἄκαρπον, ὡς ἄθυμος λέων, ὡς βοῦς ἄκερως, ὡς ὄρνις
ἄπτερος, καὶ παρὰ τούτου ὅμως τοῦ γένους οὐκ εἰκῇ
πεύσει τὸ θεῖον· ἴσασιν γὰρ οὐχ ἑκόντες, καὶ λέγουσιν
ἄκοντες· κἂν ἀφέλῃς αὐτοῦ τὸ ἀγαθόν, ὡς Λεύκιππος·
κἂν προσθῇς τὸ ὁμοπαθές, ὡς Δημόκριτος· κἂν ὑπαλλάξῃς
τὴν φύσιν, ὡς Στράτων· κἂν δῷς τὴν ἡδονήν,
ὡς Ἐπίκουρος· κἂν μὴ εἶναι φῇς, ὡς Διαγόρας· κἂν
ἀγνοεῖν τι φῇς, ὡς Πρωταγόρας.
| [11,5] V. Mais, au milieu de ces systèmes qui se combattent, au milieu de ces
dissentiments, de cette cacophonie, c'est une opinion et un sentiment commun chez
toutes les nations de la terre, qu'il existe un DIEU suprême, père et roi de l'univers
entier; et qu'il est un grand nombre d'autres Dieux, ses ministres et ses enfants. Il
n'est qu'une voix là-dessus, entre le Grec et le Barbare, entre les peuples maritimes et
les nations méditerranéen, entre l'homme vulgaire et le philosophe ; et si nous allons
sur les bords de l'Océan, nous trouverons là-même des Dieux, dont, tour-à-tour, les
uns s'élèvent au-dessus, les autres descendent au-dessous de l'horizon. Peut-on
donc penser que Platon ait d'autres sentiments, qu'il enseigne une doctrine différente ?
Peut-on penser qu'il ne soit pas d'accord et à l'unisson avec la plus belle des
consonances, et la plus vraie des sensations de la Nature? Que vois-je? L'oeil me dit
que c'est le soleil ? Qu'entends-je? L'oreille m'annonce que c'est le tonnerre. Que sont
ce brillant spectacle, ces beaux phénomènes, ces périodes célestes, ces révolutions,
ces vicissitudes de température, ces procréations d'animaux, ces productions de fruits
de tout genre? L'âme me dit que toutes ces choses sont les oeuvres de DIEU.
Ces choses, en effet, attestent l'existence d'un art et d'un artisan, puisqu'elles en sont
l'ouvrage. A-t-il paru, dans le cours des siècles, deux ou trois individus, sans idée de
DIEU, sans élévation, sans sentiment, perpétuellement dupes des illusions de leurs
yeux et des erreurs de leurs oreilles, eunuques quant à l'âme, dénués de raison,
vrais monstres dans leur espèce, comme un lion sans courage, un boeuf sans
cornes, un oiseau sans ailes ? Eh bien ! de pareils êtres ne laissent pas de rendre
hommage à l'existence de la Divinité. Bon gré, mal gré, on la reconnaît, et l'aveu en
échappe, quand même on la dépouillerait de sa bonté avec Leucippe, quand on
l'exposerait à toutes les impressions des corps avec Démocrite, quand on
dénaturerait son essence avec Straton, quand on la croirait susceptible de volupté
avec Épicure, quand on nierait son existence avec Diagoras, et quand on serait hors
d'état de spécifier son essence avec Protagoras.
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