[11,3] Εἰ οὖν ἔροιτο ἡμᾶς ἡ τέχνη φωνῇ φωνὴν λαβοῦσα,
πότερα τοίνυν οὐχ ἡγούμενοι αὐτοί τι εἶναι θεῖον ἐν
τῇ φύσει, οὐδὲ ἔχοντες καθάπαξ ἔννοιαν θεοῦ, ἀμφισβητοῦμεν,
ἢ περὶ Πλάτωνος, ᾗ αὐτοί τινας ἔχοντες
οἰκείας δόξας, ἕτερ´ ἄττα ἡγούμεθα παρὰ ταύτας δοξάζειν
ἐκεῖνον, κᾆτα ὑμῶν φασκόντων ἔχειν, ἀξιώσει
ἀποκρίνασθαι ὁποῖόν τινα ἡγούμεθα εἶναι τὸν θεόν,
τί τοίνυν, ὅταν ἀποκρινοίμεθα, ὅτι ἐστὶν ὁ θεὸς
γυρὸς ἐν ὤμοιιν, μελάγχροος, οὐλοκάρηνος;
Καταγέλαστος ἡ ἀπόκρισις, κἂν εἰ μειζόνως χαρακτηρίζοις
τὸν Δία, ’κυανὰς μὲν ὀφρύας, χρυσὰς δὲ χαίτας,
ἐλελιζόμενον δὲ ὑπ´ αὐτῶν τὸν οὐρανόν.‘ Πάντα γάρ
που τὰ τοιαῦτα ἀπορίᾳ ὄψεως, καὶ ἀσθενείᾳ δηλώσεως,
καὶ γνώμης ἀμβλύτητι, ἐφ´ ὅσον δύνανται ἕκαστοι
ἐξαιρόμενοι τῇ φαντασίᾳ, πρὸς τὸ κάλλιστον δοκοῦν
καὶ γραφεῖς ἀπεργάζονται, καὶ ἀγαλματοποιοὶ διαπλάττουσιν,
καὶ ποιηταὶ αἰνίττονται, καὶ φιλόσοφοι καταμαντεύονται.
| [11,3] III. Si donc cet art prenait la parole, et nous demandait : «Doutez-vous de
l'existence de DIEU; pour n'avoir jamais pensé, même une seule fois, qu'il y en eût
dans la Nature ; ou bien, avez-vous là-dessus le sentiment de Platon ; ou bien,
d'après vos propres idées, professez-vous, sur cette matière, une opinion qui soit
contraire à celle de ce philosophe »? Si ensuite, après avoir déclaré que nous
reconnaissons que DIEU existe, nous étions pressés de répondre à cette autre
question, « En quoi nous pensons que consiste l'essence de DIEU », que répondrions-nous,
je vous prie; en quoi dirions-nous que consiste l'essence de DIEU? Dirions-nous
avec Homère, «qu'il est voûté des épaules, qu'il a la peau noire, les cheveux crépus».
Cette réponse serait ridicule, quand même, afin de le peindre plus en beau,
nous lui donnerions «des sourcils d'azur une chevelure dorée, et le pouvoir d'ébranler
les cieux d'un clin-d'oeil». Mais toutes ces descriptions ne sont que de
fantastiques emblèmes, calqués sur ce qui paraît de plus magnifique à nos yeux, à
l'aide desquels l'imagination des philosophes a cru pouvoir suppléer à une définition
dont l'idée échappe, à la faiblesse, à l'imperfection de nos sens, et au peu d'étendue
de nos connaissances.
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