[4,7] Μὴ τοίνυν ἔρῃ, πότεροι κρεῖττον περὶ θεῶν διειλήφασιν,
ποιηταὶ ἢ φιλόσοφοι· ἀλλὰ σπονδὰς καὶ ἐκεχειρίαν
τοῖς ἐπιτηδεύμασιν ποιησάμενος, ὡς περὶ μιᾶς καὶ ὁμοφώνου
τέχνης σκόπει· κἂν γὰρ ποιητὴν καλῇς, φιλόσοφον
λέγεις, καὶ ἂν φιλόσοφον καλῇς, ποιητὴν λέγεις. Καὶ
γὰρ ἀριστεῖς καλεῖς, ὁμοίως μὲν τὸν Ἀχιλλέα μετὰ
χρυσῆς καὶ ποιητικῆς ἀσπίδος στρατευόμενον, ὁμοίως
δὲ καὶ τὸν Αἴαντα, κἂν ἐκ βύρσης φέρῃ σάκος· ἀμφότερα
δὲ ἀριστευτικὰ καὶ ἐκπληκτικὰ ὁμοίως ἡ ἀρετὴ
ποιεῖ, καὶ οὐδὲν ἐνταῦθα ὁ χρυσὸς πρὸς τὴν βύρσαν.
Εἴκαζε δὴ κἀνταῦθα τὰ μὲν μέτρα καὶ τὴν ᾠδὴν
χρυσῷ, τὸν δὲ ψιλὸν λόγον ὕλῃ δημοτικῇ· σκόπει δὲ
μήτε τὸν χρυσόν, μήτε τὴν βύρσαν, ἀλλὰ τὴν ἀρετὴν
τοῦ χρωμένου. Ἀληθῆ λεγέτω, κἂν ποιητὴς λέγῃ, κἂν
μῦθον λέγῃ, κἂν ᾄδων λέγῃ, ἕψομαι τοῖς αἰνίγμασιν,
καὶ διερευνήσομαι τὸν μῦθον, καὶ οὐκ ἐκστήσει με
ἡ ᾠδή· ἀληθῆ λεγέτω, κἂν ψιλῶς λέγῃ, δέξομαι
καὶ ἀγαπήσω τὴν ῥᾳστώνην τῶν ἀκουσμάτων· ἐὰν δὲ
ἀφέλῃς ἑκατέρου τὸ ἀληθές, καὶ τοῦ ποιητοῦ καὶ τοῦ
φιλοσόφου, ἄμουσον μὲν τὴν ᾠδὴν ποιεῖς, μῦθον δὲ
τὸν λόγον· ἄνευ δὲ τοῦ ἀληθοῦς μήτε μύθῳ ποιητοῦ
διαπιστεύσῃς τὸ πάμπαν, μήτε φιλοσόφου λόγῳ.
| [4,7] VII. Qu'on ne demande donc pas quels sont ceux qui ont le mieux pensé des
dieux, des poètes ou des philosophes. Qu'on laisse plutôt la concorde et la bonne
intelligence régner entre les ouvrages des uns et des autres ; et qu'on les considère
comme n'ayant qu'une fin unique et un même objet. Nommer un poète, c'est parler
d'un philosophe; nommer un philosophe, c'est parler d'un poète. On donne également
le nom d'intrépide guerrier, et à Achille armé d'un bouclier d'or, chef-d'œuvre de l'art, et
à Ajax qui ne portait qu'un bouclier de cuir. Le courage donne aux exploits de l'un et de
l'autre le même caractère de grandeur et d'éclat, sans nul égard à ce qui fait la matière
des armures. Que dans la question qui nous occupe, on assimile donc les formes
métriques et musicales à l'or du bouclier d'Achille, et le discours simple et naturel au
cuir du bouclier d'Ajax. Mais, laissant de côté l'or et le cuir, qu'on ne considère que le
mérite de celui qui est dans l'arène. Qu'il s'agisse de la vérité, et alors que ce soit un
poète qui parle, qu'il emploie le langage des mythes, qu'il l'embellisse des agréments
de la musique, je m'attacherai à ses énigmes, je m'efforcerai d'en pénétrer le sens, et
le charme des formes ne m'en imposera point. Qu'il soit question de la vérité, et alors
que ce soit un philosophe qui nous la présente tout bonnement et sans enveloppe, je
ne me plaindrai point de la facilité qu'il me donne de l'entendre. Mais si ni l'un ni l'autre,
ni le poète ni le philosophe, ne m'offrent la vérité, les vers du premier ne sont à mes
yeux que de grossières rapsodies; et les beaux discours du second, que des mythes.
Car, si l'on ôte la vérité, on n'aura pas plus de confiance dans les mythes du poète que
dans les dissertations du philosophe.
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