HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, IV

Chapitre 6

  Chapitre 6

[4,6] Τοῦτο τοίνυν οἱ ποιηταὶ κατανοήσαντες, ἐξεῦρον ἐπ´ αὐτῇ μηχανὴν ἐν τοῖς θείοις λόγοις, μύθους λόγου μὲν ἀφανεστέρους, αἰνίγματος δὲ σαφεστέρους, διὰ μέσου ὄντας ἐπιστήμης πρὸς ἄγνοιαν· κατὰ μὲν τὸ ἡδὺ πιστευομένους, κατὰ δὲ τὸ παράδοξον ἀπιστουμένους· καὶ χειραγωγοῦντας τὴν ψυχὴν ἐπὶ τὸ ζητεῖν τὰ ὄντα, καὶ διερευνᾶσθαι περαιτέρω. Ἔλαθον μέχρι πλείστου οἱ ἄνδρες οὗτοι, ἐπιβουλεύσαντες ἡμῶν ταῖς ἀκοαῖς, φιλόσοφοι μὲν ὄντες, ποιηταὶ δὲ καλούμενοι, ἀλλαξάμενοι χρήματος ἐπιφθόνου δημοτερπῆ τέχνην. μὲν γὰρ φιλόσοφος βαρὺ καὶ πρόσαντες τοῖς πολλοῖς ἄκουσμα, ὡς ἐν πένησιν πλούσιος θέαμα βαρύ, καὶ ἐν ἀκολάστοις σώφρων, καὶ ἐν δειλοῖς ἀριστεύς· οὐ γὰρ ἀνέχονται αἱ πονηρίαι τὰς ἀρετὰς ἐν αὐταῖς καλλωπιζομένας· δὲ ποιητὴς ἄκουσμα ἁβρὸν καὶ δήμῳ φίλον, ἀγαπώμενον μὲν καθ´ ἡδονήν, ἀγνοούμενον δὲ κατὰ τὴν ἀρετήν. Καθάπερ δὲ οἱ ἰατροὶ τοῖς κακοσίτοις τῶν καμνόντων τὰ πικρὰ τῶν φαρμάκων ἀναδεύσαντες προσηνεῖ τροφῇ ἀπέκρυψαν τὴν τοῦ ὠφελοῦντος ἀηδίαν, οὕτως καὶ παλαιὰ φιλοσοφία καταθεμένη τὴν αὑτῆς γνώμην εἰς μύθους καὶ μέτρα καὶ σχῆμα ᾠδῆς, ἔλαθεν τῇ περιβολῇ τῆς ψυχαγωγίας, κεράσασα τὴν ἀηδίαν τῶν διδαγμάτων. [4,6] VI. Les poètes, qui connaissaient cette manière d'être de l'âme, inventèrent ce moyen de l'entretenir des choses qui appartiennent aux dieux, le langage des mythes, moins clair que celui du discours ordinaire, moins obscur que celui des énigmes, et tenant le milieu entre la science et l'ignorance; déterminant la crédulité par les charmes de sa contexture, et la repoussant par ses paradoxes ; inspirant à l'âme l'amour de la recherche de la vérité, et le désir de faire constamment vers elle de nouveaux progrès. On fut longtemps à s'apercevoir, que ces hommes, en s'emparant de nos oreilles par les agréments de leurs ouvrages, philosophes en réalité, et poètes de nom, avaient mis à la place d'une chose qui aurait été mal accueillie, une invention agréable à la multitude. Car le nom de philosophe est lourd et mal sonnant aux oreilles du vulgaire; c'est ainsi que le pauvre ne voit point avec plaisir le spectacle de l'opulence, ni le libertin le tableau de la tempérance, ni le lâche le modèle du courage. Les vices n'aiment pas davantage de voir les vertus se complaire dans leur propre mérite, et s'enorgueillir d'amour-propre. Au lieu que le nom de poète est doux à entendre. Le peuple aime ce nom-là. Il l'aime par l'idée du plaisir qu'il en attend, sans se douter de sa puissance. Semblable à ces médecins, qui, voyant des malades avoir un grand dégoût pour les remèdes, administrent les drogues amères enveloppées dans des choses d'une saveur agréable, et dissimulent ainsi ce qui rebuterait dans le médicament destiné à produire un effet salutaire; l'ancienne philosophie déposa la substance de sa doctrine dans des mythes, dans des vers, dans des hymnes, et l'on ne se douta point de la tournure qu'elle avait prise pour s'insinuer dans l'esprit des hommes et les diriger, en masquant ce qui aurait repoussé sous un appareil didactique.


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Dernière mise à jour : 24/04/2008