[4,4] Ἐπίκουρον δὲ ἐξελῶ λόγου καὶ ποιητικοῦ καὶ φιλοσόφου,
τοῖς δὲ ἄλλοις ἡ πραγματεία ἴση καὶ ἡ αὐτή·
πλὴν εἰ μὴ νομίζεις Ὅμηρον ἐντετυχηκέναι τοῖς θεοῖς
τοξεύουσιν, ἢ διαλεγομένοις, ἢ θύουσιν, ἤ τι ἄλλο
δρῶσιν, οἷα περὶ αὐτῶν ἐκεῖνος ᾄδει. Οὐδὲ γὰρ Πλάτωνα
ἡγητέον ἐντετυχηκέναι τῷ Διὶ ἡνιοχοῦντι καὶ
φερομένῳ ἐπὶ πτηνοῦ ἅρματος, στρατιᾶς θεῶν κατὰ
ἕνδεκα λόχους κεκοσμημένης, οὐδέ γε δαινυμένοις τοῖς
θεοῖς ἐν Διὸς τοὺς Ἀφροδίτης γάμους, ὅτε Πόρος καὶ
Πενία λαθόντε ξυνηλθέτην τὲ καὶ Ἔρωτα ἐξ αὐτῶν
ἐγεννησάτην. οὐδέ γε θεατὴν γενέσθαι Πυριφλεγέθοντός
τε καὶ Ἀχέροντος καὶ Κωκυτοῦ καὶ τῶν ἄνω
καὶ κάτω ποταμῶν, ῥεόντων ὕδατι καὶ πυρί· οὐδὲ τὴν
Κλωθὼ ἰδεῖν καὶ τὴν Ἄτροπον, οὔτε ἐντετυχηκέναι
ἑλιττομένῳ τῷ ἀτράκτῳ ἑπτὰ καὶ διαφόρους ἑλιγμούς.
Ἀλλὰ καὶ τοῦ Συρίου τὴν ποίησιν σκόπει, τὸν Ζῆνα,
καὶ τὴν Χθονίην, καὶ τὸν ἐν τούτοις Ἔρωτα, καὶ τὴν
Ὀφιονέως γένεσιν, καὶ τὴν θεῶν μάχην, καὶ τὸ δένδρον,
καὶ τὸν πέπλον· σκόπει καὶ τὸν Ἡράκλειτον,
θεοὶ θνητοί, θεοὶ ἀθάνατοι.
| [4,4] IV. À l'exception d'Épicure, que je ne range ni parmi les poètes, ni parmi les
philosophes, les autres avaient le même objet et tendaient au même but. Si ce n'est
qu'on ne croira pas peut-être qu'Homère ait vu les dieux lancer des flèches, dialoguer
entre eux, se livrer aux plaisirs de la table, ou faire toutes autres choses de cette
nature, dont il parle dans ses poèmes. On ne pensera pas davantage que Platon ait vu
Jupiter tenir les rênes d'un char ailé sur lequel il était porté, ni l'armée des dieux
distribuée en onze phalanges, ni les dieux célébrant par de splendides festins les
noces de Vénus dans le palais de Jupiter, lorsque le dieu qui fait venir l’Argent
s'approcha clandestinement de la Pauvreté, et lui fit engendrer l'Amour. On
n'admettra pas non plus, qu'il ait contemplé de ses propres yeux, ni le Pyriphlégéthon,
ni l'Achéron, ni le Cocyte, ni les fleuves qui roulent sens dessous dessus des
torrents d'eau et de feu. On ne s'imaginera pas, enfin, qu'il ait vu Clotho et Atropos, ni
le fuseau roulant, ni les sept révolutions en sens inverse du Peson. Qu'on jette les
yeux, d'un autre côté, sur la Théogonie de Phérécyde, poète Syrien, et qu'on voie
ce qu'il dit de son Jupiter, de sa Chthonie, de son Amour, qu'il place entre l'un et
l'autre, de sa naissance d'Ophionée, de sa guerre des dieux, de son arbre, de son
voile de femme. Héraclite n'a-t-il pas aussi ses dieux mortels, et ses hommes immortels ?
|