[4,3] Φέρε καὶ ὁ ποιητικὸς ὁμοῦ καὶ ὁ φιλόσοφος ἀποκρινάσθω
κατὰ τὸν Ἀσκληπιὸν ὑπὲρ τῶν ἐπιτηδευμάτων·
οὗτος μὲν καὶ ἄγαν δεινοπαθῶν, εἴ τις ἡγήσαιτο
Ὅμηρον καὶ Ἡσίοδον ἤ, νὴ Δία, Ὀρφέα ἢ ἄλλόν
τινα τῶν τότε ἀνδρῶν, ἧττόν τι εἶναι σοφώτερον Ἀριστοτέλους
τοῦ Σταγειρίτου, ἢ Χρυσίππου τοῦ Κίλικος,
ἢ Κλειτομάχου τοῦ Λίβυος, ἢ τῶν τὰ πολλὰ καὶ σοφὰ
ταῦτα ἡμῖν ἐξευρηκότων· ἀλλὰ οὐχὶ καὶ τούτους ὁμοίως
μὲν καὶ τὰ αὐτὰ δεινούς, εἰ μὴ καὶ μᾶλλον. Καθάπερ
δὲ ἐπὶ τῶν σωμάτων τὰ μὲν ἀρχαῖα ὑπὸ διαίτης
χρηστῆς εὐμεταχείριστα ἦν τῇ τέχνῃ, τὰ δὲ αὖθις ἐδεήθη
ἰατρικῆς ἀλλοιοτέρας· οὕτω καὶ ἡ ψυχὴ πρότερον μὲν
δι´ ἁπλότητα καὶ τὴν καλουμένην ταύτην εὐήθειαν
ἐδεῖτο φιλοσοφίας μουσικῆς τινος καὶ πρᾳοτέρας, ἣ
διὰ μύθων δημαγωγήσει αὐτὴν καὶ μεταχειριεῖται, καθάπερ
αἱ τιτθαὶ τοὺς παῖδας διὰ μυθολογίας βουκολῶσιν·
προϊοῦσα δὲ εἰς δεινότητα, καὶ ἀνδριζομένη, καὶ
ὑποπιμπλαμένη ἀπιστίας καὶ πανουργίας, καὶ τοὺς
μύθους διερευνωμένη, καὶ οὐκ ἀνεχομένη τῶν αἰνιγμάτων,
ἐξεκάλυψέν τε καὶ ἀπέδυσεν φιλοσοφίαν τοῦ
αὑτῆς κόσμου, καὶ ἐχρήσατο γυμνοῖς τοῖς λόγοις· οἱ
δ´ εἰσὶν οὐδὲν ἀλλοιότεροι τῶν προτέρων οἱ ἔπειτα,
πλὴν τῷ σχήματι τῆς ἁρμονίας, ἀλλ´ αἱ περὶ θεῶν
δόξαι ἀρξάμεναι ἄνωθεν διὰ πάσης φιλοσοφίας ἦλθον.
| [4,3] III. Voyons ce que le poète et le philosophe nous répondent, chacun de son côté, sur l'objet de son travail, dans le même sens qu'Esculape. Le premier souffrira d'abord très impatiemment que l'on regarde Homère, ou Hésiode, ou Orphée, ou tout autre
poète de ce temps-là, comme moins éclairé des lumières de la sagesse, qu'Aristote de
Stagyre, que Chrysippe de la Cilicie, que Clitomaque de la Libye, ou tout autre de ceux
qui ont les premiers dit ou écrit de si belles choses sur la philosophie; et il trouvera
mauvais qu'on ne pense pas que les premiers étaient au moins aussi habiles sous ce
rapport, s'ils ne l'étaient davantage. De même qu'en ce qui concerne le corps humain,
la manière dont il était constitué anciennement, à l'aide d'un régime sainement
ordonné, le rendait très facile à être traité par les gens de l'art, au lieu qu'aujourd'hui
les méthodes compliquées sont devenues nécessaires; de même dans les temps
antiques, l'âme encore en possession de sa simplicité native, et de ce qu'on appelle
son goût inné pour les bonnes mœurs, avait besoin d'une philosophie en quelque
façon musicale, pleine de douceur, qui la gouvernât, qui la dirigeât à la faveur des
fictions, de la même manière que les nourrices forment l'esprit de leurs nourrissons
avec les fables qu'elles leur content. Mais à mesure que l'âme a fait des progrès,
qu'elle a acquis de la vigueur, que l'incrédulité et les vices se sont emparés d'elle,
qu'elle a cherché à pénétrer les fictions, qu'elle n'a plus voulu se payer d'énigmes, elle
a mis la philosophie à découvert, elle l'a dépouillée de toutes ses brillantes
enveloppes, elle a mis de la nudité dans son langage. Ce dernier ne diffère de celui
d'autrefois que par les formes harmoniques; mais les opinions touchant les dieux, dont
l'origine remonte à l'antiquité la plus reculée, sont communes à l'une et l'autre
philosophie.
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