[2,20] Καὶ γάρ τοι καὶ φύντες καλῶς καὶ γνόντες ὅμοια, πολλὰ μὲν καλὰ καὶ θαυμαστὰ οἱ πρόγονοι τῶν ἐνθάδε κειμένων ἠργάσαντο, ἀείμνηστα δὲ καὶ μεγάλα καὶ παντα χοῦ οἱ ἐξ ἐκείνων γεγονότες τρόπαια διὰ τὴν αὑτῶν ἀρετὴν κατέλιπον. μόνοι γὰρ ὑπὲρ
ἁπάσης τῆς Ἑλλάδος πρὸς πολλὰς μυριάδας τῶν βαρβάρων διεκινδύνευσαν. ὁ γὰρ
τῆς Ἀσίας βασιλεὺς οὐκ ἀγαπῶν τοῖς ὑπάρχουσιν ἀγαθοῖς, ἀλλ' ἐλπίζων καὶ τὴν
Εὐρώπην δουλώσεσθαι, ἔστειλε πεντήκοντα μυριάδας στρατιάν. ἡγησάμενοι δέ, εἰ
τήνδε τὴν πόλιν: ἢ ἑκοῦσαν φίλην ποιήσαιντο ἢ ἄκουσαν καταστρέψαιντο, ῥᾳδίως
τῶν πολλῶν Ἑλλήνων ἄρξειν, ἀπέβησαν εἰς Μαραθῶνα, νομίσαντες οὕτως ἂν
ἐρημοτάτους εἶναι συμμάχων τοὺς Ἕλληνας, εἰ ἔτι στασιαζούσης τῆς Ἑλλάδος ᾧ τινι
χρὴ τρόπῳ τοὺς ἐπιόντας ἀμύνασθαι, τὸν κίνδυνον ποιήσαιντο. ἔτι δ' αὐτοῖς ἐκ τῶν
προτέρων ἔργων περὶ τῆς πόλεως τοιαύτη δόξα παρειστήκει, ὡς εἰ μὲν πρότερον ἐπ'
ἄλλην πόλιν ἴασιν, ἐκείνοις καὶ Ἀθηναίοις πολεμήσουσι: προθύμως γὰρ τοῖς
ἀδικουμένοις ἥξουσι βοηθήσοντες: εἰ δ' ἐνθάδε πρῶτον ἀφίξονται, οὐδένας ἄλλους
τῶν Ἑλλήνων τολμήσειν ἑτέρους σῴζοντας φανερὰν ἔχθραν πρὸς ἐκείνους ὑπὲρ
αὐτῶν καταθέσθαι. οἱ μὲν τοίνυν ταῦτα διενοοῦντο: οἱ δ' ἡμέτεροι πρόγονοι οὐ
λογισμῷ δόντες τοὺς ἐν τῷ πολέμῳ κινδύνους, ἀλλὰ νομίζοντες τὸν εὐκλεᾶ θάνατον
ἀθάνατον περὶ τῶν ἀγαθῶν καταλείπειν λόγον, οὐκ ἐφοβήθησαν τὸ πλῆθος τῶν
ἐναντίων, ἀλλὰ τῇ αὑτῶν ἀρετῇ μᾶλλον ἐπίστευσαν. καὶ αἰσχυνόμενοι ὅτι ἦσαν οἱ
βάρβαροι αὐτῶν ἐν τῇ χώρᾳ, οὐκ ἀνέμειναν πυθέσθαι οὐδὲ βοηθῆσαι τοὺς
συμμάχους, οὐδ' ᾠήθησαν δεῖν ἑτέροις τῆς σωτηρίας χάριν εἰδέναι, ἀλλὰ σφίσιν
αὐτοῖς τοὺς ἄλλους Ἕλληνας. ταῦτα μιᾷ γνώμῃ πάντες γνόντες ἀπήντων ὀλίγοι
πρὸς πολλούς: ἐνόμιζον γὰρ ἀποθανεῖν μὲν αὐτοῖς μετὰ πάντων προσήκειν, ἀγαθοῖς
δ' εἶναι μετ' ὀλίγων, καὶ τὰς μὲν ψυχὰς ἀλλοτρίας διὰ τὸν θάνατον κεκτῆσθαι, τὴν δ'
ἐκ τῶν κινδύνων μνήμην ἰδίαν καταλείψειν. ἠξίουν δέ, οὓς μὴ μόνοι νικῷεν, οὐδ' ἂν
μετὰ τῶν συμμάχων δύνασθαι: καὶ ἡττηθέντες μὲν ὀλίγῳ τῶν ἄλλων προαπολεῖσθαι,
νι κήσαντες δὲ καὶ τοὺς ἄλλους ἐλευθερώσειν.
| [2,20] Nobles par leur origine, nobles par leurs sentiments,
les ancêtres des guerriers couchés en ce lieu accomplirent
mille exploits admirables. La valeur de leurs descendants a
laissé aussi, partout, d'immortels et magnifiques trophées. A
eux seuls ils ont, pour le salut de l'Hellade entière, affronté
de nombreuses myriades de Barbares. 21 Le roi de l'Asie,
qui n'avait pas assez de ses possessions, et se flattait, encore
d'asservir l'Europe, envoya contre nous une armée de cinq
cent mille hommes. Ses généraux se dirent qu'en faisant
accepter leur alliance à notre cité, ou en la soumettant si elle
résistait, ils n'auraient pas de peine à réduire le reste des
Grecs, et ils débarquèrent auprès de Marathon. Le meilleur
moyen, pensaient-ils, de nous trouver seuls, sans alliés,
c'était de risquer le combat quand la Grèce était encore
divisée sur les moyens de repousser les agresseurs. 22 Au
reste, la conduite antérieure d'Athènes leur faisait présumer
que, s'ils se portaient d'abord contre une autre ville, en
plus de ses habitants, ils trouveraient devant eux les Athéniens,
prompts à secourir les victimes d'une injuste agression.
S'ils commençaient au contraire par nous, quelle cité
grecque, pour en sauver une autre, oserait encourir la haine
déclarée des barbares? 23 Tels étaient les calculs de l'ennemi.
Mais nos ancêtres, sans raisonner sur le péril, persuadés
qu'une mort glorieuse laisse le renom immortel de
nos belles actions, ne tremblèrent pas devant le nombre: ils
eurent confiance en leur valeur. Honteux de voir les barbares
sur leur sol, ils n'attendent pas que les alliés soient informés
de leur situation et viennent à leur secours : au lieu de devoir
à d'autres leur salut, c'était à eux, pensaient-ils, de sauver le
reste de la Grèce. 24 Dans ce sentiment unanime, leur
petite troupe marche au-devant d'un ennemi nombreux.
A leurs yeux, la mort était un sort à partager avec tous les
hommes, la gloire avec une élite ; et si la mort fait de la vie
un bien qui nous est étranger, le souvenir qu'ils laisseraient
après leurs épreuves serait bien à eux. Ils croyaient aussi
qu'une victoire qu'ils n'auraient pu remporter seuls leur
serait également impossible avec leurs alliés. Vaincus, ils
périraient seulement un peu plus tôt que les autres ; vainqueurs,
ils affranchiraient avec eux les autres Grecs.
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