[2,65] ἔργοις δὲ μεγίστοις καὶ καλλίστοις ἀπελογήσαντο, ὅτι οὐ κακίᾳ τῇ αὑτῶν
οὐδ' ἀρετῇ τῇ τῶν πολεμίων πρότερον ἐδυστύχησεν ἡ πόλις: εἰ γὰρ στασιάσαντες
πρὸς ἀλλήλους βίᾳ παρόντων Πελοποννησίων καὶ τῶν ἄλλων ἐχθρῶν εἰς τὴν αὑτῶν
οἷοί τε ἐγένοντο κατελθεῖν, δῆλον ὅτι ῥᾳδίως ἂν ὁμονοοῦντες πολεμεῖν αὐτοῖς
ἐδύναντο.
Ἐκεῖνοι μὲν οὖν διὰ τοὺς ἐν Πειραιεῖ κινδύνους ὑπὸ πάντων ἀνθρώπων ζηλοῦνται:
ἄξιον δὲ καὶ τοὺς ξένους τοὺς ἐνθάδε κειμένους ἐπαινέσαι, οἳ τῷ πλήθει βοηθήσαντες
καὶ περὶ τῆς ἡμετέρας σωτηρίας μαχόμενοι, πατρίδα τὴν ἀρετὴν ἡγησάμενοι,
τοιαύτην τοῦ βίου τελευτὴν ἐποιήσαντο: ἀνθ' ὧν ἡ πόλις αὐτοὺς καὶ ἐπένθησε καὶ
ἔθαψε δημοσίᾳ, καὶ ἔδωκεν ἔχειν αὐτοῖς τὸν ἅπαντα χρόνον τὰς αὐτὰς τιμὰς τοῖς
ἀστοῖς.
Οἱ δὲ νῦν θαπτόμενοι, βοηθήσαντες Κορινθίοις ὑπὸ παλαιῶν φίλων ἀδικουμένοις
καινοὶ σύμμαχοι γενόμενοι, οὐ τὴν αὐτὴν γνώμην Λακεδαιμονίοις ἔχοντες οἱ μὲν γὰρ
τῶν ἀγαθῶν αὐτοῖς ἐφθόνουν, οἱ δὲ ἀδικουμένους αὐτοὺς ἠλέουν, οὐ τῆς προτέρας
ἔχθρας μεμνημένοι, ἀλλὰ τὴν παροῦσαν φιλίαν περὶ πολλοῦ ποιούμενοι πᾶσιν
ἀνθρώποις φανερὰν τὴν αὑτῶν ἀρετὴν ἐπεδείξαντο. ἐτόλμησαν γὰρ μεγάλην
ποιοῦντες τὴν Ἑλλάδα οὐ μόνον ὑπὲρ τῆς αὑτῶν σωτηρίας κινδυνεύειν, ἀλλὰ καὶ
ὑπὲρ τῆς τῶν πολεμίων ἐλευθερίας ἀποθνῄσκειν: τοῖς γὰρ Λακεδαιμονίων συμμάχοις
περὶ τῆς ἐκείνων ἐλευθερίας ἐμάχοντο. νικήσαντες μὲν γὰρ ἂν ἐκείνους τῶν αὐτῶν
ἠξίουν, δυστυχήσαντες δὲ βέβαιον τὴν δουλείαν τοῖς ἐν τῇ Πελοποννήσῳ κατέλιπον.
Ἐκείνοις μὲν οὖν οὕτω διακειμένοις ὁ βίος οἰκτρὸς καὶ ὁ θάνατος εὐκτός: οὗτοι δὲ
καὶ ζῶντες καὶ ἀποθανόντες ζηλωτοί, παιδευθέντες μὲν ἐν τοῖς τῶν προγόνων
ἀγαθοῖς, ἄνδρες δὲ γενόμενοι τήν τε ἐκείνων δόξαν διασώσαν τες καὶ τὴν αὑτῶν
ἀρετὴν ἐπιδείξαντες.
| [2,65] La grandeur
et la noblesse de leurs actes prouvèrent que leurs précédents
malheurs n'étaient dus ni à leur lâcheté, ni au mérite de leurs
ennemis. Puisque, en dépit de leurs divisions, malgré la présence
des Péloponnésiens et de leurs autres adversaires, ils
avaient été assez forts pour rentrer dans Athènes : ils n'auraient
évidemment pas eu de peine à vaincre en restant unis.
66 Ainsi les combats du Pirée valent à nos héros l'admiration
de tous les hommes. Mais nous devons aussi des
louanges aux étrangers couchés dans ce tombeau. Venus au
secours du peuple, ils ont combattu pour notre salut, et,
persuadés que la valeur tient lieu de patrie, ils ont fini
glorieusement leurs jours. C'est pourquoi la cité a porté leur
deuil, leur a fait des funérailles publiques, et leur a accordé
pour l'éternité les mêmes honneurs qu'aux citoyens.
67 Les guerriers que nous venons d'ensevelir étaient
allés secourir les Corinthiens, nos nouveaux alliés, injustement
attaqués par d'anciens amis. Dans un sentiment bien
différent de celui des Lacédémoniens, au lieu d'envier la
prospérité de Corinthe, ils furent touchés des injustices dont
elle était victime, et, oubliant leur précédente inimitié, tout
à l'amitié présente, ils signalèrent leur valeur aux yeux du
monde entier. 68 Afin de faire la Grèce plus grande, ils
n'ont pas seulement affronté la lutte pour leur propre salut,
ils ont eu le courage de mourir pour la liberté de leurs ennemis.
Oui, ils combattaient contre les alliés des Lacédémoniens
pour la liberté de ces alliés eux-mêmes. Vainqueurs, ils leur
auraient fait partager leurs propres avantages : leur malheur
affermit l'esclavage des Péloponnésiens.
69 Dans la situation de ces malheureux, la vie est une
souffrance et la mort un bien désirable. Nos héros, au contraire,
sont dignes d'envie après leur mort comme de leur
vivant. Élevés dans les vertus des ancêtres, ils surent, à l'âge
d'hommes, conserver cet héritage de gloire et signaler leur
propre valeur.
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