HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Timon ou le Misanthrope

Paragraphes 50-58

  Paragraphes 50-58

[50] ΔΗΜΕΑΣ Χαῖρε, Τίμων, τὸ μέγα ὄφελος τοῦ γένους, τὸ ἔρεισμα τῶν Ἀθηνῶν, τὸ πρόβλημα τῆς Ἑλλάδος· καὶ μὴν πάλαι σε δῆμος συνειλεγμένος καὶ αἱ βουλαὶ ἀμφότεραι περιμένουσι. πρότερον δὲ ἄκουσον τὸ ψήφισμα, ὑπὲρ σοῦ γέγραφα· "Ἐπειδὴ Τίμων {} Ἐχεκρατίδου Κολλυτεύς, ἀνὴρ οὐ μόνον καλὸς κἀγαθός, ἀλλὰ καὶ σοφὸς ὡς οὐκ ἄλλος ἐν τῇ Ἑλλάδι, παρὰ πάντα χρόνον διατελεῖ τὰ ἄριστα πράττων τῇ πόλει, νενίκηκεν δὲ πὺξ καὶ πάλην καὶ δρόμον ἐν Ὀλυμπίᾳ μιᾶς ἡμέρας καὶ τελείῳ ἅρματι καὶ συνωρίδι πωλικῇ—" ΤΙΜΩΝ Ἀλλ´ οὐδὲ ἐθεώρησα ἐγὼ πώποτε εἰς Ὀλυμπίαν. ΔΗΜΕΑΣ Τί οὖν; θεωρήσεις ὕστερον· τὰ τοιαῦτα δὲ πολλὰ προσκεῖσθαι ἄμεινον. "Καὶ ἠρίστευσε δὲ ὑπὲρ τῆς πόλεως πέρυσι πρὸς Ἀχαρναῖς καὶ κατέκοψε Πελοποννησίων δύο μοίρας—" [50] DÉMÉAS. Bonjour, Timon, l'honneur de la famille, le rempart d'Athènes, le boulevard de la Grèce : le peuple rassemblé et les deux sénats t'attendent depuis longtemps ; mais écoute d'abord le décret que j'ai proposé en ta faveur : "Attendu que Timon, fils d'Echécratide, du bourg de Colytte, non seulement excellent citoyen, mais homme sage, s'il en fut dans toute la Grèce, n'a jamais cessé de rendre à la république les services les plus signalés ; attendu qu'il a été vainqueur au pugilat, à la lutte et à la course le même jour, à Olympie, et qu'il a remporté le prix du char attelé de quatre chevaux, de deux chevaux... " TIMON. Mais je n'ai jamais assisté aux jeux Olympiques. DÉMÉAS. Qu'importe ! tu y assisteras plus tard : mais il est bon de voir cela figurer dans un décret avec d'autres choses encore : "Attendu qu'il s'est distingué l'année dernière en servant la république contre les Acharniens, et qu'il a taillé en pièces deux bataillons de Péloponésiens... "
[51] ΤΙΜΩΝ Πῶς; διὰ γὰρ τὸ μὴ ἔχειν ὅπλα οὐδὲ προὐγράφην ἐν τῷ καταλόγῳ. ΔΗΜΕΑΣ Μέτρια τὰ περὶ σαυτοῦ λέγεις, ἡμεῖς δὲ ἀχάριστοι ἂν εἴημεν ἀμνημονοῦντες. "Ἔτι δὲ καὶ ψηφίσματα γράφων καὶ συμβουλεύων καὶ στρατηγῶν οὐ μικρὰ ὠφέλησε τὴν πόλιν· ἐπὶ τούτοις ἅπασι δεδόχθω τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ καὶ τῇ Ἡλιαίᾳ κατὰ φυλὰς καὶ τοῖς δήμοις ἰδίᾳ καὶ κοινῇ πᾶσι χρυσοῦν ἀναστῆσαι τὸν Τίμωνα παρὰ τὴν Ἀθηνᾶν ἐν τῇ ἀκροπόλει κεραυνὸν ἐν τῇ δεξιᾷ ἔχοντα καὶ ἀκτῖνας ἐπὶ τῇ κεφαλῇ καὶ στεφανῶσαι αὐτὸν χρυσοῖς στεφάνοις ἑπτὰ καὶ ἀνακηρυχθῆναι τοὺς στεφάνους σήμερον Διονυσίοις τραγῳδοῖς καινοῖςἀχθῆναι γὰρ δι´ αὐτὸν δεῖ τήμερον τὰ Διονύσια. εἶπε τὴν γνώμην Δημέας ῥήτωρ, συγγενὴς αὐτοῦ ἀγχιστεὺς καὶ μαθητὴς ὤν· καὶ γὰρ ῥήτωρ ἄριστος Τίμων καὶ τὰ ἄλλα πάντα ὁπόσα ἂν ἐθέλοι." [51] TIMON. Comment ? je n'ai jamais porté les armes, je n'ai jamais été inscrit sur les rôles militaires ! DÉMÉAS. Tu fais le modeste ; mais nous serions des ingrats, si nous oubliions tes services. "Outre plus, attendu que Timon par ses décrets, ses conseils, sa conduite à la tête des armées, a rendu les plus grands services à l'État ; à ces causes, il a semblé bon au Sénat, au Peuple et aux Héliastes, assemblés par tribus, aux dèmes en particulier, et aux citoyens en général, d'élever une statue d'or à Timon, près de celle de Minerve, dans l'Acropole, laquelle statue aura un foudre à la main droite, et sept rayons sur la tête ; ce même Timon sera couronné de couronnes d'or, suivant la proclamation qui va en être faite aujourd'hui, après la représentation des tragédies aux nouvelles Dionysiaques ; car il convient de célébrer dès ce moment même les Dionysiaques en l'honneur de Timon. Tel est l'avis de Déméas, orateur, proche parent dudit Timon et son élève, vu que Timon est un orateur excellent, qui réussit d'ailleurs dans tout ce qu'il veut."
[52] Τουτὶ μὲν οὖν σοι τὸ ψήφισμα. ἐγὼ δὲ καὶ τὸν υἱὸν ἐβουλόμην ἀγαγεῖν παρὰ σέ, ὃν ἐπὶ τῷ σῷ ὀνόματι Τίμωνα ὠνόμακα. ΤΙΜΩΝ Πῶς, Δημέα, ὃς οὐδὲ γεγάμηκας, ὅσα γε καὶ ἡμᾶς εἰδέναι; ΔΗΜΕΑΣ Ἀλλὰ γαμῶ, ἢν διδῷ θεός, ἐς νέωτα καὶ παιδοποιήσομαι καὶ τὸ γεννηθησόμενονἄρρεν γὰρ ἔσταιΤίμωνα ἤδη καλῶ. ΤΙΜΩΝ Οὐκ οἶδα εἰ γαμησείεις ἔτι, οὗτος, τηλικαύτην παρ´ ἐμοῦ πληγὴν λαμβάνων. ΔΗΜΕΑΣ Οἴμοι· τί τοῦτο; τυραννίδι Τίμων ἐπιχειρεῖς καὶ τύπτεις τοὺς ἐλευθέρους οὐ καθαρῶς ἐλεύθερος οὐδ´ ἀστὸς ὤν; ἀλλὰ δώσεις ἐν τάχει τὴν δίκην τά τε ἄλλα καὶ ὅτι τὴν ἀκρόπολιν ἐνέπρησας. [52] Voilà le décret que je propose pour toi. Je voulais aussi t'amener mon fils auquel j'ai donné le nom de Timon. TIMON. Comment, Déméas ! Tu n'es pas marié, que je sache ! DÉMÉAS. Non, mais je me marie, s'il plaît à Dieu, l'année prochaine, et j'aurai des enfants, et mon premier-né, qui sera un garçon, s'appellera Timon. TIMON. Je ne sais pas si tu te marieras, mon ami, après le bon coup que tu vas recevoir. DÉMÉAS Aïe ! qu'est-ce donc ? Es-tu donc tyran d'Athènes pour frapper ainsi les citoyens libres, toi qui n'es ni libre ni citoyen ? Mais tu seras bientôt puni de tous tes méfaits, et pour avoir brûlé l'Acropole.
[53] ΤΙΜΩΝ Ἀλλ´ οὐκ ἐμπέπρησται, μιαρέ, ἀκρόπολις· ὥστε δῆλος εἶ συκοφαντῶν. ΔΗΜΕΑΣ Ἀλλὰ καὶ πλουτεῖς τὸν ὀπισθόδομον διορύξας. ΤΙΜΩΝ Οὐ διώρυκται οὐδὲ οὗτος, ὥστε ἀπίθανά σου καὶ ταῦτα. ΔΗΜΕΑΣ Διορυχθήσεται μὲν ὕστερον· ἤδη δὲ σὺ πάντα τὰ ἐν αὐτῷ ἔχεις. ΤΙΜΩΝ Οὐκοῦν καὶ ἄλλην λάμβανε. ΔΗΜΕΑΣ Οἴμοι τὸ μετάφρενον. ΤΙΜΩΝ Μὴ κέκραχθι· κατοίσω γάρ σοι καὶ τρίτην· ἐπεὶ καὶ γελοῖα πάμπαν ἂν πάθοιμι δύο μὲν Λακεδαιμονίων μοίρας κατακόψας ἄνοπλος, ἓν δὲ μιαρὸν ἀνθρώπιον μὴ ἐπιτρίψας· μάτην γὰρ ἂν εἴην καὶ νενικηκὼς Ὀλύμπια πὺξ καὶ πάλην. [53] TIMON. L'Acropole n'a jamais été brûlée, coquin ! Et tu n’es qu'un sycophante ! DÉMÉAS. Oui ; mais te t'es enrichi en entrant par-dessous terre dans l'intérieur du Parthénon. TIMON. Je n'y suis jamais entré, et personne ne croira ta langue. DÉMÉAS. Alors tu veux y entrer, et tu as déjà volé le trésor qui s'y trouve. TIMON. Tiens ! reçois encore celui-là ! DÉMÉAS. Holà ! le dos ! TIMON. Pas de cris ! ou je vais t'en donner un troisième. Il serait plaisant que j'eusse taillé en pièces deux bataillons de Lacédémoniens, moi qui n'ai jamais porté les armes, et que je ne pusse rosser un misérable drôle : vainement alors j'aurais été vainqueur à la lutte et au pugilat dans les jeux Olympiques.
[54] Ἀλλὰ τί τοῦτο; οὐ Θρασυκλῆς φιλόσοφος οὗτός ἐστιν; οὐ μὲν οὖν ἄλλος· ἐκπετάσας γοῦν τὸν πώγωνα καὶ τὰς ὀφρῦς ἀνατείνας καὶ βρενθυόμενός τι πρὸς αὑτὸν ἔρχεται, τιτανῶδες βλέπων, ἀνασεσοβημένος τὴν ἐπὶ τῷ μετώπῳ κόμην, Αὐτοβορέας τις Τρίτων, οἵους Ζεῦξις ἔγραψεν. οὗτος τὸ σχῆμα εὐσταλὴς καὶ κόσμιος τὸ βάδισμα καὶ σωφρονικὸς τὴν ἀναβολὴν ἕωθεν μυρία ὅσα περὶ ἀρετῆς διεξιὼν καὶ τῶν ἡδονῇ χαιρόντων κατηγορῶν καὶ τὸ ὀλιγαρκὲς ἐπαινῶν, ἐπειδὴ λουσάμενος ἀφίκοιτο ἐπὶ τὸ δεῖπνον καὶ παῖς μεγάλην τὴν κύλικα ὀρέξειεν αὐτῷτῷ ζωροτέρῳ δὲ χαίρει μάλιστακαθάπερ τὸ Λήθης ὕδωρ ἐκπιὼν ἐναντιώτατα ἐπιδείκνυται τοῖς ἑωθινοῖς ἐκείνοις λόγοις, προαρπάζων ὥσπερ ἴκτινος τὰ ὄψα καὶ τὸν πλησίον παραγκωνιζόμενος, καρύκης τὸ γένειον ἀνάπλεως, κυνηδὸν ἐμφορούμενος, ἐπικεκυφὼς καθάπερ ἐν ταῖς λοπάσι τὴν ἀρετὴν εὑρήσειν προσδοκῶν, ἀκριβῶς τὰ τρύβλια τῷ λιχανῷ ἀποσμήχων ὡς μηδὲ ὀλίγον τοῦ μυττωτοῦ καταλίποι, [54] Mais qui vient là ? n'est-ce pas le philosophe Trasyclès ? C'est bien lui ; avec sa longue barbe, ses larges sourcils, il s'avance en se rengorgeant, le regard farouche comme un Titan, les cheveux de devant rejetés en arrière, comme le Borée ou le Triton, peinte par Zeuxis : cet homme qui affecte un maintien sage, une démarche modeste, des vêtements simples, débite le matin mille beaux discours sur la vertu, blâme ceux qui se livrent aux plaisirs, et fait l’éloge de la frugalité, puis, le soir, après le bain, il se rend au souper, demande à l'esclave une large coupe pleine de vin (or il ne déteste pas le vin pur), et il semble alors qu’il ait bu les eaux du Léthé : le voilà, en effet, tenant des discours diamétralement opposés à ceux du matin, s'abattant sur les mets comme un vautour, soudoyant son voisin, s'emplissant le menton de sauce, se gorgeant en vrai chien, se courbant sur son assiette, dans l'espoir d'y trouver la vertu, nettoyant scrupuleusement les plats avec ses doigts, afin de n'y rien laisser de son hachis.
[55] μεμψίμοιρος ἀεί, κἂν τὸν πλακοῦντα ὅλον τὸν σῦν μόνος τῶν ἄλλων λάβῃ, τι περ λιχνείας καὶ ἀπληστίας ὄφελος, μέθυσος καὶ πάροινος οὐκ ἄχρι ᾠδῆς καὶ ὀρχηστύος μόνον, ἀλλὰ καὶ λοιδορίας καὶ ὀργῆς. προσέτι καὶ λόγοι πολλοὶ ἐπὶ τῇ κύλικι, τότε δὴ καὶ μάλιστα, περὶ σωφροσύνης καὶ κοσμιότητος· καὶ ταῦτά φησιν ἤδη ὑπὸ τοῦ ἀκράτου πονηρῶς ἔχων καὶ ὑποτραυλίζων γελοίως· εἶτα ἔμετος ἐπὶ τούτοις· καὶ τὸ τελευταῖον, ἀράμενοί τινες ἐκφέρουσιν αὐτὸν ἐκ τοῦ συμποσίου τῆς αὐλητρίδος ἀμφοτέραις ἐπειλημμένον. πλὴν ἀλλὰ καὶ νήφων οὐδενὶ τῶν πρωτείων παραχωρήσειεν ἂν ψεύσματος ἕνεκα θρασύτητος φιλαργυρίας· ἀλλὰ καὶ κολάκων ἐστὶ τὰ πρῶτα καὶ ἐπιορκεῖ προχειρότατα, καὶ γοητεία προηγεῖται καὶ ἀναισχυντία παρομαρτεῖ, καὶ ὅλως πάνσοφόν τι χρῆμα καὶ πανταχόθεν ἀκριβὲς καὶ ποικίλως ἐντελές. οἰμώξεται τοιγαροῦν οὐκ εἰς μακρὰν χρηστὸς ὤν. τί τοῦτο; παπαί, χρόνιος ἡμῖν Θρασυκλῆς. [55] Toujours mécontent de sa portion, il voudrait à lui seul un gâteau ou un cochon tout entier ; mais bientôt, fruit ordinaire de la gourmandise et de la goinfrerie, l'ivresse le gagne, le vin le prend, et il ne s'arrête pas aux chansons et à la danse, il va jusqu'aux invectives et à la colère. La coupe en main, il donne essor à sa langue, discourant sur la sagesse et la tempérance, et cela, quand déjà le vin le fait chanceler et balbutier des phrases ridicules : après quoi, il vomit pour couronner l'oeuvre ; et, lorsque l'on vient pour l'emporter hors de la salle, il se cramponne avec les mains à quelque joueuse de flûte. Du reste, même à jeun, il ne cède à personne la palme du mensonge, de l’effronterie et de la cupidité : c'est le roi des flatteurs, le prince des parjures ; devant lui marche la fourberie et derrière lui l'impudence : au demeurant, homme confit en sagesse, accompli en tout point et doué de toutes les perfections. Il va me la payer avant peu, cet honnête philosophe. Que vois-je ? grands dieux ! C'est vous, Thrasyclès, si longtemps attendu ?
[56] ΘΡΑΣΥΚΛΗΣ Οὐ κατὰ ταὐτά, Τίμων, τοῖς πολλοῖς τούτοις ἀφῖγμαι, ὥσπερ οἱ τὸν πλοῦτόν σου τεθηπότες ἀργυρίου καὶ χρυσίου καὶ δείπνων πολυτελῶν ἐλπίδι συνδεδραμήκασι, πολλὴν τὴν κολακείαν ἐπιδειξόμενοι πρὸς ἄνδρα οἷον σὲ ἁπλοϊκὸν καὶ τῶν ὄντων κοινωνικόν· οἶσθα γὰρ ὡς μᾶζα μὲν ἐμοὶ δεῖπνον ἱκανόν, ὄψον δὲ ἥδιστον θύμον κάρδαμον εἴ ποτε τρυφῴην, ὀλίγον τῶν ἁλῶν· ποτὸν δὲ ἐννεάκρουνος· δὲ τρίβων οὗτος ἧς βούλει πορφυρίδος ἀμείνων. τὸ χρυσίον μὲν γὰρ οὐδὲν τιμιώτερον τῶν ἐν τοῖς αἰγιαλοῖς ψηφίδων μοι δοκεῖ. σοῦ δὲ αὐτοῦ χάριν ἐστάλην, ὡς μὴ διαφθείρῃ σε τὸ κάκιστον τοῦτο καὶ ἐπιβουλότατον κτῆμα πλοῦτος, πολλοῖς πολλάκις αἴτιος ἀνηκέστων συμφορῶν γεγενημένος· εἰ γάρ μοι πείθοιο, μάλισταμὲνὅλον ἐς τὴν θάλατταν ἐμβαλεῖς αὐτὸν οὐδὲν ἀναγκαῖον ἀνδρὶ ἀγαθῷ ὄντα καὶ τὸν φιλοσοφίας πλοῦτον ὁρᾶν δυναμένῳ· μὴ μέντοι ἐς βάθος, ὦγαθέ, ἀλλ´ ὅσον ἐς βουβῶνας ἐπεμβὰς ὀλίγον πρὸ τῆς κυματωγῆς, ἐμοῦ ὁρῶντος μόνου· [56] THRASYCLÈS. Je ne viens point vers vous, Timon, comme la plupart de ces gens qui, épris d'amour pour vos richesses, espérant partager votre argent, votre or, vos festins splendides, s'empressent de venir étaler leur flatterie autour d'un homme simple, comme vous, et toujours prêt à partager ce qu'il possède. Vous savez qu'un peu de pain me suffit, que mon meilleur repas c'est du thym, du cresson, assaisonnés d'un peu de sel, quand je veux me régaler, que ma boisson est puisée à la fontaine aux neuf bouches : je préfère ce manteau à n'importe quelle robe de pourpre, et je ne fais pas plus de cas de l'or que des cailloux répandus sur le rivage. C'est pour vous-même que je suis venu ici ; c'est pour empêcher que vous ne vous laissiez corrompre par cette possession si funeste, si dangereuse, la richesse, qui souvent est la source de mille maux incurables. Si donc vous voulez m'en croire, vous jetterez dans la mer cet or si inutile à un homme de bien comme vous, qui peut contempler les richesses de la philosophie. N'allez pas cependant, cher ami, le jeter dans un endroit profond ; entrez dans l'eau jusqu'à la ceinture et jetez-le non loin du rivage, sans autre témoin que moi.
[57] εἰ δὲ μὴ τοῦτο βούλει, σὺ δὲ ἄλλον τρόπον ἀμείνω κατὰ τάχος ἐκφόρησον αὐτὸν ἐκ τῆς οἰκίας μηδ´ ὀβολὸν αὑτῷ ἀνείς, διαδιδοὺς ἅπασι τοῖς δεομένοις, μὲν πέντε δραχμάς, δὲ μνᾶν, δὲ ἡμιτάλαντον· εἰ δέ τις φιλόσοφος εἴη, διμοιρίαν τριμοιρίαν φέρεσθαι δίκαιος· ἐμοὶ δέκαίτοι οὐκ ἐμαυτοῦ χάριν αἰτῶ, ἀλλ´ ὅπως μεταδῶ τῶν ἑταίρων τοῖς δεομένοιςἱκανὸν εἰ ταυτηνὶ τὴν πήραν ἐμπλήσας παράσχοις οὐδὲ ὅλους δύο μεδίμνους χωροῦσαν Αἰγινητικούς. ὀλιγαρκῆ δὲ καὶ μέτριον χρὴ εἶναι τὸν φιλοσοφοῦντα καὶ μηδὲν ὑπὲρ τὴν πήραν φρονεῖν. ΤΙΜΩΝ Ἐπαινῶ ταῦτά σου, Θρασύκλεις· πρὸ δ´ οὖν τῆς πήρας, εἰ δοκεῖ, φέρε σοι τὴν κεφαλὴν ἐμπλήσω κονδύλων ἐπιμετρήσας τῇ δικέλλῃ. ΘΡΑΣΥΚΛΗΣ δημοκρατία καὶ νόμοι, παιόμεθα ὑπὸ τοῦ καταράτου ἐν ἐλευθέρᾳ τῇ πόλει. ΤΙΜΩΝ Τί ἀγανακτεῖς, ὦγαθέ; μῶν παρακέκρουσμαί σε; καὶ μὴν ἐπεμβαλῶ χοίνικας ὑπὲρ τὸ μέτρον τέτταρας. ἀλλὰ τί τοῦτο; [57] Si ce conseil ne vous agrée pas, vous pouvez vous en défaire par un meilleur moyen, sans laisser une obole ; vous n'avez qu’à le distribuer à tous ceux qui en ont besoin, à l'un cinq drachmes, à l'autre une mine, à cet autre, un demi-talent ; et, si c'est un philosophe, il est juste qu'il ait double et même triple part. Quant à moi, je ne demande rien pour moi-même ; mais, afin de pouvoir soulager quelques amis qui sont dans l'indigence il me suffira que vous remplissiez cette besace, qui ne contient que deux médimnes d'Égine : quand on est philosophe, il faut savoir se contenter de peu, modérer ses désirs et ne pas songer au delà de la besace. TIMON. Fort bien dit, Thrasyclès ; mais, avant de remplir ta besace, il faut, s'il te plaît, que je t'assène quelques coups de poing sur la tête, et par-dessus le marché quelques bons coups de pioche. THRASYCLÈS. O république, ô lois ! nous sommes frappés par un coquin dans une cité libre ! TIMON. De quoi te plains-tu, bon Thrasyclès ? t'ai-je fait mauvaise mesure ? tiens, je vais te donner quatre chénices en sus. Mais qu'est-ce-ci ?
[58] πολλοὶ συνέρχονται· Βλεψίας ἐκεῖνος καὶ Λάχης καὶ Γνίφων καὶ ὅλον τὸ σύνταγμα τῶν οἰμωξομένων. ὥστε τί οὐκ ἐπὶ τὴν πέτραν ταύτην ἀνελθὼν τὴν μὲν δίκελλαν ὀλίγον ἀναπαύω πάλαι πεπονηκυῖαν, αὐτὸς δὲ ὅτι πλείστους λίθους συμφορήσας ἐπιχαλαζῶ πόρρωθεν αὐτούς; ΒΛΕΨΙΑΣ Μὴ βάλλε, Τίμων· ἄπιμεν γάρ. ΤΙΜΩΝ Ἀλλ´ οὐκ ἀναιμωτί γε ὑμεῖς οὐδὲ ἄνευ τραυμάτων. [58] Ils accourent en foule ; Blepsias, Lachès, Gniphon et une légion de drôles que je vais faire crier. Que ne monté-je sur cette roche, pour laisser reposer ma pioche depuis longtemps fatiguée ? Ramassons des pierres et faisons-les pleuvoir sur eux comme une grêle. BLEPSIAS. Assez, assez, Timon ; nous nous en allons. TIMON. Oui, partez, mais couverts de sang et de blessures !


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Dernière mise à jour : 30/04/2009