HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Prométhée ou le Caucase

Paragraphes 3-4

  Paragraphes 3-4

[3] (ΠΡΟΜΗΘΕΥΣ) Κρόνε καὶ Ἰαπετὲ καὶ σὺ μῆτερ, οἷα πέπονθα κακοδαίμων οὐδὲν δεινὸν εἰργασμένος. (ΕΡΜΗΣ) Οὐδέν, Προμηθεῦ, δεινὸν εἰργάσω, ὃς πρῶτα μὲν τὴν νομὴν τῶν κρεῶν ἐγχειρισθεὶς οὕτως ἄδικον ἐποιήσω καὶ ἀπατηλήν, ὡς σαυτῷ μὲν τὰ κάλλιστα ὑπεξελέσθαι, τὸν Δία δὲ παραλογίσασθαι ὀστᾶ "καλύψας ἄργετι δημῷμέμνημαι γὰρ Ἡσιόδου νὴ Δί´ οὕτως εἰπόντος· ἔπειτα δὲ τοὺς ἀνθρώπους ἀνέπλασας, πανουργότατα ζῷα, καὶ μάλιστά γε τὰς γυναῖκας· ἐπὶ πᾶσι δὲ τὸ τιμιώτατον κτῆμα τῶν θεῶν τὸ πῦρ κλέψας, καὶ τοῦτο ἔδωκας τοῖς ἀνθρώποις; τοσαῦτα δεινὰ εἰργασμένος φὴς μηδὲν ἀδικήσας δεδέσθαι; [3] (PROMÉTHÉE) O Saturne ! ô Japet ! et toi, Terre, qui m'as donné le jour, quels maux on fait souffrir à un infortuné qui n'a commis aucun mal ! (MERCURE) Aucun mal, Prométhée ! Chargé jadis de faire la distribution des viandes, n'as-tu pas poussé' l'injustice et la fourberie au point de te réserver les meilleurs morceaux, et de ne servir à Jupiter que des os "recouverts d'une graisse blanche" ? Je me rappelle bien, par Jupiter ! les vers où Hésiode dit cela. Ensuite, n'as-tu pas fait les hommes, animaux des plus malfaisants, et, chose pire encore, les femmes ? En outre, n'as-tu pas dérobé l'apanage le plus précieux des immortels, le feu, pour le donner aux hommes ! Après de tels méfaits, tu dis que tu n'as commis aucun mal ?
[4] (ΠΡΟΜΗΘΕΥΣ) Ἔοικας, Ἑρμῆ, καὶ σὺ κατὰ τὸν ποιητὴν "ἀναίτιον αἰτιάασθαι," ὃς τὰ τοιαῦτά μοι προφέρεις, ἐφ´ οἷς ἔγωγε τῆς ἐν πρυτανείῳ σιτήσεως, εἰ τὰ δίκαια ἐγίγνετο, ἐτιμησάμην ἂν ἐμαυτῷ. εἰ γοῦν σχολή σοι, ἡδέως ἂν καὶ δικαιολογησαίμην ὑπὲρ τῶν ἐγκλημάτων, ὡς δείξαιμι ἄδικα ἐγνωκότα περὶ ἡμῶν τὸν Δία· σὺ δὲστωμύλος γὰρ εἶ καὶ δικανικόςἀπολόγησαι ὑπὲρ αὐτοῦ ὡς δικαίαν τὴν ψῆφον ἔθετο, ἀνεσταυρῶσθαί με πλησίον τῶν Κασπίων τούτων πυλῶν ἐπὶ τοῦ Καυκάσου, οἴκτιστον θέαμα πᾶσι Σκύθαις. (ΕΡΜΗΣ) Ἕωλον μέν, Προμηθεῦ, τὴν ἔφεσιν ἀγωνιῇ καὶ ἐς οὐδὲν δέον· ὅμως δ´ οὖν λέγε· καὶ γὰρ ἄλλως περιμένειν ἀναγκαῖον, ἔστ´ ἂν ἀετὸς καταπτῇ ἐπιμελησόμενός σου τοῦ ἥπατος. τὴν ἐν τῷ μέσῳ δὴ ταύτην σχολὴν καλῶς ἂν ἔχον εἴη εἰς ἀκρόασιν καταχρήσασθαι σοφιστικήν, οἷος εἶ σὺ πανουργότατος ἐν τοῖς λόγοις. [4] (PROMÉTHÉE) Tu as bien l'air, Mercure, de vouloir, comme le dit le poète, inculper un innocent. Tu me reproches des choses peur lesquelles je mériterais, à mon avis, si l'on me rendait justice, d'être nourri au prytanée. Si tu avais le temps de m'entendre, je me justifierais volontiers auprès de toi de toutes ces accusations, et te prouverais les torts de Jupiter envers moi. Mais toi, qui es un peu babillard et chicaneur, plaide pour lui et démontre qu’il a porté un jugement équitable, en me faisant clouer près des portes Caspiennes, sur le Caucase, triste spectacle pour tous les scythes. (MERCURE) L'appel est un peu tardif, Prométhée et le plaidoyer inutile ; parle cependant : aussi bien faut-il que je demeure ici jusqu'à l'arrivée de l'aigle qui doit prendre soin de ton foie, et je consens à passer le temps qui va s'écouler d'ici là à entendre les déclamations sophistiques d'un parleur habile comme toi.


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Dernière mise à jour : 22/11/2007