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[19] ΛΥΚΙΝΟΣ.
Νὴ Δί´, ὦ Πολύστρατε, θαυμάσιος οὖσα. σὺ
δὲ ἄλλας γράφου.
ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ.
Τὰς τῆς χρηστότητος, ὦ ἑταῖρε, καὶ φιλανθρωπίας,
ἣ τὸ ἥμερον ἐμφανιεῖ τοῦ τρόπου καὶ
πρὸς τοὺς δεομένους προσηνές; εἰκάσθω οὖν καὶ
αὐτὴ Θεανοῖ τε ἐκείνῃ τῇ Ἀντήνορος καὶ Ἀρήτῃ
καὶ τῇ θυγατρὶ αὐτῆς τῇ Ναυσικάᾳ, καὶ εἴ τις
ἄλλη ἐν μεγέθει πραγμάτων ἐσωφρόνησε πρὸς
τὴν τύχην.
| [19] LYCINUS. Par Jupiter, Polystrate, il est vraiment admirable ; mais passons à
un autre.
POLYSTRATE. Pour sa bonté, mon cher, pour cette affabilité qui est l'indice d'un
caractère affectueux, pour sa bienveillance enfin à l'égard de ceux qui
implorent son appui, il faut lui donner les traits de l'autre Théano, épouse
d'Anténor, ceux d'Arété, de sa fille Nausicaa, et de toutes les femmes
qui, dans une haute fortune, se sont distinguées par leur modération.
| [20] Ἑξῆς δὲ μετὰ ταύτην ἡ τῆς σωφροσύνης αὐτῆς
γεγράφθω καὶ τῆς πρὸς τὸν συνόντα εὐνοίας, ὡς
κατὰ τὴν τοῦ Ἰκαρίου μάλιστα εἶναι τὴν σαόφρονα
καὶ τὴν περίφρονα ὑπὸ τοῦ Ὁμήρου
γεγραμμένην—τοιαύτην γὰρ τὴν τῆς Πηνελόπης
εἰκόνα ἐκεῖνος ἔγραψεν—ἢ καὶ νὴ Δία κατὰ τὴν
ὁμώνυμον αὐτῆς τὴν τοῦ Ἀβραδάτα, ἧς μικρὸν
ἔμπροσθεν ἐμνημονεύσαμεν.
ΛΥΚΙΝΟΣ.
Παγκάλην καὶ ταύτην, ὦ Πολύστρατε, ἀπειργάσω,
καὶ σχεδὸν ἤδη τέλος σοι ἔχουσιν αἱ
εἰκόνες· ἅπασαν γὰρ ἐπελήλυθας τὴν ψυχὴν
κατὰ μέρη ἐπαινῶν.
| [20] Après ce tableau, nous ferons celui de sa vertu et de son amour pour le
héros dont elle partage la couche : telle était la fille d'Icarius, cette
femme prudente et sage, dont Homère a tracé le portrait ; car c'est ainsi qu'il
a peint Pénélope. Mais plutôt, par Jupiter ! représentons-la comme l'épouse
d'Abradate, dont elle porte le nom et de laquelle nous avons parlé tout à l'heure.
LYCINUS. Ah ! Polystrate, ce dernier coup de pinceau achève ta peinture ; mais
tes portraits doivent être bientôt finis, car tu as détaillé son âme tout
entière, en en louant successivement les parties.
| [21] ΠΟΛΥΣΤΡΑΤΟΣ.
Οὐχ ἅπασαν· ἔτι γὰρ τὰ μέγιστα τῶν ἐπαίνων
περιλείπεται. λέγω δὲ τὸ ἐν τηλικούτῳ ὄγκῳ
γενομένην αὐτὴν μήτε τῦφον ἐπὶ τῇ εὐπραξίᾳ
περιβαλέσθαι μήτε ὑπὲρ τὸ ἀνθρώπινον μέτρον
ἐπαρθῆναι πιστεύσασαν τῇ τύχῃ, φυλάττειν δὲ
ἐπὶ τοῦ ἰσοπέδου ἑαυτὴν μηδὲν ἀπειρόκαλον ἢ
φορτικὸν φρονοῦσαν καὶ τοῖς προσιοῦσιν δημοτικῶς
τε καὶ ἐκ τοῦ ὁμοίου προσφέρεσθαι καὶ
δεξιώσεις καὶ φιλοφροσύνας φιλοφρονεῖσθαι τοσούτῳ
ἡδίους τοῖς προσομιλοῦσιν, ὅσῳ καὶ παρὰ
μείζονος ὅμως γιγνόμεναι οὐδὲν τραγικὸν ἐμφαίνουσιν.
ὡς ὁπόσοι τῷ μέγα δύνασθαι μὴ πρὸς
ὑπεροψίαν, ἀλλὰ καὶ πρὸς εὐποιίαν ἐχρήσαντο,
οὗτοι καὶ ἄξιοι μάλιστα τῶν παρὰ τῆς τύχης
δοθέντων ἀγαθῶν ὤφθησαν, καὶ μόνοι ἂν οὗτοι
δικαίως τὸ ἐπίφθονον διαφύγοιεν· οὐδεὶς γὰρ ἂν
φθονήσειε τῷ ὑπερέχοντι, ἢν μετριάζοντα ἐπὶ
τοῖς εὐτυχήμασιν αὐτὸν ὁρᾷ καὶ μὴ κατὰ τὴν τοῦ
Ὁμήρου Ἄτην ἐκείνην ἐπ´ ἀνδρῶν κράατα βεβηκότα
καὶ τὸ ὑποδεέστερον πατοῦντα· ὅπερ οἱ
ταπεινοὶ τὰς γνώμας πάσχουσιν ἀπειροκαλίᾳ τῆς
ψυχῆς· ἐπειδὰν γὰρ αὐτοὺς ἡ τύχη μηδὲν τοιοῦτον
ἐλπίσαντας ἄφνω ἀναβιβάσῃ εἰς πτηνόν τι
καὶ μετάρσιον ὄχημα, οὐ μένουσιν ἐπὶ τῶν
ὑπαρχόντων οὐδ´ ἀφορῶσιν κάτω, ἀλλὰ ἀεὶ
πρὸς τὸ ἄναντες βιάζονται. τοιγαροῦν ὥσπερ ὁ
Ἴκαρος, τακέντος αὐτοῖς τάχιστα τοῦ κηροῦ καὶ
τῶν πτερῶν περιρρυέντων, γέλωτα ὀφλισκάνουσιν
ἐπὶ κεφαλὴν εἰς πελάγη καὶ κλύδωνα ἐμπίπτοντες·
ὅσοι δὲ κατὰ τὸν Δαίδαλον ἐχρήσαντο τοῖς
πτεροῖς καὶ μὴ πάνυ ἐπήρθησαν, εἰδότες ὅτι ἐκ
κηροῦ ἦν αὐτοῖς πεποιημένα, ἐταμιεύσαντο δὲ
πρὸς τὸ ἀνθρώπινον τὴν φορὰν καὶ ἠγάπησαν
ὑψηλότεροι μόνον τῶν κυμάτων ἐνεχθέντες, ὥστε
μέντοι νοτίζεσθαι αὐτοῖς ἀεὶ τὰ πτερὰ καὶ μὴ
παρέχειν αὐτὰ μόνῳ τῷ ἡλίῳ, οὗτοι δὲ ἀσφαλῶς
τε ἅμα καὶ σωφρόνως διέπτησαν· ὅπερ καὶ ταύτην
ἄν τις μάλιστα ἐπαινέσειε. τοιγαροῦν καὶ
ἄξιον παρὰ πάντων ἀπολαμβάνει τὸν καρπόν,
εὐχομένων ταῦτά τε αὐτῇ παραμεῖναι τὰ πτερὰ
καὶ ἔτι πλείω ἐπιρρεῖν τἀγαθά.
| [21] POLYSTRATE. Non pas tout entière : je n'ai point encore parlé de ce qui
mérite nos plus grands éloges ; je n'ai pas dit quelle elle se montre au milieu
de sa condition splendide ; point d'orgueil dans la prospérité qui l'environne,
nulle confiance dans la fortune qui l'a placée si haut au-dessus des hommes :
elle sait demeurer au même niveau ; jamais un mot incivil, une pensée insolente
; populaire à ceux qui l'abordent, elle descend avec eux sur le terrain de
l'égalité, se montre toujours affable dans les témoignages d'amitié et de
petitesse, et charme ainsi d'autant plus ceux qui les reçoivent, qu'ils partent
d'une personne élevée, sans avoir rien de théâtral. C'est ainsi que ceux qui
font tourner leur pouvoir, non vers le dédain, mais vers la bienveillance,
paraissent vraiment dignes des biens que le sort leur a départis, seuls, ils
échappent justement à l'envie ; personne ne jalousant une puissance qui se
montre modérée dans le succès, et qui ne va pas, semblable à l'Até d'Homère,
fouler aux pieds les têtes des hommes et écraser ceux qui sont au-dessous
d'elle. Voici, d'ailleurs, ce qui arrive aux gens d'un esprit étroit et rendus
insolents par la fortune : Lorsque cette déesse, au moment où ils s'y attendent
le moins, les fait monter sur son char aux ailes rapides, peu satisfaits de leur
sort, ils ne regardent plus la terre et ils aspirent à s'élever davantage ; mais
bientôt, nouveaux Icares, leur cire se fond, leurs ailes se dispersent au vent,
et ils font rire, en tombant sur la tête au milieu de la mer et des flots. Ceux,
au contraire, qui usent de leurs ailes, comme Dédale, sans s'élever trop haut et
sans oublier qu'elles sont faites de cire, ménagent leur vol proportionné à la
nature humaine, et, contents de raser les flots, où ils mouillent de temps en
temps leurs ailes qu'ils n'exposent point à toute l'ardeur du soleil, ils
arrivent sûrement et sagement à leur but. Voilà ce qu'on doit louer avant tout
dans notre héroïne ; aussi mérite-t-elle que chacun lui souhaite, en, retour de
sa bonté, de conserver toujours ses ailes, et de voir affluer sans cesse de
nouveaux biens.
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