HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur un appartement

Chapitre 17-20

  Chapitre 17-20

[17] Καὶ μὴν κἀκεῖνο, ὅπερ ἔφη ἀντίδικος, ὡς ἄρα ἐπεγείρει καλὸς οἶκος τὸν λέγοντα καὶ προθυμότερον παρασκευάζει, ἐμοὶ δοκεῖ τὸ ἐναντίον ποιεῖν· ἐκπλήττει γὰρ καὶ φοβεῖ καὶ τὸν λογισμὸν διαταράττει καὶ δειλότερον ἐργάζεται ἐνθυμούμενον ὡς ἁπάντων ἐστὶν αἴσχιστον ἐν εὐμόρφῳ χωρίῳ μὴ ὁμοίους φαίνεσθαι τοὺς λόγους. ἐλέγχων γὰρ οὗτός γε φανερώτατος, ὥσπερ ἂν εἴ τις πανοπλίαν καλὴν ἐνδὺς ἔπειτα φεύγοι πρὸ τῶν ἄλλων, ἐπισημότερος ὢν δειλὸς ἀπὸ τῶν ὅπλων. τοῦτο δέ μοι δοκεῖ λογισάμενος καὶ τοῦ Ὁμήρου ῥήτωρ ἐκεῖνος εὐμορφίας ἐλάχιστον φροντίσαι, μᾶλλον δὲ καὶ παντελῶς ἀΐδρει φωτὶ ἑαυτὸν ἀπεικάσαι, ἵνα αὐτῷ παραδοξότερον φαίνηται τῶν λόγων τὸ κάλλος ἐκ τῆς πρὸς τὸ ἀμορφότερον ἐξετάσεως. ἄλλως τε ἀνάγκη πᾶσα καὶ τὴν τοῦ λέγοντος αὐτοῦ διάνοιαν ἀσχολεῖσθαι περὶ τὴν θέαν καὶ τῆς φροντίδος τὸ ἀκριβὲς ἐκλύειν τῆς ὄψεως ἐπικρατούσης καὶ πρὸς αὑτὴν καλούσης καὶ τῷ λόγῳ προσέχειν οὐκ ἐώσης. ὥστε τίς μηχανὴ μὴ οὐχὶ πάντως ἔλαττον ἐρεῖν αὐτὸν τῆς ψυχῆς διατριβούσης περὶ τὸν τῶν ὁρωμένων ἔπαινον; [17] Mon adversaire dit encore que la vue d'une demeure magnifique anime le génie d'un orateur. C'est, selon moi, l'inverse qui a lieu. Elle étonne, elle effraye, elle trouble l'esprit, et le rend d'autant plus timide qu'il sait que rien n'est plus honteux que de faire entendre dans un séjour rempli de beautés, des discours qui ne lui ressembleraient pas. La faiblesse de son talent se montre plus à découvert. Ainsi, lorsqu'un homme revêtu d'armes éclatantes prend la fuite le premier, la magnificence de son armure rend sa lâcheté plus remarquable. L'orateur d'Homère l'entendait bien ainsi, selon moi, lorsque, peu soucieux d'avantages personnels, il prend l'attitude d'un homme simple et sans expérience, afin que la beauté de ses discours devienne plus frappante, comparée avec sa propre laideur. D'un autre côté, il n'est pas possible que l'imagination de celui qui parle dans un lieu richement décoré ne soit pas continuellement occupée de tout ce qu'il voit : cet éclat le ravit, l'entraîne et le distrait de ce qu'il dit. Comment pourrait-il bien parler, lorsque son âme est entièrement occupée à faire l'éloge de tout ce qui frappe ses regards ?
[18] Ἐῶ γὰρ λέγειν ὅτι καὶ οἱ παρόντες αὐτοὶ καὶ πρὸς τὴν ἀκρόασιν παρειλημμένοι ἐπειδὰν εἰς τοιοῦτον οἶκον παρέλθωσιν, ἀντὶ ἀκροατῶν θεαταὶ καθίστανται, καὶ οὐχ οὕτω Δημόδοκος Φήμιος Θάμυρις Ἀμφίων Ὀρφεύς τις λέγων ἐστίν, ὥστε ἀποσπάσαι τὴν διάνοιαν αὐτῶν ἀπὸ τῆς θέας· ἀλλ´ οὖν ἕκαστος, ἐπειδὰν μόνον ὑπερβῇ τὸν οὐδόν, ἀθρόῳ τῷ κάλλει περιχυθεὶς λόγων μὲν ἐκείνων ἀκροάσεως ἄλλης οὐδὲ τὴν ἀρχὴν ἀΐοντι ἔοικεν, ὅλος δὲ πρὸς τοῖς ὁρωμένοις ἐστίν, εἰ μὴ τύχοι τις παντελῶς τυφλὸς ὢν ἐν νυκτὶ ὥσπερ ἐξ Ἀρείου πάγου βουλὴ ποιοῖτο τὴν ἀκρόασιν. [18] J'oubliais de dire que les assistants engagés à venir entendre ce discours, en entrant dans un séjour si magnifique, au lieu d'auditeurs deviennent spectateurs. Il n'est point de Démodocus, de Phémius, de Thamyris, d'Amphion, ni d'Orphée, qui puissent les distraire d'un pareil spectacle. A peine chacun d'eux a-t-il franchi le seuil, qu'environné d'une foule de merveilles, il oublie qu'il doit entendre un discours et n'a nullement l'air de quelqu'un qui écoute. Il est tout entier aux objets qu'il aperçoit, à moins qu'il ne soit absolument aveugle ou que la séance ne se tienne durant la nuit, comme celles de l'Aréopage.
[19] ὅτι γὰρ οὐκ ἀξιόμαχον λόγων ἰσχὺς ὄψει ἀνταγωνίσασθαι καὶ Σειρήνων μῦθος παρατεθεὶς τῷ περὶ τῶν Γοργόνων διδάξειεν ἄν· ἐκεῖναι μὲν γὰρ ἐκήλουν τοὺς παραπλέοντας μελῳδοῦσαι καὶ κολακεύουσαι τοῖς ᾄσμασιν καὶ καταπλεύσαντας ἐπὶ πολὺ κατεῖχον, καὶ ὅλως τὸ ἔργον αὐτῶν ἐδεῖτό τινος διατριβῆς, καί πού τις αὐτὰς καὶ παρέπλευσε καὶ τοῦ μέλους παρήκουσε· τὸ δὲ τῶν Γοργόνων κάλλος, ἅτε βιαιότατόν τε ὂν καὶ τοῖς καιριωτάτοις τῆς ψυχῆς ὁμιλοῦν, εὐθὺς ἐξίστη τοὺς ἰδόντας καὶ ἀφώνους ἐποίει, ὡς δὲ μῦθος βούλεται καὶ λέγεται, λίθινοι ἐγίγνοντο ὑπὸ θαύματος. ὥστε καὶ ὃν ὑπὲρ τοῦ ταὼ λόγον εἶπε πρὸς ὑμᾶς μικρὸν ἔμπροσθεν, ὑπὲρ ἐμαυτοῦ εἰρῆσθαι νομίζω· καὶ γὰρ ἐκείνου ἐν τῇ ὄψει, οὐκ ἐν τῇ φωνῇ τὸ τερπνόν. καὶ εἴ γέ τις παραστησάμενος τὴν ἀηδόνα τὸν κύκνον ᾄδειν κελεύοι, μεταξὺ δὲ ᾀδόντων παραδείξειε τὸν ταὼ σιωπῶντα, εὖ οἶδ´ ὅτι ἐπ´ ἐκεῖνον μεταβήσεται ψυχὴ μακρὰ χαίρειν φράσασα τοῖς ἐκείνων ᾄσμασιν· οὕτως ἄμαχόν τι ἔοικεν εἶναι δι´ ὄψεως ἡδονή. [19] En effet, que le charme du langage soit bien loin d'avoir la même puissance que celui de la vue, c'est ce que prouve aisément la fable des Sirènes comparée à celle des Gorgones. Les premières séduisaient et retenaient par leurs chants flatteurs les matelots engagés dans leurs parages, mais il fallait quelque temps pour que le charme opérât, et jadis un héros passa auprès d'elles sans prêter l'oreille à leurs accents. La beauté des Gorgones exerçait un empire bien plus terrible, elle pénétrait jusqu'aux ressorts mêmes de l'âme. Leur vue seule jetait le spectateur hors de lui, le rendait muet de surprise, et, comme le disent la fable et la tradition, le transformait en pierre. Le tableau que mon adversaire vous a tracé du paon est tout entier, je crois, à mon avantage. C'est son aspect qui enchante, et non sa voix. Que l'on mette à côté de lui un rossignol ou un cygne, qu'on les fasse chanter, tandis que le paon, silencieux, déploiera les richesses de son plumage, je suis certain que l'âme des spectateurs passera bientôt à lui, et dira un long adieu aux chants de ses rivaux, tant il y a un charme irrésistible dans les plaisirs des yeux !
[20] καὶ ἔγωγε, εἰ βούλεσθε, μάρτυρα ὑμῖν παραστήσομαι σοφὸν ἄνδρα, ὃς αὐτίκα μοι μαρτυρήσει ὡς πολὺ ἐπικρατέστερά ἐστι τῶν ἀκουομένων τὰ ὁρώμενα. καί μοι σὺ ἤδη κῆρυξ προσκάλει αὐτὸν Ἡρόδοτον Λύξου Ἁλικαρνασόθεν· κἀπειδὴ καλῶς ποιῶν ὑπήκουσε, μαρτυρείτω παρελθών· ἀναδέξασθε δὲ αὐτὸν Ἰαστὶ πρὸς ὑμᾶς λέγοντα ὥσπερ αὐτῷ ἔθος. Ἀληθέα τάδε λόγος ὑμῖν, ἄνδρες δικασταί, μυθέεται καί οἱ πείθεσθε ὅσα ἂν λέγῃ τουτέων πέρι ὄψιν ἀκοῆς προτιμέων· ὦτα γὰρ τυγχάνει ἐόντα ἀπιστότερα ὀφθαλμῶν. Ἀκούετε τοῦ μάρτυρος φησιν, ὡς τὰ πρῶτα τῇ ὄψει ἀπέδωκεν; εἰκότως. τὰ μὲν γὰρ ἔπεα πτεροεντά ἐστι καὶ οἴχεται ἅμα τῷ προελθεῖν ἀποπτάμενα, δὲ τῶν ὁρωμένων τέρψις ἀεὶ παρεστῶσα καὶ παραμένουσα πάντως τὸν θεατὴν ὑπάγεται. [20] Je vais, si vous le désirez, vous en fournir pour témoin un homme plein de sagesse, qui vous attestera que ce que l'on voit cause une impression plus profonde que ce qu'on entend. Héraut, appelle ici Hérodote d'Halicarnasse, fils de Lyxus. Le voici fort à propos. Qu'il paraisse devant vous et qu'il fasse sa déposition. Permettez-lui seulement d'employer, selon son habitude, le dialecte ionien : "Ce qu'on vous dit, ô juges, est très vrai. Croyez-en celui qui vous dit que la vue est préférable à l'ouïe. Les oreilles, en effet, sont plus infidèles que les yeux." Vous venez d'entendre le témoin : il assigne le premier rang à la vue, et il a raison. Les paroles sont ailées, elles volent et disparaissent au sortir de la bouche. Mais le plaisir des yeux est permanent et durable ; il pénètre profondément le spectateur.


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Dernière mise à jour : 6/05/2009