HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Lucien, Sur un appartement

Chapitre 13-16

  Chapitre 13-16

[13] Καὶ τοίνυν καὶ τοῦδε τοῦ οἴκου τὸ κάλλος ἱκανὸν καὶ παρορμῆσαι ἐς λόγους καὶ λέγοντα ἐπεγεῖραι καὶ πάντα τρόπον εὐδοκιμῆσαι παρασκευάσαι. ἐγὼ μὲν δὴ τούτοις πείθομαι καὶ ἤδη πέπεισμαι καὶ ἐς τὸν οἶκον ἐπὶ λόγοις παρελήλυθα ὥσπερ ὑπὸ ἴυγγος Σειρῆνος τῷ κάλλει ἑλκόμενος, ἐλπίδα οὐ μικρὰν ἔχων, εἰ καὶ τέως ἡμῖν ἄμορφοι ἦσαν οἱ λόγοι, καλοὺς αὐτοὺς φανεῖσθαι καθάπερ ἐσθῆτι καλῇ κεκοσμημένους. [13] C'est ainsi que la beauté de cette demeure a le pouvoir de nous engager à prononcer un discours, éveille l'éloquence et inspire à l'orateur le désir des applaudissements. Pour moi, je cède, ou plutôt, j'ai cédé à ces attraits, et je suis venu pour parler dans ce séjour, séduit par une puissance magique ou par les charmes d'une sirène, et j'ai l'espoir que, si mes paroles ne sont pas belles par elles-mêmes, elles le paraîtront du moins, ornées d'un si riche vêtement.
[14] Ἕτερος δέ τις οὐκ ἀγεννὴς λόγος, ἀλλὰ καὶ πάνυ γενναῖος, ὥς φησι, καὶ μεταξύ μου λέγοντος ὑπέκρουε καὶ διακόπτειν ἐπειρᾶτο τὴν ῥῆσιν καὶ ἐπειδὴ πέπαυμαι, οὐκ ἀληθῆ ταῦτα λέγειν φησί με, ἀλλὰ θαυμάζειν, εἰ φάσκοιμι ἐπιτηδειότερον εἶναι πρὸς λόγων ἐπίδειξιν οἴκου κάλλος γραφῇ καὶ χρυσῷ κεκοσμημένον· αὐτὸ γάρ που τοὐναντίον ἀποβαίνειν. μᾶλλον δέ, εἰ δοκεῖ, αὐτὸς παρελθὼν λόγος ὑπὲρ ἑαυτοῦ καθάπερ ἐν δικασταῖς ὑμῖν εἰπάτω, ὅπῃ λυσιτελέστερον ἡγεῖται τῷ λέγοντι εὐτέλειαν οἴκου καὶ ἀμορφίαν. ἐμοῦ μὲν ἀκηκόατε ἤδη λέγοντος, ὥστε οὐδὲν δέομαι δὶς περὶ τῶν αὐτῶν εἰπεῖν, δὲ παρελθὼν ἤδη λεγέτω, κἀγὼ σιωπήσομαι καὶ πρὸς ὀλίγον αὐτῷ μεταστήσομαι. [14] Cependant voici qu'un autre discours, qui n'a rien de méprisable et qui se prétend plein de noblesse, s'est présenté à mon esprit, pendant que je vous parlais, et s'est efforcé à plusieurs reprises de m'interrompre ; puis, maintenant que j'ai fini, il élève la voix ; il soutient que j'ai déguisé la vérité, et dit qu'il est fort étonné que j'aie pu avancer que la beauté d'un appartement, les peintures et l'or dont il est décoré, le rendaient plus propre à faire briller le talent d'un orateur ; car c'est précisément le contraire. Mais il vaut mieux, si vous le trouvez bon, que le discours se présentant lui-même devant vous, comme devant ses juges, plaide sa propre cause, et qu'il établisse les raisons sur lesquelles il se fonde, pour penser qu'une demeure simple et sans beauté est plus favorable à l'éloquence. Vous m'avez entendu. Je n'ai pas besoin de revenir une seconde fois sur le même objet. C'est à présent mon adversaire qui parle : je vais lui faire place et je garde le silence.
[15] Ἄνδρες τοίνυν δικασταί, φησὶν λόγος, μὲν προειπὼν ῥήτωρ πολλὰ καὶ μεγάλα τόνδε τὸν οἶκον ἐπῄνεσε καὶ τῷ ἑαυτοῦ λόγῳ ἐκόσμησεν, ἐγὼ δὲ τοσούτου δέω ψόγον αὐτοῦ διεξελεύσεσθαι, ὥστε καὶ τὰ ὑπ´ ἐκείνου παραλελειμμένα προσθήσειν μοι δοκῶ· ὅσῳ γὰρ ἂν ὑμῖν καλλίων φαίνηται, τοσῷδε ὑπεναντίος τῇ τοῦ λέγοντος χρείᾳ δειχθήσεται. Καὶ πρῶτόν γε ἐπειδὴ γυναικῶν καὶ κόσμου καὶ χρυσοῦ ἐκεῖνος ἐμνημόνευσεν, κἀμοὶ ἐπιτρέψατε χρήσασθαι τῷ παραδείγματι· φημὶ γὰρ οὖν καὶ γυναιξὶ καλαῖς οὐχ ὅπως συλλαμβάνειν ἐς τὸ εὐμορφότερον, ἀλλὰ καὶ ἐναντιοῦσθαι τὸν κόσμον τὸν πολύν, ὁπόταν τῶν ἐντυγχανόντων ἕκαστος ὑπὸ τοῦ χρυσοῦ καὶ τῶν λίθων τῶν πολυτελῶν ἐκπλαγεὶς ἀντὶ τοῦ ἐπαινεῖν χρόαν βλέμμα δειρὴν πῆχυν δάκτυλον, δὲ ταῦτ´ ἀφεὶς ἐς τὴν σαρδὼ τὸν σμάραγδον τὸν ὅρμον τὸ ψέλιον ἀποβλέπῃ, ὥστε ἄχθοιτο ἂν εἰκότως παρορωμένη διὰ τὸν κόσμον, οὐκ ἀγόντων σχολὴν ἐπαινεῖν αὐτὴν τῶν θεατῶν, ἀλλὰ πάρεργον αὐτῆς ποιουμένων τὴν θέαν. [15] "Citoyens juges, dit-il, l'orateur qui a parlé avant moi a prodigué les plus grands éloges à cet appartement, et, si j'ose le dire, il lui a donné par sa parole un nouvel éclat. Je suis tellement éloigné de lui en faire aucun reproche, que je suis prêt à suppléer aux louanges qui ont pu lui échapper ; mais plus cette demeure nous paraîtra belle, plus il sera démontré qu'elle ne peut servir au dessein de celui qui veut y prononcer un discours. Et d'abord, puisque mon adversaire a parlé des femmes et de leurs parures d'or, permettez-moi d'employer la même comparaison. Je soutiens qu'une riche parure, loin de faire valoir la beauté d'une femme, s'oppose à son effet, attendu que tous ceux qui la verront, éblouis de l'éclat de l'or et des pierreries au lieu d'admirer en elle la blancheur de son teint, la vivacité de ses yeux, son cou, ses bras ou ses doigts, ne feraient attention qu'à la sardoine, à l'émeraude, au collier ou aux bracelets ; en sorte que cette beauté pourrait justement s'offenser de ce qu'on l'oublie, pour ne s'occuper que de ses ornements, qui ne laissent pas aux spectateurs le temps de louer ses attraits, et ne la font considérer que comme un accessoire de ce plaisir des yeux.
[16] ὅπερ ἀνάγκη, οἶμαι, παθεῖν καὶ τὸν ἐν οὕτω καλοῖς ἔργοις λόγους δεικνύοντα· λανθάνει γὰρ ἐν τῷ μεγέθει τῶν καλῶν τὸ λεχθὲν καὶ ἀμαυροῦται καὶ συναρπάζεται, καθάπερ εἰ λύχνον τις εἰς πυρκαϊὰν μεγάλην φέρων ἐμβάλλοι μύρμηκα ἐπ´ ἐλέφαντος καμήλου δεικνύοι. τοῦτό τε οὖν φυλακτέον τῷ λέγοντι, καὶ προσέτι μὴ καὶ τὴν φωνὴν αὐτὴν ἐπιταράττηται ἐν οὕτως εὐφώνῳ καὶ ἠχήεντι οἴκῳ λέγων· ἀντιφθέγγεται γὰρ καὶ ἀντιφωνεῖ καὶ ἀντιλέγει, μᾶλλον δὲ ἐπικαλύπτει τὴν βοήν, οἷόν τι καὶ σάλπιγξ δρᾷ τὸν αὐλόν, εἰ συναυλοῖεν, τοὺς κελευστὰς θάλαττα, ὁπόταν πρὸς κύματος ἦχον ἐπᾴδειν τῇ εἰρεσίᾳ θέλωσιν· ἐπικρατεῖ γὰρ μεγαλοφωνία καὶ κατασιωπᾷ τὸ ἧττον. [16] C'est aussi ce qui doit nécessairement arriver à celui qui se hasarde à prononcer un discours au milieu de tant de chefs-d'œuvre des arts. Ce qu'il dit est bientôt éclipsé par toutes les beautés qui l'environnent : l'éclat s'en amortit et s'en efface comme celui d'une lampe qu'on placerait au milieu d'un grand bûcher, et les paroles s'amoindrissent comme une, fourmi placée auprès d'un éléphant ou d'un chameau. Un pareil théâtre est redoutable à un orateur. D'ailleurs, en parlant dans un lieu si retentissant et si sonore, la voix devient aisément confuse. L'écho y renvoie les sons, les reproduit, les répète, ou plutôt il couvre l'organe de l'orateur : on dirait une trompette écrasant les accords d'une flûte qui résonne avec elle ou la mer étouffant les accents des rameurs, lorsque, malgré le bruit des flots, ils veulent manœuvrer en chantant, car un son plus fort l'emporte toujours sur un plus faible et le réduit au silence.


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Dernière mise à jour : 6/05/2009