[21] Σὺ δὲ ὅπως ἡμῖν μὴ τὸν Διογένη προσβαλὼν
ὥσπερ τι μορμολυκεῖον ἐκφοβήσῃς· οὐ γὰρ ἐμυήθη,
φασίν, ἀλλὰ καὶ πρὸς τὸν προτρεπόμενον ἐκμυηθῆναι,
»Γελοῖον«, εἶπεν, »ὦ νεανίσκε, εἰ τοὺς μὲν τελώνας οἴει
ταύτης ἕνεκα τῆς τελετῆς κοινωνήσειν τοῖς θείοις τῶν ἐν
Ἅιδου καλῶν, «Ἀγησίλαον δὲ καὶ Ἐπαμινώνδαν ἐν τῷ
βορβόρῳ» κείσεσθαι«. Τοῦτο, ὦ νεανίσκε, βαθὺ λίαν ἐστὶ
καὶ δεόμενον ἐξηγήσεως, ὡς ἐμαυτὸν πείθω, μείζονος,
ὅπως ἡμῖν αὐταὶ δοῖεν αἱ θεαὶ τὴν ἐπίνοιαν· νομίζω δὲ
αὐτὴν ἤδη καὶ δεδόσθαι.» Φαίνεται γὰρ ὁ Διογένης οὐχ,
ὥσπερ ὑμεῖς ἀξιοῦτε, δυσσεβής, ἀλλ´ ἐκείνοις, ὧν μικρῷ
πρόσθεν ἐπεμνήσθην, προσόμοιος· ἀπιδὼν γὰρ εἰς τὴν
περίστασιν τὴν καταλαβοῦσαν αὐτόν, εἶτα εἰς τὰς ἐντολὰς
βλέπων τοῦ Πυθίου καὶ συνεὶς ὅτι τὸν μυούμενον ἐχρῆν
πολιτογραφηθῆναι πρότερον καὶ Ἀθηναῖον, εἰ καὶ μὴ
φύσει, τῷ νόμῳ δὲ γενέσθαι, τοῦτο ἔφυγεν, οὐ τὸ μυηθῆναι,
νομίζων αὐτὸν εἶναι τοῦ κόσμου πολίτην, καὶ ταῖς ὅλαις
τῶν θεῶν οὐσίαις, αἳ τὸν ὅλον κοινῇ κόσμον ἐπιτροπεύουσιν,
ἀλλ´ οὐ ταῖς τὰ μέρη κατανειμαμέναις αὐτοῦ,
διὰ μεγαλοφροσύνην ἀξιῶν συμπολιτεύεσθαι· τό τε νόμιμον
οὐ παρέβη αἰδοῖ τῶν θεῶν, καίτοι τἆλλα πατῶν καὶ παραχαράττων·
αὐτόν τε οὐκ ἐπανήγαγεν, ὅθεν ἄσμενος ἠλευθέρωτο.
Τί δ´ ἦν τοῦτο; Τὸ πόλεως μιᾶς δουλεῦσαι νόμοις
ἑαυτόν τε ὑποθεῖναι τούτῳ ὅπερ ἦν ἀνάγκη παθεῖν
Ἀθηναίῳ γενομένῳ. Πῶς γὰρ οὐκ ἔμελλεν ὁ τῶν θεῶν
εἵνεκεν εἰς Ὀλυμπίαν βαδίζων, ὁ τῷ Πυθίῳ πεισθεὶς καὶ
φιλοσοφήσας ὥσπερ Σωκράτης {ὕστερον ὡς Ἀριστοτέλης}
—φησὶ γὰρ καὶ αὐτὸς εἶναι Πύθιον οἴκοι παρ´ ἑαυτῷ, ὅθεν
αὐτῷ καὶ ἡ ὁρμὴ πρὸς φιλοσοφίαν ἐγένετο—μὴ παριέναι
τῶν ἀνακτόρων εἴσω καὶ μάλα ἀσμένως, εἰ μὴ τοῦτο
ἐξέκλινε τὸ ὑποθεῖναι νόμοις ἑαυτὸν καὶ δοῦλον ἀποφῆναι
πολιτείας; Ἀλλὰ διὰ τί μὴ ταύτην εἶπε τὴν αἰτίαν, ἐκ
τῶν ἐναντίων δὲ τὴν παραιρουμένην οὐ σμικρὰ τῆς τῶν
μυστηρίων σεμνότητος; Ἴσως μὲν ἄν τις τὰ τοιαῦτα καὶ
Πυθαγόρᾳ μάλιστα ἐπισκήψειεν, οὐκ ὀρθῶς λογιζόμενος·
οὔτε γὰρ ῥητέον πάντα ἐστίν, αὐτῶν τε οἶμαι τούτων, ὧν
θέμις φάναι, ἔνια πρὸς τοὺς πολλοὺς σιωπητέον εἶναί
μοι φαίνεται. Φανερὰ δὲ ὅμως ἐστὶ καὶ τούτων ἡ αἰτία·
κατανοήσας γὰρ ἀμελοῦντα μὲν τῆς περὶ τὸν βίον ὀρθότητος,
ἐπὶ δὲ τῷ μεμυῆσθαι μεγαλοφρονοῦντα τὸν παραινοῦντα
αὐτῷ τοιαῦτα, σωφρονίζων ἅμα καὶ διδάσκων αὐτὸν
ὅτι τούτοις μέν, οἷς ἀξίως τοῦ μυηθῆναι βεβίωται, καὶ μὴ
μυηθεῖσιν οἱ θεοὶ τὰς ἀμοιβὰς ἀκεραίους φυλάττουσι, τοῖς
δὲ μοχθηροῖς οὐδέν ἐστι πλέον, κἂν εἴσω τῶν ἱερῶν
εἰσφρήσωσι περιαύλων. Ἢ γὰρ οὐ ταῦτα καὶ ὁ ἱεροφάντης
προαγορεύει, «ὅστις χεῖρα μὴ καθαρὸς καὶ ὅντινα μὴ
χρή», τούτοις ἀπαγορεύων μὴ μυεῖσθαι; Τί πέρας ἡμῖν
ἔσται τῶν λόγων, εἰ ταῦτα μήπω σε πείθει;
| [21] Tu m'opposerais ici le nom de Diogène comme un
épouvantail, que tu ne me ferais pas peur. En effet, il ne se
fit pas initier, et il répondit à quelqu'un qui lui en donnait le
conseil : « N'est-il pas ridicule, jeune homme, de croire que les
fermiers des impôts, grâce à l'initiation, partageront avec les
dieux tous les biens d'outre-tombe, tandis qu'Agésilas et Épaminondas
seront dans la boue? C'est un dogme par trop profond,
et qui exige, selon moi, des explications trop étendues,
pour que les déesses elles-mêmes nous en donnent l'intelligence :
je crois donc que cette intelligence nous a été antérieurement donnée.
Ainsi, Diogène ne nous paraît pas aussi impie que vous le
dites : il ressemble aux philosophes que j'ai cités tout à l'heure.
Envisageant les circonstances où il se trouvait, puis considérant
les ordres du dieu pythien, et sachant fort bien que, pour être
initié, il fallait d'abord se faire inscrire au rôle des citoyens et
être Athénien, sinon de naissance, au moins d'après la loi, il
évita moins l'initiation que le titre d'Athénien, se regardant
comme citoyen du monde. Il jugeait, dans sa grande âme,
qu'il devait plutôt s'agréger à la masse entière des dieux qui
régissent l'univers, que de s'incorporer à quelqu'une des faibles
portions qui le divisent. Ainsi son respect s'inclinait devant les
lois établies par les dieux, mais il foulait aux pieds tout le reste
et le marquait d'un nouveau cachet. Il ne voulut point se soumettre
au joug dont il s'était si volontiers affranchi, c'est-à-dire
qu'il refusa de s'asservir aux lois d'une seule ville, et de contracter
le devoir que lui aurait imposé la qualité de citoyen
d'Athènes. Et de fait, pourquoi cet homme, qui, à cause des
dieux, était venu à Olympie, et qui, afin d'obéir au dieu de
Pytho et de philosopher, comme Socrate et plus tard Aristote
(car on dit qu'il eut aussi auprès de lui un génie pythien qui
l'entraîna vers la philosophie), pourquoi, dis-je, cet homme ne
serait-il pas entré avec joie dans le sanctuaire des temples, s'il n'eût
pas répugné à s'enchaîner par des lois et à devenir l'esclave
d'une république? Mais alors que ne fit-il valoir cette raison, plutôt
que toute autre, qui pouvait abaisser beaucoup la majesté des
mystères? On ferait le même reproche à Pythagore, et avec
aussi peu de fondement. En effet, il n'est pas bon de tout dire;
et parfois il convient de laisser ignorer au vulgaire une partie
des choses qu'aucune loi ne défend d'ailleurs de révéler. On en
voit clairement les motifs. Diogène voyant un homme, qui, peu
soigneux de régler ses propres mœurs, se targuait de son initiation
et l'engageait à l'imiter, il voulut lui donner une leçon de
réserve et lui apprendre que les dieux gardent à ceux dont la
vie a le mérite de l'initiation, sans qu'ils soient initiés, de grandes
et belles récompenses, tandis que les méchants ne peuvent rien
espérer de semblable, fussent-ils admis dans le sanctuaire. Voilà
pourquoi l'hiérophante , en interdisant l'entrée à quiconque
n'a point les mains pures et n'a pas le droit d'y pénétrer, en
écarte sévèrement les profanes. Mais quelles seront les bornes
de mon discours, si je ne t'ai pas encore convaincu?
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