[18] Εὐξαμένῳ ταῦτα εἴτε ὕπνος τις εἴτε ἔκστασις ἐπῆλθεν·
ὁ δὲ αὐτῷ δείκνυσιν αὐτὸν τὸν Ἥλιον. Ἐκπλαγεὶς
οὖν ὁ νεανίσκος ὑπὸ τῆς θέας, «Ἀλλὰ σοὶ μέν», εἶπεν,
«ὦ θεῶν πάτερ, τῶν τε ἄλλων καὶ τούτων ἕνεκα πάντων
ἐμαυτὸν φέρων ἀναθήσω.» Περιβάλλων δὲ τοῖς γόνασι τοῦ
Ἡλίου τὰς χεῖρας λιπαρῶς εἴχετο σώζειν ἑαυτὸν
δεόμενος. Ὁ δὲ καλέσας τὴν Ἀθηνᾶν ἐκέλευε πρῶτον
ἀνακρίνειν αὐτόν, ὁπόσα ἐκόμισεν ὅπλα. Ἐπεὶ δὲ ἑώρα
τήν τε ἀσπίδα καὶ τὸ ξίφος μετὰ τοῦ δόρατος, «Ἀλλὰ
ποῦ σοι», ἔφη, «ὦ παῖ, τὸ Γοργόνειον καὶ τὸ κράνος;» Ὁ
δέ, «Καὶ ταῦτα», εἶπε, «μόγις ἐκτησάμην· οὐδεὶς γὰρ ἦν
ὁ ξυμπονῶν ἐν τῇ τῶν συγγενῶν οἰκίᾳ παρερριμμένῳ.» —
«Ἴσθι οὖν», εἶπεν ὁ μέγας Ἥλιος, «ὅτι σε πάντως χρὴ
ἐπανελθεῖν ἐκεῖ.» Ἐνταῦθα ἐδεῖτο μὴ πέμπειν αὐτὸν ἐκεῖσε
πάλιν, ἀλλὰ κατέχειν, ὡς οὐκέθ´ ὕστερον ἐπανήξοντα,
ἀπολούμενον δὲ ὑπὸ τῶν ἐκεῖ κακῶν· Ὡς δὲ ἐλιπάρει
δακρύων, «Ἀλλὰ νέος εἶ», ἔφη, «καὶ ἀμύητος, Ἴθι οὖν παρ´
ὑμᾶς, ὡς ἂν μυηθείης ἀσφαλῶς τε ἐκεῖ διάγοις· χρὴ γάρ
ς´ ἀπιέναι καὶ καθαίρειν ἐκεῖνα πάντα τὰ ἀσεβήματα,
παρακαλεῖν δὲ ἐμέ τε καὶ τὴν Ἀθηνᾶν καὶ τοὺς ἄλλους
θεούς.» Ἀκούσας ταῦτα ὁ νεανίσκος εἱστήκει σιωπῇ, καὶ
ὁ μέγας Ἥλιος ἐπί τινα σκοπιὰν ἀγαγὼν αὐτόν, ἧς τὸ μὲν
ἄνω φωτὸς ἦν πλῆρες, τὸ δὲ ὑποκάτω μυρίας ἀχλύος, δι´
ἧς ὥσπερ δι´ ὕδατος ἀμυδρὸν τὸ φῶς διικνεῖτο τῆς ἐκ τοῦ
βασιλέως αὐγῆς Ἡλίου, «Ὁρᾷς», εἶπε, «τὸν ἀνεψιὸν τὸν
κληρονόμον;» Καὶ ὅς, «Ὁρῶ», ἔφη, «Τί δέ; Τοὺς βουκόλους
τουτουσὶ καὶ τοὺς ποιμένας;» Καὶ τούτους ὁρᾶν
εἶπεν ὁ νεανίσκος. «Ποταπὸς οὖν τίς σοι ὁ κληρονόμος
φαίνεται; Ποταποὶ δ´ αὖ οἱ ποιμένες τε καὶ βουκόλοι»;
Καὶ ὁ νεανίσκος· «Ὁ μέν μοι», ἔφη, «δοκεῖ νυστάζειν
τὰ πολλὰ καὶ καταδυόμενος λεληθότως ἡδυπαθεῖν,
τῶν ποιμένων δὲ ὀλίγον μέν ἐστι τὸ ἀστεῖον, τὸ πλῆθος
δὲ μοχθηρὸν καὶ θηριῶδες· ἐσθίει γὰρ καὶ πιπράσκει
τὰ πρόβατα καὶ ἀδικεῖ διπλῇ τὸν δεσπότην· τά τε γὰρ
ποίμνια αὐτοῦ φθείρει καὶ ἐκ πολλῶν μικρὰ ἀποφέρον
ἄμισθον εἶναί φησι καὶ ὀδύρεται. Καίτοι κρεῖττον ἦν τοὺς
μισθοὺς ἀπαιτεῖν ἐντελεῖς ἢ φθείρειν τὴν ποίμνην.» —«Ἂν
οὖν», ἔφη, «σὲ ἐγὼ μετὰ ταυτησὶ τῆς Ἀθηνᾶς, ἐπιτάττοντος
τοῦ Διός, ἀντὶ τοῦ κληρονόμου τούτου πάντων ἐπίτροπον
τούτων καταστήσω;» Πάλιν ἐνταῦθα ὁ νεανίσκος ἀντείχετο
καὶ πολλὰ ἱκέτευεν αὐτοῦ μένειν. Ὁ δέ, «Μὴ λίαν
ἀπειθὴς ἔσο», φησί, «μή ποτέ
»ς´ ἀπεχθήρω, ὡς νῦν ἔκπαγλ´ ἐφίλησα.«
Καὶ ὁ νεανίσκος· »Ἀλλ´, ὦ μέγιστε«, εἶπεν, »Ἥλιε καὶ
Ἀθηνᾶ, σέ τε καὶ αὐτὸν ἐπιμαρτύρομαι τὸν Δία, χρῆσθέ
μοι πρὸς ὅτι βούλεσθε.« Πάλιν οὖν ὁ Ἑρμῆς ἄφνω φανεὶς
ἐποίησε τὸν νεανίσκον θαρραλεώτερον· ἤδη γὰρ διενοεῖτο
τῆς τε ὀπίσω πορείας καὶ τῆς ἐκεῖσε διατριβῆς εὑρηκέναι
τὸν ἡγεμόνα. Καὶ ἡ Ἀθηνᾶ· »Μάνθανε«, εἶπεν,
»ὦ λῷστε, πατρὸς ἀγαθοῦ τουτουὶ τοῦ θεοῦ καὶ ἐμὸν
βλάστημα. Τοῦτον«, ἔφη, »τὸν κληρονόμον οἱ βέλτιστοι μὲν
οὐκ εὐφραίνουσι τῶν ποιμένων, οἱ κόλακες δὲ καὶ οἱ
μοχθηροὶ δοῦλον καὶ ὑποχείριον πεποίηνται. Συμβαίνει
οὖν αὐτῷ παρὰ μὲν τῶν ἐπιεικῶν μὴ φιλεῖσθαι, παρὰ δὲ
τῶν νομιζομένων φιλεῖν εἰς τὰ μέγιστα ἀδικεῖσθαι.
Σκόπει οὖν ὅπως ἐπανελθὼν μὴ πρὸ τοῦ φίλου θήσει τὸν
κόλακα. Δευτέραν ἄκουέ μου παραίνεσιν, ὦ παῖ· νυστάζων
οὗτος ἐξαπατᾶται τὰ πολλά, σὺ δὲ νῆφε καὶ γρηγόρει, μή
σε διὰ τῆς τοῦ φίλου παρρησίας ὁ κόλαξ ἐξαπατήσας
λάθῃ, χαλκεὺς οἷά τις γέμων καπνοῦ καὶ μαρίλης, ἔχων
ἱμάτιον λευκὸν καὶ τὰ πρόσωπα τῷ ψιμυθίῳ κεχρισμένος,
εἶτα αὐτῷ δοίης γῆμαί τινα τῶν σῶν θυγατέρων. Τρίτης
ἐπάκουέ μου παραινέσεως, καὶ μάλα ἰσχυρῶς φύλαττε
σαυτόν, αἰδοῦ δὲ καὶ ἡμᾶς μόνον, ἀνδρῶν δὲ ὅστις ἡμῖν
προσόμοιός ἐστιν, ἄλλον δὲ μηδένα· ὁρᾷς ὅπως τοῦτον
τὸν ἠλίθιον ἔβλαψεν αἰσχύνη καὶ τὸ λίαν ἄγαν εἶναι
καταπλῆγα.« Καὶ ὁ μέγας Ἥλιος αὖθις τὸν λόγον διαδεξάμενος
εἶπεν· »Ἑλόμενος φίλους ὡς φίλοις χρῶ, μηδὲ
αὐτοὺς οἰκέτας μηδὲ θεράποντας νόμιζε, πρόσιθι δὲ
αὐτοῖς ἐλευθέρως τε καὶ ἁπλούστατα καὶ γενναίως, μὴ
λέγων μὲν ἄλλα, φρονῶν δὲ ἕτερα περὶ αὐτῶν. Ὁρᾷς ὅτι
καὶ τοῦτον τὸν κληρονόμον τοῦτο ἐπέτριψεν, ἡ πρὸς τοὺς
φίλους ἀπιστία. Φίλει τοὺς ἀρχομένους ὥσπερ ἡμεῖς σέ.
Τὰ πρὸς ἡμᾶς ἡγείσθω σοι τῶν καλῶν ἁπάντων· ἐσμὲν γάρ
σου καὶ εὐεργεταὶ καὶ φίλοι καὶ σωτῆρες.« Ἀκούσας
ταῦτα ὁ νεανίσκος διεχύθη καὶ δῆλος ἦν ἅπαντα ἤδη τοῖς
θεοῖς πειθόμενος. »Ἀλλ´ ἴθι«, ἔφη, »πορεύου μετὰ ἀγαθῆς
ἐλπίδος· ἡμεῖς γάρ σοι πανταχοῦ συνεσόμεθα ἐγώ τε καὶ
Ἀθηνᾶ καὶ Ἑρμῆς ὅδε καὶ σὺν ἡμῖν οἱ θεοὶ πάντες οἱ ἐν
Ὀλύμπῳ καὶ οἱ περὶ τὸν ἀέρα καὶ τὴν γῆν καὶ πᾶν πανταχοῦ
τὸ θεῖον γένος, ἕως ἂν τά τε πρὸς ἡμᾶς ὅσιος ᾖς
καὶ τὰ πρὸς τοὺς φίλους πιστὸς καὶ τὰ πρὸς τοὺς ὑπηκόους
φιλάνθρωπος, ἄρχων αὐτῶν καὶ ἡγούμενος ἐπὶ τὰ
βέλτιστα, ἀλλὰ μήτε ταῖς ἑ | [18] Cette prière achevée, il tombe dans le sommeil ou dans
l'extase. Jupiter lui fait voir le Soleil. Le jeune homme, étonné
de cette vue : «Ah! Père des dieux, s'écrie-t-il, pour toutes
les faveurs passées et présentes que je te dois, je te consacrerai
tout mon être. » Cela dit, il embrasse de ses mains les genoux
du Soleil et le conjure de le sauver. Le Soleil, appelant Minerve,
ordonne au jeune homme de lui détailler l'armure qu'il
a prise avec lui. Quand il voit le bouclier, l'épée et la lance :
« Mais, mon enfant, dit-il, où sont donc la Gorgone et le
casque? » Le jeune homme répond : "J'ai déjà eu grand'peine
à me procurer cette armure. Il n'y avait pas une seule âme
sympathique à l'enfant proscrit de la maison de ses parents.—
Et cependant, dit le Grand Soleil, il te faut y retourner. » A
cet ordre, le jeune homme supplie qu'on ne l'y renvoie point,
et qu'on le retienne où il se trouve, car il n'en reviendra point
et il sera tué par les méchants qui sont là-bas. A ses prières se
joignent des larmes. "Va, dit le Soleil, tu es jeune et point
encore initié. Retourne donc chez toi, où l'initiation t'assurera
une vie tranquille. Il te faut partir et te laver de toutes ces
atteintes impies. Songe à m'invoquer, ainsi que Minerve et les
autres dieux." Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme
restait debout en silence. Alors le Grand Soleil le conduit sur
une cime élevée : le haut resplendissait de lumière, le bas
plongeait dans d'épaisses ténèbres, à travers lesquelles, comme
à travers de l'eau, passait la lueur affaiblie de la splendeur du
Roi Soleil. « Vois-tu, dit le dieu, ton cousin, l'héritier de ta
famille? — Je le vois, répond le néophyte. — Et ces bouviers,
et ces bergers?—Je les vois aussi, répond le jeune homme.—
Que te semble-t-il donc de cet héritier? Que dis-tu de ces bergers
et de ces bouviers? » Alors le jeune homme : "L'héritier,
dit-il, me fait l'effet de sommeiller et de se cacher dans l'ombre
pour prendre du bon temps. Quant aux bergers, il y en a
quelques-uns de civilisés, mais la masse est cruelle et féroce.
Ils mangent et vendent les brebis, et font ainsi double tort à
leur maître. Ils dilapident le bétail, et, tout en rapportant peu
d'argent pour beaucoup de têtes, ils disent qu'ils sont mal payés
et ils se plaignent. Certes, ils eussent mieux fait d'exiger de plus
forts salaires que de gâter le troupeau.—Eh bien, dit le Soleil,
moi et Minerve, que voici, nous te mettons, par ordre de Jupiter,
à la place de l'héritier, et tu régiras tous ces biens. »
Ici le jeune homme proteste de nouveau et fait de vives instances
pour demeurer. « Non, c'est trop longtemps résister, dit le
Soleil; je t'en voudrais autant que je t'aime aujourd'hui.» Alors
le jeune homme : « Ah! Grand Soleil, et toi, Minerve, je vous
prends à témoin, ainsi que Jupiter; faites de moi ce qu'il vous
plaira!" Aussitôt Mercure reparaît, et redonne du coeur au
jeune homme, qui dès lors se flatte d'avoir trouvé un guide
pour son retour et pour sa conduite lorsqu'il sera là-bas. Dans
le même moment, Minerve : «Apprends, dit-elle, noble fils
d'un noble père, enfant des dieux et le mien, que cet héritier
n'aime point les bons pasteurs. Les flatteurs et les méchants en
ont fait un esclave, qu'ils tiennent dans leur main. Aussi lui
arrive-t-il d'être détesté des hommes vertueux et traité on ne
peut plus mal par ceux qu'il croit ses amis. Garde-toi donc,
une fois revenu, de préférer à l'ami le flatteur. Ecoute un
second avis, mon enfant. Cet endormi se laisse duper sans
cesse. Toi, sois sage, et veille. Ne te laisse pas prendre au flatteur
qui affecte la franchise de l'ami. C'est comme un forgeron,
tout noir de fumée et de suie, qui mettrait une robe blanche,
se couvrirait le visage de vermillon, et à qui tu donnerais en
mariage une de tes filles. Ecoute encore un troisième avis :
Observe-toi rigoureusement toi-même; respecte-nous tout seuls
et ceux des hommes qui nous ressemblent, mais personne au
delà. Tu vois quel tort a fait à cet insensé sa fausse honte et
son état de stupeur!" Ici le Grand Soleil, reprenant la parole :
« Quand tu auras fait choix d'amis, dit-il, traite-les en amis.
Ne les regarde point comme des esclaves ou des domestiques.
Agis avec eux en homme franc, loyal, généreux. Ne dis pas
d'eux une chose quand tu en penses une autre. Tu vois comment
cet héritier a couronné sa ruine par sa défiance envers
ses amis. Aime tes sujets autant que nous t'aimons. Place ce
qui nous regarde avant tous les autres biens. Car nous sommes
tes bienfaiteurs, tes amis et tes sauveurs." En entendant ces
mots, le jeune homme sent son coeur dilaté, et proteste de son
dévouement à la volonté des dieux. «Va, lui dit le Soleil,
marche guidé par une douce espérance. Nous serons partout
avec toi, moi et Minerve, et avec nous tous les dieux qui peuplent
l'Olympe, l'air, la terre, en un mot toute la race divine,
pourvu que tu sois religieux envers nous, fidèle à tes amis,
humain avec tes sujets, les gouvernant en prince qui les conduit
au bien, et ne servant ni leurs passions, ni les tiennes. Revêts
cette armure que tu as apportée ici, et prends de ma main ce
flambeau, afin qu'il répande devant toi une vive clarté sur la
terre et que tu ne désires rien de ce qu'elle peut t'offrir. Reçois
de la belle Minerve, ici présente, cette Gorgone et ce casque.
Elle en a plusieurs, comme tu vois, et elle les donne à qui elle
veut. Mercure te donnera une baguette d'or. Va-t'en, revêtu
de cette panoplie, par toute la terre et par toute la mer,
irrévocablement soumis à nos lois; et que jamais personne, homme,
femme, domestique, étranger, ne t'engage à oublier nos
commandements. Tant que tu les observeras, tu seras pour nous
un ami, un objet précieux, respecté de tous nos bons serviteurs,
redouté des méchants et des pervers. Sache que cette
chair t'a été donnée pour accomplir cette fonction. Nous voulons,
par égard pour tes aïeux, purifier ta famille. Souviens-toi
que tu as une âme immortelle, qui est de notre parenté, et que, en
nous suivant, tu seras dieu, voyant face à face notre Père avec nous. »
|