[2,14] Μὴ γάρ, ἐπειδὴ συνεχώρησεν ὁ μακάριος Παῦλος τὸ
πρᾶγμα, ἤδη αὐτὸ καὶ ἐπαίνων ἄξιον εἶναι νόμιζε, καὶ καταγνώσεως ἀπηλλάχθαι τῆς παρὰ τῶν πολλῶν. Κολάσεως μὲν
γὰρ καὶ τιμωρίας ἐστὶν ἐκτός, ἐπαίνων δὲ καὶ ἐγκωμίων οὐκ
ἂν δύναιτο κοινωνεῖν. Καὶ γὰρ τὸ κατωφερῆ τινα καὶ λάγνον
εἶναι, καὶ μήτε ἐν καιρῷ τῆς νηστείας, μήτε ἐν ἄλλῳ τινὶ τῆς
γυναικὸς ἀπέχεσθαι, κολάσεως μὲν καὶ αὐτὸ πόρρω καὶ
μακράν, οὐ μὴν ἐπαίνων ἐγγύς· αὐτὸ γὰρ τὸ συγκαταβῆναι
τοσοῦτον, οὐδὲν ἕτερόν ἐστιν ἢ σημεῖον ἀσθενείας καὶ ἀπροσεξίας
πολλῆς. Ὥστε εἰ δέδοικας μὴ θρασύτητος δόξαν λάβῃς
διὰ τὴν τῶν οἰκετῶν ἐπιτίμησιν, πρὸ τούτου δεδοικέναι χρὴ
μὴ λαγνείας καὶ ἀσωτίας καὶ ἀπιστίας δόξαν προστρίψῃ
τοσαύτην. Χωρὶς δὲ τούτων τῇ χήρᾳ τὸ πρᾶγμα ἄμεινον ἐξέσται
μετελθεῖν, ὥστε καὶ ἐν ἀσφαλείᾳ αὐτῇ τὰ πολλὰ πράγματα
εἶναι, καὶ μὴ μόνον μὴ ψέγεσθαι ἀλλὰ καὶ ἐπαινεῖσθαι
παρὰ πάντων, καὶ πρὸ τούτου τῶν ἀγαθῶν ἐπιτυχεῖν τῶν παρὰ
τοῦ Θεοῦ. Ἂν γὰρ θελήσῃ παρακαταθέσθαι τὰ χρήματα τῷ
οὐρανῷ καὶ εἰς τὸν ἄσυλον αὐτὰ κατορύξῃ τόπον ἐκεῖνον, οὐ
μόνον οὐκ ἐλαττωθήσεται, ἀλλὰ καὶ πολλῷ πλείω γενήσεται.
Τοιοῦτος γὰρ οὗτος ὁ σπόρος. Εἰ δὲ ἐλάττων ἐστὶ τοῦ χωρῆσαι
μέχρι τῆς νομοθεσίας ἐκείνης καὶ πάντα ἀθρόως οὐ βούλεται
μεταθεῖναι, λογιζέσθω πάλιν ἐκεῖνο, ὅτι καὶ ἄνδρα λαβοῦσα
οὐ πάντως λήψεται τοιοῦτον, οἷον καὶ προσθεῖναι τοῖς οὖσιν·
ἂν δ´ ἄρα καὶ τοιοῦτος ᾖ, μὴ τοῦτο ἐννοείτω μόνον τὴν τῶν
χρημάτων προσθήκην, ἀλλ´ ὅτι πολλὰ καὶ τῷ θεῷ καὶ τοῖς
ἀνθρώποις προσκρούειν προαχθήσεται. Ἂν μὲν γὰρ τῶν δυνατῶν
ᾖ καὶ πολλὴν ἐχόντων ἰσχύν, ἔστιν ὅτε παρὰ γνώμην
πολλὰ καὶ πρᾶξαι καὶ παθεῖν αὐτὴν βιάσεται, καὶ ὅπερ ἐπὶ τῆς
χηρείας ἐδεδοίκει, τοῦτο μετὰ πλείονος ἀνάγκης ὑποστήσεται
νῦν· καὶ οὐ τοῦτο μόνον ἀλλ´ ὅτι καὶ ταχίστην εἰκὸς αὐτὴν
δέξασθαι τὴν μεταβολήν. Χήρα μὲν γὰρ οὖσα, κἂν ἐλαττώσῃ
τι τῶν τοιούτων, ἀλλ´ ὅμως τὰ λειπόμενα μετὰ πολλῆς ἕξει
τῆς ἀσφαλείας· ἀνδρὶ δὲ συναφθεῖσα δυνατῷ καὶ τὰ τῆς
πόλεως πράττοντι, ἢ καὶ ἑτέραν τινὰ μετιόντι φροντίδα, πολλάκις
ἀθρόον πάντα ἀποβαλεῖται· ταῖς γὰρ τῶν ἀνδρῶν
συμφοραῖς ἀνάγκη καὶ τὰς συνοικούσας αὐτοῖς κοινωνεῖν.
Εἰ δὲ μηδὲν συμβαίη τοιοῦτον, τί τὸ κέρδος, εἰπέ μοι,
δουλείαν ἀντ´ ἐλευθερίας αἱρεῖσθαι; τί δὲ τὸ ὄφελος τῶν
πολλῶν χρημάτων, ὅταν αὐτοῖς χρήσασθαι μὴ δύνηται πρὸς ἃ
βούλεται; Οὐ πολλῷ βέλτιον ὀλίγα μετ´ ἐξουσίας ἔχειν, ἢ τὰ
τῆς οἰκουμένης μετὰ τοῦ καὶ αὐτὴν σὺν ἐκείνοις ὑποκεῖσθαι ἑτέρῳ;
| [2,14] Ne nous en étonnons point, et gardons-nous de croire que les secondes noces,
quoique permises par l'Apôtre, soient dignes de nos éloges et de l'approbation publique. Sans
doute on ne peut les condamner comme criminelles, mais elles ne sauraient prétendre à nos
louanges et nos encouragements. (l Tim. V, 14.) Il en est des secondes noces comme de
l'infraction du conseil donné aux époux de s'abstenir du devoir conjugal les jours de
jeûne et de temps en temps : ce n'est pas un péché, c'est un signe d'incontinence et de volupté;
c'est une conduite que nous n'avons pas le droit de blâmer, mais qui est loin de mériter nos
éloges; tout ce que nous pouvons faire, c'est de traiter ces époux avec une grande indulgence,
parce qu'ils sont véritablement faibles et peu généreux.
Vous craignez donc, ô veuve, de passer pour méchante, si vous punissez des serviteurs
infidèles, et vous ne redoutez pas d'être considérée comme une femme sensuelle et
voluptueuse en vous remariant !
Cette énergie nécessaire à la conservation de sa fortune, pourquoi une veuve ne
pourrait-elle pas la déployer? Au reste, ce n'est pas encore le meilleur moyen qu'elle ait de
mettre sa fortune en sûreté, il en existe un autre dont elle pourra user sans encourir aucun
blâme, en s'attirant même les éloges des gens de bien, et surtout l'approbation de Dieu.
Déposez, veuve chrétienne, vos richesses dans le ciel, enfouissez-les dans ce lieu inviolable,
et loin de diminuer, elles prendront un rapide accroissement; telle est la loi : Ce que l'on sème
dans le sillon de la charité fructifie au centuple.
Mais si une veuve hésite à suivre cette loi de la pauvreté évangélique, et à envoyer
ainsi devant elle tous ses trésors, du moins elle peut prévoir qu'un nouvel époux ne se
préoccupera point de les augmenter. Et quand même il s'y dévouerait, elle doit encore
considérer que pour les accroître il l'exposera souvent à blesser la justice envers Dieu et
envers les hommes. Admettez en effet qu'il soit riche et puissant, et vous le verrez
contraindre souvent son épouse à agir contre sa conscience. Ainsi les secondes noces
deviendront plus tristes et plus onéreuses que l'état de viduité. Ajoutez encore le danger trop
probable d'une ruine entière. En demeurant veuve, elle est comme certaine, malgré quelques
pertes partielles, de conserver le fonds de sa fortune; mais en se remariant à un homme
puissant et chargé de l'administration des deniers publics, elle court risque de tout perdre,
puisque la femme partage nécessairement les malheurs de son mari. Je veux bien cependant
supposer que cette veuve soit à l'abri de tels périls; je pourrai toujours lui demander pourquoi
elle préfère la servitude à la liberté, et de quelle utilité lui sont des richesses dont elle ne peut
user à son gré? Il vaut mieux pour elle de posséder réellement une modique fortune, que
d'avoir toutes les richesses de la terre à la condition de les livrer à un maître dont elle devient
elle-même l'esclave.
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