[2,11] Ναί, φησίν· ἀλλ´ ἀφόρητον ἔσται κακὸν γυναῖκα οὖσαν
πραγμάτων ἄπειρον τὰ τῶν ἀνδρῶν ἀναγκάζεσθαι ὑπομένειν.
Οὔτε γὰρ αὐτὴ μεταχειρίσασθαι δυνήσεται καθάπερ ἐκεῖνος,
καὶ θλίψεις ἀπὸ τούτων καὶ τὸ πάντα ἀπολέσαι κερδανεῖ μόνον.
Ἆρ´ οὖν πᾶσαι αἱ μὴ δευτέροις ὁμιλήσασαι γάμοις πάντα
ἀπώλεσαν τὰ αὑτῶν καὶ πάντων ἐξέπεσαν, καὶ οὐκ ἔστιν ἰδεῖν
γυναῖκα χήραν πραγμάτων προϊσταμένην; Σκῆψις ταῦτα καὶ
πρόφασις καὶ τῆς οἰκείας ἀσθενείας προκαλύμματα. Πολλαὶ
γὰρ τῶν ἀνδρῶν γενναιότερον καὶ οἰκίας προέστησαν, καὶ
παῖδας ἐξέθρεψαν ὀρφανούς, καὶ τὰς ἐν χερσὶν οὐσίας αἱ μὲν
ηὔξησαν, αἱ δὲ οὐκ ἠλάττωσαν. Καὶ γὰρ ὁ Θεὸς ἐξ ἀρχῆς οὐ τὸ
πᾶν τοῖς ἀνδράσιν ἐπέτρεψεν, οὐδὲ ἐν πᾶσιν αὐτῶν ἐκκρέμασθαι
τὰ ἐν τῷ βίῳ πράγματα μόνον ἀφῆκεν· ἦ γὰρ ἂν
εὐκαταφρόνητος ἡ γυνὴ ἦν μηδὲν συντελοῦσα πρὸς τὸν βίον
ἡμῖν. Ὅπερ οὖν εἰδὼς ὁ Θεὸς ἀπένειμεν αὐτῇ μοῖραν οὐκ
ἐλάττονα· καὶ τοῦτο δηλῶν ἄνωθεν ἔλεγε· »Ποιήσωμεν αὐτῷ
βοηθόν.« Ἵνα γὰρ μὴ τῷ πρῶτον γεγενῆσθαι, μηδὲ τῷ δι´
αὐτὸν τὴν γυναῖκα πεπλάσθαι, μέγα κατ´ αὐτῆς ἔχῃ φρονεῖν
ὁ ἀνήρ, διὰ τοῦ ῥήματος τούτου κατέστειλε τὸν τῦφον αὐτοῦ,
δεικνὺς ὅτι οὐχ ἧττον τοῦ ἀνδρὸς ἢ τῆς γυναικὸς τὰ τοῦ
κόσμου δεῖται πράγματα.
| [2,11] Ce raisonnement est vrai, direz-vous; mais comme la femme n'a aucune expérience
des affaires, n'est-elle pas bien à plaindre d'être obligée de se livrer à des soins qui sont le
partage de l'homme? Peut-elle aussi facilement que celui-ci régir ses biens et administrer ses
revenus? Le résultat le plus certain de vos conseils, si elle les suit, sera la ruine de sa fortune.
— Mais quoi ! toutes les veuves qui ont repoussé un second mariage, sont-elles tombées dans
la pénurie et l'indigence n'en voyons-nous aucune qui ait su gérer ses affaires seule? Si, nous
en voyons, et votre objection n'est qu'un adroit sophisme pour voiler un esprit faible et une
volonté inconstante. Souvent des veuves ont administré leurs biens plus sagement que
ne le faisaient leurs époux, et ont donné à leurs enfants une brillante éducation : d'autres ont
augmenté leurs revenus, ou du moins ne les ont pas diminués. Dieu n'a pas tout accordé à
l'homme; il a même ordonné que la femme eût aussi sa part dans les soins et les travaux du
ménage, de peur qu'une exclusion entière ne la rendit méprisable. Dieu ne l'a pas reléguée
dans une condition inférieure; et il s'en déclare ouvertement par cette parole : Faisons à
l'homme une aide qui lui soit semblable. (Gen. II, 18.) Sans doute l'homme a été créé le
premier, et la femme a été créée pour lui; et parce que cette prérogative de priorité pouvait le
rendre envers elle fier et arrogant, le Seigneur voulut dès le principe réprimer son orgueil, et
lui apprendre que la femme entre pour moitié dans tout ce qui conserve et embellit l'existence.
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