[30] Μὴ φαίνου φιλοτιμούμενος ἐπὶ τοῖς τοιούτοις ἃ καὶ τοῖς κακοῖς διαπράξασθαι
δυνατόν ἐστιν, ἀλλ' ἐπ' ἀρετῇ μέγα φρονῶν, ἧς οὐδὲν μέρος τοῖς πονηροῖς μέτεστιν.
Νόμιζε τῶν τιμῶν ἀληθεστάτας εἶναι μὴ τὰς ἐν τῷ φανερῷ μετὰ δέους γιγνομένας,
ἀλλ' ὅταν αὐτοὶ παρ' αὑτοῖς ὄντες μᾶλλόν σου τὴν γνώμην ἢ τὴν τύχην θαυμάζωσιν.
Λάνθανε μέν, ἢν ἐπὶ τῴ σοι συμβῇ τῶν φαύλων χαίρειν, ἐνδείκνυσο δὲ περὶ τὰ
μέγιστα σπουδάζων.
(31) Μὴ τοὺς μὲν ἄλλους ἀξίου κοσμίως ζῆν τοὺς δὲ βασιλεῖς ἀτάκτως, ἀλλὰ τὴν
σαυτοῦ σωφροσύνην παράδειγμα τοῖς ἄλλοις καθίστη, γιγνώσκων ὅτι τὸ τῆς πόλεως
ὅλης ἦθος ὁμοιοῦται τοῖς ἄρχουσιν.
Σημεῖον ἔστω σοι τοῦ καλῶς βασιλεύειν, ἂν τοὺς ἀρχομένους ὁρᾷς εὐπορωτέρους
καὶ σωφρονεστέρους γιγνομένους διὰ τὴν σὴν ἐπιμέλειαν.
(32) Περὶ πλείονος ποιοῦ δόξαν καλὴν ἢ πλοῦτον μέγαν τοῖς παισὶ καταλιπεῖν· ὁ
μὲν γὰρ θνητός, ἡ δ' ἀθάνατος, καὶ δόξῃ μὲν χρήματα κτητά, δόξα δὲ χρημάτων οὐκ
ὠνητή, καὶ τὰ μὲν καὶ φαύλοις παραγίγνεται, τὴν δ' οὐχ οἷόν τε ἀλλ' ἢ τοὺς διενεγκόντας
κτήσασθαι.
Τρύφα μὲν ἐν ταῖς ἐσθῆσι καὶ τοῖς περὶ τὸ σῶμα κόσμοις, καρτέρει δὲ ὡς χρὴ τοὺς
βασιλεύοντας ἐν τοῖς ἄλλοις ἐπιτηδεύμασιν, ἵν' οἱ μὲν ὁρῶντες διὰ τὴν ὄψιν ἄξιόν σε τῆς
ἀρχῆς εἶναι νομίζωσιν, οἱ δὲ συνόντες διὰ τὴν τῆς ψυχῆς ῥώμην τὴν αὐτὴν ἐκείνοις
γνώμην ἔχωσιν.
(33) Ἐπισκόπει τοὺς λόγους ἀεὶ τοὺς σαυτοῦ καὶ τὰς πράξεις, ἵν' ὡς ἐλαχίστοις
ἁμαρτήμασι περιπίπτῃς.
Κράτιστον μὲν τῆς ἀκμῆς τῶν καιρῶν τυγχάνειν, ἐπειδὴ δὲ δυσκαταμαθήτως
ἔχουσιν, ἐλλείπειν αἱροῦ καὶ μὴ πλεονάζειν· αἱ γὰρ μετριότητες μᾶλλον ἐν ταῖς ἐνδείαις ἢ
ταῖς ὑπερβολαῖς ἔνεισιν.
(34) Ἀστεῖος εἶναι πειρῶ καὶ σεμνός· τὸ μὲν γὰρ τῇ τυραννίδι πρέπει, τὸ δὲ πρὸς
τὰς συνουσίας ἁρμόττει. Χαλεπώτατον δὲ τοῦτο πάντων ἐστὶ τῶν προσταγμάτων·
εὑρήσεις γὰρ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τοὺς μὲν σεμνυνομένους ψυχροὺς ὄντας, τοὺς δὲ
βουλομένους μένους ἀστείους εἶναι ταπεινοὺς φαινομένους. Δεῖ δὲ χρῆσθαι μὲν
ἀμφοτέραις ταῖς ἰδέαις ταύταις, τὴν δὲ συμφορὰν τὴν ἑκατέρᾳ προσοῦσαν διαφεύγειν.
(35) Ὅ τι ἂν ἀκριβῶσαι βουληθῇς ὧν ἐπίστασθαι προσήκει τοὺς βασιλεῖς, ἐμπειρίᾳ
μέτιθι καὶ φιλοσοφίᾳ· τὸ μὲν γὰρ φιλοσοφεῖν τὰς ὁδούς σοι δείξει, τὸ δ' ἐπ' αὐτῶν τῶν
ἔργων γυμνάζεσθαι δύνασθαί σε χρῆσθαι τοῖς πράγμασι ποιήσει.
Θεώρει τὰ γιγνόμενα καὶ τὰ συμπίπτοντα καὶ τοῖς ἰδιώταις καὶ τοῖς τυράννοις· ἂν
γὰρ τὰ παρεληλυθότα μνημονεύῃς, ἄμεινον περὶ τῶν μελλόντων βουλεύσει.
(36) Δεινὸν ἡγοῦ τῶν μὲν ἰδιωτῶν τινας ἐθέλειν ἀποθνήσκειν, ἵνα τελευτήσαντες
ἐπαινεθῶσι, τοὺς δὲ βασιλεῖς μὴ τολμᾶν χρῆσθαι τοῖς ἐπιτηδεύμασι τούτοις, ἐξ ὧν
ζῶντες εὐδοκιμήσουσιν.
Βούλου τὰς εἰκόνας τῆς ἀρετῆς ὑπόμνημα μᾶλλον ἢ τοῦ σώματος καταλιπεῖν.
Μάλιστα μὲν πειρῶ τὴν ἀσφάλειαν καὶ σαυτῷ καὶ τῇ πόλει διαφυλάττειν· ἐὰν δ'
ἀναγκασθῇς κινδυνεύειν, αἱροῦ καλῶς τεθνάναι μᾶλλον ἢ ζῆν αἰσχρῶς.
(37) Ἐκ πᾶσι τοῖς ἔργοις μέμνησο τῆς βασιλείας, καὶ φρόντιζε ὅπως μηδὲν ἀνάξιον
τῆς τιμῆς ταύτης πράξεις.
Μὴ περιίδῃς τὴν σαυτοῦ φύσιν ἅπασαν ἅμα διαλυθεῖσαν· ἀλλ' ἐπειδὴ θνητοῦ
σώματος ἔτυχες, πειρῶ τῆς ψυχῆς ἀθάνατον τὴν μνήμην καταλιπεῖν.
(38) Μελέτα περὶ καλῶν ἐπιτηδευμάτων λέγειν, ἵνα συνεθισθῇς ὅμοια τοῖς
εἰρημένοις φρονεῖν. Ἅττ' ἄν σοι λογιζομένῳ φαίνηται βέλτιστα, ταῦτα τοῖς ἔργοις ἐπιτέλει.
Ὧν τὰς δόξας ζηλοῖς, μιμοῦ τὰς πράξεις.
Ἃ τοῖς αὑτοῦ παισὶν ἂν συμβουλεύσειας, τούτοις αὐτὸς ἐμμένειν ἀξίου.
Χρῶ τοῖς εἰρημένοις ἢ ζήτει βελτίω τούτων.
(39) Σοφοὺς νόμιζε μὴ τοὺς ἀκριβῶς περὶ μικρῶν ἐρίζοντας, ἀλλὰ τοὺς εὖ περὶ τῶν
μεγίστων λέγοντας, μηδὲ τοὺς τοῖς μὲν ἄλλοις εὐδαιμονίαν ὑπισχνουμένους, αὐτοὺς δ'
ἐν πολλαῖς ἀπορίαις ὄντας, ἀλλὰ τοὺς μέτρια μὲν περὶ αὑτῶν λέγοντας, ὁμιλεῖν δὲ καὶ
τοῖς πράγμασι καὶ τοῖς ἀνθρώποις δυναμένους, καὶ μὴ διαταραττομένους ἐν ταῖς τοῦ
βίου μεταβολαῖς, ἀλλὰ καλῶς καὶ μετρίως καὶ τὰς συμφορὰς καὶ τὰς εὐτυχίας φέρειν
ἐπισταμένους.
| [30] 9. Ne cherchez pas à vous distinguer dans les actes que les hommes vicieux
peuvent accomplir comme vous, mais soyez fier de la vertu, à laquelle les méchants
ne peuvent avoir aucune part.
Songez que les véritables honneurs ne se rencontrent pas dans les hommages
rendus en public et inspirés par la crainte, mais dans les sentiments de ceux qui, au
sein de leur famille, admirent votre sagesse encore plus que votre fortune.
S'il vous arrive de prendre plaisir à quelque chose de frivole, dérobez cette
faiblesse aux yeux du public ; montrez-lui seulement votre zèle pour ce qui est noble et
grand. (31) Ne croyez pas qu'une vie décente et honnête soit le partage du vulgaire, et
que vivre dans le désordre soit le privilège des rois. Offrez la régularité de votre vie
comme un modèle à vos concitoyens, et n'oubliez pas que les moeurs des peuples se
forment sur celles des hommes qui les gouvernent.
Vous aurez une preuve de la sagesse de votre gouvernement, si vous voyez que
vos soins ont assuré aux peuples sur lesquels vous régnez une plus grande aisance et
des moeurs plus honnêtes.
(32) Attachez plus de prix à transmettre à vos enfants un nom glorieux qu'à leur
laisser de grandes richesses. Les richesses sont périssables, la gloire est immortelle.
Les richesses peuvent s'acquérir par la gloire, la gloire ne s'achète point par les
richesses. Les richesses sont quelquefois le partage des méchants, la gloire ne peut
être acquise que par les hommes d'une vertu supérieure.
Ayez de la magnificence dans vos vêtements comme dans tout ce qui peut
contribuer à l'éclat de votre personne, mais soyez simple et austère dans le reste de
vos habitudes, comme il convient aux hommes qui gouvernent, afin que ceux qui
aperçoivent la magnificence qui vous environne vous croient digne de régner, et que
ceux qui vous approchent, voyant la force de votre âme, conçoivent de vous la même
opinion.
(33) Veillez sans cesse sur vos paroles et sur vos actions, afin de commettre le
moins de fautes possible.
Le plus important dans les affaires, c'est de saisir le point qui décide du succès ;
ce point étant difficile à reconnaître, il vaut mieux ne pas l'atteindre que de le
dépasser. La véritable sagesse demeure en deçà du but plutôt que d'aller au delà.
(34) 10. Efforcez-vous d'unir la politesse à la gravité. La gravité convient à la
puissance souveraine ; la politesse est l'ornement de la société. Ce double précepte
est de tous, le plus difficile à observer; presque toujours ceux qui affectent la gravité
tombent dans la froideur, et, en cherchant à être poli, on peut paraître humble et
rampant. Il faut, en réunissant les deux qualités que nous avons indiquées, éviter
l'inconvénient qui s'attache à chacune d'elles.
(35) Si vous voulez approfondir les connaissances qu'il convient aux rois de
posséder, unissez l'expérience à la théorie ; la théorie vous tracera le chemin,
l'expérience vous donnera le moyen d'y marcher d'un pas assuré.
Réfléchissez sur les vicissitudes et les malheurs qui atteignent les particuliers et
les rois ; les souvenirs du passé ajouteront à la sagesse de vos conseils pour l'avenir.
(36) Soyez convaincu que, lorsque de simples particuliers consentent à sacrifier
leur vie pour être loués après leur mort, il est honteux pour les rois de ne pas avoir le
courage de se signaler par des actes qui les feront jouir d'une honorable renommée
pendant leur vie.
Faites en sorte que vos statues restent comme un monument de votre vertu plus
encore que comme un souvenir de votre personne.
Efforcez-vous avant tout de garantir votre sécurité et celle de votre royaume;
mais, s'il faut braver les dangers, préférez mourir avec gloire plutôt que de vivre avec
honte.
(37) Dans toutes vos actions, souvenez-vous que vous êtes roi, et employez tous
vos soins à ne rien faire qui soit indigne de ce rang suprême.
11. Craignez de mourir tout entier; et, puisque vous avez reçu de la nature un
corps périssable et une âme immortelle, efforcez-vous de laisser de votre âme un
souvenir qui ne meure pas.
(38) Accoutumez-vous à parler de moeurs et d'actions honorables, afin de nourrir
dans votre coeur des sentiments qui répondent à l'objet de vos entretiens. Les choses
qui vous paraissent les meilleures lorsque vous réfléchissez en vous-même, réalisez-
les dans vos actions. Imitez les hommes dont la gloire excite votre émulation.
Les conseils que vous donneriez à vos enfants, croyez qu'il est digne de vous de
les suivre.
Usez des préceptes que je vous offre, ou cherchez à en découvrir de meilleurs.
(39) Considérez comme sages, non pas les hommes qui engagent sur des sujets
frivoles des discussions minutieuses, mais ceux qui traitent habilement les questions
importantes ; non pas ceux qui promettent aux autres le bonheur et qui vivent eux-
mêmes au sein de la misère, mais ceux qui, ne parlant de ce qui les concerne qu'avec
réserve, sont capables de se mêler utilement aux hommes et aux affaires, et qui,
n'étant jamais troublés par les vicissitudes de la vie, savent soutenir avec la même
noblesse et la même modération la bonne et la mauvaise fortune.
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