[20] Τὰ μὲν πρὸς τοὺς θεοὺς ποίει μὲν ὡς οἱ πρόγονοι κατέδειξαν, ἡγοῦ δὲ θῦμα
τοῦτο κάλλιστον εἶναι καὶ θεραπείαν μεγίστην, ἂν ὡς βέλτιστον καὶ δικαιότατον σαυτὸν
παρέχῃς· μᾶλλον γὰρ ἐλπὶς τοὺς τοιούτους ἢ τοὺς ἱερεῖα πολλὰ καταβάλλοντας πράξειν
τι παρὰ τῶν θεῶν ἀγαθόν.
Τίμα ταῖς μὲν ἀρχαῖς τῶν φίλων τοὺς οἰκειοτάτους, ταῖς δ' ἀληθείαις αὐταῖς τοὺς
εὐνουστάτους.
(21) Φυλακὴν ἀσφαλεστάτην ἡγοῦ τοῦ σώματος εἶναι τήν τε τῶν φίλων ἀρετὴν καὶ
τὴν τῶν πολιτῶν εὔνοιαν καὶ τὴν σαυτοῦ φρόνησιν· διὰ γὰρ τούτων καὶ κτᾶσθαι καὶ
σώζειν τὰς τυραννίδας μάλιστ' ἄν τις δύναιτο.
Κήδου τῶν οἴκων τῶν πολιτικῶν, καὶ νόμιζε καὶ τοὺς δαπανῶντας ἀπὸ τῶν σῶν
ἀναλίσκειν καὶ τοὺς ἐργαζομένους τὰ σὰ πλείω ποιεῖν· ἅπαντα γὰρ τὰ τῶν οἰκούντων
τὴν πόλιν οἰκεῖα τῶν καλῶς βασιλευόντων ἐστί.
(22) Διὰ παντὸς τοῦ χρόνου τὴν ἀλήθειαν οὕτω φαίνου προτιμῶν, ὥστε
πιστοτέρους εἶναι τοὺς σοὺς λόγους μᾶλλον ἢ τοὺς τῶν ἄλλων ὅρκους.
Ἅπασι μὲν τοῖς ξένοις ἀσφαλῆ τὴν πόλιν πάρεχε καὶ πρὸς τὰ συμβόλαια νόμιμον,
περὶ πλείστου δὲ ποιοῦ τῶν ἀφικνουμένων μὴ τοὺς σοὶ δωρεὰς ἄγοντας, ἀλλὰ τοὺς
παρὰ σοῦ λαμβάνειν ἀξιοῦντας· τιμῶν γὰρ τοὺς τοιούτους μᾶλλον παρὰ τοῖς ἄλλοις
εὐδοκιμήσεις.
(23) Τοὺς πολλοὺς φόβους ἐξαίρει τῶν πολιτῶν, καὶ μὴ βούλου περιδεεῖς εἶναι τοὺς
μηδὲν ἀδικοῦντας· ὅπως γὰρ ἂν τοὺς ἄλλους πρὸς σαυτὸν διαθῇς, οὕτω καὶ σὺ πρὸς
ἐκείνους ἕξεις.
Ποίει μὲν μηδὲν μετ' ὀργῆς, δόκει δὲ τοῖς ἄλλοις, ὅταν σοι καιρὸς ᾖ.
Δεινὸς μὲν φαίνου τῷ μηδέν σε λανθάνειν τῶν γιγνομένων, πρᾶος δὲ τῷ τὰς
τιμωρίας ἐλάττους ποιεῖσθαι τῶν ἁμαρτανομένων.
(24) Ἀρχικὸς εἶναι βούλου μὴ χαλεπότητι μηδὲ τῷ σφόδρα κολάζειν, ἀλλὰ τῷ
πάντας ἡττᾶσθαι τῆς σῆς διανοίας καὶ νομίζειν ὑπὲρ τῆς αὑτῶν σωτηρίας ἄμεινον
ἑαυτῶν σὲ βουλεύεσθαι.
Πολεμικὸς μὲν ἴσθι ταῖς ἐπιστήμαις καὶ ταῖς παρασκευαῖς, εἰρηνικὸς δὲ τῷ μηδὲν
παρὰ τὸ δίκαιον πλεονεκτεῖν.
Οὕτως ὁμίλει τῶν πόλεων πρὸς τὰς ἥττους, ὥσπερ ἂν τὰς κρείττους πρὸς ἑαυτὸν
ἀξιώσειας.
(25) Φιλονείκει μὴ περὶ πάντων, ἀλλὰ περὶ ὧν ἂν κρατήσαντί σοι μέλλῃ συνοίσειν.
Φαύλους ἡγοῦ μὴ τοὺς συμφερόντως ἡττωμένους, ἀλλὰ τοὺς μετὰ βλάβης
περιγιγνομένους.
Μεγαλόφρονας νόμιζε μὴ τοὺς μείζω περιβαλλομένους ὧν οἷοί τ' εἰσι*̀ κατασχεῖν,
ἀλλὰ τοὺς καλῶν μὲν ἐφιεμένους, ἐξεργάζεσθαι δὲ δυναμένους οἷς ἂν ἐπιχειρῶσιν.
(26) Ζήλου μὴ τοὺς μεγίστην ἀρχὴν κτησαμένους, ἀλλὰ τοὺς ἄριστα τῇ παρούσῃ
χρησαμένους, καὶ νόμιζε τελέως εὐδαιμονήσειν οὐκ ἐὰν πάντων ἀνθρώπων μετὰ
φόβων καὶ κινδύνων καὶ κακίας ἄρξῃς, ἀλλ' ἂν τοιοῦτος ὢν οἷον χρὴ καὶ πράττων
ὥσπερ ἐν τῷ παρόντι μετρίων ἐπιθυμῇς καὶ μηδενὸς τούτων ἀτυχῇς.
(27) Φίλους κτῶ μὴ πάντας τοὺς βουλομένους, ἀλλὰ τοὺς τῆς σῆς φύσεως ἀξίους
ὄντας, μηδὲ μεθ' ὧν ἥδιστα συνδιατρίψεις, ἀλλὰ μεθ' ὧν ἄριστα τὴν πόλιν διοικήσεις.
Ἀκριβεῖς ποιοῦ τὰς δοκιμασίας τῶν συνόντων, εἰδὼς ὅτι πάντες οἱ μή σοι
πλησιάσαντες ὅμοιόν σε τοῖς χρωμένοις εἶναι νομιοῦσιν.
Τοιούτους ἐφίστη τοῖς πράγμασι τοῖς μὴ διὰ σοῦ γιγνομένοις, ὡς αὐτὸς τὰς αἰτίας
ἕξων ὧν ἂν ἐκεῖνοι πράξωσιν.
(28) Πιστοὺς ἡγοῦ μὴ τοὺς ἅπαν ὁ τι ἂν λέγῃς ἢ ποιῇς ἐπαινοῦντας, ἀλλὰ τοὺς τοῖς
ἁμαρτανομένοις ἐπιτιμῶντας.
Δίδου παρρησίαν τοῖς εὖ φρονοῦσιν, ἵνα περὶ ὧν ἂν ἀμφιγνοῇς, ἔχῃς τοὺς
συνδοκιμάσοντας.
Διόρα καὶ τοὺς τέχνῃ κολακεύοντας καὶ τοὺς μετ' εὐνοίας θεραπεύοντας, ἵνα μὴ
πλέον οἱ πονηροὶ τῶν χρηστῶν ἔχωσιν.
Ἄκουε τοὺς λόγους τοὺς περὶ ἀλλήλων, καὶ πειρῶ γνωρίζειν ἅμα τούς τε λέγοντας,
ὁποῖοί τινές εἰσι, καὶ περὶ ὧν ἂν λέγωσιν.
(29) Ταῖς αὐταῖς κόλαζε ζημίαις τοὺς ψευδῶς διαβάλλοντας, αἷσπερ τοὺς
ἐξαμαρτάνοντας.
Ἄρχε σαυτοῦ μηδὲν ἧττον ἢ τῶν ἄλλων, καὶ τοῦθ' ἡγοῦ βασιλικώτατον, ἂν μηδεμιᾷ
δουλεύῃς τῶν ἡδονῶν, ἀλλὰ κρατῆς τῶν ἐπιθυμιῶν μᾶλλον ἢ τῶν πολιτῶν.
Μηδεμίαν συνουσίαν εἰκῇ προσδέχου μηδ' ἀλογίστως, ἀλλ' ἐπ' ἐκείναις ταῖς
διατριβαῖς ἔθιζε σαυτὸν χαίρειν, ἐξ ὧν αὐτός τ' ἐπιδώσεις καὶ τοῖς ἄλλοις βελτίων εἶναι
δόξεις.
| [20] Rendez aux dieux le culte qui leur est dû, en vous conformant aux exemples
que vous ont laissés vos ancêtres ; mais croyez que le plus beau sacrifice, l'hommage
le plus grand, sera de vous montrer juste et vertueux. L'homme animé de ces nobles
sentiments peut compter sur la faveur divine plus que celui qui immole de
nombreuses victimes.
7. Honorez par les fonctions brillantes vos parents les plus proches, et confiez les
emplois qui donnent un pouvoir véritable à vos amis les plus dévoués.
(21) Considérez comme la garantie la plus certaine de votre sûreté la vertu de vos
amis, la bienveillance de vos concitoyens et votre propre sagesse ; c'est à l'aide de
tels secours que l'on peut acquérir le pouvoir et qu'on peut le conserver.
Veillez sur la manière dont les citoyens administrent leur fortune; regardez ceux
qui dépensent avec profusion comme des hommes prodigues de votre bien, et croyez
que ceux qui s'enrichissent par leur travail ajoutent à vos trésors. La fortune des
citoyens fait la richesse des rois qui gouvernent avec sagesse.
(22) Montrez dans toute votre vie un tel respect pour la vérité, que vos paroles
inspirent plus de confiance que les serments des autres hommes.
Offrez à tous les étrangers un asile dans votre ville, et qu'ils y trouvent le respect
des lois dans toutes les transactions. Préférez à ceux qui vous apportent des présents
ceux qui désirent en recevoir de vous. Les faveurs que vous leur accorderez
accroîtront votre renommée.
(23) Bannissez la terreur du milieu de votre peuple, et ne souffrez pas que
l'innocent soit réduit à trembler, car les sentiments que vous inspirerez à vos
concitoyens, vous les éprouverez vous-même à leur égard.
Ne faites rien avec colère, mais montrez-vous irrité quand l'occasion l'exige.
Montrez-vous redoutable par une surveillance à laquelle rien n'échappe ;
indulgent par le soin que vous mettrez à n'infliger que des châtiments qui soient
au-dessous des fautes.
(24) Faites respecter votre autorité, non par la dureté du commandement et la
rigueur des supplices, mais en vous montrant supérieur aux autres hommes par votre
sagesse, et en leur inspirant la conviction que vous garantissez leur sécurité mieux
qu'ils ne la garantiraient eux-mêmes.
Que la science militaire et les appareils de la guerre montrent en vous un roi
belliqueux ; votre éloignement pour tout agrandissement injuste, un prince ami de la
paix. Comportez-vous envers les États plus faibles comme vous désireriez que les
États plus puissants se comportassent envers vous.
(25) N'élevez pas de contestations sur toute espèce de sujet; bornez-vous à celles
qui peuvent, si vous l'emportez, vous procurer quelque avantage.
Ne regardez pas comme dignes de mépris ceux qui succombent en atteignant un
résultat utile, mais ceux qui obtiennent une victoire nuisible à leurs intérêts.
Croyez que la grandeur d'âme n'existe pas chez les hommes qui entreprennent
plus qu'ils ne peuvent exécuter, mais chez ceux qui, se portant avec ardeur vers ce qui
est noble et grand, peuvent exécuter ce qu'ils entreprennent.
(26) Ne rivalisez pas avec les hommes qui ont étendu au loin leur puissance, mais
avec ceux qui font le meilleur usage de celle qui leur appartient ; et croyez que vous
serez heureux, non si vous commandez à tous les hommes au milieu des terreurs, des
dangers et des souffrances, mais si, étant tel que vous devez être, et agissant comme
vous le faites aujourd'hui, vous n'éprouvez que des désirs modérés, toujours
couronnés par le succès.
(27) 8. Admettez au rang de vos amis, non pas tous ceux qui recherchent votre
affection, mais ceux qui sont dignes de l'obtenir; non pas ceux dont la société vous est
la plus agréable, mais ceux qui pourront le mieux vous aider à gouverner votre pays
avec sagesse.
Faites en sorte d'être toujours éclairé sur la valeur des personnes qui vous
entourent, convaincu que ceux qui ne peuvent vous approcher vous croiront semblable
aux hommes qui jouissent de votre intimité.
Dans le choix de ceux auxquels vous confiez le soin des affaires que vous ne
dirigerez pas par vous-même, ne perdez jamais de vue que la responsabilité de leurs
actes retombera sur vous.
(28) Regardez comme vos amis les plus fidèles non pas ceux qui approuvent
toutes vos paroles et qui louent toutes vos actions, mais ceux qui blâment vos fautes.
Donnez aux gens sages la liberté d'exprimer leur opinion, afin d'avoir, dans les
affaires douteuses, des conseillers qui puissent les examiner utilement avec vous.
Sachez discerner les courtisans qui flattent avec art des amis qui servent par
dévouement, afin que les méchants ne puissent pas obtenir près de vous plus de
crédit que les hommes vertueux.
Écoutez ce que les hommes disent les uns des autres, et tâchez de vous éclairer
à la fois sur ceux qui parlent et sur ceux dont ils parlent.
(29) Punissez les calomniateurs des peines qui seraient infligées aux coupables.
N'ayez pas moins d'empire sur vous que sur les autres hommes ; croyez qu'il
n'est rien de plus royal que de vous affranchir du joug de vos passions, et soyez
maître de vos désirs plus encore que de vos concitoyens.
Ne contractez aucune liaison au hasard et sans réflexion, mais accoutumez-vous
à trouver du plaisir dans les entretiens qui ajoutent à votre sagesse et à votre
réputation.
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