HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Éloge d'Évagoras (texte complet)

Paragraphes 50-59

  Paragraphes 50-59

[50] νῦν δὲ τοσοῦτον μεταπεπτώκασιν ὥσθ' ἁμιλλᾶσθαι μὲν οἵτινες αὐτῶν δόξουσι φιλέλληνες εἶναι μάλιστα, παιδοποιεῖσθαι δὲ τοὺς πλείστους αὐτῶν γυναῖκας λαμβάνοντας παρ' ἡμῶν, χαίρειν δὲ καὶ τοῖς κτήμασι καὶ τοῖς ἐπιτηδεύμασι τοῖς Ἑλληνικοῖς μᾶλλον τοῖς παρὰ σφίσιν αὐτοῖς, πλείους δὲ καὶ τῶν περὶ τὴν μουσικὴν καὶ τῶν περὶ τὴν ἄλλην παίδευσιν ἐν τούτοις τοῖς τόποις διατρίβειν παρ' οἷς πρότερον εἰωθότες ἦσαν. Καὶ τούτων ἁπάντων οὐδεὶς ὅστις οὐκ ἂν Εὐαγόραν αἴτιον εἶναι προσομολογήσειεν. (51) Μέγιστον δὲ τεκμήριον καὶ τοῦ τρόπου καὶ τῆς ὁσιότητος τῆς ἐκείνου· τῶν γὰρ Ἑλλήνων πολλοὶ καὶ καλοὶ κἀγαθοὶ τὰς αὑτῶν πατρίδας ἀπολιπόντες ἦλθον εἰς Κύπρον οἰκήσοντες, ἡγούμενοι κουφοτέραν καὶ νομιμωτέραν εἶναι τὴν Εὐαγόρου βασιλείαν τῶν οἴκοι πολιτειῶν· ὧν τοὺς μὲν ἄλλους ὀνομαστὶ διελθεῖν πολὺ ἂν ἔργον εἴη· (52) Κόνωνα δὲ τὸν διὰ πλείστας ἀρετὰς πρωτεύσαντα τῶν Ἑλλήνων τίς οὐκ οἶδεν ὅτι δυστυχησάσης τῆς πόλεως ἐξ ἁπάντων ἐκλεξάμενος ὡς Εὐαγόραν ἦλθε, νομίσας καὶ τῷ σώματι βεβαιοτάτην εἶναι τὴν παρ' ἐκείνῳ καταφυγὴν καὶ τῇ πόλει τάχιστ' ἂν αὐτὸν γενέσθαι βοηθόν. Καὶ πολλὰ πρότερον ἤδη κατωρθωκὼς οὐδὲ περὶ ἑνὸς πώποτε πράγματος ἔδοξεν ἄμεινον περὶ τούτου βουλεύσασθαι· (53) συνέβη γὰρ αὐτῷ διὰ τὴν ἄφιξιν τὴν εἰς Κύπρον καὶ ποιῆσαι καὶ παθεῖν πλεῖστ' ἀγαθά. Πρῶτον μὲν γὰρ οὐκ ἔφθασαν ἀλλήλοις πλησιάσαντες καὶ περὶ πλείονος ἐποιήσαντο σφᾶς αὐτοὺς τοὺς πρότερον οἰκείους ὄντας. Ἔπειτα περί τε τῶν ἄλλων ὁμονοοῦντες ἅπαντα τὸν χρόνον διετέλεσαν καὶ περὶ τῆς ἡμετέρας πόλεως τὴν αὐτὴν γνώμην εἶχον. (54) Ὁρῶντες γὰρ αὐτὴν ὑπὸ Λακεδαιμονίοις οὖσαν καὶ μεγάλῃ μεταβολῇ κεχρημένην λυπηρῶς καὶ βαρέως ἔφερον, ἀμφότεροι προσήκοντα ποιοῦντες· τῷ μὲν γὰρ ἦν φύσει πατρίς, τὸν δὲ διὰ πολλὰς καὶ μεγάλας εὐεργεσίας νόμῳ πολίτην ἐπεποίηντο. Σκοπουμένοις δ' αὐτοῖς ὅπως τῶν συμφορῶν αὐτὴν ἀπαλλάξουσι, ταχὺν τὸν καιρὸν Λακεδαιμόνιο παρεσκεύασαν· ἄρχοντες γὰρ τῶν Ἑλλήνων καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν εἰς τοῦτ' ἀπληστίας ἦλθον, ὥστε καὶ τὴν Ἀσίαν κακῶς ποιεῖν ἐπεχείρησαν. (55) Λαβόντες δ' ἐκεῖνοι τοῦτον τὸν καιρὸν καὶ τῶν στρατηγῶν τῶν βασιλέως ἀπορούντων τι χρήσωνται τοῖς πράγμασιν, ἐδίδασκον αὐτοὺς μὴ κατὰ γῆν ἀλλὰ κατὰ θάλατταν ποιεῖσθαι τὸν πόλεμον τὸν πρὸς Λακεδαιμονίους, νομίζοντες, εἰ μὲν πεζὸν στρατόπεδον καταστήσαιντο καὶ τούτῳ περιγένοιντο, τὰ περὶ τὴν ἤπειρον μόνον καλῶς ἕξειν, εἰ δὲ κατὰ θάλατταν κρατήσειαν, ἅπασαν τὴν Ἑλλάδα τῆς νίκης ταύτης μεθέξειν. (56) Ὅπερ συνέβη· πεισθέντων γὰρ ταῦτα τῶν στρατηγῶν καὶ ναυτικοῦ συλλεγέντος Λακεδαιμόνιοι μὲν κατεναυμαχήθησαν καὶ τῆς ἀρχῆς ἀπεστερήθησαν, οἱ δ' Ἕλληνες ἠλευθερώθησαν, δὲ πόλις ἡμῶν τῆς τε παλαιᾶς δόξης μέρος τι πάλιν ἀνέλαβε καὶ τῶ συμμάχων ἡγεμὼν κατέστη. Καὶ ταῦτ' ἐπράχθη Κόνωνος μὲν στρατηγοῦντος, Εὐαγόρου δὲ τοῦτό τε παρασχόντος καὶ τῆς δυνάμεως τὴν πλείστην παρασκευάσαντος. (57) Ὑπὲρ ὧν ἡμεῖς μὲν αὐτοὺς ἐτιμήσαμεν ταῖς μεγίσταις τιμαῖς καὶ τὰς εἰκόνας αὐτῶν ἐστήσαμεν οὗπερ τὸ τοῦ Διὸς ἄγαλμα τοῦ σωτῆρος, πλησίον ἐκείνου τε καὶ σφῶν αὐτῶν, ἀμφοτέρων ὑπόμνημα καὶ τοῦ μεγέθους τῆς εὐεργεσίας καὶ τῆς φιλίας τῆς πρὸς ἀλλήλους. Βασιλεὺς δ' οὐ τὴν αὐτὴν γνώμην ἔσχε περὶ αὐτῶν, ἀλλ' ὅσῳ μείζω καὶ πλείονος ἄξια κατειργάσαντο, τοσούτῳ μᾶλλον ἔδεισεν αὐτούς. Περὶ μὲν οὖν Κόνωνος ἄλλος ἡμῖν ἔσται λόγος· ὅτι δὲ πρὸς Εὐαγόραν οὕτως ἔσχεν, οὐδ' αὐτὸς λαθεῖν ἐζήτησεν. (58) Φαίνεται γὰρ μᾶλλον μὲν σπουδάσας περὶ τὸν ἐν Κύπρῳ πόλεμον περὶ τοὺς ἄλλους ἅπαντας, μείζω δὲ καὶ χαλεπώτερον ἐκεῖνον ἀνταγωνιστὴν νομίσας Κῦρον τὸν περὶ τῆς βασιλείας ἀμφισβητήσαντα. Μέγιστον δὲ τεκμήριον· τοῦ μὲν γὰρ ἀκούων τὰς παρασκευὰς τοσοῦτον κατεφρόνησεν ὥστε διὰ τὸ μὴ φροντίζειν μικροῦ δεῖν ἔλαθεν αὐτὸν ἐπὶ τὸ βασίλειον ἐπιστάς· πρὸς δὲ τοῦτον οὕτως ἐκ πολλοῦ περιδεῶς ἔσχεν, ὥστε μεταξὺ πάσχων εὖ πολεμεῖν πρὸς αὐτὸν ἐπεχείρησε, δίκαια μὲν οὐ ποιῶν, οὐ μὴν παντάπασιν ἀλόγως βουλευσάμενος. (59) Ἠπίστατο μὲν γὰρ πολλοὺς καὶ τῶν Ἑλλήνων καὶ τῶν βαρβάρων ἐκ ταπεινῶν καὶ φαύλων πραγμάτων μεγάλας δυναστείας κατεργασαμένους, ᾐσθάνετο δὲ τὴν Εὐαγόρου μεγαλοψυχίαν καὶ τὰς ἐπιδόσεις αὐτῷ καὶ τῆς δόξης καὶ τῶν πραγμάτων οὐ κατὰ μικρὸν γιγνομένας, ἀλλὰ καὶ τὴν φύσιν ἀνυπέρβλητον ἔχοντα καὶ τὴν τύχην αὐτῷ συναγωνιζομένην· [50] mais aujourd'hui il s'est opéré en eux un tel changement, qu'ils rivalisent de bienveillance envers ces mêmes Grecs; que la plupart, pour perpétuer leur race, prennent des femmes parmi nous ; qu'ils préfèrent les productions et les institutions de la Grèce à celles de leur propre pays; et que les hommes qui s'adonnent à la musique et aux arts de la civilisation, se rencontrent chez, eux en plus grand nombre que chez les peuples parmi lesquels ils avaient autrefois l'habitude de se fixer. Or il n'y a personne qui ne reconnaisse qu'Évagoras a été l'auteur de cette grande révolution. (51) 21. Mais voici le plus éclatant témoignage rendu à la noblesse de son caractère et à la sainteté de ses mœurs. Un grand nombre de Grecs, hommes de probité et d'honneur, abandonnant leur pays, sont venus habiter Cypre, convaincus que la royauté d'Évagoras était plus légère à supporter et plus conforme aux lois que les gouvernements établis dans leur propre patrie. Les désigner tous par leur nom serait un grand travail ; (52) mais qui ne sait que Conon, le premier de tous les Grecs par le nombre et la grandeur de ses vertus, fit choix d'Évagoras entre tous les princes, pour se réfugier près de lui lors des malheurs de notre patrie, certain qu'il y trouverait la retraite la plus sûre pour sa personne, en même temps que le secours le plus prompt pour relever la fortune de son pays? Conon avait autrefois réussi dans un grand nombre d'entreprises; mais, dans aucune circonstance, il n'a paru plus sagement inspiré ; (53) car son arrivée dans l'île de Cypre lui donna l'occasion de procurer à d'autres et de recueillir lui-même les plus grands avantages. Évagoras et lui ne furent pas plutôt entrés en communication, qu'ils s'estimèrent l'un et l'autre plus que tous ceux avec lesquels ils avaient eu auparavant des rapports intimes ; et, de même qu'ils n'avaient pas cessé d'être unanimes sur tous les autres objets, ils n'eurent plus qu'une même pensée relativement à notre patrie. (54) En la voyant courbée sous le joug des Lacédémoniens et accablée par un grand revers, ils éprouvaient de profonds sentiments d'indignation et de douleur, sentiments qui convenaient à tous les deux, car Athènes était pour Conon sa patrie naturelle, et la république, pour reconnaître les grands et nombreux services qu'elle avait reçus d'Évagoras, l'avait admis par une loi au nombre de ses citoyens. Ils cherchaient ensemble les moyens de délivrer Athènes des maux qui l'accablaient, et bientôt Lacédémone leur en offrit l'occasion. Depuis que les Lacédémoniens commandaient aux Grecs sur terre et sur mer, leur cupidité était devenue tellement insatiable qu'ils avaient entrepris de ravager l'Asie. (55) Évagoras et Conon, profitant de cette circonstance et voyant que les généraux du Roi hésitaient sur le parti qu'ils devaient prendre, leur conseillèrent d'attaquer les Lacédémoniens sur mer et non pas sur terre, dans la pensée que si, réunissant une armée, ils remportaient une victoire sur terre, le continent seul en recueillerait les fruits ; tandis que, vainqueurs sur la mer, ils feraient participer la Grèce entière aux résultats de cette victoire. (56) L'événement justifia leur prévoyance. Les généraux du Roi, ayant cédé à leurs conseils et rassemblé une flotte, les Lacédémoniens, vaincus dans un combat naval, furent dépouillés de l'empire; les Grecs recouvrèrent leur liberté, et Athènes, reprenant une partie de son ancienne gloire, se trouva de nouveau placée à la tête des alliés. Ces événements, il est vrai, s'accomplirent sous le commandement de Conon ; mais Évagoras avait combattu en personne et fourni la plus forte partie des troupes. (57) Aussi avons-nous décrété les plus grands honneurs pour tous les deux, et leur avons-nous élevé des statues dans le lieu même où est placée la statue de Jupiter Sauveur, près du dieu, et rapprochées l'une de l'autre, pour être un double monument de la grandeur du service qu'ils avaient rendu et de l'amitié qui les unissait. 22 Quant au Roi, il n'éprouvait pas le même sentiment à leur égard : plus leurs exploits étaient grands, plus ils étaient glorieux, et plus le Roi les redoutait. Nous parlerons ailleurs de Conon. Pour ce qui touche à Évagoras, le Roi ne cherchait pas même à dissimuler ses craintes. (58) On l'a vu s'occuper de la guerre de Cyrus plus que de toutes les autres, regardant Évagoras comme un adversaire plus terrible, plus redoutable que Cyrus même, qui lui avait disputé sa couronne. Voici la preuve plus grande de cette assertion : informé des préparatifs de son frère, il s'en préoccupa si peu que Cyrus faillit le surprendre dans son palais. Pour Évagoras, au contraire, sa crainte fut si prévoyante que, même alors qu'il en recevait des services, il se préparait à lui faire la guerre; et en cela, s'il manquait à la justice, ses calculs n'étaient pas complètement dépourvus de raison. (59) Il savait que beaucoup de Grecs, et même beaucoup de Barbares, partis de situations faibles et méprisables, avaient renversé de grandes puissances; il connaissait l'âme élevée d'Évagoras; il voyait que les progrès de sa renommée et de ses affaires étaient loin de se produire par des degrés insensibles; qu'il était doué d'un génie que rien ne pouvait surpasser ; que la fortune se plaisait à seconder ses entreprises ; et il était résolu à lui faire la guerre,


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Dernière mise à jour : 2/10/2008