HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant IV

Vers 700-799

  Vers 700-799

[4,700] Τηλέμαχον μεμάασι κατακτάμεν ὀξέι χαλκῷ
οἴκαδε νισόμενον· δἔβη μετὰ πατρὸς ἀκουὴν
ἐς Πύλον ἠγαθέην ἠδἐς Λακεδαίμονα δῖαν."
ὣς φάτο, τῆς δαὐτοῦ λύτο γούνατα καὶ φίλον ἦτορ,
δὴν δέ μιν ἀμφασίη ἐπέων λάβε· τὼ δέ οἱ ὄσσε
705 δακρυόφι πλῆσθεν, θαλερὴ δέ οἱ ἔσχετο φωνή.
ὀψὲ δὲ δή μιν ἔπεσσιν ἀμειβομένη προσέειπε·
"κῆρυξ, τίπτε δέ μοι πάϊς οἴχεται; οὐδέ τί μιν χρεὼ
νηῶν ὠκυπόρων ἐπιβαινέμεν, αἵ θἁλὸς ἵπποι
ἀνδράσι γίγνονται, περόωσι δὲ πουλὺν ἐφὑγρήν.
710 ἵνα μηδὄνομαὐτοῦ ἐν ἀνθρώποισι λίπηται;"
τὴν δἠμείβετἔπειτα Μέδων πεπνυμένα εἰδώς·
"οὐκ οἶδ τίς μιν θεὸς ὤρορεν, ἦε καὶ αὐτοῦ
θυμὸς ἐφωρμήθη ἴμεν ἐς Πύλον, ὄφρα πύθηται
πατρὸς ἑοῦ νόστον ὅν τινα πότμον ἐπέσπεν."
715 ὣς ἄρα φωνήσας ἀπέβη κατὰ δῶμὈδυσῆος.
τὴν δἄχος ἀμφεχύθη θυμοφθόρον, οὐδἄρἔτἔτλη
δίφρῳ ἐφέζεσθαι πολλῶν κατὰ οἶκον ἐόντων,
ἀλλἄρἐποὐδοῦ ἷζε πολυκμήτου θαλάμοιο
οἴκτρὀλοφυρομένη· περὶ δὲ δμῳαὶ μινύριζον
720 πᾶσαι, ὅσαι κατὰ δώματἔσαν νέαι ἠδὲ παλαιαί.
τῇς δἁδινὸν γοόωσα μετηύδα Πηνελόπεια·
"κλῦτε, φίλαι· πέρι γάρ μοι Ὀλύμπιος ἄλγεἔδωκεν
ἐκ πασέων, ὅσσαι μοι ὁμοῦ τράφεν ἠδἐγένοντο·
πρὶν μὲν πόσιν ἐσθλὸν ἀπώλεσα θυμολέοντα,
725 παντοίῃς ἀρετῇσι κεκασμένον ἐν Δαναοῖσιν,
ἐσθλόν, τοῦ κλέος εὐρὺ καθἙλλάδα καὶ μέσον Ἄργος.
νῦν αὖ παῖδἀγαπητὸν ἀνηρείψαντο θύελλαι
ἀκλέα ἐκ μεγάρων, οὐδὁρμηθέντος ἄκουσα.
σχέτλιαι, οὐδὑμεῖς περ ἐνὶ φρεσὶ θέσθε ἑκάστη
730 ἐκ λεχέων μἀνεγεῖραι, ἐπιστάμεναι σάφα θυμῷ,
ὁππότἐκεῖνος ἔβη κοίλην ἐπὶ νῆα μέλαιναν.
εἰ γὰρ ἐγὼ πυθόμην ταύτην ὁδὸν ὁρμαίνοντα,
τῷ κε μάλ κεν ἔμεινε καὶ ἐσσύμενός περ ὁδοῖο,
κέ με τεθνηκυῖαν ἐνὶ μεγάροισιν ἔλειπεν.
735 ἀλλά τις ὀτρηρῶς Δολίον καλέσειε γέροντα,
δμῶἐμόν, ὅν μοι δῶκε πατὴρ ἔτι δεῦρο κιούσῃ,
καί μοι κῆπον ἔχει πολυδένδρεον, ὄφρα τάχιστα
Λαέρτῃ τάδε πάντα παρεζόμενος καταλέξῃ,
εἰ δή πού τινα κεῖνος ἐνὶ φρεσὶ μῆτιν ὑφήνας
740 ἐξελθὼν λαοῖσιν ὀδύρεται, οἳ μεμάασιν
ὃν καὶ Ὀδυσσῆος φθῖσαι γόνον ἀντιθέοιο."
τὴν δαὖτε προσέειπε φίλη τροφὸς Εὐρύκλεια·
"νύμφα φίλη, σὺ μὲν ἄρ με κατάκτανε νηλέι χαλκῷ
ἔα ἐν μεγάρῳ· μῦθον δέ τοι οὐκ ἐπικεύσω.
745 ᾔδεἐγὼ τάδε πάντα, πόρον δέ οἱ ὅσσἐκέλευε,
σῖτον καὶ μέθυ ἡδύ· ἐμεῦ δἕλετο μέγαν ὅρκον
μὴ πρὶν σοὶ ἐρέειν, πρὶν δωδεκάτην γε γενέσθαι
σαὐτὴν ποθέσαι καὶ ἀφορμηθέντος ἀκοῦσαι,
ὡς ἂν μὴ κλαίουσα κατὰ χρόα καλὸν ἰάπτῃς.
[4,700] Elle n'attend que le retour du jeune Télémaque pour lui plonger un fer acéré dans le coeur : car il est parti pour se rendre dans les murs fameux de Pylos et de Lacédémone, impatient d'interroger la renommée sur le sort de son père." A ces nouvelles le coeur de Pénélope se glace : ses genoux s'affaissent ; longtemps elle ne peut proférer une parole ; sa voix est étouffée ; des larmes coulent de ses yeux. "Héraut, dit-elle enfin, pourquoi mon fils s'est-il éloigné de moi ? Qui l'a engagé à monter un rapide vaisseau, coursier si dangereux sur lequel on s'expose à traverser l'immense empire des ondes ? Veut-il que sa race entière périsse ? Veut-il ne laisser même aucun souvenir de son nom sur la terre ?" J'ignore, repartit Médon, si quelque dieu ou les seuls mouvements de son coeur l'ont animé à voler vers Pylos pour apprendre le retour de son père, ou ce qu'ordonna de lui le destin". En même temps il se retire. Pénélope est frappée d'une douleur mortelle. De nombreux sièges décoraient son appartement; elle se jette sur le seuil, s'abandonne à des cris lamentables : toutes ses femmes, jeunes et âgées, éclatent autour d'elle en gémissements. "Amies, s'écrie-t-elle sans interrompre ses sanglots, les dieux ont voulu que je fusse la plus infortunée de toutes les femmes. D'abord j'ai perdu le meilleur des époux, qui fut un lion dans les combats, et auquel ne manqua aucune vertu lorsqu'il parut entre les héros, cet époux fidèle dont la gloire retentit dans Argos et dans la Grèce entière. Et maintenant je pleure encore mon fils, l'idole de mon coeur; il a disparu avant d'être connu de la renommée ; il m'a été ravi de ce palais par les tempêtes, sans que la nouvelle en ait frappé mon oreille. Malheureuses que vous êtes, vous en fûtes instruites; et la nuit de son départ, lorsqu'il allait monter un frêle vaisseau, aucune d'entre vous-mêmes n'a donc pas songé à me tirer du sommeil? Si j'avais soupçonné ce projet, quelque ardeur qui l'entraînât loin de ces lieux, je l'eusse retenu dans mes bras, ou, en fuyant, il m'eût laissée expirante. Que l'on coure appeler le vieux Dolius, ce fidèle serviteur que me donna mon père pour m'accompagner à Ithaque, et qui consacre tous ses soins à entretenir l'ombrage de mon jardin : je veux qu'il aille sans délai instruire Laërte du coup dont je suis frappée. Peut-être notre malheur inspirera-t-il à ce vieillard le dessein de sortir de sa retraite, et montrant ses larmes aux yeux du peuple, de le toucher en lui apprenant qu'on a résolu d'exterminer sa race et la tige d'Ulysse qui fut l'image des dieux." La vieille Euryclée, prenant alors la parole : "Ma maîtresse chérie, dit-elle, soit que tu me perces le coeur, soit que tu me laisses encore vivre dans ce palais, il faut tout avouer. J'ai su le projet de ce départ ; c'est moi qui lui fournis le froment et le vin qu'il me demanda pour sa route. Il m'engagea par serment à ne pas t'en instruire avant le douzième jour, à moins que tu ne pusses plus soutenir la privation de sa présence, et qu'un autre ne t'eût dévoilé une partie de ce secret, tant il craignait que ta beauté et ta vie ne s'éteignissent enfin dans les larmes.
[4,750] ἀλλὑδρηναμένη, καθαρὰ χροῒ εἵμαθἑλοῦσα,
εἰς ὑπερῷἀναβᾶσα σὺν ἀμφιπόλοισι γυναιξὶν
εὔχεἈθηναίῃ κούρῃ Διὸς αἰγιόχοιο·
γάρ κέν μιν ἔπειτα καὶ ἐκ θανάτοιο σαώσαι.
μηδὲ γέροντα κάκου κεκακωμένον· οὐ γὰρ ὀίω
755 πάγχυ θεοῖς μακάρεσσι γονὴν Ἀρκεισιάδαο
ἔχθεσθ᾽, ἀλλἔτι πού τις ἐπέσσεται ὅς κεν ἔχῃσι
δώματά θὑψερεφέα καὶ ἀπόπροθι πίονας ἀγρούς."
ὣς φάτο, τῆς δεὔνησε γόον, σχέθε δὄσσε γόοιο.
δὑδρηναμένη, καθαρὰ χροῒ εἵμαθἑλοῦσα
760 εἰς ὑπερῷἀνέβαινε σὺν ἀμφιπόλοισι γυναιξίν,
ἐν δἔθετοὐλοχύτας κανέῳ, ἠρᾶτο δἈθήνῃ·
"κλῦθί μευ, αἰγιόχοιο Διὸς τέκος, Ἀτρυτώνη,
εἴ ποτέ τοι πολύμητις ἐνὶ μεγάροισιν Ὀδυσσεὺς
βοὸς ὄϊος κατὰ πίονα μηρίἔκηε,
765 τῶν νῦν μοι μνῆσαι, καί μοι φίλον υἷα σάωσον,
μνηστῆρας δἀπάλαλκε κακῶς ὑπερηνορέοντας."
ὣς εἰποῦσὀλόλυξε, θεὰ δέ οἱ ἔκλυεν ἀρῆς.
μνηστῆρες δὁμάδησαν ἀνὰ μέγαρα σκιόεντα·
ὧδε δέ τις εἴπεσκε νέων ὑπερηνορεόντων·
770 " μάλα δὴ γάμον ἄμμι πολυμνήστη βασίλεια
ἀρτύει, οὐδέ τι οἶδεν οἱ φόνος υἷι τέτυκται."
"ὣς ἄρα τις εἴπεσκε, τὰ δοὐκ ἴσαν ὡς ἐτέτυκτο.
τοῖσιν δἈντίνοος ἀγορήσατο καὶ μετέειπε·
"δαιμόνιοι, μύθους μὲν ὑπερφιάλους ἀλέασθε
775 πάντας ὁμῶς, μή πού τις ἀπαγγείλῃσι καὶ εἴσω.
ἀλλἄγε σιγῇ τοῖον ἀναστάντες τελέωμεν
μῦθον, δὴ καὶ πᾶσιν ἐνὶ φρεσὶν ἤραρεν ἡμῖν."
ὣς εἰπὼν ἐκρίνατἐείκοσι φῶτας ἀρίστους,
βὰν δἰέναι ἐπὶ νῆα θοὴν καὶ θῖνα θαλάσσης.
780 νῆα μὲν οὖν πάμπρωτον ἁλὸς βένθοσδε ἔρυσσαν,
ἐν δἱστόν τἐτίθεντο καὶ ἱστία νηὶ μελαίνῃ,
ἠρτύναντο δἐρετμὰ τροποῖς ἐν δερματίνοισιν,
πάντα κατὰ μοῖραν, ἀνά θἱστία λευκὰ πέτασσαν·
τεύχεα δέ σφἤνεικαν ὑπέρθυμοι θεράποντες.
785 ὑψοῦ δἐν νοτίῳ τήν γὥρμισαν, ἐκ δἔβαν αὐτοί·
ἔνθα δὲ δόρπον ἕλοντο, μένον δἐπὶ ἕσπερον ἐλθεῖν.
δὑπερωίῳ αὖθι περίφρων Πηνελόπεια
κεῖτἄρἄσιτος, ἄπαστος ἐδητύος ἠδὲ ποτῆτος,
ὁρμαίνουσ οἱ θάνατον φύγοι υἱὸς ἀμύμων,
790 γὑπὸ μνηστῆρσιν ὑπερφιάλοισι δαμείη.
ὅσσα δὲ μερμήριξε λέων ἀνδρῶν ἐν ὁμίλῳ
δείσας, ὁππότε μιν δόλιον περὶ κύκλον ἄγωσι,
τόσσα μιν ὁρμαίνουσαν ἐπήλυθε νήδυμος ὕπνος·
εὗδε δἀνακλινθεῖσα, λύθεν δέ οἱ ἅψεα πάντα.
795 ἔνθαὖτἄλλἐνόησε θεά, γλαυκῶπις Ἀθήνη·
εἴδωλον ποίησε, δέμας δἤικτο γυναικί,
Ἰφθίμῃ, κούρῃ μεγαλήτορος Ἰκαρίοιο,
τὴν Εὔμηλος ὄπυιε Φερῇς ἔνι οἰκία ναίων.
πέμπε δέ μιν πρὸς δώματὈδυσσῆος θείοιο,
[4,750] Arrêtes-en donc le cours : entre dans le bain ; que des vêtements purifiés te décorent; monte avec tes femmes dans l'endroit le plus élevé du palais; là, invoque Athéna, cette fille du dieu de la foudre. Elle te rendra ton fils, fût-il entouré des ombres du trépas. Mais n'achève pas d'accabler un vieillard enseveli dans la douleur. Non, je ne croirai jamais que la race d'Arcésius soit odieuse aux immortels : il lui survit quelque part encore un rejeton pour régner un jour dans ses palais élevés et sur ses champs étendus et fertiles". Elle dit : la douleur de Pénélope se calme, et ses larmes cessent de couler. Elle entre dans le bain; des vêtements purs et éclatants la décorent : suivie de ses femmes, elle se rend au haut du palais, présente à la déesse dans une corbeille l'orge sacrée, et s'écrie : "Exauce mes voeux, ô fille invincible de celui qui lance le tonnerre. Si jamais, dans ce palais, le sage Ulysse fit monter vers toi la fumée des offrandes les plus choisies de taureaux et de brebis, daigne aujourd'hui t'en rappeler le souvenir; rends-moi mon fils, l'objet de ma tendresse ; détourne loin de cet enfant les traits des hommes barbares qui aspirent à ma main, et qui me font pâlir pour ses jours." Cette prière est accompagnée de gémissements et de cris : la déesse lui prête une oreille favorable. Mais les chefs font retentir de leurs voix bruyantes le palais où descendaient les ombres de la nuit. Sans doute, disaient plusieurs de ces jeunes téméraires, la reine, objet de tant de voeux, va choisir parmi nous un époux ; un sacrifice précède l'appareil de son hyménée; elle est loin de soupçonner que son fils touche au tombeau. Telle était la pensée de ces hommes présomptueux : hélas ! qu'ils connaissaient peu la situation de la triste Pénélope ! Mais Antinoüs, s'adressant à la troupe : "Imprudents, leur dit-il, ne pouvez-vous contenir votre langue effrénée ? et ne craignez-vous pas que ce palais renferme un délateur ? Levons-nous, exécutons sans bruit le dessein que nous avons approuvé d'une commune voix". Il dit, et choisit parmi eux vingt des plus déterminés. Ils courent au rivage, lancent un vaisseau à la vaste mer, élèvent le mât, suspendent à des courroies les avirons rangés avec ordre et prêts à sillonner les ondes, ouvrent aux vents les voiles éclatantes. Compagnons des attentats de ces chefs, des esclaves leur apportent des armes ; tous entrent dans le navire, et le conduisant vers la haute mer à l'ouverture du port, ils prennent leur repas, attendant que la nuit épaississe les ombres. Mais la vertueuse Pénélope, retirée au fond de son appartement, et penchée sur sa couche, est sans nourriture ; elle n'a porté à ses lèvres ni aliment ni breuvage, et se demande si son fils généreux aura le bonheur d'échapper à la mort, ou s'il tombera sous la rage de ses nombreux ennemis. Telle au milieu de la tumultueuse enceinte de rusés chasseurs, une lionne se trouble et frémit, porte de tous côtés ses regards, sans apercevoir aucune issue ; telle s'agite et frémit Pénélope jusqu'au moment où vient l'environner le paisible sommeil; elle se laisse tomber sur sa couche; les fibres de son corps se détendent ; elle goûte enfin plus de calme et s'endort. Alors un nouveau soin naît dans l'âme de Athéna. Elle crée un fantôme ; il a tous les traits d'Iphtimé, fille d'Icare, femme d'Eumèlus, roi de Phères. Athéna l'envoie dans le palais d'Ulysse


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Dernière mise à jour : 13/07/2005