HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant IV

Vers 800-847

  Vers 800-847

[4,800] ἧος Πηνελόπειαν ὀδυρομένην γοόωσαν
παύσειε κλαυθμοῖο γόοιό τε δακρυόεντος.
ἐς θάλαμον δεἰσῆλθε παρὰ κληῖδος ἱμάντα,
στῆ δἄρ ὑπὲρ κεφαλῆς, καί μιν πρὸς μῦθον ἔειπεν·
"εὕδεις, Πηνελόπεια, φίλον τετιημένη ἦτορ;
805 οὐ μέν σοὐδὲ ἐῶσι θεοὶ ῥεῖα ζώοντες
κλαίειν οὐδἀκάχησθαι, ἐπεί ἔτι νόστιμός ἐστι
σὸς παῖς· οὐ μὲν γάρ τι θεοῖς ἀλιτήμενός ἐστι."
τὴν δἠμείβετἔπειτα περίφρων Πηνελόπεια,
ἡδὺ μάλα κνώσσουσἐν ὀνειρείῃσι πύλῃσιν·
810 "τίπτε, κασιγνήτη, δεῦρἤλυθες; οὔ τι πάρος γε
πωλέ᾽, ἐπεὶ μάλα πολλὸν ἀπόπροθι δώματα ναίεις·
καί με κέλεαι παύσασθαι ὀιζύος ἠδὀδυνάων
πολλέων, αἵ μἐρέθουσι κατὰ φρένα καὶ κατὰ θυμόν,
πρὶν μὲν πόσιν ἐσθλὸν ἀπώλεσα θυμολέοντα,
815 παντοίῃς ἀρετῇσι κεκασμένον ἐν Δαναοῖσιν,
ἐσθλόν, τοῦ κλέος εὐρὺ καθἙλλάδα καὶ μέσον Ἄργος·
νῦν αὖ παῖς ἀγαπητὸς ἔβη κοίλης ἐπὶ νηός,
νήπιος, οὔτε πόνων ἐὺ εἰδὼς οὔτἀγοράων.
τοῦ δὴ ἐγὼ καὶ μᾶλλον ὀδύρομαι περ ἐκείνου·
820 τοῦ δἀμφιτρομέω καὶ δείδια, μή τι πάθῃσιν,
γε τῶν ἐνὶ δήμῳ, ἵνοἴχεται, ἐνὶ πόντῳ·
δυσμενέες γὰρ πολλοὶ ἐπαὐτῷ μηχανόωνται,
ἱέμενοι κτεῖναι πρὶν πατρίδα γαῖαν ἱκέσθαι."
τὴν δἀπαμειβόμενον προσέφη εἴδωλον ἀμαυρόν·
825 "θάρσει, μηδέ τι πάγχυ μετὰ φρεσὶ δείδιθι λίην·
τοίη γάρ οἱ πομπὸς ἅμἔρχεται, ἥν τε καὶ ἄλλοι
ἀνέρες ἠρήσαντο παρεστάμεναι, δύναται γάρ,
Παλλὰς Ἀθηναίη· σὲ δὀδυρομένην ἐλεαίρει·
νῦν με προέηκε τεῒν τάδε μυθήσασθαι."
830 τὴν δαὖτε προσέειπε περίφρων Πηνελόπεια·
"εἰ μὲν δὴ θεός ἐσσι θεοῖό τε ἔκλυες αὐδῆς,
εἰ δἄγε μοι καὶ κεῖνον ὀιζυρὸν κατάλεξον,
που ἔτι ζώει καὶ ὁρᾷ φάος ἠελίοιο,
ἤδη τέθνηκε καὶ εἰν Ἀίδαο δόμοισι."
835 τὴν δἀπαμειβόμενον προσέφη εἴδωλον ἀμαυρόν·
"οὐ μέν τοι κεῖνόν γε διηνεκέως ἀγορεύσω,
ζώει γ τέθνηκε· κακὸν δἀνεμώλια βάζειν."
ὣς εἰπὸν σταθμοῖο παρὰ κληῖδα λιάσθη
ἐς πνοιὰς ἀνέμων. δἐξ ὕπνου ἀνόρουσε
840 κούρη Ἰκαρίοιο· φίλον δέ οἱ ἦτορ ἰάνθη,
ὥς οἱ ἐναργὲς ὄνειρον ἐπέσσυτο νυκτὸς ἀμολγῷ.
μνηστῆρες δἀναβάντες ἐπέπλεον ὑγρὰ κέλευθα
Τηλεμάχῳ φόνον αἰπὺν ἐνὶ φρεσὶν ὁρμαίνοντες.
ἔστι δέ τις νῆσος μέσσῃ ἁλὶ πετρήεσσα,
845 μεσσηγὺς Ἰθάκης τε Σάμοιό τε παιπαλοέσσης,
Ἀστερίς, οὐ μεγάλη· λιμένες δἔνι ναύλοχοι αὐτῇ
847 ἀμφίδυμοι· τῇ τόν γε μένον λοχόωντες Ἀχαιοί.
[4,800] pour adoucir la douleur de l'infortunée, qui, remplissant l'air de ses gémissements, s'était noyée dans les larmes. A travers une étroite ouverture, entre la porte et la courroie qui la fermait, pénètre dans l'appartement de la reine l'image légère; et voltigeant au-dessus de son front : "Pénélope, lui dit-elle, tu dors le coeur miné d'une affliction mortelle. Les dieux, qui te regardent de leur heureux séjour, ne veulent point que tu t'abreuves de pleurs et te consumes de tristesse. Ton fils reviendra ; sa vertu, que ne souille aucune tâche, le rend l'objet de l'amour des immortels". A ces mots la sage Pénélope goûtant un sommeil plus tranquille dans le palais des songes fortunés : "O ma chère soeur, lui dit-elle, est-ce toi? Je te revois donc, toi qui, vivant loin de nos contrées, m'y fais jouir si rarement de ta présence ! et tu viens en ce moment m'ordonner de ne point verser de larmes, de triompher des chagrins nombreux et du désespoir accablant qui troublent et subjuguent mon âme entière. Ce n'était pas assez d'avoir perdu cet époux, l'objet si digne de mon amour, dont le courage était celui d'un lion, et qui, orné de toutes les vertus, était le plus illustre de nos héros, cet époux, l'objet si digne de mon amour, et dont la gloire remplit Argos et toute la Grèce. Pour comble de malheur, mon fils, ma seule joie, est entraîné loin de moi sur un frêle vaisseau. Il est à peine sorti de l'enfance, il ne connaît point assez ni les périls ni les hommes; la persuasion ne coule pas encore de ses lèvres. Mes larmes en ce moment ruissellent pour lui plus même encore que pour cet autre infortuné. C'est pour mon fils que tu me vois pâle et toute tremblante ; je crains que chaque instant ne soit celui de sa mort, dans les contrées où il s'égare, ou au milieu de la mer : je crains la foule d'ennemis cruels qui le poursuivent, qui lui dressent en tous lieux des pièges ; ils l'immoleront avant qu'il ait touché sa terre natale." "Rassure-toi, lui répond le fantôme nocturne ; bannis jusqu'à l'ombre du désespoir. Ton fils a un guide dont les plus illustres héros désireraient l'appui, et dont tous adorent le pouvoir ; c'est la grande Athéna. Elle compatit à la douleur qui te dévore, et c'est elle qui m'envoie répandre la consolation dans ton âme". "Ah ! dit la sage Pénélope, si tu habites l'Olympe, si tes dieux te font entendre leur voix, ne pourrais-tu dissiper l'autre sujet de mes peines, et me parler de l'infortuné qui me plonge dans un deuil éternel? Respire-t-il encore? est-il éclairé de la douce lumière du soleil ? ou n'est-il plus sur la terre ? son âme est-elle errante dans l'empire de Hadès?" Je ne puis te dire (telle est la réponse du fantôme sorti des ténèbres) si cet infortuné est vivant. Plutôt que de prononcer un oracle vain et trompeur, je dois garder le silence. En même temps l'ombre s'échappe à travers l'ouverture par où elle est entrée, et s'évanouit avec les vents. Le sommeil abandonne les yeux de la fille d'Icare. Charmée du présage heureux de ce songe, que lui envoya le ciel au milieu de la nuit profonde, elle en conserve une image distincte; il a flatté quelque temps sa douleur. Cependant les chefs, montés sur un vaisseau rapide, fendaient les plaines de la mer, ne respirant que des projets de mort. Il est une petite île, hérissée de rochers, qui s'élève entre ceux d'Ithaque et de la montueuse Samé; Astéris est son nom : elle a deux ports qui offrent aus vaisseaux un sûr asile, l'un du côté d'Ithaque, et l'autre du côté de Samé. C'est dans ce lieu favorable à leurs desseins que les Achéens, préparant leurs embûches, attendent le retour de Télémaque.


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Dernière mise à jour : 13/07/2005