HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant IV

Vers 100-199

  Vers 100-199

[4,100] ἀλλἔμπης πάντας μὲν ὀδυρόμενος καὶ ἀχεύων
πολλάκις ἐν μεγάροισι καθήμενος ἡμετέροισιν
ἄλλοτε μέν τε γόῳ φρένα τέρπομαι, ἄλλοτε δαὖτε
παύομαι· αἰψηρὸς δὲ κόρος κρυεροῖο γόοιο.
τῶν πάντων οὐ τόσσον ὀδύρομαι, ἀχνύμενός περ,
105 ὡς ἑνός, ὅς τέ μοι ὕπνον ἀπεχθαίρει καὶ ἐδωδὴν
μνωομένῳ, ἐπεὶ οὔ τις Ἀχαιῶν τόσσἐμόγησεν,
ὅσσὈδυσεὺς ἐμόγησε καὶ ἤρατο. τῷ δἄρἔμελλεν
αὐτῷ κήδεἔσεσθαι, ἐμοὶ δἄχος αἰὲν ἄλαστον
κείνου, ὅπως δὴ δηρὸν ἀποίχεται, οὐδέ τι ἴδμεν,
110 ζώει γ τέθνηκεν. ὀδύρονταί νύ που αὐτὸν
Λαέρτης θ γέρων καὶ ἐχέφρων Πηνελόπεια
Τηλέμαχός θ᾽, ὃν ἔλειπε νέον γεγαῶτἐνὶ οἴκῳ."
ὣς φάτο, τῷ δἄρα πατρὸς ὑφἵμερον ὦρσε γόοιο.
δάκρυ δἀπὸ βλεφάρων χαμάδις βάλε πατρὸς ἀκούσας,
115 χλαῖναν πορφυρέην ἄντὀφθαλμοῖιν ἀνασχὼν
ἀμφοτέρῃσιν χερσί. νόησε δέ μιν Μενέλαος,
μερμήριξε δἔπειτα κατὰ φρένα καὶ κατὰ θυμόν,
ἠέ μιν αὐτὸν πατρὸς ἐάσειε μνησθῆναι
πρῶτἐξερέοιτο ἕκαστά τε πειρήσαιτο.
120 ἧος ταῦθὥρμαινε κατὰ φρένα καὶ κατὰ θυμόν,
ἐκ δἙλένη θαλάμοιο θυώδεος ὑψορόφοιο
ἤλυθεν Ἀρτέμιδι χρυσηλακάτῳ ἐικυῖα.
τῇ δἄρἅμἈδρήστη κλισίην εὔτυκτον ἔθηκεν,
Ἀλκίππη δὲ τάπητα φέρεν μαλακοῦ ἐρίοιο,
125 Φυλὼ δἀργύρεον τάλαρον φέρε, τόν οἱ ἔθηκεν
Ἀλκάνδρη, Πολύβοιο δάμαρ, ὃς ἔναιἐνὶ Θήβῃς
Αἰγυπτίῃς, ὅθι πλεῖστα δόμοις ἐν κτήματα κεῖται·
ὃς Μενελάῳ δῶκε δύἀργυρέας ἀσαμίνθους,
δοιοὺς δὲ τρίποδας, δέκα δὲ χρυσοῖο τάλαντα.
130 χωρὶς δαὖθἙλένῃ ἄλοχος πόρε κάλλιμα δῶρα·
χρυσέην τἠλακάτην τάλαρόν θὑπόκυκλον ὄπασσεν
ἀργύρεον, χρυσῷ δἐπὶ χείλεα κεκράαντο.
τόν ῥά οἱ ἀμφίπολος Φυλὼ παρέθηκε φέρουσα
νήματος ἀσκητοῖο βεβυσμένον· αὐτὰρ ἐπαὐτῷ
135 ἠλακάτη τετάνυστο ἰοδνεφὲς εἶρος ἔχουσα.
ἕζετο δἐν κλισμῷ, ὑπὸ δὲ θρῆνυς ποσὶν ἦεν.
αὐτίκα δ γἐπέεσσι πόσιν ἐρέεινεν ἕκαστα·
"ἴδμεν δή, Μενέλαε διοτρεφές, οἵ τινες οἵδε
ἀνδρῶν εὐχετόωνται ἱκανέμεν ἡμέτερον δῶ;
140 ψεύσομαι ἔτυμον ἐρέω; κέλεται δέ με θυμός.
οὐ γάρ πώ τινά φημι ἐοικότα ὧδε ἰδέσθαι
οὔτἄνδροὔτε γυναῖκα, σέβας μἔχει εἰσορόωσαν,
ὡς ὅδὈδυσσῆος μεγαλήτορος υἷι ἔοικε,
Τηλεμάχῳ, τὸν ἔλειπε νέον γεγαῶτἐνὶ οἴκῳ
145 κεῖνος ἀνήρ, ὅτἐμεῖο κυνώπιδος εἵνεκἈχαιοὶ
ἤλθεθὑπὸ Τροίην πόλεμον θρασὺν ὁρμαίνοντες."
τὴν δἀπαμειβόμενος προσέφη ξανθὸς Μενέλαος·
"οὕτω νῦν καὶ ἐγὼ νοέω, γύναι, ὡς σὺ ἐίσκεις·
κείνου γὰρ τοιοίδε πόδες τοιαίδε τε χεῖρες
[4,100] je leur donne à tous des regrets et des larmes ; et après avoir soulagé mon coeur, je m'efforce à y ramener le calme ; l'homme est trop faible pour supporter longtemps l'amère douleur. Mais, quelque affligeant que soit leur souvenir, je les pleure moins tous ensemble qu'un seul d'entre eux dont la pensée me rend odieuses les délices des festins, et bannit le sommeil de ma paupière. Aucun des Grecs ne soutint autant de travaux et ne brava autant de périls que le grand Ulysse ; les dieux nous destinèrent, lui au malheur, moi au long désespoir dont m'accable son absence qui semble éternelle. Respire-t-il? est-il mort ? hélas ! nous l'ignorons même. Combien doivent couler pour lui les pleurs du vieux Laërte, de la chaste Pénélope, et de Télémaque qu'il laissa au berceau !" Ces mots réveillent une vive douleur dans l'âme du jeune prince. Au seul nom de son père, se précipite de ses yeux et le long de ses vêtements un torrent de larmes qu'il s'efforce promptement à cacher en tenant des deux mains, devant son visage, son manteau de pourpre. Ménélas s'en aperçoit ; il délibère s'il doit l'interroger, ou attendre qu'éclaircissant les soupçons qui naissent dans son esprit, que Télémaque rompe le silence, et lui parle de ce héros. Tandis qu'il flottait dans cette incertitude, Hélène descend avec ses femmes de son appartement élevé où l'on respirait des parfums exquis, et s'avance avec la majesté de Diane armée d'un arc d'or. Aussitôt Alcippe et Adraste s'empressent, l'une à lui présenter un siège distingué, l'autre à le couvrir d'un tapis d'une laine moelleuse, au même temps que Philo met entre les mains de la reine une corbeille d'argent, présent d'Alcandre, femme de Polybe qui, dans l'Égypte, régnait à Thèbes où les palais renferment tant de merveilles. Pendant que Ménélas y reçut de ce roi deux cuves rares, deux trépieds, dix talents d'or, Hélène eut d'Alcandre une riche quenouille, et cette corbeille d'argent dont les bords sont incrustés de l'or le plus précieux : elle est remplie de laine de pourpre filée avec finesse; au-dessus est couchée la quenouille, brillante aussi de pourpre. Hélène s'étant assise, et ses pieds reposant sur une estrade : "Savons-nous, dit-elle, ô Ménélas, issu de Zeus, l'origine dont s'honorent ces personnages venus dans notre palais ? Me trompé-je? je ne puis le taire (plus je le regarde, plus je suis saisie d'étonnement), jamais je ne vis ni dans un homme ni dans une femme de ressemblance si frappante que celle de cet étranger avec le magnanime Ulysse ; tel je me représente aujourd'hui son fils Télémaque, qu'il laissa encore à la mamelle lorsque vous vîntes, ô Grecs, aux bords troyens, en faveur d'une femme criminelle, armés de la destruction et de la mort." "J'ai formé, ô Hélène, la même conjecture, repartit Ménélas : voilà les traits d'Ulysse,
[4,150] ὀφθαλμῶν τε βολαὶ κεφαλή τἐφύπερθέ τε χαῖται.
καὶ νῦν τοι ἐγὼ μεμνημένος ἀμφὈδυσῆι
μυθεόμην, ὅσα κεῖνος ὀιζύσας ἐμόγησεν
ἀμφἐμοί, αὐτὰρ πικρὸν ὑπὀφρύσι δάκρυον εἶβε,
χλαῖναν πορφυρέην ἄντὀφθαλμοῖιν ἀνασχών."
155 τὸν δαὖ Νεστορίδης Πεισίστρατος ἀντίον ηὔδα·
"Ἀτρεΐδη Μενέλαε διοτρεφές, ὄρχαμε λαῶν,
κείνου μέν τοι ὅδυἱὸς ἐτήτυμον, ὡς ἀγορεύεις·
ἀλλὰ σαόφρων ἐστί, νεμεσσᾶται δἐνὶ θυμῷ
ὧδἐλθὼν τὸ πρῶτον ἐπεσβολίας ἀναφαίνειν
160 ἄντα σέθεν, τοῦ νῶι θεοῦ ὣς τερπόμεθαὐδῇ.
αὐτὰρ ἐμὲ προέηκε Γερήνιος ἱππότα Νέστωρ
τῷ ἅμα πομπὸν ἕπεσθαι· ἐέλδετο γάρ σε ἰδέσθαι,
ὄφρα οἱ τι ἔπος ὑποθήσεαι ἠέ τι ἔργον.
πολλὰ γὰρ ἄλγεἔχει πατρὸς πάϊς οἰχομένοιο
165 ἐν μεγάροις, μὴ ἄλλοι ἀοσσητῆρες ἔωσιν,
ὡς νῦν Τηλεμάχῳ μὲν οἴχεται, οὐδέ οἱ ἄλλοι
εἴσοἵ κεν κατὰ δῆμον ἀλάλκοιεν κακότητα."
τὸν δἀπαμειβόμενος προσέφη ξανθὸς Μενέλαος·
" πόποι, μάλα δὴ φίλου ἀνέρος υἱὸς ἐμὸν δῶ
170 ἵκεθ᾽, ὃς εἵνεκἐμεῖο πολέας ἐμόγησεν ἀέθλους·
καί μιν ἔφην ἐλθόντα φιλησέμεν ἔξοχον ἄλλων
Ἀργείων, εἰ νῶιν ὑπεὶρ ἅλα νόστον ἔδωκε
νηυσὶ θοῇσι γενέσθαι Ὀλύμπιος εὐρύοπα Ζεύς.
καί κέ οἱ Ἄργεϊ νάσσα πόλιν καὶ δώματἔτευξα,
175 ἐξ Ἰθάκης ἀγαγὼν σὺν κτήμασι καὶ τέκεϊ
καὶ πᾶσιν λαοῖσι, μίαν πόλιν ἐξαλαπάξας,
αἳ περιναιετάουσιν, ἀνάσσονται δἐμοὶ αὐτῷ.
καί κε θάμἐνθάδἐόντες ἐμισγόμεθ᾽· οὐδέ κεν ἡμέας
ἄλλο διέκρινεν φιλέοντέ τε τερπομένω τε,
180 πρίν γὅτε δὴ θανάτοιο μέλαν νέφος ἀμφεκάλυψεν.
ἀλλὰ τὰ μέν που μέλλεν ἀγάσσεσθαι θεὸς αὐτός,
ὃς κεῖνον δύστηνον ἀνόστιμον οἶον ἔθηκεν."
ὣς φάτο, τοῖσι δὲ πᾶσιν ὑφἵμερον ὦρσε γόοιο.
κλαῖε μὲν Ἀργείη Ἑλένη, Διὸς ἐκγεγαυῖα,
185 κλαῖε δὲ Τηλέμαχός τε καὶ Ἀτρεΐδης Μενέλαος,
οὐδἄρα Νέστορος υἱὸς ἀδακρύτω ἔχεν ὄσσε·
μνήσατο γὰρ κατὰ θυμὸν ἀμύμονος Ἀντιλόχοιο,
τόν Ἠοῦς ἔκτεινε φαεινῆς ἀγλαὸς υἱός·
τοῦ γἐπιμνησθεὶς ἔπεα πτερόεντἀγόρευεν·
190 "Ἀτρεΐδη, περὶ μέν σε βροτῶν πεπνυμένον εἶναι
Νέστωρ φάσχ γέρων, ὅτἐπιμνησαίμεθα σεῖο
οἷσιν ἐνὶ μεγάροισι, καὶ ἀλλήλους ἐρέοιμεν.
καὶ νῦν, εἴ τί που ἔστι, πίθοιό μοι· οὐ γὰρ ἐγώ γε
τέρπομὀδυρόμενος μεταδόρπιος, ἀλλὰ καὶ ἠὼς
195 ἔσσεται ἠριγένεια· νεμεσσῶμαί γε μὲν οὐδὲν
κλαίειν ὅς κε θάνῃσι βροτῶν καὶ πότμον ἐπίσπῃ.
τοῦτό νυ καὶ γέρας οἶον ὀιζυροῖσι βροτοῖσιν,
κείρασθαί τε κόμην βαλέειν τἀπὸ δάκρυ παρειῶν.
καὶ γὰρ ἐμὸς τέθνηκεν ἀδελφεός, οὔ τι κάκιστος
[4,150] voilà son regard, sa chevelure, ses mains, toute sa personne. En ce moment où, plein du souvenir de ce héros, je parlais des fatigues et des traverses qu'avec tant de constance il avait soutenues pour ma cause, un torrent de larmes a tout à coup débordé de la paupière de ce jeune étranger ; en vain il a voulu me les dérober en voilant ses yeux de son manteau de pourpre." Le fils de Nestor, Pisistrate, rompit alors le silence : "O Ménélas, chef des peuples, élève des dieux, tu n'es point dans l'erreur ; le rejeton de ce héros est devant tes regards. Paraissant ici pour la première fois, et retenu par la modestie et la timidité, il n'ose t'adresser d'abord la parole et t'interrompre, toi dont la voix nous charme comme celle des immortels. C'est par l'ordre de Nestor mon père que j'accompagne Télémaque, qui a désiré te voir pour recevoir de ta bouche quelques avis salutaires, pour trouver auprès de toi un adoucissement à ses malheurs. Que ne souffre pas un fils privé de son père et dénué de tout autre soutien ! Tel est, hélas ! le sort de Télémaque ; il n'a plus de père, et n'a dans Ithaque aucun ami qui puisse le délivrer du joug de l'oppression." "Dieux! s'écria Ménélas, je reçois donc en mon palais le fils d'un prince qui m'est si cher, et qui, en ma faveur, a soutenu tant de fatigues et de traverses ! je me complaisais dans la pensée que, si le souverain maître des cieux nous l'eût ramené heureusement à travers les tempêtes, aucun des chefs de la Grèce n'eût reçu des marques plus signalées de ma tendresse et de ma reconnaissance que ce héros. Évacuant une des principales villes dont Lacédémone est entourée, et qui sont soumises à mon sceptre, je lui en faisais un don; et, y bâtissant des palais, je l'engageais à y établir son séjour, loin d'Ithaque, avec son fils, ses biens et une partie de son peuple : là on nous aurait vus souvent réunis ; et ces heureux liens, cimentés par l'amitié, et entretenus par les charmes d'une douce allégresse, auraient duré sans interruption jusqu'à ce que la mort nous eût enveloppés de ses noires ombres. Mais le ciel, jaloux de ce bonheur, ferme à ce seul infortuné le chemin de sa patrie." Ces mots réveillent dans toute l'assemblée la douleur et le deuil. La fille de Zeus, Hélène, verse des larmes; on en voit couler des yeux de Télémaque et de Ménélas : ceux du jeune Pisistrate se mouillent aussi de pleurs ; il se retraçait vivement son frère, le vertueux Antiloque immolé par le fils renommé de la brillante Aurore. Mais bientôt prenant la parole : "fils d'Atrée, dit-il, Nestor, chaque fois que tu es l'objet de nos entretiens, et que nous l'interrogeons dans son palais sur les héros de la Grèce, te place, pour la sagesse, au-dessus des mortels : mais si j'ose t'en prier, veuille céder à ma voix. Je souffre avec peine que les larmes coulent dans un festin. La matinale Aurore va ramener une autre journée, je serai loin alors de blâmer qu'on pleure ceux qui ont subi l'irrévocable arrêt du trépas. Le dernier hommage que nous puissions rendre aux malheureux mortels, est de nous dépouiller de notre chevelure sur leur tombeau, et de leur donner des pleurs. Hélas! j'ai, comme vous, fait une perte bien funeste, celle d'un frère, l'un des plus vaillants d'entre les Grecs;


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Dernière mise à jour : 13/07/2005