HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant XXI

Vers 550-611

  Vers 550-611

[21,550] αὐτὰρ γὡς ἐνόησεν Ἀχιλλῆα πτολίπορθον
ἔστη, πολλὰ δέ οἱ κραδίη πόρφυρε μένοντι·
ὀχθήσας δἄρα εἶπε πρὸς ὃν μεγαλήτορα θυμόν·
μοι ἐγών· εἰ μέν κεν ὑπὸ κρατεροῦ Ἀχιλῆος
φεύγω, τῇ περ οἱ ἄλλοι ἀτυζόμενοι κλονέονται,
555 αἱρήσει με καὶ ὧς, καὶ ἀνάλκιδα δειροτομήσει.
εἰ δἂν ἐγὼ τούτους μὲν ὑποκλονέεσθαι ἐάσω
Πηλεΐδῃ Ἀχιλῆϊ, ποσὶν δἀπὸ τείχεος ἄλλῃ
φεύγω πρὸς πεδίον Ἰλήϊον, ὄφρἂν ἵκωμαι
Ἴδης τε κνημοὺς κατά τε ῥωπήϊα δύω·
560 ἑσπέριος δἂν ἔπειτα λοεσσάμενος ποταμοῖο
ἱδρῶ ἀποψυχθεὶς προτὶ Ἴλιον ἀπονεοίμην·
ἀλλὰ τί μοι ταῦτα φίλος διελέξατο θυμός;
μή μἀπαειρόμενον πόλιος πεδίον δὲ νοήσῃ
καί με μεταΐξας μάρψῃ ταχέεσσι πόδεσσιν.
565 οὐκέτἔπειτἔσται θάνατον καὶ κῆρας ἀλύξαι·
λίην γὰρ κρατερὸς περὶ πάντων ἔστἀνθρώπων.
εἰ δέ κέ οἱ προπάροιθε πόλεος κατεναντίον ἔλθω·
καὶ γάρ θην τούτῳ τρωτὸς χρὼς ὀξέϊ χαλκῷ,
ἐν δὲ ἴα ψυχή, θνητὸν δέ φασἄνθρωποι
570 ἔμμεναι· αὐτάρ οἱ Κρονίδης Ζεὺς κῦδος ὀπάζει.
ὣς εἰπὼν Ἀχιλῆα ἀλεὶς μένεν, ἐν δέ οἱ ἦτορ
ἄλκιμον ὁρμᾶτο πτολεμίζειν ἠδὲ μάχεσθαι.
ἠΰτε πάρδαλις εἶσι βαθείης ἐκ ξυλόχοιο
ἀνδρὸς θηρητῆρος ἐναντίον, οὐδέ τι θυμῷ
575 ταρβεῖ οὐδὲ φοβεῖται, ἐπεί κεν ὑλαγμὸν ἀκούσῃ·
εἴ περ γὰρ φθάμενός μιν οὐτάσῃ ἠὲ βάλῃσιν,
ἀλλά τε καὶ περὶ δουρὶ πεπαρμένη οὐκ ἀπολήγει
ἀλκῆς, πρίν γἠὲ ξυμβλήμεναι ἠὲ δαμῆναι·
ὣς Ἀντήνορος υἱὸς ἀγαυοῦ δῖος Ἀγήνωρ
580 οὐκ ἔθελεν φεύγειν, πρὶν πειρήσαιτἈχιλῆος.
ἀλλ γἄρἀσπίδα μὲν πρόσθἔσχετο πάντοσἐΐσην,
ἐγχείῃ δαὐτοῖο τιτύσκετο, καὶ μέγἀΰτει·
δή που μάλἔολπας ἐνὶ φρεσὶ φαίδιμἈχιλλεῦ
ἤματι τῷδε πόλιν πέρσειν Τρώων ἀγερώχων
585 νηπύτι᾽· τἔτι πολλὰ τετεύξεται ἄλγεἐπαὐτῇ.
ἐν γάρ οἱ πολέες τε καὶ ἄλκιμοι ἀνέρες εἰμέν,
οἳ καὶ πρόσθε φίλων τοκέων ἀλόχων τε καὶ υἱῶν
Ἴλιον εἰρυόμεσθα· σὺ δἐνθάδε πότμον ἐφέψεις
ὧδἔκπαγλος ἐὼν καὶ θαρσαλέος πολεμιστής.
590 ῥα, καὶ ὀξὺν ἄκοντα βαρείης χειρὸς ἀφῆκε,
καί ἔβαλε κνήμην ὑπὸ γούνατος οὐδἀφάμαρτεν.
ἀμφὶ δέ οἱ κνημὶς νεοτεύκτου κασσιτέροιο
σμερδαλέον κονάβησε· πάλιν δἀπὸ χαλκὸς ὄρουσε
βλημένου, οὐδἐπέρησε, θεοῦ δἠρύκακε δῶρα.
595 Πηλεΐδης δὁρμήσατἈγήνορος ἀντιθέοιο
δεύτερος· οὐδἔτἔασεν Ἀπόλλων κῦδος ἀρέσθαι,
ἀλλά μιν ἐξήρπαξε, κάλυψε δἄρἠέρι πολλῇ,
ἡσύχιον δἄρα μιν πολέμου ἔκπεμπε νέεσθαι.
αὐτὰρ Πηλεΐωνα δόλῳ ἀποέργαθε λαοῦ·
[21,550] Agénor, quand il aperçut Achille, destructeur de villes,
s'arrêta; mais son coeur s'agitait dans son corps immobile.
Tourmenté, il dit à son âme au grand coeur :
"Malheur à moi! Si, devant le puissant Achille, je
fuis, du côté où les autres courent, éperdus, il m'attrapera
tout de même, et, dans ma lâcheté, m'égorgera. Si,
d'autre part, je laisse presser ces fuyards par Achille
fils de Pélée, et qu'à pied, loin du mur, par ailleurs, je
fuie vers la plaine d'Ilion, jusqu'à gagner les flancs boisés
de l'Ida et m'enfoncer dans ses fourrés, le soir, ensuite,
baigné dans le fleuve, rafraîchi de mes sueurs, je rentrerai
dans Ilion. Mais pourquoi donc mon coeur s'arrête-t-il
à cette idée? Je crains qu'Achille ne me voie partir de
la ville vers la plaine, et, bondissant après moi, ne m'atteigne
de ses pieds rapides : alors plus moyen d'éviter la
mort et les divinités funestes; car il est trop fort, plus que
tous les hommes. Mais si, en avant de la ville, je marche
contre lui? Il a bien une chair, vulnérable au bronze
aigu; en elle, une seule âme; et on le dit mortel; {mais
Zeus fils de Cronos lui offre la gloire}. »
Ayant dit, ramassé sur lui-même, il attendit Achille;
et son coeur vaillant s'élançait pour guerroyer et combattre.
Comme la panthère sort d'un taillis profond contre le
chasseur, sans du tout, en son coeur, s'effrayer ou penser
à fuir en entendant les aboiements; et même si, la prévenant,
il la frappe, ou l'atteint de loin, même une lance
dans le corps, elle ne quitte pas sa vaillance, avant de
lutter corps à corps ou d'être domptée, ainsi le fils de
l'admirable Anténor, le divin Agénor, ne voulait pas fuir
avant de s'être essayé contre Achille. Il tenait devant
lui son bouclier bien équilibré, de sa pique il le visait,
et criait à voix forte :
« Certes, tu espérais en ton âme, illustre Achille,
aujourd'hui renverser la ville des fiers Troyens. Insensé !
On souffrira encore beaucoup pour elle ! Nous sommes là
dedans beaucoup d'hommes vaillants, qui, devant nos
parents, nos femmes et nos fils, protégeons Ilion. Toi,
ici, tu atteindras ton destin, quoique tu sois si terrible,
et audacieux guerrier. »
Il dit, et lança un javelot aigu d'une main lourde, et
frappa la jambe au-dessous du genou, sans la manquer.
Le jambart qui l'entourait, d'étain nouvellement travaillé,
résonna terriblement, mais le bronze rebondit
sur le coup, sans pénétrer; les présents du dieu le repoussèrent.
Le fils de Pélée s'élança sur Agénor, semblable
à un dieu, à son tour; mais Apollon ne lui laissa pas conquérir
la gloire. Il enleva Agénor, le couvrit d'un épais brouillard,
et le fit partir tranquillement du combat. Cependant
lui-même, par ruse, détourna le fils de Pélée des troupes :
[21,600] αὐτῷ γὰρ ἑκάεργος Ἀγήνορι πάντα ἐοικὼς
ἔστη πρόσθε ποδῶν, δἐπέσσυτο ποσσὶ διώκειν·
εἷος τὸν πεδίοιο διώκετο πυροφόροιο
τρέψας πὰρ ποταμὸν βαθυδινήεντα Σκάμανδρον
τυτθὸν ὑπεκπροθέοντα· δόλῳ δἄρἔθελγεν Ἀπόλλων
605 ὡς αἰεὶ ἔλποιτο κιχήσεσθαι ποσὶν οἷσι·
τόφρἄλλοι Τρῶες πεφοβημένοι ἦλθον ὁμίλῳ
ἀσπάσιοι προτὶ ἄστυ, πόλις δἔμπλητο ἀλέντων.
οὐδἄρα τοί γἔτλαν πόλιος καὶ τείχεος ἐκτὸς
μεῖναι ἔτἀλλήλους, καὶ γνώμεναι ὅς τε πεφεύγοι
610 ὅς τἔθανἐν πολέμῳ· ἀλλἐσσυμένως ἐσέχυντο
611 ἐς πόλιν, ὅν τινα τῶν γε πόδες καὶ γοῦνα σαώσαι.
[21,600] Celui qui repousse de loin, en tout semblable
à Agénor, se tint devant les pieds d'Achille, qui, de ses
pieds, partit à sa poursuite.
Tandis qu'il poursuivait, dans la plaine fertile en blé,
en se détournant le long du Scamandre aux tourbillons
profonds, cet adversaire qui courait peu en avant de lui
(car, par ruse, Apollon, le trompait, pour qu'il espérât
toujours l'atteindre de ses pieds), les autres Troyens,
épouvantés, arrivèrent en foule, avec joie, dans la place,
et la ville se remplit de leurs groupes. Ils n'avaient plus
le courage, hors de la ville et du mur, de s'attendre les
uns les autres, et de reconnaître qui avait fui, qui était
mort dans le combat. Mais avec joie ils se répandaient
dans la ville, tous ceux que leurs pieds et leurs genoux
avaient sauvés.


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Dernière mise à jour : 13/06/2006