HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre VII

Chapitres 205-209

  Chapitres 205-209

[7,205] διξῶν γάρ οἱ ἐόντων πρεσβυτέρων ἀδελφεῶν, Κλεομένεός τε καὶ Δωριέος, ἀπελήλατο τῆς φροντίδος περὶ τῆς βασιληίης. ἀποθανόντος δὲ Κλεομένεος ἄπαιδος ἔρσενος γόνου, Δωριέος τε οὐκέτι ἐόντος ἀλλὰ τελευτήσαντος καὶ τούτου ἐν Σικελίῃ, οὕτω δὴ ἐς Λεωνίδην ἀνέβαινε βασιληίη, καὶ διότι πρότερος ἐγεγόνεε Κλεομβρότου· οὗτος γὰρ ἦν νεώτατος Ἀναξανδρίδεω παῖς καὶ δὴ καὶ εἶχε Κλεομένεος θυγατέρα. (2) ὃς τότε ἤιε ἐς Θερμοπύλας ἐπιλεξάμενος ἄνδρας τε τοὺς κατεστεῶτας τριηκοσίους καὶ τοῖσι ἐτύγχανον παῖδες ἐόντες· παραλαβὼν δὲ ἀπίκετο καὶ Θηβαίων τοὺς ἐς τὸν ἀριθμὸν λογισάμενος εἶπον, τῶν ἐστρατήγεε Λεοντιάδης Εὐρυμάχου. (3) τοῦδε δὲ εἵνεκα τούτους σπουδὴν ἐποιήσατο Λεωνίδης μούνους Ἑλλήνωι παραλαβεῖν, ὅτι σφέων μεγάλως κατηγόρητο μηδίζειν· παρεκάλεε ὦν ἐς τὸν πόλεμον, θέλων εἰδέναι εἴτε συμπέμψουσι εἴτε καὶ ἀπερέουσι ἐκ τοῦ ἐμφανέος τὴν Ἑλλήνων συμμαχίην. οἳ δὲ ἀλλοφρονέοντες ἔπεμπον. [7,205] CCV. Léonidas parvint à la couronne contre son attente. Cléomènes et Doriée, ses frères, étant plus âgés que lui, il ne lui était point venu en pensée qu'il pût jamais devenir roi. Mais Cléomènes était mort sans enfants mâles, et Doriée n'était plus, il avait fini ses jours en Sicile. Ainsi Léonidas, qui avait épousé une fille de Cléomènes, monta sur le trône, parce qu'il était l'aîné de Cléombrote, le plus jeune des fils d'Anaxandrides. Il partit alors pour les Thermopyles, et choisit pour l'accompagner le corps fixe et permanent des trois cents Spartiates qui avaient des enfants. Il prit aussi avec lui les troupes des Thébains, dont j'ai déjà dit le nombre. Elles étaient commandées par Léontiades, fils d'Eurymachus. Les Thébains furent les seuls Grecs que Léonidas s'empressa de mener avec lui, parce qu'on les accusait fortement d'être dans les intérêts des Mèdes. Il les invita donc à cette guerre, afin de savoir s'ils lui enverraient des troupes, ou s'ils renonceraient ouvertement à l'alliance des Grecs. Ils lui en envoyèrent, quoiqu'ils fussent mal intentionnés.
[7,206] τούτους μὲν τοὺς ἀμφὶ Λεωνίδην πρώτους ἀπέπεμψαν Σπαρτιῆται, ἵνα τούτους ὁρῶντες οἱ ἄλλοι σύμμαχοι στρατεύωνται μηδὲ καὶ οὗτοι μηδίσωσι, ἢν αὐτοὺς πυνθάνωνται ὑπερβαλλομένους· μετὰ δέ, Κάρνεια γάρ σφι ἦν ἐμποδών, ἔμελλον ὁρτάσαντες καὶ φυλακὰς λιπόντες ἐν τῇ Σπάρτῃ κατὰ τάχος βοηθέειν πανδημεί. (2) ὣς δὲ καὶ οἱ λοιποὶ τῶν συμμάχων ἐνένωντο καὶ αὐτοὶ ἕτερα τοιαῦτα ποιήσειν· ἦν γὰρ κατὰ τὠυτὸ Ὀλυμπιὰς τούτοισι τοῖσι πρήγμασι συμπεσοῦσα· οὔκων δοκέοντες κατὰ τάχος οὕτω διακριθήσεσθαι τὸν ἐν Θερμοπύλῃσι πόλεμον ἔπεμπον τοὺς προδρόμους. [7,206] CCVI. Les Spartiates firent d'abord partir Léonidas avec le corps de trois cents hommes qu'il commandait, afin d'engager par cette conduite le reste des alliés à se mettre en marche, et de crainte qu'ils n'embrassassent aussi les intérêts des Perses, en apprenant leur lenteur à secourir la Grèce. La fête des Carnies les empêchait alors de se mettre en route avec toutes leurs forces; mais ils comptaient partir aussitôt après, et ne laisser à Sparte que peu de monde pour la garde. Les autres alliés avaient le même dessein ; car le temps des jeux olympiques était arrivé dans ces circonstances, et comme ils ne s'attendaient pas à combattre sitôt aux Thermopyles, ils s'étaient contentés de faire prendre les devants à quelques troupes.
[7,207] οὗτοι μὲν δὴ οὕτω διενένωντο ποιήσειν· οἱ δὲ ἐν Θερμοπύλῃσι Ἕλληνες, ἐπειδὴ πέλας ἐγένετο τῆς ἐσβολῆς Πέρσης, καταρρωδέοντες ἐβουλεύοντο περὶ ἀπαλλαγῆς. τοῖσι μέν νυν ἄλλοισι Πελοποννησίοισι ἐδόκεε ἐλθοῦσι ἐς Πελοπόννησον τὸν Ἰσθμὸν ἔχειν ἐν φυλακῇ· Λεωνίδης δέ, Φωκέων καὶ Λοκρῶν περισπερχεόντων τῇ γνώμῃ ταύτῃ, αὐτοῦ τε μένειν ἐψηφίζετο πέμπειν τε ἀγγέλους ἐς τὰς πόλιας κελεύοντάς σφι ἐπιβοηθέειν, ὡς ἐόντων αὐτῶν ὀλίγων στρατὸν τὸν Μήδων ἀλέξασθαι. [7,207] CCVII. Telles étaient les résolutions des Spartiates et des autres alliés. Cependant les Grecs qui étaient aux Thermopyles, saisis de frayeur à l'approche des Perses, délibérèrent s'ils ne se retireraient pas. Les Péloponnésiens étaient d'avis de retourner dans le Péloponnèse pour garder le passage de l'isthme. Mais Léonidas, voyant que les Phocidiens et les Locriens en étaient indignés, opina qu'il fallait rester; et il fut résolu de dépêcher des courriers à toutes les villes alliées, pour leur demander du secours contre les Perses, parce qu'ils étaient en trop petit nombre pour les repousser.
[7,208] ταῦτα βουλευομένων σφέων, ἔπεμπε Ξέρξης κατάσκοπον ἱππέα ἰδέσθαι ὁκόσοι εἰσὶ καὶ τι ποιέοιεν. ἀκηκόεε δὲ ἔτι ἐὼν ἐν Θεσσαλίῃ ὡς ἁλισμένη εἴη ταύτῃ στρατιὴ ὀλίγη, καὶ τοὺς ἡγεμόνας ὡς εἴησαν Λακεδαιμόνιοί τε καὶ Λεωνίδης ἐὼν γένος Ἡρακλείδης. (2) ὡς δὲ προσήλασε ἱππεὺς πρὸς τὸ στρατόπεδον, ἐθηεῖτό τε καὶ κατώρα πᾶν μὲν οὒ τὸ στρατόπεδον· τοὺς γὰρ ἔσω τεταγμένους τοῦ τείχεος, τὸ ἀνορθώσαντες εἶχον ἐν φυλακῇ, οὐκ οἷά τε ἦν κατιδέσθαι· δὲ τοὺς ἔξω ἐμάνθανε, τοῖσι πρὸ τοῦ τείχεος τὰ ὅπλα ἔκειτο· ἔτυχον δὲ τοῦτον τὸν χρόνον Λακεδαιμόνιοι ἔξω τεταγμένοι. (3) τοὺς μὲν δὴ ὥρα γυμναζομένους τῶν ἀνδρῶν, τοὺς δὲ τὰς κόμας κτενιζομένους. ταῦτα δὴ θεώμενος ἐθώμαζε καὶ τὸ πλῆθος ἐμάνθανε. μαθὼν δὲ πάντα ἀτρεκέως ἀπήλαυνε ὀπίσω κατἡσυχίην· οὔτε γάρ τις ἐδίωκε ἀλογίης τε ἐνεκύρησε πολλῆς· ἀπελθών τε ἔλεγε πρὸς Ξέρξην τά περ ὀπώπεε πάντα. [7,208] CCVIII. Pendant qu'ils délibéraient là-dessus, Xerxès envoya un cavalier pour reconnaître leur nombre, et quelles étaient leurs occupations. Il avait ouï dire, tandis qu'il était encore en Thessalie, qu'un petit corps de troupes s'était assemblé dans ce passage, et que les Lacédémoniens, commandés par Léonidas, de la race d'Hercule, était à leur tête. Le cavalier s'étant approché de l'armée, l'examina avec soin ; mais il ne put voir les troupes qui étaient derrière la muraille qu'on avait relevée. Il aperçut seulement celles qui campaient devant. Les Lacédémoniens gardaient alors ce poste. Les uns étaient occupés en ce moment aux exercices gymniques, les autres prenaient soin de leur chevelure. Ce spectacle l'étonna : il prit connaissance de leur nombre, et s'en retourna tranquillement après avoir tout examiné avec soin ; car personne ne le poursuivit, tant on le méprisait.
[7,209] ἀκούων δὲ Ξέρξης οὐκ εἶχε συμβαλέσθαι τὸ ἐόν, ὅτι παρασκευάζοιντο ὡς ἀπολεόμενοί τε καὶ ἀπολέοντες κατὰ δύναμιν· ἀλλαὐτῷ γελοῖα γὰρ ἐφαίνοντο ποιέειν, μετεπέμψατο Δημάρητον τὸν Ἀρίστωνος ἐόντα ἐν τῷ στρατοπέδῳ· (2) ἀπικόμενον δέ μιν εἰρώτα Ξέρξης ἕκαστα τούτων, ἐθέλων μαθεῖν τὸ ποιεύμενον πρὸς τῶν Λακεδαιμονίων. δὲ εἶπεἬκουσας μὲν καὶ πρότερόν μευ, εὖτε ὁρμῶμεν ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, περὶ τῶν ἀνδρῶν τούτων, ἀκούσας δὲ γέλωτά με ἔθευ λέγοντα τῇ περ ὥρων ἐκβησόμενα πρήγματα ταῦτα· ἐμοὶ γὰρ τὴν ἀληθείην ἀσκέειν ἀντία σεῦ βασιλεῦ ἀγὼν μέγιστος ἐστί. (3) ἄκουσον δὲ καὶ νῦν· οἱ ἄνδρες οὗτοι ἀπίκαται μαχησόμενοι ἡμῖν περὶ τῆς ἐσόδου, καὶ ταῦτα παρασκευάζονται. νόμος γάρ σφι ἔχων οὕτω ἐστί· ἐπεὰν μέλλωσι κινδυνεύειν τῇ ψυχῇ, τότε τὰς κεφαλὰς κοσμέονται. (4) ἐπίστασο δέ, εἰ τούτους γε καὶ τὸ ὑπομένον ἐν Σπάρτῃ καταστρέψεαι, ἔστι οὐδὲν ἄλλο ἔθνος ἀνθρώπων τὸ σὲ βασιλεῦ ὑπομενέει χεῖρας ἀνταειρόμενον· νῦν γὰρ πρὸς βασιληίην τε καὶ καλλίστην πόλιν τῶν ἐν Ἕλλησι προσφέρεαι καὶ ἄνδρας ἀρίστους”. (5) κάρτα τε δὴ Ξέρξῃ ἄπιστα ἐφαίνετο τὰ λεγόμενα εἶναι, καὶ δεύτερα ἐπειρώτα ὅντινα τρόπον τοσοῦτοι ἐόντες τῇ ἑωυτοῦ στρατιῇ μαχήσονται. δὲ εἶπε βασιλεῦ, ἐμοὶ χρᾶσθαι ὡς ἀνδρὶ ψεύστῃ, ἢν μὴ ταῦτά τοι ταύτῃ ἐκβῇ τῇ ἐγὼ λέγω”. [7,209] CCIX. Le cavalier, de retour, raconta à Xerxès tout ce qu'il avait vu. Sur ce récit, le roi ne put imaginer qu'ils se disposassent, autant qu'il était en eux, à donner la mort ou à la recevoir, comme cela était cependant vrai. Cette manière d'agir lui paraissant ridicule, il envoya chercher Démarate, fils d'Ariston, qui était dans le camp. Démarate s'étant rendu à ses ordres, ce prince l'interrogea sur cette conduite des Lacédémoniens, dont il voulait connaître les motifs: « Seigneur, répondit Démarate, je vous parlai de ce peuple lorsque nous marchâmes contre la Grèce; et lorsque je vous fis part des événements que je prévoyais, vous vous moquâtes de moi. Quoiqu'il y ait du danger à soutenir la vérité contre un si grand prince, écoutez-moi cependant. Ces hommes sont venus pour vous disputer le passage, et ils s'y disposent; car ils ont coutume de prendre soin de leur chevelure quand ils sont à la veille d'exposer leur vie. Au reste, si vous subjuguez ces hommes-ci et ceux qui sont restés à Sparte, sachez, seigneur, qu'il ne se trouvera pas une seule nation qui ose lever le bras contre vous ; car les Spartiates, contre qui vous marchez, sont le plus valeureux peuple de la Grèce, et leur royaume et leur ville sont les plus florissants et les plus beaux de tout le pays. » Xerxès, ne pouvant ajouter foi à ce discours, lui demanda une seconde fois comment les Grecs, étant en si petit nombre, pourraient combattre son armée. « Seigneur, reprit Démarate, traitez-moi comme un imposteur, si cela n'arrive pas comme je le dis. »


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Dernière mise à jour : 11/01/2006